• Aucun résultat trouvé

FRANÇOIS DU SOUHAIT, L'OEUVRE ET L'HOMME

PREMIÈRE PARTIE

FRANÇOIS DU SOUHAIT, L'OEUVRE ET L'HOMME

I. Méthodes de travail et remarques préliminaires.

II. L'œuvre de François du Souhait : état actuel de sa bibliographie.

III. La vie de François du Souhait : état actuel des

connaissances de sa biographie.

I. MÉTHODES DE TRAVAIL ET REMARQUES PRÉLIMINAIRES

Pour étudier l'œuvre de Du Souhait, j'ai consulté les diverses bibliographies et manuels de littérature spécialisés et j'ai pu constater combien pouvait peser lourd et longtemps une opinion, dès l'instant qu'elle émane d'une autorité établie.

Ainsi, depuis le dur jugement de Boileau à l'égard de Du Souhait, tous les adjectifs qui le qualifient sont plus ou moins synonymes de médiocre. Je ne citerai pour mémoire que ces quelques opinions :

-"les romanciers de cette époque sont surtout des amateurs" dit G. Reynier, réservant à Du Souhait l'étiquette : "plus dépourvu de goût que d'idées"1.

-"un de ces féconds et médiocres écrivains qui, sans s'illustrer, peuplèrent le Parnasse à la fin du XVIème siècle"2.

-"type moderne du tâcheron de lettres qui accumule les livres, aborde tous les genres, attentif aux fluctuations de la mode et singulièrement habile à se régler sur elle"3.

Rien de plus flatteur chez A. Collignon qui, pourtant, consacre à Du Souhait une dizaine de pages dans une revue lorraine en 1913 :

"Du Souhait paraît bien avoir appartenu à cette légion d'écrivains besogneux qui, au XVIème et au XVIIème siècle prodiguèrent les flatteries les plus hyperboliques envers ceux dont ils tiraient les ressources et leur subsistance"4, ou encore : "poète et prosateur profondément et justement oublié" dont la lecture est qualifiée d'"insipide".

Il faut attendre la bibliographie proposée par Roméo Arbour pour voir apparaître un état plus exact de l'ensemble de l'œuvre de Du Souhait. N'est-ce pas d'ailleurs la fréquentation approfondie de

"l'ère baroque en France" qui lui fait dire dans son introduction qu'

1 G.Reynier, Le roman sentimental..., pp.265-266.

2 Biographie universelle de Michaud, tome 18.

3 A.Adam, La littérature française au XVIIème siècle.

4 A.Collignon, Le pays lorrain et le pays messin, 10ème année, 1913, pp.689-699.

"une époque littéraire ne se définit pas seulement par les œuvres majeures"1 ?

Une seconde remarque, enfin, me paraît importante : les chercheurs qui, pour des raisons internes à leurs propres travaux, ont réellement lu et fréquenté une partie de l'œuvre de Du Souhait, ont à son égard des opinions beaucoup plus nuancées. C'est le cas de Noémie Hepp qui, dans sa thèse extrêmement complète sur Homère en France au XVIIème siècle, conteste la qualité de la traduction de l'Iliade par Du Souhait parce qu'il ne s'agit pas d'un ouvrage d'érudit, le traducteur s'intéressant à l'œuvre du "Prince des poètes grecs"2 avant tout pour y trouver une caution à ses propres idées sur l'existence et sur les devoirs d'un gentilhomme. N. Hepp rend cependant hommage à Du Souhait pour avoir été l'un des seuls à traduire Homère et pour l'avoir fait de telle sorte que cette traduction fut rééditée : "cinq éditions en vingt ans, c'est assez brillant". Même si les défauts sont criants, l'auteur, pour N. Hepp, sait se montrer "un écrivain correct et même doué d'un certain souffle"3. C'est également le cas de Jean Serroy qui, dans sa thèse sur les histoires comiques au XVIIème siècle, s'est intéressé aux Histoires comiques de Du Souhait parues en 1612. Il le dit "sans talent", l'accuse de "se prendre pour un bel esprit", puis réhabilite sa mémoire en expliquant que "avant que les générations futures, méprisant le goût compliqué du début du siècle, rejettent Du Souhait dans les profondeurs de l'oubli, le poète était apparu comme un écrivain fort estimable aux yeux de ses contemporains"4. En outre, même si elles sont de médiocre venue, les Histoires comiques ont le mérite d'exister et Jean Serroy pense que l'Histoire comique de Francion n'a vu le jour que grâce à l'œuvre de notre champenois. Cette paternité "n'est pas négligeable"5, selon le mot de Jean Serroy qui conclut : "Du Souhait transmet, il ne crée pas.

Mais ce qu'il transmet est nécessaire à l'édification d'une nouvelle littérature narrative comique. C'est "à l'envy de Du Souhait" que Sorel va écrire son Francion. Rôle modeste donc que celui de cet écrivain-charnière, mais rôle important"6.

Que conclure de ces divers avis formulés sur l'œuvre de François du Souhait ? Il me semble qu'on a longtemps porté sur notre

"gentilhomme champenois" un jugement-couperet hérité très certainement de l'opinion émise par Boileau. Ce jugement négatif est

1 R. Arbour, L'ère baroque en France...

2 N. Hepp, Homère en France au XVIIème siècle, p.201.

3 N. Hepp, Homère en France au XVIIème siècle, p.201.

4 J. Serroy, Roman et réalité..., p.27.

5 Ibid, p.61.

6 Idem.

révélateur d'ailleurs du quasi mépris manifesté, sans doute par ignorance, pour toute cette époque charnière de notre littérature, enfin remise en lumière depuis ces dernières années. Si ceux qui ont étudié ses livres ont eu de l'indulgence pour le prolixe tâcheron que fut Du Souhait, on peut penser qu'en approfondissant l'étude de l'ensemble de son œuvre et, tout d'abord, en établissant la bibliographie complète de ses ouvrages, on parviendra à mieux discerner la place exacte occupée dans la littérature de son temps par notre secrétaire des ducs de Lorraine.

II. L'OEUVRE DE FRANÇOIS DU SOUHAIT : ETAT ACTUEL DE SA BIBLIOGRAPHIE

Sans vouloir systématiquement induire l'étude de l'homme de l'étude de l'œuvre, il m'a cependant semblé logique de commencer par dresser la bibliographie des ouvrages avant même de parler de l'écrivain et ce, pour plusieurs raisons. La première d'entre elles est l'extrême pauvreté des résultats des enquêtes d'archives menées sur notre gentilhomme champenois lequel a, semble-t'il laissé des traces, non pas négligeables certes, mais rares dans les documents de son temps. La seconde raison est le fait que, souvent dédicacées, les œuvres de François du Souhait permettent de le situer dans son cercle géographique, politique, idéologique et social, de connaissances et de relations.

Je terminerai ces quelques remarques en ajoutant combien je regrette les insuffisances de bien des bibliographies spécialisées qui signalent des ouvrages mais ne permettent ni de les localiser, ni même d'en vérifier l'existence1..

Il va de soi que ma recherche m'a fait consulter, pour chaque œuvre, l'ensemble des éditions connues et localisées disponibles dans nos bibliothèques. Pour les ouvrages conservés dans les bibliothèques étrangères, je dois à l'obligeance de leurs conservateurs, d'avoir pu disposer de descriptions bibliographiques précises et complètes, de microfilms, et souvent de photocopies de pages intéressantes2.

1 C'est le cas, par exemple des Lois d'amour, comédie de 1599, ouvrage signalé par A. Collignon dans son article page 691, et de la Plainte publique sur le trespas de son altesse, de 1608 signalé par le catalogue Beaupré, page 35. Ces deux ouvrages ne sont pas localisables dans l'état actuel de ma recherche.

2 Pages de titre, dédicaces, privilèges notamment.

A. TABLEAU RÉCAPITULATIF, PAR ORDRE

CHRONOLOGIQUE,DES OEUVRES DATÉES DE FRANÇOIS