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DU SOUHAIT A LA COUR DE LORRAINE 1. Du Souhait au service du duc Charles III

PREMIÈRE PARTIE

CHRONOLOGIQUE,DES OEUVRES DATÉES DE FRANÇOIS DU SOUHAIT

C. DU SOUHAIT A LA COUR DE LORRAINE 1. Du Souhait au service du duc Charles III

On apprend par les registres de comptes des ducs de Lorraine que notre auteur se voit remettre en 1600 de l'argent que

"Monseigneur luy a octroyé pour luy avoir dédié un petit livre par luy composé"3. Il s'agit sans doute de l'Epithalame. Il est couché sur les registres avec l'étiquette de "poète"4. A partir de cette date Du Souhait est reconnu comme homme de lettres par le duc de Lorraine.

Avec l'appui de ce dernier il pourra désormais participer à tous les événements qui animent la cour de Lorraine : réceptions, bals, déplacements, ambassades . Approuvé par le duc de Lorraine il se

1 Charles Sorel, Francion, p.376.

2 J.Serroy, exemplaire dactylographié de sa thèse, p.12.

3 Archives de Lorraine B 1264.

4 A.Collignon dans son article aux pages 689-690 dit que "cette même année Du Souhait est qualifié de secrétaire ordinaire du duc et non plus simplement de poète" mais le registre cité par A. Collignon , soit B 1274 porte en fait sur l'année 1603.

trouve en contact avec tous ceux que leur titre ou leur rôle conduit à fréquenter la cour de Charles III.

Dans les registres de 1603, il figure avec son titre : "A François du Souhait, secrétaire de son Altesse"1. On lui remet une somme d'argent deux fois en avril et une fois en septembre pour le défrayer des frais du voyage entrepris entre Nancy et Paris afin de chercher des livres "servant au parachèvement de l'œuvre par luy commencée"2. On sait, en particulier grâce aux Mémoires de Bassompierre, qu'Henri IV fut reçu à Nancy en avril 1603 "avecques tout l'apparat et la magnificence imaginable. Madame y dansa un ballet et après que le Roy eut demeuré huit jours à Nancy il s'en retourna à Fontainebleau où il fit une diette "3. Du Souhait a-t-il participé à ces fêtes, à ce voyage ? Le fait que son nom apparaisse dans les registres à cette date permet d'envisager sérieusement cette possibilité.

En 1608, Charles III meurt. Sans doute François du Souhait a-t-il voulu rédiger la pompe funèbre du défunt duc, son mécène. Son initiative, non soutenue par la nouvelle autorité ducale semble avoir donné lieu à une véritable polémique dont Pierre Marot a retrouvé les traces4. Je le cite : "La Ruelle reçut commandement du duc de Lorraine de composer la relation de ces cérémonies (...), il faillit d'ailleurs estre devançé par François du Souhait (...). Une lettre du conseiller d'Etat Gleisenove à Voillot, datée de Nancy le 26 août 1608, quelques semaines après l'achèvement de la cérémonie nous apprend, non sans humour, les inquiétudes que connut La Ruelle :5 "Monsieur du Souhait a voulu a toute force sans privilège ny de S.A. ni d'autre, commencer à faire imprimer à Toul son discours de la Pompe Funèbre de feu S.A.. Monsieur de La Ruelle, qui a eu commandement d'icelle de le dresser pour après le considérer et puis le mettre au jour, a cuidé enrager de ceste prévention et présumption du sieur Du Souhait, de sorte que, pour luy mettre la vie au corps, il a fallu que Son Altesse mist du bon pour arrester le cours de l'impression et lui en a cousté 120 francs de frais. Il y avait quinze feuilles audit discours dont il y a eu que les trois premières despéchées, lesquelles je vous envoye cy jointes pour vous en entretenir6 quand aurez loisir par les champs et y marquerez, je m'asseure, plusieurs choses dites sans

1 Archives de Lorraine B 1274 et B 1280.

2 Archives de Lorraine B 1274.

3 Bassompierre, Journal de ma vie, tome I, page 98.

4 P. Marot, Recherches sur les pompes..., pp 46-47.

5 Ici commence l'extrait de la lettre de Gleisenove, conservée aux archives de Nancy à la cote 4F2 numéro 154.

6 Malheureusement ces feuillets ne se trouvent plus dans le fonds d'archives.

jugement et fort traiz impertinenz ou impropres, je vous entretiens de cela faulte de meilleur sujet...". Le poète put se consoler de sa mésaventure en recevant la somme de 620 francs que S.A. luy accorda "en recongnaissance des peines et soings par luy employez à servir"1. Seul l'ouvrage de La Ruelle fut imprimé. Celui de Du Souhait, tout comme celui d'un autre écrivain qui avait aussi tenté de s'approprier la rédaction de la pompe funèbre : Alphonse de Rambervillers, cet ouvrage donc, a disparu2. Il aurait été particulièrement intéressant de pouvoir consulter l'ouvrage signalé par le catalogue Beaupré : Plainte publique sur le trespas de son altesse par Du Souhait paru à Nancy chez Blaise Andréa. S'agit-il d'une édition de la pompe funèbre écrite sans privilège par notre auteur ou, comme le titre semble le suggérer, s'agit-il d'une plainte rédigée par un auteur frustré dans ses initiatives ?

2. Du Souhait après la mort de Charles III

En 1609, Du Souhait semble chercher de nouveaux protecteurs.

Il dédicace sa Vérité de l'Eglise à Louis de Lorraine, cardinal de Guise, archevêque de Reims (1565-1621).

3. Du Souhait au service du comte de Vaudémont

Les registres de 1611 nous apprennent que François du Souhait est passé au service du comte de Vaudémont, futur duc François II (1572-1632). Il assume de nouveau le rôle de "secrétaire"3. On lui remet de l'argent pour le défrayer de dépenses faites lors d'un voyage à Paris où il aurait accompagné le comte, "Son Altesse et madame (sa) belle sœur"4. Ce mandement est suivi d'une reconnaissance signée de la main de notre auteur. Or, à la date de 1611, le maréchal de Bassompierre rapporte que "Madame la duchesse de Lorraine, nièce de la reine, la vint trouver à Fontainebleau, la reine alla au devant d'elle et la receut en grand apparat et puis vers la toussaints la cour (composée , on l'apprend quelques paragraphes plus haut, de quatre à cinq cents gentilshommes ou princes) revint à Paris" et Madame de Lorraine s'en retourna en décembre5. On peut donc supposer que Du Souhait fit partie de l'escorte qui accompagna à Fontainebleau la nouvelle épouse d'Henri II, Marguerite de Gonzague, fille de Vincent

1 Il s'agit d'un extrait du commandement du 24 août 1608 concernant Du Souhait, conservé aux archives de Nancy sous la cote B 1309, suivi du reçu signé de la main de notre auteur daté du 25 août 1608.

2 P. Marot, Recherches..., p.47.

3 Archives de Nancy, B 1337.

4 Il s'agit d'Henri II et de sa seconde épouse Marguerite de Gonzague.

5 Bassompierre, Journal de ma vie, tome 1, p.183.

1er de Gonzague, duc de Mantoue, et d'Eléonor de Médicis, sœur de la reine de France Marie de Médicis.

Enfin, le nom de François du Souhait apparaît une dernière fois aux comptes de 16151. Cette fois, il est simplement désigné par l'expression : "sieur du Souhait". On lui donne le 26 mars 1615 deux balles de papier "pour certaines bonnes considérations". On sait que les ducs de Lorraine possédaient à Arches des papeteries. "C'était en papier et rarement en argent qu'Henri II acquittait le prix des livres qu'il achetait aux libraires ; et au lieu de gratifications pécuniaires il donnait aux auteurs le papier nécessaire à leurs ouvrages"2.

4. Conclusions sur les services de François du Souhait pour la Maison de Lorraine

Il semble que Du Souhait, après la mort de Charles III n'ait pas retrouvé la charge et la protection dont il jouissait jusque là.

La protection de la Maison de Lorraine lui permit de vivre. Elle le fit également bénéficier du climat intellectuel favorable qui régnait à la cour ducale. Elle lui donna enfin l'occasion de côtoyer et peut-être de rencontrer d'autres écrivains qui ont laissé leur nom à la postérité.

Rien n'empêche en effet de supposer que Du Souhait ait pu connaître Nervèze, auteur en 1608 d'une Histoire de la vie et trespas de Charles de Lorraine, duc de Lorraine, et en 1613 d'une Histoire de la vie et trespas de Charles de Lorraine, duc de Mayenne. On peut également formuler l'hypothèse d'une rencontre éventuelle entre notre auteur et Nicolas Faret. Nicolas Faret est né à Bourg-en-Bresse et il fut baptisé le 12 avril 1600. Il fut secrétaire du comte d'Harcourt à partir de 1621. Sans doute plus jeune que Du Souhait, Faret eut vraisemblablement connaissance, sinon de notre auteur, du moins de son œuvre par l'intermédiaire d'Henri de Lorraine, comte de Brionne, comte d'Harcourt, à qui François du Souhait dédicaça en 1612 ses Histoires comiques, et en 1614, son Illiade.

Que se passa-t'il en 1615 ? On peut supposer que le fait que Du Souhait ait perdu son titre de "secrétaire" en 1615, soit lié aux ennuis très sérieux qu'il eut en 1614 avec l'autorité royale. Lui-même et son libraire imprimeur Antoine du Brueil furent assignés à comparaître devant la cour de justice de Paris le 29 juillet 1614. Il est accusé d'avoir rédigé des libelles séditieux. Le libraire sera condamné à une amende relativement légère.

1 Archives de Nancy, B.2745.

2 A. Collignon aux pages 689-690 de son article sur Du Souhait.

François du Souhait, quant à lui, sera banni du Royaume de France pour neuf ans et on "luy enjoint de garder son ban à peine d'estre pendu et estranglé"1. A-t'il suivi François, comte de Vaudémont qui s'était retiré en Bavière après les divers différends qu'il eus avec Henri II2 ?

D. CONCLUSIONS SUR LA VIE DE FRANCOIS DU