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I/ Présentation de la bibliographie et des sources

I- C-1/ Les sources classiques

Un ensemble de sources sur les informaticiens universitaires, de Grenoble spécifiquement, est offert par les Archives Départementales de l’Isère qui ont un fonds d’archives provenant de l’IMAG, l’Institut de Mathématiques Appliquées de Grenoble, haut lieu des informaticiens universitaires grenoblois, un fonds dans la série W constitué en 1994266. Dans ces archives se trouvent pour les enseignants-chercheurs de l’IMAG des fiches d’évaluation de leurs activités personnelles dans le domaine de leurs enseignements et dans celui de leurs recherches, ce qui fournit de précieux renseignements sur leurs carrières et leurs contacts professionnels. Dans ces archives, il y a aussi des comptes rendus de conseils d’administration de l’INPG et des dossiers partiels sur divers laboratoires rattachés à l’IMAG267. Nous n’avons pas retenu ces sources pour mener notre analyse ici, dans la mesure où leur pertinence vaut surtout pour l’époque des débuts de l’IMAG, avant sa structuration en laboratoires distincts,

266 Série W : les archives publiques postérieures à 1940. Voir Eric Robert, Fonctionnement et pratiques de la

recherche scientifique, les débuts de l'Institut d'Informatique et de Mathématiques Appliquées de Grenoble (Imag), DEA d'Histoire, Septembre 1994

chacun ayant ses rapports d’activité, et dans la mesure aussi où elles sont moins systématiques que ce qui se trouve dans les rapports d’activité du laboratoire que nous voulons étudier.

Par ailleurs, dans les articles ou ouvrages bibliographiques que nous avons consultés, un certain nombre de sources consultables sont indiquées.

Ainsi pour son article 2007, Valérie Schafer a consulté268 :

- les archives de l’INRIA, archives qui avaient aussi servi à Pascal Griset269,

- Advanced Projects Research Agency, les archives d’une agence américaine de gestion des projets de recherches financés sur des crédits militaires et créée en 1957, - Le site de l’Internet Society, http://www.isoc.org/internet/history qui lui a fournit un

descriptif des avancées technologiques par dates.

On trouve aussi, à la bibliothèque universitaire des sciences à Grenoble, et aussi ailleurs où Valérie Schafer a pu les consulter, les rapports d’activité de l’IRIA ou de l’IRISA qui sont des instituts de recherche publique en informatique, devenant ultérieurement l’INRIA270. Ces rapports fournissent des articles à contenus scientifiques datés dont nous avons vu qu’ils n’entraient pas dans le cadre de notre étude, mais ces mêmes articles fournissent des noms d’auteurs, de laboratoires et une liste de documents bibliographiques dans lesquels peuvent être exploités les noms d’auteurs pour identifier des relations entre individus ou entre laboratoires, ce qui entre dans le cadre de notre sujet.

Les auteurs Valérie Schafer et Bernard Tuy, dans leur ouvrage 2013 « Dans les coulisses de l’Internet » nous donnent aussi à voir d’autres sources271 :

268 Valérie Schafer, « Circuits virtuels et datagrammes : une concurrence à plusieurs échelles », p. 29-48, in Pascal Griset, Alexandre Fernandez (dir.), « Les logiques spatiales de l’innovation (XIXe-XXe siècles) »,

Histoire, Economie & Société, Paris : Armand Colin, Avril-Juin 2007, (144 pages)

269 Beltran Alain, Griset Pascal (2007) Histoire d'un pionnier de l'informatique, 40 ans de recherche à l'Inria, EDP-Sciences, Les Ulis-Paris, 2007

270 Valérie Schafer (Université Paris-Sorbonne), « De l’université de Rennes à l’IRISA : les dix premières années du développement de la recherche informatique à Rennes (1970-1980), p. 237-258, in Actes du 7ème

colloque sur Histoire de l’Informatique et des Transmissions, 16, 17 et 18 novembre 2004, Rennes : ed. Irisa, 2004.

271 Valérie Schafer, Bernard Tuy, Dans les coulisses de l’Internet, 20 ans de Technologie, d’enseignement et de

-Les IEEE Annals of the History of Computing qui, avec des dates, décrivent les étapes des avancées technologiques en matière d’informatique.

-ils ont aussi utilisé des archives ministérielles des PTT (Poste, Téléphone, Télécommunications), de la Recherche et de la Technologie, de l’Education nationale, de France-Télécom, du CNET (Centre National d’Étude des Télécommunications), ce qui leur a fournit des éléments sur les orientations des choix techniques de ces organismes publics.

Ces documents s’ils éclairent l’histoire, ne semblent pas permettre de descendre au niveau des individus pour mener des analyses de leurs relations.

D’autres sources apparaissent aussi chez d’autres auteurs. Marie-Laure Viaud, une agrégé en histoire et docteur en pédagogie, sur des sujets concernant l’Education nationale et l’Enseignement supérieur, a utilisé 272 : Bulletin Officiel de l’Enseignement

National ; Les Archives nationales de la sous-série 46 AS qui rassemble les archives de

documents issus des syndicats étudiants, et en particulier les Bulletin du GESUP un groupement d’étudiants de l’enseignement supérieur dans les années 1950-1960 ; La

Revue de l’enseignement supérieur273 ; les archives du journal Le Monde ou de la Revue Esprit (avec les dossiers de presse de Science-Po) ; Le guide de l’étudiant écrit par

l’université de Paris jusqu'en 1968, et par chacun de ses départements par la suite ; Le

Livret de l’étudiant ; des rapports demandés par le gouvernement274 ; des rapports de la Cour des comptes275. Ici encore ces sources ne semblent pas descendre au niveau des individus.

Christine Musselin, une sociologue, pour ses études sur l’enseignement supérieur a utilisé276 : les rapports demandés par les gouvernements, par exemple le Rapport écrit par A. Cayes en 1999 ; des rapports du Comité National d’Évaluation qui existent depuis 1984 ; des textes adressés par les ministres aux présidents d’université, ainsi Claude

272Marie-Laure Viaud, Les innovateurs silencieux, Histoire et pratiques d'enseignement à l'université depuis

1950, Grenoble : PUG, 2015, (304 pages) 273 voir aussi :

http://www.education.gouv.fr/cid20752/la-revue-de-l-inspection-

generale.html&xtmc=inspectiongeacuteneacuterale&xtnp=1&xtcr=6 et certaines des années 1960 qui sont disponibles à la BU-Odyssée-Grenoble sous le numéro 125599

274 Marie-Laure Viaud, Les innovateurs silencieux, Histoire et pratiques d'enseignement à l'université depuis

1950, Grenoble : PUG, 2015, p. 194 mentionne le Rapport Durry de 1988 sur les salaires des enseignants du supérieur.

275 Ibid. p. 202

Allègre en 1998, textes disponibles au Bulletin officiel ; des rapports de commissions qui ont fait l’objet de publications, comme par exemple J. Attali, Pour un modèle européen

d’enseignement supérieur, Paris, Stock, 1998 ; des rapports à la présidence de la

République, comme par exemple celui venant du Comité National d’Évaluation, Priorité

pour l’université 1985-1989, Paris, édité par La Documentation française ; des textes

publiés par des hommes politiques pour témoigner de leurs actions, comme par exemple Michel Rocard, A l’épreuve des faits, Forum de l’Expansion, Paris, Le Seuil, 1985.

Il est possible que les rapports du Comité National d’Évaluation fournissent les noms d’individus, ce qui répondrait au besoin de l’analyse de leurs réseaux sociaux.

Giorolamo Ramunni, un historien, a utilisé les Cahiers pour l’histoire du CNRS, les

Archives de l’Académie des Sciences, et certaines séries des Colloques du Collège de France.277 Dans les colloques du Collège de France apparaissent des noms d’auteurs, utilisables au même titre que des publications. Ils sont donc des sources potentielles pouvant être utilisées pour remonter aux liens entre individus.

Jean-Richard Cytermann, un Inspecteur général de l'administration nationale et de la recherche, Professeur associé à l'EHESS, pour son article 2014, a utilisé les rapports du Conseil Economique et Social qui ont été édités sur divers sujets, de manière assez régulière, en fonction des sujets choisis par le processus de saisine propre à cet organisme278. Comme de nombreux autres auteurs, il utilise certains des Rapports demandés par le gouvernement à diverses personnalités : ainsi il a utilisé le Rapport Aubert de 2008 rédigé à la demande de Valérie Pécresse ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Ils le font à la manière dont pour ce Mémoire, nous avons nous-mêmes utilisé le Rapport Nora-Minc de 1978. Ces rapports ne sont cependant pas construits pour descendre au niveau des individus.

Il nous faut aussi mentionner un type particulier d’articles ou d’ouvrage à caractère de sources. Il s’agit des nombreux articles et ouvrages qui rassemblent les témoignages d’acteurs des développements de l’informatique. Mais il s’agit alors de témoignages

277 Girolamo Ramunni, « Les liens entre le CNRS et l'Université », p. 637-646, Revue Française

d'Administration Publique, n° 112, 2005.

278 Jean-Richard Cytermann, « Le rapprochement universités-organismes de recherche : un processus incrémental », p. 141-158, in Thierry Chevaillier, Christine Musselin (dir.), Réformes d'hier et réformes

plutôt que de travaux d’historiens. De bons articles sont à trouver par exemple dans les « colloques de l’histoire de l’informatique » déjà mentionnés plus haut. Et parmi les ouvrages de type témoignage, existe un ouvrage qui nous intéresse directement car il décrit de 1958 à 1982 les débuts du Laboratoire d’automatique de Grenoble, le laboratoire sur lequel porte notre Mémoire, un ouvrage écrit par deux anciens membres de ce laboratoire279. De tels témoignages mentionnent souvent individuellement des noms de personnes, ce qui peut être précieux pour une analyse de leurs réseaux sociaux.

Par ailleurs, en ce qui concerne les sujets de recherche, les Prix Nobel fournissent des dossiers incluant des éléments comme sources secondaires, dans la mesure où l’organisme du Nobel cherche à justifier les nominations qu’il a décernées. Pour la recherche en informatique, l’équivalent des Prix Nobel est à trouver avec les Turing Awards dont le site Internet fournit de nombreux éléments qui font le point sur chacun des sujets correspondant au prix décerné. Etant donné qu’ils sont édités au moment de la nomination du prix, ces éléments ont le caractère de source car ils fournissent des indications sur la perception qui prévalait à une époque donnée280. Ils contiennent aussi des indications sur la carrière des récipiendaires du prix, un élément pour reconstituer des réseaux sociaux.

Par ailleurs de nombreux organismes ont existé qui ont réuni congrès ou conférences sur l’informatique, et les actes qui en ont été publiés peuvent encore être trouvés, par exemple à Aconit.org une association grenobloise à vocation de centre de ressources et de consultation pour certaines de ces publications281. Y existent ainsi les réputées Communications de l’ACM (ACM - Association for Computing Machinery) ou certaines des IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers, un institut fédérant les différents acteurs du domaine et leur proposant des recommandations qui souvent deviennent ensuite des normes internationales). Leur usage possible pour reconstituer des réseaux sociaux n’est cependant pas démontré.

Les archives du CNRS offrent par ailleurs de larges possibilités, déjà utilisées par plusieurs historiens.

279 Michel Deguerry, René David, De la Logique câblée au calculateur industriel, EDA publishing Grenoble, 2008

280 http://amturing.acm.org/award_winners/

Enfin des chercheurs universitaires en poste à partir des années 1970 sont encore en vie et peuvent être interviewés. C’est ce que Valérie Schafer a fait pour son article de 2007 déjà cité, pour lequel elle mentionne avoir interviewé par exemple R. Després, Marc Levilion, Louis Pouzin, Gerard Lelann282. C’est aussi ce que nous avons réalisé lors de notre Mémoire de Master-1 pour lequel nous avions interviewé sept des chercheurs ayant été en relation avec le projet Socrate de logiciel de base de données inventé à Grenoble en 1970283.

En ce qui concerne notre présent travail, nous avons choisi de ne pas utiliser d’interviews. Il ne s’agit pas d’analyser des aspects techniques dont la compréhension et les contextes seraient utilement éclairés par des interviews. Il s’agit d’analyser des relations à partir de textes écrits. Nous n’avons pas considéré que des sources orales soient utiles pour notre présent Mémoire. Les anciens du LAG que nous avons contacté n’ont pas été interviewés, mais leurs réponses nous ont éclairé sur la signification de tel ou tel point écrit dans les rapports d’activité du LAG.

Pour notre travail, lorsqu’il s’agit d’analyser des relations entre le laboratoire et ses autorités de tutelle, le processus de la relation utilise de manière intrinsèque les rapports d’activités du laboratoire comme un élément entrant pour identifier la relation qui y est écrite et tracée. En ce qui concerne la part des individus entrant dans les relations institutionnelles, elle est décrite dans ces rapports qui incluent des chapitres indiquant quels sont nominativement les membres du laboratoire ayant en charge tel ou tel type de relations, par exemple celles au sein de diverses institutions : Comité scientifique, comité de lecture de revues de publications scientifiques ; instances dirigeantes de telle association professionnelle ; responsable du lien entre le laboratoire et telle autre université ; responsable du lien avec telle entreprise ; etc. C’est donc ce qui est écrit qui doit nous servir de source.

En ce qui concerne l’étude de la circulation des individus entre les institutions ou entre des fonctions au sein du laboratoire, elle est possible, encore grâce aux mêmes rapports qui fournissent une trace descendant au niveau des individus, de leurs

282 Valérie Schafer, « Circuits virtuels et datagrammes : une concurrence à plusieurs échelles », p. 29-48, in Pascal Griset, Alexandre Fernandez (dir.), « Les logiques spatiales de l’innovation (XIXe-XXe siècles) »,

Histoire, Economie & Société, Paris : Armand Colin, Avril-Juin 2007,

283 Ricodeau Jean, Le cycle de vie de Socrate, logiciel informatique de bases de données, de 1963 à 1990 :

Parcours professionnels et innovations, à Grenoble territoire de coopérations Université-Entreprises, Grenoble : Université Pierre Mendes France, Mémoire de Master1, Dept d’Histoire, 2016

publications et de leurs statuts personnels, indiquant d’où ils viennent lors de leur embauche et où ils vont lorsqu’ils quittent le laboratoire.

En ce qui concerne la circulation des connaissances entre individus, il est possible de l’étudier déjà en se basant sur les publications et leurs noms d’auteur, ainsi que sur les descriptifs d’activités qui existent dans les rapports d’activité scientifique du laboratoire. Pour ce type d’étude, la sous-partie suivante indique ce que les thèses, autre type possible de source, permettraient d’obtenir, et explique pourquoi c’est un type de sources que le présent mémoire n’a pas voulu utiliser.