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Les soubassements philosophiques des explications anglo-saxonnes de l’entrepreneuriat immigré

de la spécificité de l'entrepreneuriat immigré Poser et reconnaître l’existence d’une minorité ou au moins d'un groupe spécifique méritant

2.1. Les soubassements philosophiques des explications anglo-saxonnes de l’entrepreneuriat immigré

Afin de relier les théories explicatives de notre objet d’étude à leurs soubassements philosophiques, nous rapporterons les éléments de l’opposition entre l’approche de John RAWLS (2.1.2.) et la riposte communautarienne (2.1.3) qui a animé le débat philosophique anglo-saxon. La première sous-section (2.1.2) plante le décor de cette discussion en en situant les enjeux épistémologiques.

2.1.1. La philosophie morale américaine comme clef de décryptage des théories

La philosophie morale et politique américaine, depuis les travaux de John RAWLS (1971), offre deux réponses tranchées à la question de l’identification et de la spécification des minorités65 : une réponse néo-libérale directement inspirée des travaux de RAWLS (qui, à l’extrême, rejette la pertinence de la notion de minorité), et une réponse « communautarienne », élaborée en riposte à la première. On montre toutefois que ce débat correspond assez bien à ce qui caractérise les anglo-saxons et que, dans le contexte français, une voie pragmatique intermédiaire semble devoir et pouvoir être trouvée.

Les deux approches (néo-libérales et communautariennes) obéissent de surcroît à des positionnements épistémologiques radicalement opposés : -l’Individualisme Méthodologique pour la première, et –le Holisme Méthodologique pour la seconde.

65 S’intéressant à l’entrepreneuriat féminin, Isabelle GUERIN (2003) fonde également sa construction sur une discussion des théories de la Justice depuis RAWLS jusqu’à SEN.

2.1.2 L’approche néo-libérale ou la non spécificité de l’entrepreneuriat immigré

Même si RAWLS construit sa philosophie en rupture avec l’utilitarisme, son approche individualiste s’inscrit dans la filiation des travaux de la philosophie politique libérale, comme on le montrera (2.1.2.1.) avant d’en envisager les conséquences (2.1.2.2.) et les limites (2.1.2.3)

2.1.2.1. La tradition libérale

La longue tradition de la philosophie politique libérale (MANDEVILLE ; Adam SMITH…) trouve un certain achèvement dans l’œuvre de RAWLS même si ce dernier s’écarte des critères de jugement des actions mis en avant par ses prédécesseurs et, en particulier, de l’utilitarisme. Rappelons que l’objectif de RAWLS était de dégager les principes les plus généraux et les plus universels possibles pour apprécier les actions qui sont justes dans le contexte des sociétés démocratiques occidentales.

En raison de ce dessein universaliste, on caractérise sa « théorie de la justice » de « théorie de la justice globale » par opposition avec des approches de la « justice locale »66 qui, au contraire, mettent l’accent sur l’existence d’une pluralité de principes de justice comme le font notamment les auteurs de la Théorie des Conventions et, par exemple, BOLTANSKI et THEVENOT (1987, 1991).

Les principes consensuels que RAWLS retient pour fonder sa « théorie de la justice » sont l’attachement à la démocratie et l’égalité des hommes « dans l’accès à des libertés de base » qu’il considère comme une caractéristique sous-jacente de l’idéal démocratique.

Ces deux principes sont connus sous le nom de –principe de liberté et de –principe de

différence.

L’auteur les pose comme résultant d’un « contrat social » et, en ce sens, sa théorie peut être rapprochée des traditionnelles théories du contrat social (ROUSSEAU, HOBBES, LOCKE, voire KANT) qu’il actualise en quelque sorte.

Ainsi, comme le résume François TERRE, (1988, p. 10), « au fondement de sa construction, il imagine une position originaire dans laquelle les individus prêts à discuter des principes de

justice appliqués dans la société où ils seront amenés à vivre ensemble, ignoreraient tout ce qui les différenciera concrètement. (…). Ils ne connaissent pas ce que seront leurs familles, leurs classes sociales, leurs fortunes, leurs races, leurs convictions, leurs aptitudes….. Situés de la sorte en position de négociation collective, équitable et égale, les individus s’accorderaient » sur les deux principes fondamentaux de liberté et de différence.

De ce fondement découle toute l’originalité de l’œuvre de RAWLS, sa force comme ses limites. Pour appréhender la justesse d’une action, seul semble compter l’individu, en faisant abstraction de ses caractéristiques socioculturelles. C’est en cela que John RAWLS, comme les économistes libéraux, est profondément individualiste. Enfin, comme le reconnaît SEVE (1988 ; p. 27), le plus curieux dans la construction rawlsienne du contrat social, au moins pour un européen, c’est aussi l’absence de prise en compte de l’Etat et d’autres institutions auxquelles l’individu se soumettrait ou recourrait. « Le contrat social sert, en effet, traditionnellement à fonder l’obligation politique envers le souverain » (SEVE, op. cit.). Ainsi, chez LOCKE67 , l’obéissance à l’Etat, découlant du « contrat initial », doit se poursuivre par la suite. Au contraire, « puisque (pour lui) la position originelle ne fonde pas d’obligation imprescriptible envers un supérieur (l’Etat), John RAWLS rejette comme un artifice inutile la théorie du consentement, tacite ou exprès, aux lois de la cité, comme si chaque citoyen devait allégeance au souverain, car cette allégeance n’obligerait pas en conscience » (SEVE, op. cit. ; p. 28 ; RAWLS, « Théorie de la Justice », &51).

En l’absence de souverain supérieur ou de juge-arbitre68, les individus s’entendraient sur le principe de liberté qui permettrait à chacun d’entreprendre ce que bon lui semble. Tout le monde possède le droit d’entreprendre, d’émettre un avis et de peser sur les choix publics parce que chaque individu revêt a priori une valeur égale à celle des autres.

Evidemment, de cette liberté d’entreprendre pourrait émerger par la suite des inégalités, les plus doués, les plus efficaces, les plus forts, les plus favorisés par le sort, risquant de s’imposer progressivement. D’où la nécessité du second principe dit de différence qui reste subordonné au premier, ce qui implique que l’on ne doit notamment pas, pour combattre les inégalités, aller à l’encontre des libertés individuelles. Dans les termes de RAWLS, le

principe de différence admet que « les inégalités sociales et économiques doivent être

67Deuxième Traité du gouvernement civil (cf &39). Traduction française (1984) chez Garnier-Flammarion, Paris.

aménagées de telle sorte qu’elles soient assurées, en dernière analyse, pour le plus grand profit des plus défavorisés ».

RAWLS rejoint la pensée d’Adam SMITH (1776) elle-même inspirée de la célèbre Fable des

abeilles de Bernard de MANDEVILLE (1750).

Dans cette tradition, la position néo-libérale de RAWLS considère que l’affirmation

individuelle prime sur toute inscription communautaire de l’individu. En ce sens, RAWLS est un pur « subjectiviste ». Pour lui, « le moi est premier par rapport aux fins qu’il défend» (op. cit., &84 ; p.601).

Par la suite, les règles économiques imposeraient des modes d’action sociale normés en

permettant à l’individu de porter un jugement sur ses actes. Il n’y aurait pas lieu de

distinguer les pratiques entrepreneuriales des immigrés des autres entrepreneurs, les modes de jugement individuel étant de même nature.

A l’extrême, l’étude de l’entrepreneuriat ethnique ou immigré en tant que tel serait sans objet puisque, à terme au moins, les entrepreneurs immigrés ne se distingueraient pas des autres entrepreneurs !

2.1.2.2.. Les débouchés sociologiques, pratiques et épistémologiques de la position philosophique rawlsienne

Sur le plan sociologique, cette approche débouche sur une perspective « assimilationniste »

(théorie du Melting-pot) que l’on retrouve fréquemment dans la littérature sur l’entrepreneuriat ethnique et plus largement dans toute littérature sur l’insertion des migrants

dans l’économie. L’idée en est qu’à terme plus ou moins lointain, tous les groupes

ethniques disparaîtraient pour se fondre dans le creuset de la nation.

Malcom CROSS et Roger WALDINGER (1997) rapportent ainsi « les idées classiques de

Robert PARK (1928) et de Milton GORDON (1964) », selon lesquelles « l’assimilation représente le point culminant d’une véritable insertion, depuis la période initiale de séparation et de concurrence jusqu’au point où les valeurs et les façons de vivre des migrants ne se distinguent plus de celles de la majorité, en passant par l’adoption » (op. cit., Chapitre 3, p. 1).

De son côté, toujours dans cette perspective, T. PAIRAULT (1995) essaie d’évaluer dans quelle mesure, les entrepreneurs chinois de Paris ont pris de la distance par rapport à leurs comportements tontiniers pour s’aligner sur les entrepreneurs français par un plus grand recours au crédit bancaire que leurs homologues restés au pays.

Puisqu’il s’agit de comparer le comportement des immigrés qui est temporairement dissonant, au comportement du groupe dominant, cette approche peut se résumer à une approche Cœur-Périphérie, fréquente en Sciences Economiques. Dans ces modélisations (utilisées en Economie Internationale pour décrire les relations entre Pays en Voie de Développement et Pays Industrialisés), la périphérie (les pays en développement) est considérée comme en situation inégalitaire par rapport au centre, mais elle profite de ses échanges avec le Cœur (les pays industrialisés) pour rattraper son retard.

Sur un plan pratique, cette approche suggérerait l’inutilité de la mise en place de

dispositifs d’accompagnement ou d’appui à la création d’entreprise qui soient spécifiques

pour telle ou telle population ou, à la rigueur, une utilité exclusivement temporaire.

Sur un plan épistémologique, elle aboutit à la négation de l’entrepreneuriat ethnique

comme champ de recherche spécifique puisque, au terme du processus plus ou moins long d’assimilation, plus rien ne devrait distinguer l’entrepreneur immigré du reste de la population entrepreneuriale.

Toutefois, dès 1962, Gunnar MYRDAL soulignait la difficulté d’appliquer cet idéal assimilationniste dans les termes d’un dilemme.

2.1.2.3 « Le dilemme américain», une critique « de l’intérieur »

Avant l’œuvre de RAWLS, MYRDAL en critiquait pragmatiquement les fondements en constatant que la démocratie américaine était incapable de résoudre l’inégalité entre les blancs et les noirs. Le principe de liberté et le principe de différence paraissent inconciliables, car la situation d’inégalité apparaît à MYRDAL comme statique. Il décrit la société comme divisée en deux castes: la caste dominante blanche qui a le pouvoir politique, et la caste subordonnée

noire. Il observe l’apparition de leaders noirs contestant plus ou moins l’ordre établi69 et tenant en quelque sorte un discours culturaliste ou, à tout le moins, centré sur l’étude du leadership (Marco MARTINIELLO,1992 ).

Pragmatiquement et semble-t-il à contrecœur, MYRDAL appelle au dépassement des

représentations trop individualistes. Partant d’un constat d’inégalité, son diagnostic

autorise un traitement scientifique différencié des populations immigrées.

Plus récemment, d’autres auteurs anglo-saxons qui, au départ, partageaient les thèses assimilationnistes, se sont trouvés face au même dilemme que MYRDAL et ont dû reconnaître que, dans certains cas, le processus d’assimilation semblait bloqué. WALDINGER et alii (1996, p. 18-19) notent que c’est particulièrement vrai de certains immigrants non européens aux Etats-Unis pour qui les désavantages socio-économiques qu’ils perçoivent ne diminuent pas avec le temps70. Alejandro PORTES (1995) montre de son côté que l’assimilation est un concept ambigu, en soulignant que certains enfants de migrants adoptent les valeurs des classes sociales défavorisées et rejettent tout processus entrepreneurial qui les rapprocherait des classes dominantes. Il rapporte ainsi des observations effectuées dans le Bronx où les Portoricains, porteurs de projet, étaient

rapidement montrés du doigt et considérés comme « traîtres », « cherchant par

l’entrepreneuriat, à devenir blancs ».

Dans le prolongement des travaux de Gunnar MYRDAL, la position intellectuelle de John RAWLS a suscité une vive réaction « communautarienne » émanant d’auteurs qui mettent en avant le rôle des particularismes sociaux et culturels dans la constitution de l’individu. Cette perspective que nous allons discuter (2.1.3) est le fondement des théories de l’entrepreneuriat ethnique que nous présenterons ensuite.

69 La littérature distingue ainsi –l’accommodation leadership dont la figure emblématique serait sans conteste Martin Luther King et le but, l’adaptation du groupe à la société et –le protest-leadership dont le leader serait plutôt Malcom X qui critique l’ordre établi en n’hésitant pas, s’il le faut, à en appeler à des actions violentes. 70 Dans certains cas, la thèse assimilationniste est renversée à l’opposé parce que les migrants qui arrivent ont déjà un statut social supérieur à celui de la moyenne des autochtones, comme ce fût le cas des iraniens exilés à Beverly-Hills (KELLEY, 1993), ou encore parce que les migrants sont déjà acculturés (cas des philippins, indiens, taïwanais, coréens, israéliens immigrant aux Etats-Unis selon WALDINGER et alii, 1996).

2.1.3. La réplique communautarienne

Par réaction à l’individualisme de RAWLS, l’approche communautarienne met l’accent sur l’histoire et sur la culture de l’individu qui le surdétermineraient (2.1.3.1). Cette perspective débouche sur une approche dans laquelle l’individu ne saurait être compris que par des tiers ayant la même histoire et les mêmes codes culturels que lui (2.1.3.2).

2.1.3.1. La primauté de l’histoire et de la culture sur l’individu

Pour l’un des principaux représentants de l’approche communautarienne, M. SANDEL (1982), l’individu de RAWLS serait un être désincarné car au contraire de l’individu rawlsien, « avoir une personnalité, c’est savoir m’inscrire dans une histoire que je ne choisis pas (… )».

Dans cette perspective, il faudrait concevoir des pratiques entrepreneuriales très différentes suivant les cultures, le jugement de l’individu sur ses actes étant considéré comme éminemment culturel. Cette perspective ouvre la voie à toute une série de travaux inspirés plus ou moins directement de Gerhardt HOFSTEDE qui identifient des modèles culturels différenciés. Avant de les passer en revue pour en apprécier la portée pour notre sujet, il importe de souligner que tout comme pour l’approche rawlsienne, l’adhésion à l’approche culturaliste est plus ou moins prononcée.

L’adhésion minimaliste consisterait simplement à affirmer la nature multiculturaliste de la société comme le fait notamment N. GLAZER (1997) :

« Nous sommes tous multiculturalistes » dès lors que « nous accordons tous désormais une plus grande attention aux minorités et aux femmes » (op. cit., p. 14, cité par M . Wieviorka, 2001).

L’essence même de notre sujet (l’étude de l’entrepreneuriat des minorités immigrées) et de notre problématique (la possibilité ou non de les accompagner par des dispositifs génériques) nous placerait dans cette optique. Mais, certains auteurs développent une thèse « communautarienne extrême » qui offre une réponse sans équivoque à notre problématique.

2.1.3.2. Une approche communautarienne extrême

Lorsqu’il traite des patients immigrés africains, Toby NATHAN considère que l’héritage freudien est nul et non avenu….. L’auteur , psychanalyste-thérapeute, se revendiquant de l’ethnopsychiatrie à la suite de G. DEVEREUX, est extrêmement explicite :

« s’il existait une morale de notre profession, elle devrait nous interdire –je dis bien interdire ! – de penser le migrant en souffrance hors de son groupe (…). Il suffit de comprendre que devant un cas donné, l’interlocuteur n’est pas la personne mais le groupe, puisque nous sommes nous-mêmes un groupe ! pas le groupe, mais ses représentants puisque nous-mêmes ne sommes pas autre chose que des représentants…. » (T. NATHAN, 1996, cité in BOUCHER, 2000, p. 240).

Dans le domaine de l’accompagnement de porteurs de projet, cela voudrait dire que les dispositifs « occidentaux » seraient à coup sûr inadéquats pour aider le créateur immigré71.

A défaut, il faudrait internaliser dans l’accompagnement la culture de l’immigré :

« tout faire pour agir en Soninké avec un patient (pour nous un porteur de projet) Soninké, en Bambara avec un Bambara, en Kabyle avec un Kabyle... » (T. NATHAN, 1994, p. 24). « Sinon, le marocain, le Bambara, lorsqu’il est pris en charge dans l’un des réseaux des blancs, ne peut que ressentir la cruelle absence de tout représentant autorisé de ses groupes de référence » (T. NATHAN, 1996).

D’ailleurs, M. BOUCHER ne s’y trompe pas. Commentant ce texte de T. NATHAN, il conclut :

« Dans ces conditions, l’intégration des migrants étant impossible, des individus dans des groupes distincts sont donc condamnés à rester entre eux, chez eux, ou bien séparés dans un même espace » (op. cit., p. 240).

Cette conclusion, appliquée aux relations économiques et à l’entrepreneuriat conduirait à une ethnicisation marquée et irréductible du processus entrepreneurial et, par la suite, de l’économie. Cette constatation semble pour le moins excessive, d’autant qu’il a pu être également démontré que l’inscription dans le commerce ethnique n’était pas nécessairement

71 Les conséquences méthodologiques de cette approche sont également considérables pour le chercheur qui la ferait sienne. Il devrait « devenir le phénomène qu’il étudie » (MEHAN, WOOD, 1975) comme Bentha Jules-Rosette (1976) s’est convertie à la religion des Bapsolo qu’elle étudiait en Afrique. Cette perspective

synonyme de cloisonnement social pour l’individu immigré au sein de sa société d’accueil (RAULIN, 2000)72, car il n’est pas rare de rencontrer des entrepreneurs immigrés « jouant sur les deux tableaux ». « L’économie ethnique correspond d’ailleurs fréquemment à des marchés et à des consommations qui ne se limitent pas aux populations ethniques de référence» (M. WIEVORKA, 2000, p. 115).

L’intérêt de la théorie de T. NATHAN pour notre thèse ne réside pas dans ses conclusions, mais plutôt dans sa force de questionnement des dispositifs d’accompagnement génériques et de leur éventuelle inadéquation au suivi d’entrepreneurs fortement enracinés dans leur culture d’origine.

Globalement, ce survol des positions philosophiques pertinentes pour l’étude des minorités nous permet d’envisager plusieurs approches de l’entrepreneuriat immigré comme l’illustre le synoptique de la Figure 2.1. Dans les deux positions extrêmes, l’étude de l’entrepreneuriat immigré n’aurait pas de sens. Les quatre positions intermédiaires servent de fondements aux principaux travaux théoriques sur l’entrepreneuriat ethnique et sur l’entrepreneuriat des migrants. Il est désormais possible de les passer en revue.

méthodologique sonnerait alors le glas de la recherche sur l’entrepreneuriat immigré sauf à considérer que seul les entrepreneurs immigrés pourraient théoriser sur le sujet.

72 Plus globalement, c’est déjà ce que montrait l’ouvrage fondateur de l’école assimilationniste de Chicago (THOMAS et ZNANIECKI, 1918). Il montrait dans le cas des paysans polonais immigrés que la communauté et les réseaux ethniques leur servaient en quelque sorte de sas d’entrée dans la société qui les accueillait.

Positions « communautariennes » Positions « néo-libérales » Approches centrées sur la culture Approches centrées sur l’Individu

Position communautarienne extrême (Toby NATHAN) La suprématie du culturel La reconnaissance des communautés (M. SANDEL) Multiculturalisme consensuel (N. GLAZER) Constat pragmatique (MYRDAL) L’Assimilation peut parfois se trouver bloquée Théories du Melting-pot Approches assimilationnistes Position individualiste extrême : la culture de l’immigré n’a aucune influence sur son comportement L’entrepreneuriat immigré ne pourrait être compris et accompagné qu’à

l’aune des codes culturels du migrant. L’entrepreneuriat immigré ne pourrait pas constituer un champ d’études. Seuls seraient champs d’études l’entrepreneuriat des Bamiléké, l’entrepreneuriat des Soussi…… quel que soit le lieu de leur

entreprise.

L’étude de l’entrepreneuriat immigré peut être

éclairée par l’étude de l’entrepreneuriat africain ou asiatique, l’immigré étant sur-déterminé par son histoire et par ses modèles de référence. L’entrepreneuriat immigré est un objet d’étude spécifique, l’immigré étant influencé par sa culture d’origine et par la culture de son pays d’accueil. L’étude de l’entrepreneuriat immigré peut porter sur les facteurs de désavantage de l’immigré. Ces facteurs bloquent la convergence du modèle entrepreneurial immigré vers le modèle entrepreneurial autochtone. L’entrepreneuriat immigré doit être analysé comme

tendant vers le modèle entrepreneurial

autochtone

Il n’y a pas lieu d’étudier l’entrepreneuriat immigré comme un champ spécifique. Seul compte l’étude des trajectoires individuelles.

Figure 2.1 : Synoptique des positions philosophiques et de leur implication pour l’étude de l’entrepreneuriat immigré.

Source : Auteur.