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Le concept d'ouverture commerciale

CHAPITRE III: REVUE DE LA LITTERATURE

3.1.2 Le concept d'ouverture commerciale

L'ouverture commerciale est un terme générique qui désigne à la fois la libéralisation commerciale et la promotion des exportations.

Par promotion des exportations, certains entendent le fait de donner la préférence à la production destinée au marché international, alors que pour d'autres, il s'agit simplement de supprimer le

biais négatif qui s'applique aux secteurs d'exportation, de sorte que le système d'incitation mis en place soit neutre. Ainsi, Bhagwati (1988) estime que la promotion des exportations consiste seulement à adopter une structure d'incitation qui ne discrimine pas en faveur du marché domestique et au détriment du marché international. Par conséquent, elle n'implique aucune subvention aux exportations, au-delà de ce qui est nécessaire pour restaurer l'égalité des taux de change réels sur les importables et les exportables. Par contre Morissey (1995) estime que cet état de fait caractérise plus la libéralisation que la promotion des exportations. Selon lui, la libéralisation commerciale se réfère aux réformes qui diminuent les prix des importables en réduisant la protection, de sorte qu'il devienne possible d'importer à des prix proches des niveaux internationaux, alors que la promotion des exportations se réfère aux réformes qui augmentent les rendements relatifs des exportables, et encouragent les ressources domestiques à se diriger vers les secteurs d'exportation. Dans le même ordre d'idées, Krueger (1978) estime que l'essence d'une politique des exportations est la promotion systématique des exportations, en plus d'une libéralisation des échanges. Selon lui, la simple absence de biais anti-exportations ne suffit pas pour provoquer ce résultat. Ocampo (1986) partage le même point de vue qui estime que la clé du succès des politiques de promotion des exportations est l'adoption de mesures qui donnent la priorité aux secteurs d'exportation mais pas la vraie neutralité.

Ce qui est constant, c'est que la libéralisation commerciale est une étape cruciale pour la promotion des exportations. De plus, les deux ont la même finalité à savoir, déplacer les ressources productives du secteur d'importations vers celui des exportations. Alors que la première implique la suppression de tout biais d'incitations au profit d'un secteur ou de l'autre, la promotion des exportations implique, quant à elle, une intervention directe de l'Etat au profit de ce secteur, provoquant ainsi un biais dans la structure des incitations.

La libération commerciale est définie comme toute réforme qui amène les incitations relatives pour la production domestique des importables et des exportables à être plus proches de leur prix relatif à l'échelle internationale. Elle se réfère aux réformes qui diminuent les prix des importables en réduisant la protection, de sorte qu'il devienne possible d'importer à des prix proches des prix internationaux.

3.2 LA CROISSANCE ECONOMIQUE APPROCHES TRADITIONNELLES ET

CONTROVERSES THEORIQUES

3.2.1 Bref historique de la croissance économique 3.2.1.1 Les classiques

Les économistes classiques comme Smith, Ricardo, Malthus, sont à l'origine d'un grand nombre de concepts de base des théories modernes de la croissance : hypothèse de concurrence parfaite, analyse dynamique de l'équilibre, rôle des rendements décroissants (et son rapport avec l'accumulation du capital physique et humain), interaction entre le revenu par tête et le taux de croissance de la population, effet du progrès technique grâce à la spécialisation accrue du travail, découvertes de nouveau produits et de nouvelles méthodes de production, et le rôle du pouvoir de monopole comme facteur de progrès technique.

Les économistes classiques sont les premiers à poser les jalons d'une théorie de la croissance.

Ils présentent la croissance économique comme résultant de l'accumulation du capital, c'est-à-dire de la quantité des instruments (" moyens de production produits ", selon Smith) à la disposition des travailleurs. L'augmentation de la richesse par tête provient de celle du capital par tête.

Cependant les classiques partagent une vision plutôt pessimiste du long terme : la croissance est destinée à disparaître progressivement, à s'annuler dans un " état stationnaire ". La raison à cela

réside dans l'évolution dans la répartition du revenu national induite par l'accumulation des facteurs que sont le travail, le capital et la terre.

Le problème de la croissance chez Adams Smith

Dans la richesse des nations, Smith met l'accent sur les vertus de la division du travail et affirme que l'opulence en résulte. Smith, partant de la manufacture d'épingles, avance l'idée que la division du travail est une source de gain de productivité: par l'économie faite sur les temps de changement d'opération par un même individu, et surtout par l'augmentation de l'expertise qui naît de la spécialisation. Ch~z Smith, l'intensité de la division du travail est conditionnée par l'étendue du marché: une activité peut être d'autant plus divisée qu'elle emploie une quantité importante de main-d'œuvre, et celle-ci est déterminée par le volume de production. On peut alors boucler ce schéma : la productivité dépend de l'échelle de l'activité, qui elle-même dépend de l'échelle de la production (par le niveau du revenu qui en est issu). On a ainsi un cercle vertueux de croissance qui annonce certains modèles plus récents de croissance. Au passage Smith intègre dans le stock de capital, aux côtés des équipements les "habitudes acquises et utiles de tous les membres de la société", annonçant la notion de capital humain.

Le modèle ricardien de la croissance

Comme Smith, Ricardo se préoccupe essentiellement du processus de développement à long terme de l'économie anglaise. Le problème central des économistes classiques restent l'analyse du mouvement global de l'économie en fonction des changements affectant la population, l'accumulation du capital et le progrès technique. Comme pour Smith, l'objet de l'analyse ricardienne est la compréhension de la nature et des causes de la richesse des nations, mais aussi la détermination des lois qui gouvernent la distribution des marchandises entre les classes de la société. Pour Ricardo, en effet, la détermination d'une théorie correcte de la répartition était un

préalable maJeur à la compréhension de tout mécanisme de développement du système économique. C'est d'ailleurs à partir des lois qui gouvernent les parts distributives qu'il construit un modèle macro-économique de développement relativement simple.

Les classiques anglais sont témoins du décol!age de l'économie britannique avec la première révolution industrielle. Ils vont identifier dans l'accumulation du capital le moteur de ce mouvement qui leur paraît être d'une durée limitée et destinée à culminer en un état stationnaire.

L'accumulation de capital trouve à la fois sa source et son objectif dans le profit, d'où l'accent mis sur la répartition des revenus dans l'analyse ricardiennne. "Il est aussi possible au fermier et au manufacturier de vivre sans profits, qu'à l'ouvrier d'exister sans salaire. Le motif qui les porte à accumuler diminuera à chaque diminution des profits".

A la suite de Smith, Ricardo regroupe les participants au processus de production en trois classes: les propriétaires qui fournissent la terre, les capitalistes qui fournissent le capital et les travailleurs qui offrent leur force de travail. La production totale est déterminée par les conditions techniques, mais sa répartition entre les trois classes est déterminée par l'intersection de nombreux facteurs démographiques, économiques et techniques dans une économie en voie de développement. La croissance économique selon Ricardo, est menée essentiellement par les capitalistes qui convertissent les profits en capital additionnel. Ce processus d'accumulation du capital constitue la force motrice du développement capitaliste.

Dans le système classique, le processus de croissance économique est le processus de transformation du "produit moins rente" en investissement brut. Il peut être considéré comme un processus d'accumulation du capital en termes d'addition potentielle aux salaires et à l'emploi de travail productif dans les périodes successives de production. Comme dans le modèle

« smithien », le fonctionnement du modèle repose sur l'hypothèse de l'homogénéité du capital, la

seule forme de capital considéré étant le capital circulant, et de la période la plus simple. Ce qui permet l'utilisation de la statique. dans l'étude au processus dynamique qui est la croissance. Le postulat d'homogénéité évite là encore, la prise en compte des anticipations et la réduction du capital à son contenu-travail. Le capital fixe. est réduit au capital circulant en fonction de la période de production choisie. Comme il n'existe qu'un seul bien capital, qui est le bien capital circulant, la période de production est par commodité, considérée comme la période unitaire.

Dans le modèle classique, le processus de croissance ne peut pas se poursuivre indéfiniment. Il doit nécessairement s'interrompre dans le long terme.

• Marx et le schéma de la reproduction

Marx n'envisage pas un seul instant que la croissance économique puisse constituer un phénomène durable et encore moins un phénomène stable dans le système capitaliste. Sur un plan formel, c'est au moyen des "schémas de reproduction" que Marx démontre que les conditions d'un développement harmonieux d'une économie capitaliste nécessitent le respect de propositions très strictes entre les deux grandes sections productives.

Marx analyse d'abord la reproduction simple qui n'est à ses yeux qu'un cas d'école puis il traite de la reproduction élargie du capital.

La reproduction simple correspond à la reproduction à l'identique de l'économie. La plus-value ou surplus dégagé par les capitalistes est intégralement dépensée en revenu. La reproduction simple implique que le surplus soit consommé improductivement et que les conditions de production soient rétablies au terme des échanges entre les deux grandes sections constitutives du système productif. Les deux conditions reviennent en définitive à respecter, d'une part, que l'offre de biens de consommation soit égale à la demande de biens de consommation et, d'autre part, que l'offre . de biens de production soit égale à la demande de biens de production.

·.

Mais ce qui intéresse Marx, c'est fondamentalement la reproduction élargie du capital car c'est elle qui exprime le processus de.croissance capitaliste. Dans ce cas de figure, la plus-value n'est plus exclusivement utilisée pour des achats de biens de subsistance, seulement une partie l'est tandis que l'autre partie doit être logiquem~nt employée pour acheter des machines et des matières premières.

3.2.1.2 La conception keynésienne

Entre la contribution de Ramsey et les années 50, on notera la tentative de Harrod et Domar pour concilier l'analyse keynésienne avec certains éléments de la croissance économique.

Ils sont très pessimistes quant à la possibilité d'une croissance durable et assurant le plein emploi.

Cependant, ils n'attribuent pas cela à des facteurs techniques (rendements d'échelle décroissants), mais aux problèmes de rigidités et de coordination identifiés par Keynes. En particulier, il n'existe pas de lieu où les agents puissent se communiquer leurs projets d'investissement et coordonner leurs anticipations de demande. Ils sont donc éloignés des nouvelles théories qui se concentrent sur la technologie.

Par d'autres aspects, ils en sont proches. D'une part, ils considèrent que les rendements d'échelle sont non décroissants en retenant une fonction de production qui est une référence aussi pour les nouvelles théories. D'autre part, les problèmes de coordination sont réintroduits dans les nouvelles théories, pour lesquelles l'équilibre décentralisé peut être sous-optimal. Il ne s'agit pas donc d'une instabilité de l'équilibre, comme pour Harrod et Domar, mais le message gén~ral est identique. Le marché ne régule pas parfaitement les mécanismes d'accumulation.

Domar insiste sur un point capital pour qu'il y ait croissance équilibrée : le supplément de revenu engendré par le multiplicateur d'investissement doit autoriser l'absorption du supplément d'output . obtenu et inversement. Bref, il faut qu'il y ait égalité entre l'effet de revenu et l'effet de capacité.

Le rapprochement des deux effets permet à Domar de spécifier le taux de croissance d'équilibre de l'investissement. Domar souligne qu'il n'existe pas, dans une économie de marché, de forces endogènes permettant d'atteindre un équilibre spontané. La règle est par conséquent que la croissance se réalise de façon déséquilibrée ( B.9sserelle 1999).

3.2.1.3 La conception néoclassigue

Le modèle de Solow est une réponse au modèle keynésien de Harrod et Domar. Sa portée est double. Elle est de montrer, d'une part, qu'il existe un équilibre dynamique de l'économie et, d'autre part, que cet équilibre est stable et autorise le plein emploi de la force de travail disponible. Les hypothèses retenues sont les suivantes : l'économie produit un bien unique en combinant deux inputs (le travail et le capital physique); le capital est homogène car formé d'un bien unique ; le taux de croissance (constant) de la force de travail est une variable exogène au modèle ; la fonction à facteurs substituables et à rendements constants (fonction homogène de degré 1).

Le modèle de Solow inclut néanmoins le progrès technique susceptible d'améliorer la productivité des facteurs. Mais, il s'agit d'un progrès technique exogène, c'est-à-dire non expliqué par l'analyse économique. Solow tend ainsi à montrer que la croissance est stable, dans la mesure ou le coefficient de capital est variable. En effet, dans le modèle néoclassique, il existe des mécanismes d'ajustement à savoir la variation du rapport KIY ( capitaVproduction ou intensité capitalistique) selon l'évolution des prix relatifs des facteurs qui ramènent automatiquement l'économie sur un sentier de croissance équilibrée.

Barro et Sala-I-Martin (1996) notent que les économistes néoclassiques de la croissance de la fin des années 50 et 60 avaient reconnu une déficience du modèle et avaient tenté d'y remédier en . postulant que le progrès technique agissait de façon exogène. Par ce moyen, la théorie devenait

compatible avec un taux de croissance par tête positif, éventuellement constant à long terme, tout en conservant l'idée d'une convergence conditionnelle. Le défaut évident tient cependant à ce que le taux de croissance par tête à long terme est entièrement déterminé par un élément - le progrès technique - qui est exogène au modèle. Le. taux de croissance à long terme du niveau de production dépend également du taux de croissance de la population, autre élément exogène de la théorie standard. Ainsi, on se retrouve avec un modèle de croissance à long terme, ce qui est évidemment insatisfaisant.

Cass (1965) et Koopmans (1965) ont réintroduit l'analyse de l'optimisation du consommateur dans le modèle de croissance néoclassique, permettant ainsi une détermination endogène du taux d'épargne. Cette extension enrichit l'analyse de la dynamique de transition, tout en préservant l'hypothèse de convergence conditionnelle. Mais l'endogénéité de l'épargne ne modifie pas la dépendance à long terme de la croissance par tête par rapport au progrès technique exogène.

Dans la version de Cass-Koopmans du modèle de croissance néoclassique, l'équilibre est compatible avec un système décentralisé et concurrentiel où les facteurs de production travail et capital, sont rémunérés en fonction de leur produit marginal.

Pour Barro et Sala-i-Martin (1996), ce sont les travaux de Casset Koospmans qui complètent le modèles de croissance néoclassique standard et que c'est par la suite, que la théorie de la croissance devint excessivement technique et prédit progressivement tout lien avec les applications empiriques.

La fonction de production néoclassique se présente comme suit : Y =F(K,L)

Y étant la production , K le capital et L le travail

Cette fonction de production est dite néoclassique quand les trois propriétés suivantes sont satisfaites. Premièrement, pour tout K >0 et l>O,

FO

possède des productivités marginales positives et décroissantes par rapport à chaque facteur de production.

Deuxièmement,

FO

est à rendement d'échelle constants:

Troisièmement, la productivité marginale du capital (ou du travail) tend vers l'infini quand le capital (ou le travail) tend vers 0, et tend vers 0 quand le capital (ou le travail tend vers l'infini).