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La vie sociale locale de Bresson: sociabilités, autochtonie, « conflictualité » et appartenance locale.

Chapitre 3. Bresson : le cadre résidentiel de socialisation des adolescents.

D- La vie sociale locale de Bresson: sociabilités, autochtonie, « conflictualité » et appartenance locale.

Dans ce travail préalable de cadrage résidentiel, l’étude des caractéristiques géographiques et physiques de la commune, des profils sociaux et résidentiels de

217C’est d’ailleurs dans ce cadre que nous l’avons au départ sollicité et rencontré. 218

Plus précisément à I.N.E.O., une filiale de G.D.F. SUEZ

219En l’occurrence en 2006.

220 Pour reprendre une expression de Gilles Laferté à propos des « Héritiers de l’agriculture

dans le chatillonnais » (Colloque Représentations et transformations sociales des mondes ruraux et périurbains, Paris, 19 décembre 2012.).

126 ses résidents, et de ses évolutions socio-démographiques ont permis de mettre en lumière les singularités de Bresson, liées en partie à sa proximité avec l’agglomération parisienne et à son « histoire », et de manière complémentaire, à son caractère « rural », du fait surtout de la surreprésentation des classes populaires et des « ruraux » dans sa population. Il convient en dernier lieu de porter attention à ce qu’on peut nommer la « vie sociale locale » de Bresson, c’est-à-dire aux rapports sociaux que peuvent entretenir les résidents sur la scène résidentielle, nous permettant ainsi de définir son « contexte social relationnel »221. Plus précisément, l’étude des différentes formes de sociabilités (en termes de pratiques, de lieux, de groupes sociaux en présence) à l’échelle locale, ainsi que des formes de classification des individus et de symbolisation dont elles sont porteuses, permet de compléter le dessin de la « configuration socio-résidentielle » de Bresson, et d’analyser de manière plus fine encore ce qui en fait sa « ruralité ».

1- La vitalité des sociabilités à base locale.

Loin de l’image du « village dortoir » et de la figure du « non-lieu » (Augé M. ibid), renvoyant à l’absence de rapports sociaux entre résidents, ou encore dans une vision évolutionniste au processus de disparition de l’ancien « entre-soi » rural traditionnel, Bresson se caractérise à l’inverse par la persistance et la vitalité des sociabilités entretenues entre résidents au quotidien sur la scène locale, et dont l’enquête ethnographique a permis de mettre au jour la diversité.

a) Les sociabilités « privées ».

Si l’espace public résidentiel apparaît fortement désinvesti par les adultes, en ne constituant à de nombreux égards qu’un lieu de passage, c’est en partie parce

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Pour reprendre un terme utilisé par Julian Mischi, « Observer la politisation des ruraux sous l’angle des sociabilités : enjeux et perspectives » dans Sociabilités et politique en milieu rural, Antoine A. et Mischi J. (dir), 2008.

127 qu’une majorité de sociabilités entretenue entre résidents de Bresson se déroule à l’inverse au sein de l’espace privé, témoignant particulièrement du « repli dans la sphère domestique» caractéristique des classes populaires contemporaines (Schwartz O., 1989). Les séquences d’observation participante que nous avons pu réaliser chez certains habitants au cours de l’enquête ont en effet permis d’illustrer l’existence de nombreuses sociabilités entre voisins à « l’intérieur » des résidences, et notamment entre mères de familles, comme l’exemple suivant permet d’illustrer :

Note de journal de terrain du Mercredi 13 avril 2011 :

Dans le cadre de l’Atelier Vidéo nous nous sommes rendus une nouvelle fois chez Madame Monjardin, la mère de Mathieu, qui a accepté de nous accueillir un troisième mercredi de suite chez elle afin que les adolescents répètent et tournent une des scènes de leur film.

Alors que nous avons tourné dans la cuisine, nous avons pu apercevoir que, comme les deux mercredis précédents, Mme Monjardin recevait dans son salon à côté deux autres habitantes de Bresson, dans un rendez-vous qui semblait être des plus régulier. Il s’agissait en l’occurrence de Mme Maillé et de Mme Coisnon [ndrl : elles aussi mères de famille, dont une d’un des adolescents enquêté, et que nous avions déjà rencontré auparavant], avec qui elle discutait entre autres de la vie publique locale et notamment de l’école primaire communale, et qui nous ont ainsi salué en partant.

Ces sociabilités « privées » témoignent ainsi de la proximité qui peut exister entre familles de Bresson, et plus généralement des formes d’interconnaissance existantes sur la scène locale, qui est sans doute une caractéristique forte des communes rurales de petites tailles et de faibles densités. Ces formes de sociabilités à base locale se structurent en premier lieu, en particulier pour les ménages « jeunes » et avec enfants, autour de l’école primaire communale et des sociabilités enfantines et juvéniles entretenues sur la scène locale. C’est ce que nous a par exemple expliqué Madame Delorme, la mère de David (15 ans) et Océane (12 ans), deux adolescents enquêtés:

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Extrait d’entretien avec Mme Delorme, le 10 Mars 2012 :

« En fait on se connait beaucoup ici entre familles par le biais de l’école et des enfants. C’est pour ça que c’est important qu’elle ne ferme pas. Nous, quand on s’est installé ici, on connaissait vraiment personne, mais on a commencé à connaitre des gens en discutant avec eux à la sortie de l’école et quand David a commencé à inviter des copains à la maison. Maintenant c’est pareil avec Océane, c’est comme ça qu’on a connu les Charbonnier par exemple [ndrl : une famille résidant dans la commune et s’étant installée il y a 2 ans]» A l’inverse, pour les ménages « anciens », c’est-à-dire au profil plus âgé et anciennement installés dans la commune, ces sociabilités ont davantage tendance à s’appuyer sur les réseaux de sociabilités traditionnels et familiaux pré-éxistants dans la commune, ainsi que, de manière complémentaire, sur le réseau associatif local, grâce notamment aux associations de loisirs traditionnels ( association de chasse, association des « anciens » qui propose des loisirs tels que les lotos, le tarot…).

En plus de ces formes de sociabilités domestiques, il nous parait nécessaire d’évoquer les nombreux « réseaux d’échanges non-marchands et non-monétarisés » (Weber F., ibid) existants entre habitants au sein de la commune, qu’il nous a parfois été possible d’appréhender, et qui constituent des formes singulières de sociabilités sur la scène locale. En effet, ces réseaux d’échanges de « services »222 se structurent généralement selon le principe du « don/contre-don » (Mauss M., 2007), et inscrivent ainsi les individus qui y participent dans des réseaux forts de sociabilités au niveau local. Ils s’organisent dans la plupart des cas autour de ce que Florence Weber a appelé les activités de « travail-à-côté » (Weber F., ibid), en l’occurrence les diverses activités de « bricoles » (menuiserie, maçonnerie…) et de jardinage (« entretenir le jardin/potager »…) essentiellement. On a pu saisir toute leur importance à travers du cas de Christian P., le vice-président du foyer rural que nous avons côtoyé assez fréquemment, et qui prenait souvent sur son temps libre les mercredis après-midi et les week-ends pour aller « filer un coup de main à un de ses

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129 voisins » pour y « bricoler » ou encore « jardiner ». Bien qu’on ait pu en objectiver qu’une infime part au cours de l’enquête, il semble que ces « réseaux d’échanges non-marchands » concernent un assez grand nombre de résidents à Bresson, notamment parmi le profil de résidents d’origine rurale et issus des classes populaires chez qui le « goût » pour ces activités est assez prononcé, et dans lesquels certains adolescents peuvent s’insérer (Cf. chapitre 4).

b) Les sociabilités au sein de l’espace public résidentiel.

De manière ambivalente, en dépit de l’impression de « vide » que nous a souvent laissé l’espace public de Bresson, on a pu constater la persistance de certaines formes de sociabilités adultes au sein de l’espace public.

Cela concerne en premier et de manière évidente les nombreuses manifestations publiques locales telles que les deux vides-greniers ou le festival culturel et agricole annuels qui sont fortement et quasi-exclusivement investies par des résidents de la commune. L’observation participante a permis de montrer qu’elles constituent des « scènes publiques »223 importantes au sein de la commune au cours desquelles s’actualisent, se réaffirment et se mettent en scène les différentes sociabilités entre résidents. De manière complémentaire, le recours à l’observation directe nous a permis de comprendre l’importance de la « sortie de l’école » dans la vie sociale locale et le fait qu’elle constitue à de nombreux égards une « scène publique » locale centrale. Il s’agit en effet d’une des seules situations quotidiennes au cours de laquelle les adultes investissent pleinement l’espace public de la commune de résidence et y stationnent, offrant ainsi de nombreuses occasions d’échanges et de discussions, notamment entre mères de familles. Cette scène de la « sortie de l’école » est ainsi revenu à de nombreuses reprises dans les propos des habitants et paraît fortement empreinte de symbolique, en ce sens qu’elle participe amplement, dans cette commune rurale de petite taille, de la « vie du village » comme nous ont affirmé nombre d’entre eux. De surcroît, les entretiens avec les adultes224 ont permis

223

Pour emprunter une notion goffmanienne.

130 de comprendre qu’elle contribuait fortement à actualiser et renforcer la proximité entre familles et donc l’interconnaissance au sein de la commune (Cf. extrait d’entretien avec Mme Delorme).

De la même manière, l’observation directe nous a permis de constater qu’un lieu comme la boucherie, dernier commerce de la commune, plus qu’un simple lieu fonctionnel, pouvait constituer un lieu de sociabilités à part entière pour certains des habitants. Il n’est pas rare en effet d’avoir constaté qu’un grand nombre de résidents demeurait un long moment au sein du commerce afin de discuter avec les commerçants et/ou avec d’autres habitants. Plus encore, on a pu apercevoir à de nombreuses reprises que le commerce pouvait se transformer en un véritable lieu de sociabilités masculines à certaines occasions, lorsque plusieurs résidents y stationnaient pour converser longuement et boire un verre à plusieurs :

Note d’extrait de journal de terrain, du 22 janvier 2011 :

Cela fait plusieurs mercredis de suite, alors qu’on part à une heure plutôt tardive du foyer rural, qu’on a pu apercevoir que la boucherie en face [ndlr : du foyer rural] était encore ouverte, bien au-delà de ses horaires normaux d’ouverture.

En passant devant, on a pu constater qu’en réalité il s’agissait du boucher, de Mr Coismay, et de David Aubinet et de deux autres hommes qu’on n’a pas réussi à reconnaitre, qui étaient en train de discuter à l’intérieur du commerce, un verre à la main.

Enfin, il paraît important de prêter attention aux formes élémentaires de sociabilités se déroulant au sein de l’espace public résidentiel auxquelles nous avons quotidiennement assisté, qui peuvent au premier abord paraitre relativement insignifiantes, mais qui au contraire attestent des relations interpersonnelles existantes entre résidents au sein de la commune. Il s’agit de toutes les micro- interactions entre résidents qui ont lieu au sein de l’espace de la « rue », la plupart du temps à proximité des lieux les plus fréquentés (mairie, foyer rural, boucherie…) et dans les points centraux de Bresson. Elles s’avèrent souvent brèves, notamment

131 lorsqu’elles sont ponctuées que par de simples signes de « saluts » entre interlocuteurs, mais révèlent la force des relations d’interconnaissance qui peuvent exister au sein de la commune.

c) Les sociabilités au sein de la sphère associative locale.

D’autre part, et de manière complémentaire, un grand nombre de sociabilités entre habitants de la commune se déroule dans un cadre formel et institutionnel, en l’occurrence au sein des différentes associations que compte la commune, dont le nombre élevé vient renforcer l’idée de la vitalité des sociabilités entre résidents sur la scène locale. En effet, force est de constater que pour une commune de sa taille, Bresson dispose d’un nombre relativement important d’associations sur son territoire, en l’occurrence cinq : le « Foyer rural », l’association « Vivre à Bresson », l’association communale de chasse, l’association des « Parents d’élèves de l’école primaire communale » et enfin l’ « Association de sauvegarde de Bresson et de son environnement ». Et bien qu’il ait été difficile pour nous d’accéder aux listes d’adhérents de chacune d’entre elles225, il nous a semblé qu’une majorité des résidents de Bresson était affiliée à au moins une des associations locales, ou pour le moins y participait de manière informelle comme cela a souvent été le cas au Foyer rural226. A ce propos, il n’est pas rare de rencontrer à Bresson des habitants appartenant à plusieurs associations locales en même temps227, comme cela est le cas de Ludovic Lavergne qui s’avère à la fois être membre du foyer rural et sociétaire de l’association de chasse communale.

225A part le foyer rural et l’Association des Parents d’élèves de l’école primaire, aucune autre

association n’a accepté de nous fournir la liste de ses adhérents pour celles à qui nous avons demandé.

226 En effet, il s’est avéré que beaucoup d’habitants et notamment parmi les adolescents,

participaient aux activités du foyer rural sans en être membres.

227 Un autre cas de figure assez fréquent concernait les individus adhérents à la fois d’une

association locale et d’une association extra-communale, comme cela est le cas de nombreux adolescents comme Karim, d’une part adhérent du foyer rural et d’autre part membre du club de football de Milly-la-Forêt.

132 Il est néanmoins opportun ici de distinguer deux types d’associations locales. Une partie d’entre elles se définissent en effet par le fait qu’elles organisent, dans un cadre institutionnel, des sociabilités entre résidents autour d’une pratique ou d’un loisir particuliers, comme c’est le cas du foyer rural (autour d’activités culturelles et militantes), de l’association « Vivre à Bresson » (par l’organisation quotidienne de loisirs « populaires » tels que les lotos, le tarot ou la couture destiné aux personnes âgées), et de l’association de chasse autour de la pratique de ce loisir traditionnel rural. Elles contribuent ainsi, au travers du partage de ces pratiques, à maintenir et à resserrer les liens entre résidents au quotidien et par là même à « symboliser leur appartenance à la commune » (Bozon M., 1982 ; Renahy N., 2001). A cet égard, l’une des originalités du foyer rural dans la commune est qu’il dispose en même temps d’un café, qui, malgré sa faible fréquentation, constitue un lieu de sociabilités public que quelques résidents et adhérents, mais aussi certains individus extérieurs à la commune, investissent durant les week-ends.

A l’opposé, une autre partie des associations locales se définit davantage autour de mobilisations collectives, qu’on peut définir comme militantes et politiques. Il s’agit à Bresson de l’« Association de Parents d’élèves de l’école primaire communale » qui a été créée afin de protester et de lutter contre le risque de fermeture de classes et à terme de l’école primaire, et de l’« Association de Sauvegarde de Bresson et de son environnement », qui est une association d’inspiration écologique qui milite pour la protection de l’environnement local et la protection du patrimoine bâti de la commune. De fait, ces deux associations ne constituent pas en soi de véritables instances de sociabilités locales comme peuvent l’être les autres associations de la commune. Ainsi, elles ne disposent pas de locaux propres et ne s’organisent pas sur le principe de réunions et d’interactions quotidiennes entre adhérents, comme on peut l’observer au sein du foyer rural ou de l’association « Vivre à Bresson »228. Le fonctionnement différent de ces deux associations est dans une certaine mesure liée aussi au profil social et résidentiel de leurs adhérents qui concerne en grande partie des habitants issus des classes moyennes et d’origine urbaine récente, notamment du côté de l’ « Association de sauvegarde de Bresson et de son environnement ». Or

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Le cas de la société de chasse est particulier : elle consiste en effet en des réunions et des interactions quotidiennes entre sociétaires mais seulement sur quelques périodes au cours de l’année, et ne dispose pas de locaux propres dans la commune du fait de la nature de la pratique.

133 ces derniers n’investissent que très peu de ressources sur la scène locale et sont notamment absents des institutions de sociabilités « populaires » de la commune. Malgré tout, ces deux associations participent dans une certaine mesure aux sociabilités locales, d’une part dans les nombreux échanges informels qu’elles permettent entre résidents, d’autre part dans la dimension d’adhésion collective sur la scène locale qu’elles peuvent produire, particulièrement du côté de l’« Association de parents d’élèves ».

A propos toujours des espaces de sociabilités, la mairie de Bresson nous a semblé constituer, à l’instar de l’unique commerce de la commune229, un lieu de sociabilités à part entière sur la scène locale. Les séquences d’observation que nous avons pu y faire, à la fois lors des différents entretiens que nous avons pu y mener et lorsque nous avons effectué notre travail sur les archives communales (Cf. chapitre 2), ont en effet permis de relever que nombre d’habitants, notamment parmi les plus « anciens » et « autochtones », se rendaient à la mairie uniquement dans l’intention d’y discuter ou de venir y « prendre le café » avec les personnes présentes, et notamment le Maire et sa première adjointe. Il s’agit aussi de toutes les situations similaires qu’on a pu observer où les résidents venus faire des démarches administratives restaient plus ou moins longtemps pour échanger avec ces personnes présentes.

Ainsi, loin de conclure à la disparition des sociabilités à base locale à Bresson, notre analyse invite plutôt à discuter de leur processus de recomposition sur la scène résidentielle, qui passe d’une part par un repli au sein de la sphère privée, d’autre part, et de manière complémentaire, par le biais de la sphère associative et institutionnelle locale. Ces recompositions peuvent notamment s’exprimer de manière originale par l’investissement et le détournement de leur usage initial de lieux institutionnels ou fonctionnels, comme la mairie ou la boucherie à Bresson. Ce phénomène, s’il peut manifester une certaine vitalité des sociabilités sur la scène locale, traduit aussi, et de manière ambivalente, l’existence d’un

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134 processus de rétractation des sociabilités au sein de l’espace communal et une progressive « déstabilisation de l’ancien « entre-soi » rural » (Pierru E. et Vignon S., 2006). Mais, si on a pu conclure à la vitalité de la vie sociale locale de Bresson et notamment à l’importance des rapports sociaux entretenus par les résidents sur la scène locale, il ne faut pas oublier de souligner la forte dimension d’inégalité que peuvent comporter ces sociabilités au sein de la commune. Il s’avère en effet qu’une partie des ménages, notamment parmi le profil des résidents issus des classes populaires marginalisées, en soit réellement exclue, ne disposant pas de suffisamment de ressources « d’autochtonie », ressource qui s’avère indispensable pour participer à la vie sociale locale de Bresson.

2- L’autochtonie comme principe de classification.

L’ethnographie a permis de constater que les résidents, au cours de leurs sociabilités quotidiennes mais aussi face à l’enquêteur, usaient fréquemment de références symboliques fortes à « l’autochtonie », c’est-à-dire dans sa définition simple, pour un individu au fait de pouvoir se définir comme étant « d’ici » et d’appartenir à la commune (Papinot C., 2003 ; Renahy N., 2011). On a ainsi pu, à de nombreuses reprises, entendre des habitants faire allusion à des « individus » ou à des « familles de Bresson » lorsqu’il s’agissait d’identifier ou de situer différentes personnes ou « maisonnées » au sein de l’espace social local, ou encore d’autres de se revendiquer pleinement comme appartenant à la commune, comme cela a pu être le cas du côté de certains adolescents (Cf. chapitre 4). En réalité, l’efficacité de la symbolisation de l’autochtonie à Bresson tient à deux dimensions : d’une part parce qu’elle est une ressource qui s’avère être indispensable pour prendre part aux rapports sociaux et pour participer à la vie sociale sur la scène locale, et qui par conséquent en exclut ceux qui ne la revendiquent pas en tant que telle ; d’autre part parce qu’elle constitue un principe de classification et produit des différenciations