• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE III: REVUE DE LA LITTERATURE

3.2.2 Les sources de croissance

La théorie néoclassique identifie une seule source de croissance : l'accumulation de capital physique. Les théoriciens n'ignorent évidemment pas les autres sources, mais ils ne les intègrent pas explicitement dans les modèles, considérant que la variable exogène appelée "progrès technique" capte tous ces effets. A l'inverse, les modèles de croissance endogène sont caractérisés par une grande diversité des sources retenues : investissements en capital physique, en capital public, en capital humain, apprentissage par la pratique, division du travail, recherche et innovation technologique. Ces sources ont longtemps été identifiées par les éco~omistes, mais la croissance endogène les formalise pour la première fois, et permet donc de mieux comprendre leurs effets.

3.2.2.1Le capital physique

Au niveau de l'appareil de production, c'est l'investissement qui permet de constituer le stock de capital et donc une partie du patrimoine de la nation. C'est un pari sur l'avenir devant permettre aux générations futures de jouir d'un bien-être rendu possible par les sacrifices consentis dans le présent. L'investissement est l'accumulation de capital physique et humain grâce au progrès technique qui génère des machines de plus en plus performantes.

Le capital physique accumulé est une source de création de richesse dont l'analyse est inévitable.

Le nombre de machines et d'usines a évidemment une influence sur le niveau de la production.

Directement d'abord : toutes choses égales par ailleurs, le niveau de la production est d'autant plus élevé que celui du capital l'est. Indirect~ment aussi : l'accumulation du capital permet un progrès technique "incorporé" dans les machines. Le capital a ainsi un double rôle : économiser le travail et favoriser le progrès technique.

L'investissement privé en capital physique est une source commune à l'ancienne et à la nouvelle théorie, mais celle-ci le traite différemment. En effet, pour qu'il y ait une croissance auto-entretenue, il faut une constance du rendement marginal du capital. Le modèle fondateur de la croissance endogène repose sur des extemalités entre firmes : l'investissement de chacune a non seulement pour effet d'accroître sa production, mais aussi d'accroître la productivité des autres firmes du fait de l'existence d'extemalités technologiques. L'investissement est une source d'apprentissage par la pratique, et ce savoir ne peut être approprié par la firme qui le produit: il se diffuse inévitablement aux autres fmnes. L'investissement cause la croissance directement par ses effets sur le progrès technique.

3.2.2.2 Le capital humain

Amable et Guellec (1992) ont défini le capital humain comme étant le "stock de connaissances valorisables économiquement et incorporées dans les individus" Il est désormais admis que la croissance économique est étroitement corrélée à la qualité et à la qualification des ressources humaines. L'éducation, l'état physique des populations, les connaissances intellectuelles acquises sont déterminants pour faire éclore l'irütiative privée et réduire les coûts de non-qualité.

Le capital humain est un facteur de croissance. Il n'y a là rien de nouveau et les théoriciens antérieurs le soulignaient déjà.

Ainsi dans le modèle de Solow, la croissance provient, d'une part, de l'augmentation de la population active (or la quantité de capital humain est liée au nombre de personnes actives) et, d'autre part, de l'accroissement de l'efficacité de la combinaison productive (ce qui peut s'interpréter aussi bien par le progrès technique que par l'accroissement de la "qualité", au sens d'efficacité du capital humain). Cependant, contrairement aux anciennes théories, les nouvelles analysent les fondements économiques de la formation de capital humain. Dans les années cinquante et soixante, Solow étudiait comment la croissance économique et la formation du capital humain étaient liées tandis que Becker se penchait sur les raisons économiques de l'accumulation de capital humain. En reliant ces deux approches, on trouve naturellement un modèle de croissance économique endogène où le capital humain joue un rôle fondamental.

Le capital humain disponible dans l'économie est réparti en deux catégories : celui qui est utilisé dans la production (les travailleurs); celui qui est dans le système de formation (c'est-à-dire à la fois les professeurs et les élèves). La part des professeurs et des élèves est un taux d'investissement de l'économie.

D'après Amable et Guellec (1992), pour qu'un modèle puisse engendrer une croissance auto-entretenue, il suffit que le rendement marginal du capital humain dans la formation du capital humain soit constant. S'il est décroissant, il n'y aura pas de croissance à long terme. S'il est croissant, il y aura une croissance explosive. Ce qui nous amène à la théorie de la croissance endogène introduite par un groupe de théoriciens de la croissance conduit par Romer (1986) qui exprima sein insatisfaction croissante face aux explications exogènes de la croissance de la

· . productivité. Cette insatisfaction fût à l'origine de la construction d'une classe de modèles de .

croissance où les principaux déterminants de la croissance sont endogènes au modèle. La croissance à long terme qui est déterminée dans le modèle, et non de l'extérieur de celui-ci par la croissance de certaines variables exogènes comme le progrès technique ( au demeurant inexpliqué ) est appelé croissance endogène.

En envisageant le cas où le capital physique et le capital humain sont obtenus par la technologie, Barro et Sala-I-Martin (1996) ont étudié la situation où l'éducation (la production de nouveau capital humain) est relativement intensive en capital humain, ce qui correspond d'ailleurs à la réalité. Pour simplifier, ils supposent (comme Uzawa et Lucas ) que le capital humain existant est le seul facteur de production du secteur éducatif. Cette structure de production provoque une asymétrie liée au déséquilibre entre capital physique et capital humain, qui se répercute aussi sur le taux de croissance. En effet c'est le ratio du capital physique au capital humain qui détermine le taux de salaire réel (par unité de capital humain) et, donc le coût

d'opportunité du capital humain consacré à l'éducation. De ce fait le taux de croissance de la production définie de manière large, varie en fonction du ratio du capital physique au capital humain : il augmente lorsque le capital humain est relativement abondant mais il tend à baisser lorsque le capital humain est relativement rare.

3.2.2.3 L'investissement public

Le capital public est constitué de l'ensemble des infrastructures possédées par les collectivités publiques: transports télécommunications etc. On peut y adjoindre d'autres biens et services fournis par les collectivités publiques, telles que la sécurité ou l'éducation. En effet il est clair que la croissance du secteur privé requiert l'existence d'infrastructures. D'u.'le manière générale h~s études menées par certains économistes tendent à dégager l'existence d'une

·. corrélation positive entre les infrastructures publiques, productivités et croissance. Nonobstant les

effets néfastes de prélèvement et d'éviction que son fmancement occasionne et indépendamment du montant et des choix les plus efficaces, le capital public influence favorablement la productivité privée.

En premier lieu, il semble que ce soit principalement la densité d'infrastructures (capital public rapporté à la superficie de la région) qui produise les effets les plus nets sur la productivité. En second lieu, il convient d'isoler le rôle spécifique du capital routier appréhendé à travers la variable "densité de routes nationales" qui figure comme une variable toujours significative dans l'explication des disparités régionales de productivités dans les services. Ce résultat peut être rapproché de différents travaux qui ont déjà mis en évidence le rôle notable des infrastructures de

transport, et notamment du réseau de communication routière, sur la croissance et la productivité.

Enfin et surtout, il convient de souligner que la dotation en infrastructures publiques en générale, et en infrastructures routières en particulier, paraît directement influencer le niveau régional de la productivité des services et non pas celui de l'industrie, secteur dans lequel le stock de capital privé est nettement plus déterminant.

3.2.2.4 Le progrès technique

Le progrès technique est défini de façon générale comme un accroissement de la connaissance que les hommes ont des lois de la nature appliquées à la production. Il consiste donc en l'invention de produits et de procédés nouveaux, qui augmente le bien-être des individus soit par un accroissement soit par une transformation de la consommation. De plus, ces inventions vont s'ajouter au stock des produits et des procédés déjà existants. C'est pourquoi les économistes ont de longue date considérée le progrès technique comme le principal moteur de la croissance.

._

La technologie, source de progrès technique; autorise des gains de productivité et l'émergence de nouveaux produits. La technologie est également de l'information et, à ce titre, son coût marginal de reproduction est largement inférieur au coût marginal (fixe) de production (que l'on songe aux logiciels informatiqu~s et, plus simplement, aux possibilités de photocopillage ). La technique engendre des externalités car une même technique peut être utilisée par un nombre quelconque d'agents. C'est ce qui est désigné sous le vocable de "non-rivalité" en économie publique. Un bien non rival est un bien partageable, l'utilisation par l'individu X n'interdisant en rien l'usage simultané par l'individu Y.

La nouvelle économie de la croissance a également proposé des modélisations des phénomènes d'apprentissage par la pratique, bien que ce thème ne soit pas nouveau dans l'histoire de la pensée économique. Des auteurs tels A. Smith, Young et par la suite Kaldor et Arrow ont abordé à des degrés divers cet aspect central.

Le learning by doing renvoie aux formes d'accroissement du savoir dérivant de l'activité productive par opposition à des activités telles la recherche ou encore l'éducation.

Le learning by doing engendre les rendements d'échelle dynamiques qui peuvent, dès lors qu'ils sont suffisamment puissants, assurer une croissance auto-entretenue.