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Pour commencer, nous donnons le résumé du roman Les Enfants du nouveau

monde publié pour la première fois en 1962 chez Julliard.

Résumé :

Une journée printanière du mois de mai 1956. Des destins se croisent, et dont chacun est empreint d’un passé ; d’une histoire. À la faveur de ces vingt quatre heures, tous les personnages se dirigent vers un avenir différent et nouveau. Ils vivent tous une souffrance : Lila connaît la solitude et l’emprisonnement ; Chérifa se sépare de son cher mari qui prend la route vers le maquis ; Hakim le policier subit la pression de Martinez qui l’incite à torturer ses frères algériens ; Touma est angoissée par sa conscience : arabe, elle a choisi le camp du dominateur et surtout l’argent de la traîtrise ; Tewfik tue Touma pour se débarrasser du supplice de l’indifférence des siens puisqu’il est le frère d’une traîtresse doublée d’une prostituée.

En fait, si c’est une journée de douleurs et de mort, elle est aussi celle de l’espoir d’un jour nouveau qui ne peut venir que par de lourds sacrifices.

Voilà en quelques mots le roman « ENM » (nous le désignons désormais par ses initiales). Ce livre n’est pas très connu, car il est détrôné, cinq ans plus tard, par le

1 BERTHELOT, F. Le corps du héros. Pour une sémiologie de l'incarnation romanesque. Paris : Nathan, 1997. (Coll. Le texte à l'oeuvre), p. 11.

quatrième Les Alouettes naïves. Ce dernier est bien accueilli des deux rives de la Méditerranée. Assia Djebar le confirme en ‘’avouant’’ dans Ces voix qui m’assiègent:

Les trois premiers de mes romans de jeunesse ont été écrits très vite, à chaque fois, dans une fièvre joyeuse, une parenthèse de trois ou quatre mois.1)

Pour nous, « ENM » est le premier roman où Djebar exploite son atout d’historienne. Elle y inscrit le mouvement historique et ne le quitte plus. Dans cette nouvelle manière d’écrire, ce premier ouvrage n’a pas encore la maturité du texte djebarien, mais toutes les prémices sont là : les personnages féminins sont nombreux sans avoir explicitement la primauté, à l’exception de Lila qui semble un peu dominer l’intrigue ; la polyphonie, dont Assia Djebar est devenue la spécialiste, n’est pas évidente ; le narrateur omniscient accède aux pensées intimes des personnages dans la logique de la fiction du roman réaliste et bien sûr l’Histoire.

Nous présentons les personnages qui apparaissent principaux dans la diégèse. Par leurs actions ou leurs sentiments et émotions, ils ‘’fabriquent’’ cette journée de mai 1956 : ils en sont les artisans.

* Lila

Dans « ENM », il n’y a pas un héros explicitement : neuf chapitres sont consacrés à neuf personnages importants. Nous avons également d’autres protagonistes mineurs qui interviennent dans la logique du récit. Cependant, Lila semble prendre un peu plus de place : sans être une narratrice déclarée, elle se charge de nous faire connaître son mari tout le long du chapitre (il est le plus étendu) qui la concerne. Par un narrateur extradiégétique, nous accédons à ses pensées intimes :

Au seuil de chaque appartement vide, elle se posait la question : « Y vivrai-je ? »

[…] La même interrogation en elle, pour elle, et elle sentait le fond de son âme s’engloutir, tant la dérive lentement la prenait : « Vivrai-je là ?…Pourrai-je ?… Seule. ». p. 40-41

Ces deux phrases nous informent sur sa détresse de femme seule ainsi que l’état de son âme qui va à la dérive, car Ali est absent (nous ne le connaîtrons que plus tard.)

Ali avec ses principes, et sa morale précise et, son nationalisme militant, opposait malgré leur environnement commun, une volonté rigoureuse de

prétendre faire de cette jeune fille violente, mais empêtrée dans sa richesse, une femme idéale. p. 44-45

Cette présentation complète du couple nous permet de nous renseigner sur son fonctionnement. Ali, le mari absent, a une morale : il est militant nationaliste, tandis que Lila est une jeune fille empêtrée dans sa richesse, mais une femme idéale. Cette opposition dans le couple n’étant pas dépréciée, s’organise en harmonie.

Bien que ces assertions relèvent du narrateur extradiégétique, nous savons qu’elles émanent de la mémoire de Lila. En fait, elle se charge de tout nous dire sur Ali. Dans le chapitre qui lui est consacré, il est toujours absent. Ce n’est qu’à la dernière page qu’il intervient réellement :

-Tu as eu peur ? interroge à son tour Ali, en s’approchant de la fillette : « Si belle, songe-t-il, au cœur du carnage. » p. 312

C’est l’unique phrase qu’Ali prend en charge et de façon directe.

Lila nous livre ses secrets : elle est passionnément éprise de son mari Ali, le

‘’Supérieur’’ de par son nom :

Ali (« il s’appelle donc Ali ! »), Ali est un homme et pour moi, cela veut dire quelqu’un planté profondément dans la terre, comme un arbre qui monte haut dans la futaie, qui grandit sans cesse pour atteindre la cime

d’où la vue est la plus grande… p. 251

Lila n’étant qu’une anagramme d’Ali, est dominée par sa passion, mais aussi dans son couple : son mari, lui, est précis, volontaire et rigoureux, alors qu’elle est modelée et empêtrée. Lila avoue sa douce dépendance :

Ali ne jouait pas, il résistait. Il s’enfermait dans son malheur ; il ramassait en lui toutes ses forces hostiles, barrage qu’il lui opposait, le regard sombre – « son front ! » soupirait-elle, son front qu’elle aimait tant, comme si, de ce corps d’homme en face d’elle, lui seul restait présent, ennemi et que, en dépit de la dispute, elle désirait caresser, ou simplement frôler d’une main furtive. p. 47

Le passage continue dans les mêmes sensualité et passion pour son compagnon. Notons, par exemple, que le terme ‘’front’’ est répété trois fois en dix lignes, ce qui témoigne d’une sensualité inattendue. En effet, il est assez rare qu’un front soit objet de désir : serait-ce une allusion au militantisme d’Ali ?

Lila commença donc par l’expérience de l’abandon, de la passivité amoureuse ; elle se plia, avec moins de reconnaissance que de plaisir ébloui, à cette ambition d’Ali, sans voir qu’en voulant la construire, il la limiterait en même temps.

[…] Ali persistait à vouloir modeler Lila – Lila si rétive désormais -, à la projeter le plus près possible de cet absolu qu’il entrevoyait pour elle. p. 45

Il est clair que Lila, même si elle se révolte contre son mari (elle est rétive), reste très amoureuse et surtout ‘’s’emprisonne’’ dans sa passion.

(« Pourquoi ne pas lui dire ? s’indignait-il intérieurement. Elle sait quand même qu’il y a une guerre, une lutte ; pas nous deux seulement… ») p. 66

Nous remarquons les parenthèses, les guillemets et l’adverbe ‘’intérieurement’’ :

c’est un passage raconté par un narrateur, mais le discours est en fait assumé par Ali au

moyen des parenthèses qui en sont la preuve, car le narrateur se contenterait des guillemets au style direct. Ici, nous avons donc une ‘’intrusion’’ du narrateur dans les souvenirs de la jeune femme. Ce qui nous autorise à dire que le narrateur et Lila se confondent parfois, car nous nous apercevons que ce sont bien ses souvenirs, son regard, ses colères, sa tendresse qu’il rapporte.

Si Lila reconnaît sa dépendance au sein du couple, dans la diégèse, elle domine Ali. C’est à travers son point de vue que nous connaissons son mari : elle devient l’autorité qui ordonne ses mémoires pour les distiller à sa manière et dans l’ordre qu’elle choisit, même si cela se passe par le biais d’un narrateur omniscient.

Lila se sent complètement sujette d’Ali : il est un idéal à atteindre car, étudiant, il a également une activité parallèle et mystérieuse. Ce qui le contraint malheureusement à la quitter même quand elle est hospitalisée :

Il avait profité de son sommeil pour vaquer à ses activités, à son autre vie. p. 72

Malgré sa passion, elle sent son mari lui échapper :

Lila fixait l’homme qu’elle aimait, son visage, ses yeux, son corps… son ombre.

[…] « Peut être est-ce là l’instinct de l’homme, de son énergie destructrice qui se méfie, qui se défie, qui cherche à se libérer d’elle. » p. 48

Néanmoins, cette absence ou douleur va lui donner une force, une sorte de libération. Elle prend conscience de ce qui l’entoure : la guerre ; la prison ; les événements tragiques et leurs souffrances.

Lila rééquilibre sa position avec son mari. Étant absent, elle le présente en essayant de se placer dans une situation dominante :

[…] elle l’embrassait. Sans aucune, science d’ailleurs, comme le ferait un enfant d’un jouet splendide dont il ne lasserait pas. p. 63

Ali ne restait pas des jours entiers assis à ses pieds, à lui demander depuis sa grossesse (trois mois seulement) quelles étaient ses sensations. p. 64

Bien que dépendante, Lila compare son mari à un simple jouet, certes splendide, mais il est un objet inanimé. C’est elle qui lui insuffle la vie et la lui donne : n’est-elle pas enceinte ? Il faut qu’il reste à ses pieds dans cette position de prosternation et d’adoration.

* Ali

Ali est un personnage clé, mais il n’existe que dans les pensées de sa femme. Nous avons déjà signalé l’unique phrase qui marque sa présence dans tout le récit.

En fait, il est un personnage sans entrave et libre. Comme un étendard, il ‘’flotte’’ dans la montagne pour un seul but : la libération du pays. Serait-elle justement sa prison ? Lila en est persuadée :

Ali avec ses principes, et sa morale précise et, son nationalisme militant. p. 44

Les règles sociales font de lui un homme assez sévère :

Ainsi, pensait Lila […], parce qu’une honnêteté rigoureuse le poussait à rendre ses moindres actes fertiles et de quelque manière utiles pour son idéal. […] Les yeux d’un Ali mûri et grave, un homme véritable tel que la montagne qui le lui avait ensuite pris, l’exigeait. p. 175

La montagne prend Ali. Sa femme reste seule face à son destin. À d’emprunter le long chemin vers la montagne ou la liberté.

son tour

Lors de sa grossesse, son cher époux semble encore préoccupé militantisme :

par son

« -Mon Dieu et elle se cambrait, se renversait avec insolence, quand Ali

l’examinait, quand retrouverai-je ma taille fine ? » Ali ne répondait pas

[…].Il avait à sortir : un rendez-vous en ville, un contact à prendre, une réunion à fixer, tâches ordinaires d’une activité qu’il ne révélait pas. p. 65

Bien que très amoureux, Ali se sent un peu coupable à l’égard de sa compagne :

« (« Pourquoi ne pas lui dire ? s’indignait-il intérieurement. Elle sait quand même qu’il y a une guerre, une lutte ; pas nous deux seulement… »). » p. 66

Cette interprétation, Ali la trouvait fausse, romantique et il expliquait avec un didactisme patient pourquoi ces êtres qui se réfugiaient dans

n’importe quel délire (il méprisait ce mot, au contraire de Lila) n’étaient

que des victimes. « On ne peut se libérer que par la conscience, et, dans notre pays, la plus nécessaire est la conscience politique… ». Le discours commençait puis débordait sur l’avenir. Lila ne l’écoutait plus ; elle ne pouvait s’intéresser à l’avenir, le sien comme celui des autres, installée

qu’elle était dans son présent comblé. p. 173

Lila ne soucie pas du futur. Son mari devient quelque peu ennuyeux en parlant de conscience politique : elle est heureuse avec lui, et l’avenir est loin.

Le cher compagnon de Lila ne voit que la guerre de libération qu’il va inclure dans sa vie pour en faire son seul but :

Non, l’indépendance du pays, l’aventure enivrante que le combat apporterait à lui, à Lila, à tant d’autres jeunes, il ne l’avait pas pressentie pour des temps si proches, mais dans un avenir lointain qu’il voulait, par chacun de ses actes, mériter pour sa part. Il forgeait ainsi sa vie avec une volonté tenace, mais aussi une imagination qui lui faisait, en fonction de ce but collectif, justifier les moindres options de son histoire personnelle. p. 174

Ali traverse l’histoire dans une situation d’absence/présence ou plutôt d’une présence ‘’aérienne’’. Il est une pensée constante chez Lila : c’est le fait ‘’d’habiter sa tête’’ qui va la conduire, elle aussi, au militantisme. Il est son guide spirituel (au sens très large) qui l’achemine lentement et sûrement vers la liberté.

* Chérifa

Elle est la grande sœur d’Ali. Orpheline, elle décide de s’occuper de son frère jusqu’à l’âge adulte. Elle fait un premier mariage avec un riche marchand. C’est une belle femme :

[…] Elles pensent pareillement, sans jalousie, avec le calme qui sied aux vérités indiscutables : « Chérifa est toujours la plus belle. » p. 25

Nous sommes devant une unanimité toute fictive. Cette évaluation, dont la discussion semble inutile, ne fait qu’augmenter le degré de l’appréciation et rend la présentation du personnage sympathique dès le premier abord. Cependant, Chérifa est prisonnière, car ayant une grande maison, et un mari qui la comble de cadeaux, elle ne l’aime pourtant pas et se sent particulièrement à l’étroit dans cette villa immense où elle croit être un somptueux bibelot qui complète la décoration.

Le riche mari voudrait ardemment un enfant qu’elle ne peut le lui donner :

[…] Il briserait cette révolte. Il le ferait. Il le décidait. Peu lui importait

l’enfant ; dans une bouffée de faiblesse il eut envie de le dire, comment

faire un aveu devant elle qui se dressait, se libérait, elle… […] Au lieu de

l’aveu, de la colère, et pourquoi pas, de la violence, (oui, la battre ; crier

et la battre ; n’est elle pas sa femme ?) p. 29-30

Le narrateur nous révèle les sombres réflexions du premier conjoint de Chérifa. Au refus qu’elle oppose, l’époux (il ne porte pas de nom) entre dans une grande colère qui frise la violence. L’envie de la battre s’engouffre, car elle se révolte, résiste, se libère… De son propre aveu, le mari n’a pas vraiment envie d’enfant, mais il veut mater sa femme qui se dresse et surtout échappe à son emprise. Pourquoi Chérifa, ‘’l’honorable’’ (nom qui signifie l’intégrité, la droiture et la noblesse), déteste-elle son mari ?

Il devenait presque sentimental, sans doute par suite de la pression de ces années de lutte où il avait volé, nargué, triché avec ses concitoyens, y compris les Européens qu’il connaissait : son avocat, le fondé de pouvoir de la banque, le petit colon espagnol dont il achetait chaque année la récolte d’olives. p. 28

L’intègre Chérifa ne peut aimer ce riche marchand menteur et voleur : totalement opposés. Un jour, il jette un regard très significatif sur sa femme :

ils sont

Mais lui un dur désir d’elle l’envahissait soudain là, en pleine lumière, lui, haletait. Il s’approcha. Il la toucha. Chérifa ne comprenait pas […] Elle percevait la voix rauque de l’homme qui murmurait des mots confus. Lui, son mari ? Lui, plus étranger qu’un étranger ? Elle refusait. Ces caresses, ce souffle précipité ; non, elle disait non ! Tout son être, tout son corps disait non pour cette intimité aveuglée

qu’il tentait de bousculer avec des mots qu’il voulait tendres, qu’elle trouvait insultants.

[...] Non ! crie-t-elle ; elle lui tourne le dos, s’enfuit … ses cheveux dans le dos secoués d’un balancement régulier, jusqu’à ce qu’elle pénètre dans une des chambres du fond qu’elle se réserve pour ses heures de solitude. p. 31-32

Le mari tente presque de ‘’violer’’ sa femme qui se refuse à lui dans une répulsion qu’elle ne peut réprimer. En fait, ce n’est qu’un étranger : son corps ne le connaît pas ; son être encore moins. Elle reste prisonnière de cet homme, mais s’enferme dans une chambre pour mettre une barrière ; un obstacle entre elle et lui afin de garder son intégrité physique et trouver ainsi une liberté éphémère.

* Hakim

Hakim, le policier, est le voisin du couple Chérifa et Youssef. Sa responsabilité est grande : elle concerne non pas ses enfants et sa femme uniquement, mais également ses

frères dont un adulte à qui il paye les études. Cependant, sa fonction l’emprisonne dans l’isolement par rapport à ses frères arabes.

Depuis plus d’un an, - en fait, il ne savait situer le moment exact où cela avait commencé - il ne prononçait même plus ces phrases. Peu à peu, sa conversation du dîner devant sa femme – un rite – s’était amoindrie : « J’ai vu untel », commençait-il, mais untel avait salué si rapidement et était passé ; rien à en dire. Il sembla bientôt, à la fin, qu’il ne rencontrait plus personne. p. 89

Il est évident que Hakim souffre de cette exclusion. Il essaye d’oublier qu’il est policier, mais ses compatriotes, eux, ne l’oublient pas : ils le fuient. En fait, ce métier est une source de revenu pour sa petite famille ainsi que sa fratrie. Alors, il doit endurer l’hostilité de ses coreligionnaires Arabes et surtout de Youssef :

Hakim se durcit. Chaque fois qu’il pense à Youssef, la blessure s’ouvre : sentir ainsi dans la même maison, de l’autre côté de la petite cour, vivre un homme qui refuse de lui parler, qui détourne la tête quand il le rencontre, ou qui prend soin de sortir à d’autres heures pour éviter ces rencontres mêmes… Chaque jour de cette dernière année, Youssef est devenu pour Hakim le représentant de la ville entière, par lequel tous les autres (et mêmes ceux qui continuent à le saluer, les plus lâches à

s’arrêter, à bavarder) entendent lui rappeler qu’il n’est plus leur

frère.p. 91

Hakim souffre de l’indifférence que lui inflige Youssef, ce symbole de toute la ville (ici, la ville ne concerne que ses compatriotes arabes). Le terme ‘’représentant’’ dépasse l’acception ordinaire : Hakim soupçonne Youssef d’appartenir à la résistance, d’en être le représentant et, par conséquent, opposé à lui qui incarne l’ennemi. En vérité, il redoute Youssef qui semble dominant dans sa relation avec lui. Alors, il se tourne vers sa femme sur qui il a de l’ascendant en l’interrogeant pour avoir des informations. Amna (celle qui est digne de confiance de par son nom) lui confirme difficilement que Youssef n’était pas sorti la nuit :

-Oui, il est entré comme d’habitude (Amna lève la tête, soutient son regard). Je l’ai même entendu tousser au milieu de la nuit. Le matin… p. 87

Amna ment pour la première fois de sa vie. Hakim sent une certaine hésitation dans sa voix, mais il refuse l’idée que sa femme se range du côté de ses frères Arabes :

Il se sent fiévreux. Il tente de se calmer : « Que me prend-il, me voici donc policier avec ma femme, ma propre femme ! Sale métier… » p. 87

[…] parce que cette femme, à force de passivité, est devenue une partie de lui, une partie morte, il est tenté de lire dans ses yeux ce qu’il n’ose, depuis longtemps, reconnaître en lui même. p. 86

Hakim se persuade qu’Amna fait partie de lui, mais une partie passive et morte : elle est alors incapable de prendre l’initiative de le tromper. Il croit sa femme dans une sorte d’aveuglement presque délibéré : il préfère ‘’se fier’’ à elle pour ne pas avoir à