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Situation des vestiges Cécile Bélet-Gonda et

Emmanuelle Evéquoz

Le site archéologique de Combe Ronde est implanté dans un petit vallon dont l’extrémité sud s’ouvre sur le Creux-des-Prés, sous lequel s’écoule l’Ajoulote, rivière souterraine faisant réguliè-rement surface en période de forte pluviométrie. Il est localisé en vis-à-vis des ouvertures septentrionales des combes En Vaillard et Varu (chap. 3 et 4). Découverte en 2002 lors des sondages effectués dans le cadre des aménagements liés à l’autoroute A16 Transjurane et fouillée en 2003, la zone d’habitat se concentre sur un replat d’environ 200 m2 au centre de la combe (fig. 130). L’évolution géologique et la description des sédiments de Combe Ronde ont déjà été largement abordées dans le chapitre 2.4. Cependant, l’observation des différents profils stratigraphiques de référence (PRF) a permis de déterminer les extensions nord, ouest et est du site. La limite sud, passablement détériorée par l’érosion naturelle du sol, est peu visible sur la largeur du vallon. Les coupes stratigraphiques ont montré que le niveau du Second âge du Fer, dans le domaine morphosédimentaire A, est conservé dans une légère dépression géologique en forme de cuvette au fond de laquelle la couche archéologique a été piégée. Cette couche archéologique correspond à l’ensemble géologique 3a également appelé couche 3.2.1 dans le domaine morphosédi-mentaire B (chap. 2.4.5). Elle recouvre les sédiments protohis-toriques de l’ensemble 3b qui se sont déposés au préalable et est insérée sous l’ensemble 2.

Dans la zone morphosédimentaire A (fig. 130 ; chap. 2.4.9), la couche archéologique 3a n’apparaît plus que sous forme de lambeaux dans la moitié est du vallon alors qu’elle se développe selon un pendage régulier dans l’axe de la combe (chap. 2.4.6.1). Ce niveau sédimentaire, composé de silts argileux brun-gris, peu caillouteux et par endroits assez charbonneux, s’étire sur une lon-gueur de 65 m et une largeur de 15 m au centre de la combe. Son épaisseur maximale, environ 40 cm, est atteinte à proximité des structures d’habitat, puis la couche s’amincit peu à peu en direc-tion du sud et du nord, jusqu’à disparaître totalement par érosion (phase 14, chap. 2.4.9).

C’est à la base de la couche 3a qu’apparaissent les structures ; celles-ci entament le sédiment du niveau protohistorique 3b. Les artefacts découverts dans la couche archéologique 3a, essentiel-lement de la céramique, mais aussi des lithiques et du mobilier osseux, seront présentés de manière détaillée dans les chapitres 5.3 à 5.8.

Cécile Bélet-Gonda

avec des contributions d’Emmanuelle Evéquoz,

Mustapha Elyaqtine, Olivier Putelat, Christoph Brombacher, Marlies Klee et Angela Schlumbaum

Fig. 130 Combe Ronde. Localisation de l’intervention archéologique. Fahy Courtedoux

A

B

460 480 490 500 480 490 470 470 Sondage 2696

Zone de fouille Limite de domaine

0 20 m

N N

5.2.1 Les trous de poteau

L’empreinte des seize trous de poteau est marquée par un sédi-ment silteux, peu argileux, gris et parfois très charbonneux, qui se distingue nettement du remplissage de la fosse de creusement. Dans deux cas, cette dernière n’a pas été observée. Les fosses d’im-plantation des poteaux sont comblées par des silts peu argileux et gris-jaune, qui se confondent parfois avec le sédiment encaissant. Les poteaux peuvent être répartis en trois catégories.

Premièrement, un groupe de trois poteaux (TP1, 3 et 15), d’un diamètre compris entre 15 et 20 cm, se distingue. Les poteaux 3 et 15 sont implantés dans une fosse circulaire de 30 à 40 cm de large, à fond plat et parois verticales. Le poteau 15 est appuyé contre le bord de la fosse d’implantation et le poteau 3 est placé en son centre. La base des trous de poteau 1 et 3 est biseautée, alors que celle du 15 est plate. Le report des poteaux 1, 3 et 15 sur un plan délimite un espace de 3,20 m de côté, orienté nord-ouest/sud-est. Le quatrième poteau d’angle n’a pas été préservé. Ce premier édifice recouvre une surface estimée à 10 m2 (bâti-ment 1, fig. 132). Par ses dimensions, il s’apparente à un grenier surélevé utilisé le plus souvent pour le stockage des végétaux (Audouze et Buchsenschutz 1989, p. 161-162 ; Gransar 2000, p. 285-287 ; Hénon et al. 2002, p. 57 ; Brenon et al. 2003, p. 253). Cette interprétation est en accord avec l’absence de sol aménagé et de concentration de mobilier archéologique dans cette surface, ainsi que dans le remplissage des trous de poteau. Plusieurs gre-niers de cette taille ont été identifiés sur le site d’Alle - Noir Bois daté de La Tène ancienne (Masserey et al. 2008). L’analyse 14C effectuée dans le trou de poteau 15 indique une première occupa-tion de la combe durant La Tène ancienne (chap. 5.8). Le peu de mobilier archéologique, de faciès légèrement plus tardif, ne permet pas d’étayer cette datation et renvoie plutôt à une occu-pation La Tène B2.

Deuxièmement, quatre poteaux (TP5, 12, 14 et 16) se regroupent. Le poteau 16, repéré lors du décapage machine, n’a pas pu être fouillé. D’un diamètre sensiblement identique compris entre 30 et 40 cm, ces trous de poteau à base plate sont implantés au centre de larges fosses de creusement aux parois verticales (TP 14) ou évasées (TP 5 et 12), de 70 à 80 cm de diamètre, et à fond plat. Ces struc-tures, dépourvues de calage, définissent la surface d’une deuxième construction quadrangulaire d’environ 25 m2 (bâtiment 2, fig. 133). Dans le domaine morphosédimentaire B, un niveau

archéolo-gique a également été repéré à son point de jonction avec la plaine du Creux-des-Prés, au lieu-dit Lai Coiratte. Il se matérialise avant tout par la présence, dans le sédiment, de fragments de céramique attribuables à la fin du Second âge du Fer et d’une structure de type foyer. Le raccord stratigraphique entre l’extrémité nord de Lai Coiratte et l’aval de Combe Ronde a pu être établi (chap. 2.4.6.2). Ainsi l’on constate que le niveau protohistorique 3.2.1 se déve-loppe de manière continue entre les deux zones et que les barrières artificielles imposées par le cadastre actuel doivent être levées afin de bien appréhender le site. Seules les extensions sud et ouest de cette occupation ont été touchées par les travaux archéologiques, le site étant lui-même localisé sous une réserve écologique.

5.2 Les structures d’habitat

Le dégagement mécanique, puis manuel du domaine A, a mis au jour 26 structures qui se répartissent comme suit : seize trous de poteau, huit fosses et deux structures de combustion (fig. 131). Parmi les trous de poteau, un n’a été observé qu’au déca-page machine. Sur les quinze autres, trois réoccupent d’anciens trous de poteau, tout comme trois des huit fosses découvertes. Les vestiges se caractérisent par l’omniprésence de limons cuits, probables résidus de revêtement de parois (Buchsenschutz 1984, p. 196), et de charbons de bois. Les sédiments de remplissage ont été systématiquement prélevés, tamisés et analysés. Le seul vestige archéologique connu pour l’occupation du domaine B est une structure de combustion découverte dans le niveau 3.2.1 du sondage 2696 (fig. 130). Le mobilier archéologique confirme l’at-tribution des occupations de la combe à des sites d’habitat.

Fig. 131 Domaine A. Plan d’ensemble des structures d’habitat. Fig. 132 Domaine A. Bâtiment 1. Plan et coupes des structures. Zone de mobilier 0 10 m N N ? F7 F4 F3 TP13-14 TP8 TP7 TP4-5 TP2 TP9 F2 TP10 F8 TP11-12 F6 F5 Fy1 Fy2 TP1 TP15 TP3 TP16 F1 0 2 m N N TP6

Trou de poteau Fosse de creusement Fosse Foyer

4a 3b 470,60 m TP15 TP3 3b 470,50 m 3b 470,70 m TP1 TP1 TP15 TP3 20 cm 0 2 m N

Elle est orientée nord/sud, dans le sens de la combe. La datation 14C effectuée dans la fosse de creusement du poteau 5 permet un calage chronologique de cette construction à La Tène ancienne (chap. 5.8), mais le mobilier archéologique s’avère plus proche de La Tène B2. Nous privilégierons donc cette datation étant donné, d’une part, les problèmes inhérents aux datations 14C et, d’autre part, le déve-loppement du site ainsi que la durée de vie limitée attribuable aux structures mises au jour. Les grandes dimensions de chacun des quatre poteaux, plus caractéristiques du Second âge du Fer, consti-tuent un indice non négligeable en faveur d’une charpente assez développée (Brenon et al. 2003, p. 253).

Troisièmement, un groupe de cinq poteaux (TP 4, 9, 10, 11 et 13) atteste de l’extension de la surface domestique en direction du sud sous la forme d’un édifice quadrangulaire (bâtiment 3, fig. 134). D’un diamètre de 30 à 40 cm et dépourvus de calage, les poteaux sont implantés au sein d’une fosse de creusement dont le diamètre varie : 45 cm pour les poteaux 11 et 13, 70 à 80 cm pour les poteaux 4, 9 et 10. Les parois de la fosse d’implantation sont verticales (TP9 et 13) ou évasées (TP4, 10 et 11). A la structure ini-tiale du bâtiment 2 réutilisée (TP4, 11 et 13) s’ajoutent donc les poteaux 9 et 10 qui donnent ainsi naissance à une aire d’habitat de 57 m2, soit 9,50 x 6 m (fig. 134). La surface habitable semble avoir été développée selon un principe modulaire reproduisant de manière presque identique les dimensions de l’édifice précé-dent (TP5, 12 et 14). La structuration de l’espace en une seule nef a vraisemblablement été conservée, de même que son orientation et sa structure massive. Cette reconstruction fait sans doute suite

à un incendie de l’édifice précédent étant donné le remplissage charbonneux des trous de poteau et la présence, localement très concentrée, de limons cuits.

Par ailleurs, trois poteaux rectangulaires (TP6, 7 et 8) d’une lon-gueur de 30 à 35 cm pour une largeur de 15 cm environ, à base plate, ont été découverts en bordure orientale de la zone d’habitat. Les poteaux 7 et 8 s’appuient contre le bord ouest d’une fosse à parois verticales et fond plat. De forme à peu près quadrangu-laire, ces fosses ont une largeur de 40 cm pour une longueur de 58 cm. La structure 6 est prise dans la fosse de creusement du

Fig. 133 Domaine A. Bâtiment 2. Plan et coupes des structures. Fig. 134 Domaine A. Bâtiment 3. Plan et coupes des structures. 3b 3a 470,50 m Fy1 Fy2 20 cm 3a 4a 470,50 m F5 F6 TP14 3b 4a 5 470,30 m 470,30 m 3b TP12 TP5 470,30 m 3a 3b 4a F6 F5 TP16 TP14 TP12 TP5 Fy1 Fy2 0 2 m N

Ancienne phase Trou de poteau Fosse de creusement Fosse Foyer

20 cm 3b 470,40 m TP6 TP13 3b 4a 5 470,30 m 3b TP11 470,30 m 3a 3b 470,30 m TP9-F2 3b 470,30 m TP8 3b 470,40 m TP7 TP4-F1 470,30 m 3a 4a 3b 3b 470,67 m TP2 TP10-F8 3a 3b 470,20 m Fy1 Fy2 TP13 TP8 TP7 TP6 TP4 F1 TP2 TP9 F2 TP10 F8 TP16 TP11 0 2 m N N

poteau 5 et sa fosse d’implantation n’a pas été observée. Aucun calage en pierre ou en bois n’est à signaler. Les caractéristiques morphologiques de ces structures, de même que l’espace qu’elles délimitent sur le plan, nous incitent à les interpréter comme les vestiges d’une palissade accolée au flanc oriental du bâtiment 3 (fig. 134). La datation 14C effectuée dans le poteau 7 a donné une fourchette chronologique correspondant à une occupation de La Tène moyenne. Le postulat de la contemporanéité de ces struc-tures, soulevée par leur répartition spatiale, est donc confirmé par les datations radiocarbone (chap. 5.8).

Une deuxième hypothèse de restitution est envisageable pour les bâtiments 2 et 3. En effet, le poteau 2 est demeuré isolé jusqu’ici. D’un diamètre de 20 cm, il s’appuie contre la paroi d’une fosse d’implantation de 40 cm de diamètre à parois évasées. Une planche de calage est placée à la base du poteau. Cette structure se situe presque à équidistance de l’angle nord-ouest et de l’angle nord-est des bâtiments 2 et 3. Bien que de taille inférieure, il pourrait être relié à l’un de ces édifices donnant ainsi naissance à un plan à abside. Plusieurs cas similaires de constructions à 4 ou 6 poteaux développent une architecture absidiale à La Tène ancienne, à l’exemple de Noir Bois pour les parallèles régionaux (Masserey et al. 2008), mais aussi à Ciry-Salsogne - La Bouche à Vesle (Hénon et al. 2002, p. 56, fig. 11.7, 118 et 123) ou plus proche, à Colmar - Houssen (Roth-Zehner et Cartier 2007, p. 235). Aucune information chronologique supplémentaire ne permet d’affiner notre hypothèse et de rattacher le poteau 2 à l’une plutôt qu’à l’autre de ces deux constructions.

5.2.2 Les fosses

Huit fosses ont été dégagées, le plus souvent localisées à l’exté-rieur des structures d’habitat ; elles ont été comblées en une seule phase. L’observation de leur morphologie a permis leur classe-ment en trois groupes distincts : les fosses ovoïdes à fond plat, les fosses circulaires à fond plat et les fosses en cuvette.

Tout d’abord, trois fosses ovoïdes à fond plat (F3, 4 et 7), d’un diamètre d’environ 50 cm, sont localisées à l’extérieur de la zone d’habitat, sur les côtés sud, ouest et nord du bâtiment 3 (fig. 130 et 135). Leur remplissage, dépourvu de mobilier archéo-logique, n’apporte aucun indice quant à leur utilisation et leurs dimensions très restreintes semblent exclure une fonction liée à l’extraction d’argile (Hénon et al. 2002, p. 61). L’absence d’infor-mation complémentaire ne permet pas de spécifier leur emploi initial.

L’étude des macrorestes végétaux apporte des indices pour une éventuelle utilisation de la fosse 3, dont le sommet est tronqué par l’activité d’un bras de chenal d’époque plus récente, comme structure de stockage. Son spectre végétal la rapproche des struc-tures de la phase 3. Cette fosse, de même que la fosse 7, conservée sur une épaisseur d’environ 10 cm, était partiellement comblée par un sédiment très gras et charbonneux, moucheté de filaments blanchâtres, résultat de la décomposition, sous l’effet de l’acidité du sol, de céramiques mal cuites. Un usage tant comme garde-manger que comme fosse dépotoir est plausible.

Ensuite, les limites nettes des deux fosses circulaires 5 et 6, à parois verticales et à fond plat, sont apparues à l’angle sud-ouest du bâti-ment 2, de part et d’autre de la paroi sud (fig. 133). D’un dia-mètre de 30 cm, chacune se caractérise par un remplissage unique contenant des fragments d’os et des tessons de céramique attri-buables à La Tène ancienne - La Tène moyenne. Une analyse 14C entreprise dans la fosse 6 a permis de confirmer cette fourchette chronologique (chap. 5.8). Leur fonction initiale n’a pas pu être déterminée ; cependant un emploi lié à la conservation des ali-ments ou à l’extraction des matières est peu envisageable étant donné leurs dimensions. Par ailleurs, aucun élément n’indique leur rapport avec une activité artisanale ou domestique spécifique. Le rare mobilier archéologique prélevé dans leur comblement n’atteste que de leur réutilisation ultime comme fosse détritique. En dernier lieu, les trois fosses en cuvette 1, 2 et 8, d’un diamètre d’environ 50 cm, recoupaient des poteaux (fig. 134). Leurs limites, confondues en surface avec le niveau archéologique, sont appa-rues très nettement dans les coupes stratigraphiques. Le sédiment de remplissage de chacune de ces fosses était assez charbonneux et contenait plusieurs fragments d’os et quelques tessons de céra-mique coquillière à faciès La Tène moyenne. Un morceau de corne et un fragment de meule ont été retrouvés respectivement dans les fosses 1 et 2. Le mobilier composite piégé dans les remplissages n’apporte aucun indice quant à leur fonction. Seule leur implanta-tion stratigraphique permet de déduire qu’elles résultent d’une acti-vité de récupération des poteaux après l’abandon du site d’habitat.

5.2.3 Les structures de combustion

Le dégagement de la zone comprise à l’intérieur de la surface d’habitat a révélé deux aires de combustion (fig. 133 et 134). La première (Fy1), de forme circulaire mesurant 50 cm de dia-mètre, est conservée sur une profondeur de 20 cm. Cette structure est constituée d’un amas de pierres brûlées disposées sans aména-gement au creux d’une fosse à fond légèrement concave et parois verticales. Les calcaires, très altérés par les impacts de chaleur, reposent sur une concentration de charbons de bois, tandis que le sédiment prélevé au-dessus des pierres a un aspect plus cendreux. Une auréole de terre rubéfiée cercle cette fosse et témoigne de son utilisation répétée. Cette structure s’apparente à un foyer en cuvette qui, selon sa localisation au sein de l’aire d’habitat, semble avoir été voué à un usage domestique (Gascó 2003a, p. 105 ; Dron et al. 2003b, p. 381). Les quelques restes osseux et végétaux contenus dans son remplissage indiquent que ce foyer servait indifféremment

Fig. 135 Domaine A. Fosses ovoïdes à fond plat. Coupes.

F7 470,94 m 3b 3a 470,30 m F4 3b 470,08 m F3 3b 3a 20 cm

à la cuisson des viandes et des végétaux (chap. 5.7 et 5.8.1). La data-tion 14C effectuée ici donne une fourchette d’utilisation comprise entre La Tène B1 et La Tène D2. Compte tenu des informations apportées par le mobilier archéologique et les structures décou-vertes à proximité immédiate, cette fourchette chronologique peut être réduite entre La Tène B2 et La Tène C (chap. 5.8).

La deuxième aire de combustion, en bordure est du foyer 1, est matérialisée par une poche sédimentaire légèrement rubéfiée et peu charbonneuse distante de 20 cm (Fy2). De forme circulaire, son diamètre est d’environ 1 m et son épaisseur maximale atteint 10 cm. Outre quelques rares charbons de bois, ce sédiment conte-nait des restes fauniques faiblement carbonisés, parmi lesquels une forte proportion d’esquilles (chap. 5.5). Cette seconde aire de com-bustion semble de prime abord liée au fonctionnement du foyer 1. Elle résulterait alors soit des curages et réfections de ce dernier, soit de l’entreposage d’objets ou de matériaux chauffés dont la chaleur rémanente aurait progressivement induit une rubéfaction du sédiment. Les résultats de l’analyse anthracologique tendent toutefois à distinguer ces deux structures. En effet, la présence de chêne et de conifères a été mise en évidence dans le foyer 1, alors que conifères et frêne apparaissent dans le sédiment rubéfié du second (chap. 5.7.2). Par conséquent, une interprétation comme vestiges d’un foyer à plat non aménagé ne peut être exclue (Dron et al. 2003b, p. 377 ; Gascó 2003b, p. 399). Sur un plan régional, plusieurs exemples de foyer en cuvette bordés d’une aire rubéfiée sont répertoriés à Noir Bois. A la différence du cas étudié ici, ces structures ont pu être rattachées à des foyers à plat aménagés sur une sole d’argile partiellement conservée en place ou sous forme fragmentaire aux environs immédiats de la structure. Un seul foyer à plat non aménagé a été observé (Masserey et al. 2008). Dans le cas de Combe Ronde, nous ne disposons pas d’élément décisif permet-tant de privilégier l’une ou l’autre interprétation.

Une troisième aire de combustion (Fy3) aménagée dans une petite fosse est apparue dans la zone morphosédimentaire B (sondage 2696, réalisé en 2002 ; fig. 130). De forme subarrondie, son dia-mètre mesure environ 55 cm (fig. 136). Préservée sur une hauteur de 35 cm, elle était accompagnée de trois fragments de céramique fine à faciès La Tène et d’un fragment d’os. La partie supérieure de la structure présente un amoncellement de calcaires, altérés par la chaleur, et reposant sur un sédiment peu charbonneux. Les calcaires ont été déposés sans aménagement au centre d’une fosse à parois abruptes et fond irrégulier. Cette structure s’apparente à une aire de combustion domestique et atteste la présence, dans la partie basse de la combe, d’un niveau d’habitat laténien matéria-lisé avant tout par des fragments de céramique.

5.2.4 Evolution et fonction des bâtiments

Les différentes structures archéologiques mises au jour à Combe Ronde permettent d’établir quatre phases successives de la pré-sence humaine sur le site.

Les vestiges de la première occupation sont très ténus et apparais-sent sous la forme d’un petit grenier surélevé à quatre poteaux, dont trois ont été fouillés (TP1, 3 et 15) et d’une superficie de 10 m2, attribué à la fin de La Tène ancienne (LT B2). Ce premier bâtiment apporte un indice quant à la vocation rurale de la combe.

Une deuxième phase intervient très rapidement après la construc-tion du grenier à plancher surélevé, deuxième phase au cours de laquelle le nouveau bâtiment est réorienté dans le sens nord/ sud. En effet, selon notre attribution, toujours à la fin de La Tène ancienne (LT B2), un bâtiment à quatre poteaux d’angle, dont trois ont été relevés (TP5, 12 et 14) est implanté au centre du vallon sur une surface de 25 m2 environ. La robustesse des poteaux indique une importante évolution architecturale par rapport à la première phase et laisse supposer l’existence d’une charpente massive destinée à supporter la toiture. Ce bâtiment recoupe la surface préalablement occupée par le grenier surélevé : celui-ci n’est donc plus en activité à cette période. En l’absence de sol conservé et de niveau archéologique en place, la fonction de ce bâtiment reste difficile à appréhender. Bien que ses dimen-sions ne soient pas incongrues pour un édifice de stockage, la présence de deux fosses (F5 et 6) de part et d’autre de la paroi sud de l’édifice renforce notre préférence pour une interprétation comme surface d’habitat à l’exemple du site de Vittel - La Croix Pierrot (Brenon et al. 2003, p. 253).

Dans une troisième phase, à la fin de La Tène ancienne-début de La Tène moyenne (LT B2-C1), ce bâtiment, qui conserve son orientation nord-sud, son architecture massive et sa structure à une nef, est agrandi vers le sud (TP4, 9, 10, 11, 13). Peut-être