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* Lila est prisonnière

« Enfin, me voici donc », se dit Lila, comme si depuis longtemps elle devait arriver là, sur cet horizon. « Enfin »… et elle suit ses gardes dans la prison neuve. p. 308

‘’Enfin’’ confirme le long itinéraire qu’a traversé Lila qui arrive au bout et

découvre le but de sa quête. Toute seule, sans Ali ni son père, même la perte de l’enfant semble avoir activer cette libération vers un idéal. Sa solitude la conduit vers les siens.

Non, encore sur le bord, elle se trompe : rien ne lui est familier. Rien de

l’exaltation de se sentir enfin parvenue là où s’ouvrent les douleurs

froides, les cris des nuits effarées, les chœurs de victoire des victimes ; rien de cette palpitation du nouveau monde auquel elle va appartenir, enfin délivrée d’elle-même, des nœuds de sa jeunesse, des plaines de sa solitude ; non, rien ne sera pareil aux vertiges qui l’ont autrefois possédée, sortilèges. Elle se trompe : elle croit réapprendre le défi alors que tout, brusquement, derrière elle, a retrouvé son cours ; devant l’épreuve qui commence, elle pense qu’une seule certitude l’attend : le triomphe de son orgueil et la fierté du duel, alors qu’il s’agit désormais de sa naissance, - ou d’un véritable réveil. p. 309-310

Ce passage est assez long, mais si expressif du dur chemin qu’elle doit parcourir. Qu’importe les futures souffrances, elle est sûre d’une chose : elle est une nouvelle Lila,

‘’délivrée d’elle-même’’, de son passé et sa ‘’prison dorée’’. Elle est prête à livrer bataille

puisqu’elle est libre malgré sa séquestration.

* Bachir meurt en héros

Le jeune lycéen est impatient de rejoindre le maquis. En un jour, il réalise sa première action militante, tombe amoureux de Hassiba et meurt en héros à la fin de la nuit historique du mois de mai. Bachir commence la journée plein de vie et d’énergie, puis l’achève mort mais comblé.

Bachir s’est affaissé en souriant, parce qu’il a aperçu alors devant lui la silhouette mince de la jeune fille blanche descendre et jeter un regard sur la ville. p. 304

* Youssef est un chef de groupe au maquis

Simple menuisier, Youssef a manifestement un charisme qui fait souffrir Hakim. Sa femme le prévient que le policier est quasiment sûr de son activité militante. Sur sa recommandation, il décide de monter au maquis directement de son échoppe. Ce jour-là justement, il a rendez-vous avec Hassiba qui doit rejoindre ses frères à la montagne. Il prend la tête du groupe pour accompagner les nouvelles recrues.

Youssef donne le signal de la halte. Ensuite, on forcera le pas ; la forêt

n’a pas été brûlée entièrement ; elle sera encore un bon abri.

[…] Personne ne répond ; personne n’interroge. Youssef a fait signe de se lever. p. 293-294

Il est évident que cet artisan se comporte en chef : c’est lui qui décide de s’arrêter ou continuer. En effet, il faut avoir un sens de commandement et gérer le risque de se trouver en face de l’adversaire. Youssef n’est plus un menuisier, mais un chef militant, peut-être un militaire.

* Mahmoud est libre dans la montagne

Mahmoud finit par sortir de la clandestinité. Grand stratège en ville, il vit caché pendant des mois pour échapper à la police. Il retrouve sa liberté au maquis et met son intelligence au service de la branche armée de la résistance.

À la tombée de la nuit, un avion de passage y a déchargé une série de bombes. Peu après, du siège de la wilaya, Mahmoud a pris avec lui quelques hommes et ils se sont mis en marche.

[…] — Hier, vous avez eu peur ? demande Mahmoud à la femme, lorsqu’elle leur apprend qu’elle et son enfant sont maintenant les seuls habitants du douar.

— Non, répond-elle, pourquoi aurais-je peur? Et elle leur fait face avec

confiance. p. 311-312

* Hakim n’est plus tortionnaire

Désormais, Hakim n’est plus obligé de torturer ses coreligionnaires, car Martinez décide de prendre la direction des opérations :

— […] Avez-vous obtenu quelque chose de cet homme, hier…avant sa

— Rien, commissaire, mais cette fois, je prends personnellement en

charge les opérations ! – Martinez ricane – Notre Hakim n’avait pas encore tout à fait l’habitude ; il est allé trop fort ! p. 307

Sachant qu’au fond Hakim n’est pas un bourreau malgré la mort de Saidi sous sa main, Martinez, en vrai tortionnaire, saura garder ses victimes en vie pour qu’elles parlent avec une souffrance intense et longue.

Tous les personnages se retrouvent dans une nouvelle situation : chacun selon son parcours dans « ENM ». Il est à remarquer que nous avons un seul point de vue vers lequel tous les protagonistes convergent : la cause nationale. Touma crée la surprise, mais elle est nécessaire par son sacrifice, une manière de crédibiliser la fiction et l’Histoire. Ce monologisme du discours permet le nouvel ancrage qui s’inscrit dans le nouveau monde. Tous ces jeunes gens sont tournés vers l’avenir très positif pour tous, même pour le personnage paria représenté par Touma. En effet, elle a sa place dans ce monde nouveau.