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Les différents « profils de mobilités » adolescentes.

Chapitre 4. Des mobilités aux manières d’habiter adolescentes différenciées.

A- Les différents « profils de mobilités » adolescentes.

L’hétérogénéité des pratiques de mobilité des adolescents enquêtés peut s’appréhender à partir d’une typologique que nous avons forgé à partir des données empiriques issues de notre enquête de terrain et qui se structure à partir de quatre différents profils de mobilité différents : une « mobilité de l’ancrage », une « mobilité non-localiste », une « mobilité dissonante » et enfin un profil « d’enfermement ». En réalité, elle peut fortement se résumer au dualisme entre deux profils de mobilité adolescente qui apparaissent être fortement structurants à Bresson : d’un côté, une « mobilité de l’ancrage » qui caractérise un fort localisme dans les pratiques et de l’autre une « mobilité non-localiste » qui à l’inverse désigne une indépendance par rapport au territoire de résidence dans les pratiques quotidiennes. Néanmoins, si cette dichotomie entre ancrage et « non-localisme »246, que de nombreux auteurs ont par ailleurs déjà mis en évidence (Retière J.N, ibid. ; Hilal M. et Sencébé Y., 2003 ; Remy J. et Voyé L., ibid.) s’avère être particulièrement opérante pour objectiver les contrastes qui peuvent exister dans les pratiques de mobilité de ces jeunes ruraux, elle peut dans certains cas se révéler être inadéquate et ainsi devoir être dépassée au profit d’un profil de « mobilité dissonante » et d’un profil « d’enfermement ». Le premier caractérise une ambivalence entre pratiques réalisées à l’échelle locale et d’autres réalisées en dehors du territoire de résidence et ainsi les adolescents qui parviennent à concilier ces deux modes de spatialisation au quotidien. Le second désigne à l’inverse ceux qui se retrouvent davantage dans des « logiques d’enfermement » au sein de l’espace domestique et qui ne parviennent de fait ni à mettre en œuvre une « mobilité de l’ancrage » et encore moins une « mobilité non- localiste » durant leur temps libre.

Néanmoins, avant de procéder à la description de chacun de ces profils de mobilité adolescente, il semble important de souligner que la dichotomie qu’elle propose entre ancrage et « non-localisme » peut donner lieu à certains écueils qu’il convient d’éviter. En premier lieu, il parait important d’affirmer que loin d’être

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Le terme de « non-localisme » a notamment été utilisé par Jean Noel Retière (Retière J.N., ibid.).

150 antinomiques, mobilités et ancrage sont à l’inverse fortement conciliables comme ont pu le montrer certains auteurs auparavant (Hirschhorn M. et Berthelot J.M., 1996 ; Rémy J., 1998), l’ethnographie permettant notamment de révéler que les adolescents peuvent développer une forte « mobilité de l’ancrage » et ainsi réaliser une grande partie de leurs déplacements au sein de leur territoire de résidence, dont il sera particulièrement intéressant ici de mettre en évidence la diversité des formes. De la même manière, il s’agit de considérer que la « mobilité non-localiste » et l’indépendance par rapport au territoire de résidence qu’elle induit, loin de définir une manière d’habiter qui serait « hors-sol », qui serait caractérisée par une absence d’inscriptions spatiales des individus (Jaillet M.C., 2004), donne en réalité souvent lieu à des formes de « reterritorialisation »247 des adolescents en dehors de leur territoire de résidence. Enfin, il est important de souligner que cette différenciation des mobilités adolescentes s’opère essentiellement durant le temps libre, c’est-à-dire ici en dehors du temps scolaire et dès lors qu’ils bénéficient de la liberté de maîtriser leurs temps et leurs pratiques de mobilité, en particulier les week-ends et les mercredis après-midi pour les collégiens de la commune248. Cela s’explique par une spécificité de la socialisation de ces adolescents résidant en milieu rural par rapport à leurs homologues urbains, en l’occurrence le fait que tous partagent une même scolarisation en « ville » et une mobilité quotidienne fortement contrainte en semaine par le car scolaire qu’ils sont une majorité à recourir pour effectuer les longs trajets séparant leur domicile de leur lieu de scolarisation situé en dehors de leur commune de résidence. C’est la raison pour laquelle on se focalisera essentiellement ici sur la mobilité du temps libre et la différenciation en termes de modes de spatialisation qu’elle produit entre adolescents de la commune, quand le reste du temps et notamment la semaine tend à se caractériser par une forte homogénéité des pratiques et par un temps qui est pour tous fortement contraint par le scolaire249.

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Pour reprendre une expression de Anne Catherine Wagner (Wagner A.C., « Le jeu de la mobilité et de l’autochtonie au sein des classes supérieures », Regards Sociologiques, n°40, 2010).

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Temps auxquels il faut bien évidemment ajouter les périodes de vacances scolaires.

249 En l’occurrence, à la fois en termes de temps qui est passé au sein de l’institution mais

aussi au travers des obligations, notamment en termes de trajets en car scolaire, que leur scolarisation induit.

151 1- Une « mobilité de l’ancrage ».

Alors que les différentes études sur les mobilités des jeunes résidant dans des territoires périphériques se sont souvent focalisées sur les pratiques effectuées en dehors du territoire de résidence de adolescents, s’intéressant particulièrement à leurs mobilités urbaines et à leurs déplacements automobiles (Goyon M, ibid. ; Escaffre et alii, ibid. ; Pinson D. et Thomann S., ibid.), notamment parce qu’ils se caractérisent par une grande portée spatiale250, l’ethnographie et l’approche localisée ont à l’inverse eu le mérite d’amener l’enquêteur à prêter attention aux pratiques de mobilité réalisées à l’intérieur du territoire de résidence. C’est en effet en raison de ce choix méthodologique que ces mobilités effectuées à l’échelle locale ont davantage été décrites pour les jeunes résidant dans les quartiers populaires urbains (Beaud S., 1997 ; Lepoutre D. ibid. ; Mohamed M., ibid.), qui pourtant apparaissent être de la même manière fortement structurantes pour ces jeunes ruraux. En effet, il s’avère qu’une majorité des adolescents résidant à Bresson (n=13) se caractérise par ce profil de la « mobilité de l’ancrage ». En réalité, cette figure particulière de mobilité se définit essentiellement à partir de trois éléments : elle se caractérise en premier lieu par un fort ancrage dans les pratiques de mobilité quotidiennes des adolescents, d’autre part, elle apparaît être en grande partie indépendante des moyens de transports utilisés et s’appuie enfin fortement sur les réseaux de sociabilités locaux. Elle permet ainsi de définir les nombreux adolescents qui à Bresson réalisent au cours de leur temps libre une majorité de leurs pratiques de mobilité à l’intérieur de leur territoire de résidence. En effet, il s’avère que pour nombre d’entre eux, la plupart de leurs déplacements tendent à se circonscrire à un territoire local qui n’inclut au plus que leur commune de résidence ainsi que les quelques communes voisines, ces dernières ne devenant d’ailleurs fréquentées qu’à partir d’un certain âge. Ces nombreuses mobilités locales prennent notamment corps dans les sociabilités adolescentes locales et sont ainsi souvent réalisées en compagnie des pairs, même s’il ne faut pas négliger les mobilités solitaires, plus fonctionnelles, qui peuvent être réalisées. Ce localisme dans les mobilités quotidiennes est ainsi fortement ressorti dans les nombreux récits de pratiques d’adolescents et révèle de

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Sur les représentations normatives de la mobilité, notamment dans le champ académique, Cf. chapitre 1.

152 manière générale la grande présence au sein de l’espace public qui peut caractériser ce profil. Cela a notamment été le cas chez Ludovic (14 ans), lors du premier entretien que nous avons effectué avec lui :

Extrait d’entretien avec Ludovic, le 23.06.2010 :

« Je peux pas dire que je bouge beaucoup parce que en fait je sors pas trop d’ici, je vais quasiment jamais à Milly ou à Fontainebleau pour aller traîner ou voir des potes. Au pire c’est pour aller à la boxe à Malesherbes mais j’ai arrêté cette année ou des fois pour aller voir des potes au Vaudoué [un des villages voisins] mais en ce moment c’est « chaud » parce que j’ai plus mon scooter… En fait si, ça dépend de ce que t’entends par « bouger » parce qu’en fait ici je bouge beaucoup, tu vas me voir, je suis tout le temps en train de trainer par ci par là : « Toc » je prends mon vélo, et je vais voir des potes, ou alors je vais me « taper » un p’tit foot au terrain ou juste des fois c’est pour aller me poser derrière la salle des fêtes. Regarde là juste avant [l’entretien] j’étais avec Mathieu et Karim au terrain de foot, après on doit passer voir David chez lui. Tu vois c’est toujours un peu comme ça, je passe mon temps à « traîner » dans le village. Mais tu verras, c’est pareil pour la plupart des jeunes de Bresson, on préfère rester ici, c’est comme ça. »

La mise en évidence de cette « mobilité de l’ancrage » invite notamment à développer une vision spécifique de la mobilité (Cf. chapitre 1), particulièrement extensive, qui prête attention à la grande diversité des formes de pratiques, d’autant plus à l’adolescence où la mobilité est encore en voie d’apprentissage et constitue un domaine d’expérimentation. Ainsi, du fait aussi de la configuration particulière du territoire de résidence251 et du contexte de faibles densités (Cf. Chapitre 3), cette « mobilité de l’ancrage » se caractérise pour les adolescents par la réalisation d’un grand nombre de ce qu’on peut appeler des formes élémentaires de mobilité, en l’occurrence de « micro-mobilités », effectuées le plus souvent à pied et sur de faibles distances, pour la plupart au sein de la commune. C’est en particulier le recours à l’observation directe qui a permis d’objectiver ces pratiques « non-

153 officielles »252de mobilité, qui se sont avérées en l’occurrence souvent trop infimes et « banales », et donc en quelque sorte « illégitimes » aux yeux des adolescents, pour être énoncées à l’enquêteur lors des entretiens. Cela s’est particulièrement vérifié pour toutes les formes de « stationnement » des adolescents dans l’espace public, ou encore les petites formes de mobilité effectuées à proximité du domicile, mais qui n’en constituent pas moins de réelles pratiques de mobilité en ce sens qu’elles marquent le passage symbolique à l’adolescence du domaine familier au domaine public (Breviglieiri M, ibid.). L’importance de ces formes élémentaires de mobilité durant le temps libre peut notamment se percevoir dans les pratiques locales de Karim (13 ans) :

Note de journal de terrain du samedi 24 septembre 2011

Aujourd’hui, on a pu apercevoir Karim fréquenter différents lieux et jeunes au cours de l’après-midi. Vers 14h, lorsque nous sommes arrivés au foyer rural, il trainait en compagnie d’Alexandre et William à côté de l’ancien château d’eau et ils s’amusaient en vélo sur le terrain vague, notamment en faisant des « sauts » sur la bosse à l’entrée du terrain. )ls ont interrompu leur activité pour venir nous saluer.

En sortant vers 15h30, lorsque nous sommes allés rue de Maisse pour y faire un entretien, on a pu l’apercevoir en train de jouer au foot sur le terrain municipal avec des garçons plus âgés, parmi lesquels « Seb » [ndlr : Sebastien : un jeune de 23 ans].

Enfin, lorsque nous sommes repartis vers 19h, on a pu à nouveau le croiser en compagnie cette fois-ci de David et de Robin. )ls étaient « stationnés » sur les marches devant l’église en train de s’amuser et de se « provoquer » : Karim a en effet subtilisé le portable de David et faisant mine de ne pas vouloir lui rendre et de regarder ses messages.

Bien que pouvant apparaître assez anodines, ces formes élémentaires de mobilité s’avèrent pourtant être importantes à prendre en considération dès lors qu’on entend appréhender les processus de socialisation de ces adolescents. Elles

252 Pour reprendre l’expression d’Olivier Schwartz dans « L’empirisme irréductible. La fin de

154 constituent en effet pour une grande majorité d’entre elles des « auto-mobilités », c’est-à-dire des pratiques réalisées sans la présence et la surveillance d’adultes, qui permettent ainsi aux adolescents de se créer un « temps-à soi », particulièrement central dans la construction de soi adolescente (Zaffran J., 2010). Les adolescents caractérisés par cette « mobilité d’ancrage » se caractérisent ainsi de manière générale par la réalisation au quotidien d’un grand nombre de ces « d’auto- mobilités » au sein de leur territoire de résidence, ce qui permet de mettre en évidence la grande autonomie que nombre d’entre eux peuvent avoir vis-à-vis des adultes à l’échelle locale, et ce parfois dès le plus jeune âge. En effet, le contexte rural et en particulier la forte interconnaissance résidentielle qui peut exister à Bresson, produit un relatif sentiment de « sécurité » chez les parents et induit ainsi, même si elle apparaît dans une autre mesure différenciée selon les familles (Cf. sous-partie B), une moindre surveillance parentale pour les adolescents. Les espaces avoisinant le domicile, et plus largement le territoire de la commune, en viennent à constituer pour eux une véritable « arène protégée » (Rivière C., 2012), qui se traduit ainsi pour les adolescents par un assez faible encadrement parental de leurs mobilités locales. Cette moindre surveillance parentale au sein de l’espace local, notamment pour les plus jeunes, repose dans une seconde mesure sur la familiarité qui peut exister entre les parents et les pairs fréquentés par l’adolescent et plus largement sur la familiarité entre parents et l’ensemble des jeunes fréquentant l’espace public résidentiel, et ainsi sur la confiance qui peut être accordée à ces derniers. C’est particulièrement ce qui est apparu chez Madame Delorme, la mère de David (15 ans) et de Océane (12 ans):

Extrait d’entretien avec Madame Delorme, le 28.01.12 :

- Enquêteur : « Et David et Océane, vous avez pas trop peur quand vous les laissez sortir dehors ? »

- Madame Delorme : « Nan, ça va, ici c’est vrai qu’on est assez tranquilles pour ça. Je sais qu’il y aura toujours quelqu’un pour faire attention à eux. Bon c’est sûr après on est parents donc on s’inquiète forcément (rires) ! Mais bon pour David, je connais tous ses amis, tous ceux avec qui il traine, Lucas ou Hugo, ils viennent souvent à la maison et je connais bien leurs parents donc il n’y a pas de soucis. Et puis même, je sais que je peux faire confiance à d’autres « jeunes » qu’on connait bien pour les surveiller, le petit Valentin ou

155 Ludovic, ils sont plus âgés donc c’est leur rôle aussi. »

Ainsi, de manière générale, cette « mobilité de l’ancrage » se caractérise par un usage important par les adolescents de la marche et du vélo, qui plus est sans véritable « effet d’âge », puisqu’on a ainsi pu noter que la marche à pied pouvait encore constituer un des modes de déplacement privilégié des adolescents les plus âgés pour leurs mobilités réalisées au sein de la commune de résidence. Néanmoins, cette « mobilité de l’ancrage » apparaît être en grande partie indépendante des moyens de transports utilisés puisqu’on peut remarquer que même le recours aux deux-roues motorisés, et plus tard de la voiture du côté des plus âgés, ne modifie que peu son caractère localiste. L’acquisition de ces moyens de transports motorisés vont toutefois participer de l’élargissement du « territoire de référence de l’autochtonie » de ces adolescents, en l’occurrence leur permettre de fréquenter les « alentours » et les jeunes résidant dans les villages voisins à partir d’un certain âge. On a ainsi pu constater que certains garçons pouvaient par exemple cantonner leurs deux-roues motorisés à un usage quasi exclusivement local, dès lors qu’ils ne leurs servent qu’à fréquenter les pairs sur la scène résidentielle, comme cela est le cas pour Evan (16 ans) :

Extrait d’entretien avec Evan, le 07.12.11 :

- Enquêteur : « J’ai vu que tu avais une mobylette l’autre fois, pourquoi tu t’en es acheté une ? »

- Evan: « En fait au début c’est mes parents qui m’ont aidé à l’acheter, c’était au moment où je passais le code, donc c’était plus pratique pour moi pour aller à Milly, et pour eux aussi, puis aussi parce que ils connaissaient un gars à Nanteau [un hameau situé à environ km] qui en vendait un donc ça a été l’occasion. Et puis j’avoue c’était aussi pour faire comme tout le monde. Du coup aujourd’hui il me sert plus qu’à traîner dans le coin, avec mes potes, mais je le garde quand même parce que je peux plus m’en passer rires … Parce que franchement, la plupart du temps on en a pas besoin mais on le prend quand même. Des fois j’abuse vraiment sérieux rires , je le prends même quand je passe voir David alors

156 qu’il habite dans la même rue que moi. »

D’autre part, l’ancrage quotidien de ces adolescents, s’il transparaît dans leurs différentes pratiques de mobilité, se manifeste aussi au sein de l’espace domestique et au travers des différentes sociabilités qu’’ils peuvent y effectuer. En effet, l’ethnographie menée à Bresson nous a permis de comprendre tout l’intérêt de saisir les configurations existantes à l’adolescence entre pratiques de mobilité et pratiques de sociabilités, et en particulier les relations d’interdépendance existantes entre elles. A titre d’exemple, pour ces adolescents caractérisés par une « mobilité d’ancrage », il est apparu que nombre de leurs pratiques de mobilité réalisées au sein de l’espace public pouvaient donner lieu par la suite à la réalisation de sociabilités domestiques, et inversement. Cela s’est notamment manifesté au travers des nombreuses pratiques « d’invitation des pairs à la maison », assez fréquentes au sein de la commune, et qui s’avèrent être facilitées par la proximité et les liens d’interconnaissance qui peuvent exister entre familles sur la scène résidentielle (Cf. chapitre 3). On a notamment pu en mesurer l’importance au travers des nombreuses pratiques de mobilité qu’elles pouvaient induire pour les adolescents sur la scène locale, en l’occurrence quand nombre d’entre eux nous signifiaient devoir « passer » chez un de leur camarade résidant dans la commune. L’intérêt de penser les liens entre mobilités et pratiques de sociabilités domestiques s’est en particulier vérifié chez Océane (12 ans) dont la « mobilité d’ancrage » peut ainsi davantage se résumer à une logique de « passage » dans l’espace public, du fait des nombreuses pratiques qu’elle doit réaliser pour se rendre chez ses « copines » et y réaliser des sociabilités, qu’à une logique de véritable présence dans le domaine public résidentiel, qu’elle n’investit au final que très rarement, sinon quelques micro-lieux en compagnie de ses pairs situés à proximité de son domicile. Cette continuité qui peut s’instaurer entre domaine public et domaine privé dans les sociabilités de ces jeunes est particulièrement opérante à la fin de l’adolescence où se met en place, autour des « relations de bandes » entretenues, une dialectique entre une logique de « fixation » au sein de certains espaces privés et une mise en mobilité du groupe, notamment à l’extérieur de la commune (Cf. chapitre 5).

157 Néanmoins, afin de ne pas tomber dans l’écueil d’une analyse qui serait exclusivement centrée sur les pratiques de l’espace résidentiel, et dans le soucis d’appréhender l’ensemble des pratiques de mobilité caractéristiques de leur manière d’habiter, il convient bien évidemment ici de porter attention aux mobilités réalisées en dehors du territoire de résidence par ces adolescents. En effet, il s’avère que pour nombre d’entre eux, ce fort ancrage dans les pratiques quotidiennes s’accompagne de la réalisation de certaines pratiques plus occasionnelles en dehors de leur commune de résidence, qui s’avèrent être d’ailleurs pour la plupart « urbaines ». Certes peu nombreuses, elles sont toutefois importantes à prendre en compte ici en ce sens qu’elles vont contribuer pour ces jeunes caractérisés par un fort localisme à les confronter à une altérité résidentielle, qui s’avère être d’ailleurs souvent sociale, et ainsi potentiellement infléchir leur manières d’être et d’agir (Cf. chapitre 5). En effet, outre les pratiques des adolescents pour fréquenter et se rendre dans les