• Aucun résultat trouvé

Les fouilles de Combe Varu ont permis la collecte de 758 osse-ments animaux, toutes périodes confondues, pour un poids total de 3,8 kg. Un peu plus du tiers de ce matériel, lié aux périodes historiques et à des horizons stratigraphiques perturbés, ne sera pas évoqué ici. Un assemblage faunique de 503 restes, représen-tant un poids total de 1,44 kg, est attribué au Second âge du Fer et fait l’objet de la présentation qui suit (fig. 117).

– l’aire occidentale, en relation avec une concentration de fosses de stockage comblées par divers déchets domestiques ; – les structures isolées.

Le matériel faunique des trois aires appartient à une même grande phase chronologique, sans qu’il y ait toutefois de preuve de synchronie quant à l’occupation de ces divers espaces. Des échantillons de sédiment ont été prélevés, surtout dans l’aire occidentale. Leur tamisage a été effectué systématiquement jusqu’à 1 mm, parfois jusqu’à 0,25 mm. Le volume tamisé (380 litres) correspond à environ 17 % du volume excavé.

4.7.1 L’aire orientale et les alentours du bâtiment

Douze des dix-huit restes animaux mis au jour dans cette aire ont été déterminés spécifiquement. Ils proviennent des alen-tours du bâtiment. Le poids moyen des restes est faible (fig. 118). Dans ce petit corpus, plus de quatorze pièces montrent des sur-faces osseuses dégradées. Les ossements proviennent tous d’ani-maux domestiques (fig. 119).

Le bœuf est représenté par un fragment de vertèbre thoracique, aux disques vertébraux non soudés, et par un fragment médian de côte. Les caprinés ne livrent que quatre restes dentaires et crâ-niens qui mettent en évidence la présence d’un individu âgé de 1 à 2 ans. Au porc sont attribués deux fragments mandibulaires et deux fragments de côtes. Deux métapodes correspondent à deux chiens différents : un métacarpe IV provient d’un animal d’assez bonne taille alors qu’un métatarse II montre la présence d’un très petit individu (annexe 2).

4.7.2 L’aire occidentale et l’ensemble de fosses

L’aire occidentale et son ensemble de fosses livrent l’essentiel du corpus laténien. Nous avons tout d’abord étudié séparément les abords des fosses et leurs contenus (fig. 118). En moyenne, les ossements ont été déterminés pour un peu moins de la moitié d’entre eux.

A l’exception du poids moyen des restes qui est le même dans les deux configurations, tous les paramètres sont conformes à ce que l’on peut attendre de ce cas de figure : les ossements mis au jour dans les fosses sont relativement mieux conservés que ceux mis au jour à leurs alentours, plus sujets au piétinement et aux altérations climatiques. Le nombre de restes déterminés est plus élevé, les restes dentaires isolés sont moins nombreux, la qualité des surfaces osseuses est plus satisfaisante, dans les

Type d’assemblage Restes inventoriés Fragments

esquilles nb poids (g) poids.moyen.(g) nb Aire.orientale Bâtiment 18 54 3,0 44 Aire.occidentale Fosses.(contenus.et.abords) 439 1134 2,6 755 Structures.isolées. Ossements.isolés 46 252 5,5 116 Total 503 1440 2,9 915

Type d’assemblage NR total Restes brûlés Restes non brûlés Restes

brûlés Restes Poids restes NRD

nb p..moyen.(g) NR p..moyen.(g) variation.(g) écart.type NR p..moyen.(g) variation.(g) écart.type nb non.strictement.

dentaires.(%) non.strictement.dentaires.(%) %

Aire.orientale 18 3,0 1 1,8 17 3,0 0,2.à.13,7 .3,5 1/18 (n=16) (P=53.g)

Fosses.(contenus) 244 2,5 69 1,3 0,1.à.9,1 1,7 175 3,0 0,1.à.51,0 6,7 28,2.% 90,2.% 92,7.% 52,2

Fosses.(abords) 195 2,5 82 0,7 0,2.à.3,7 0,8 113 4,0 0,1.à.117,0 6,7 42,0.% 77,9.% .73,8.% 42,1

Structures.isolées 46 5,5 16 0,7 0,0.à.1,9 0,4 30 8,0 0,1.à.49,7 11,6 16/46 (n=34) 84,4.%

Fig. 117 Présentation d’ensemble du mobilier osseux retenu pour étude.

Fig. 118 Présentation d’ensemble du mobilier osseux.

Le matériel osseux est dans un état de conservation un peu plus satisfaisant que celui de Combe En Vaillard. Les surfaces osseuses, bien que très marquées par des traces de radicelles, sont moins déminéralisées. Cette meilleure conservation des surfaces peut probablement être mise au crédit de la neutralité du pH de la couche protohistorique 3.2 (échantillon 11, valeur 7,0 ; Braillard, communication personnelle). Les traces de mor-sures animales sont rares : seules quatre occurrences ont été relevées. De nombreux ossements brûlés ont été mis au jour. Quelques restes portent des traces d’altérations climatiques qui témoignent d’un séjour prolongé à l’air libre.

Les ossements laténiens proviennent de treize structures creuses distinctes, de secteurs décapés à la pelle mécanique, de fouilles manuelles en carroyage et de ramassages divers. Le fait que les données aient été obtenues à partir d’échantillons relative-ment restreints a amené à constituer des unités d’étude les plus conséquentes possibles, afin de tendre vers une certaine repré-sentativité des résultats. Toutefois, il a fallu se garder de sim-plifier à l’extrême, afin de pouvoir tirer des conclusions quant à la répartition spatiale du matériel osseux. Pour ce faire, nous avons choisi de regrouper les données selon les aires définies dans l’étude archéologique (chap. 4.1) :

– l’aire orientale, liée à la mise au jour d’un éventuel bâtiment, très érodé ;

fosses qu’autour des fosses. On constate aussi que le nombre de restes brûlés est plus important en aire ouverte, ce qui peut indiquer un rejet des vidanges de foyers plus fréquent à l’air libre qu’en fosse, mais aussi traduire le fait que les restes brûlés non détruits se conservent plus longtemps à l’extérieur que le reste du matériel osseux. La représentation des différentes parties du squelette de la triade domestique (bœuf, caprinés, porc) est, elle aussi, gouvernée par la position du mobilier osseux : dans les fosses ou autour des fosses (fig. 120 et 121).

Dans les deux cas, la proportion des restes de la triade domes-tique ne diffère pas notablement dans leur répartition taxono-mique (fig. 122 et 123). Pour cette raison, la présentation du matériel osseux de cette aire prendra par la suite la forme d’un spectre faunique commun aux abords et aux contenus des fosses (fig. 119).

Fig. 119 Spectre des divers échantillons ostéologiques.

Localisation Espèce NR NRD% poidsg % NMI

Aire. orientale Bœuf,.Bos taurus.L. 2 22,3 1 Caprinés 4 6,4 1 Porc,.Sus domesticus.E..et.suinés 4 10,6 1 Chien,.Canis familiaris.L. 2 3,0 2 Restes déterminés 12 42,3 5 Grand.mammifère 3 7,5 Mammifère.de.taille.moyenne 2 3,5 Esquille.indéterminée 1 0,4 Total 18 53,7 5 Aire. occidentale Bœuf,.Bos.taurus.L. 52 24,9 460,8 40,6 2 Mouton,.Ovis.aries.L. 3 40,2 134,1 11,8 1 Chèvre,.Capra.hircus.L. 2 1 Caprinés 79 1 Porc,.Sus.domesticus.E..et.suinés 63 30,1 172,6 15,2 4 Equidé,.Equus.sp 1 0,5 18,3 1,6 1 Poule,.Gallus.domesticus 2 1,0 1,0 0,1 1

Total animaux domestiques 202 96,7 786,8 69,4 11

Cerf.élaphe,.Cervus.elaphus.L. 2 1,0 141,0 12,4 1

Lièvre,.Lepus.capensis.P. 1 0,5 0,3 0,0 1

Total animaux sauvages 3 1,4 141,3 12,5 2

Humain 4 1,9 4,8 0,4 Restes déterminés 209 932,9 82,2 13 Grand.mammifère 35 61,5 5,4 Mammifère.de.taille.moyenne 119 90,9 8,0 Esquille.indéterminée 76 49,1 4,3 Total 439 1134,2 13 Structures. isolées Bœuf,.Bos taurus.L. 9 145,5 57,7 1 Caprinés 5 10,9 4,3 1 Porc,.Sus domesticus.E..et.suinés 4 51,4 20,4 1 Equidé,.Equus.sp 1 3,5 1,4 1

Total animaux domestiques 19 211,3 83,8 4

Cerf.élaphe,.Cervus.elaphus.L. 1 2,9 1,2 1 Petit.carnivore 1 0,7 0,3 1 Restes déterminés 21 214,9 85,2 Grand.mammifère 5 23,0 9,1 Mammifère.de.taille.moyenne 10 6,1 2,4 Esquille.indéterminée 10 8,3 3,3 Total 46 252,1 6 Total général 503 1440,0

Fig. 121 Aire occidentale. Comparaison des représentations anatomiques de la triade domestique en fonction du poids des restes.

a) contenu des fosses et b) de leurs abords.

Fig. 120 Aire occidentale. Comparaison des représentations anatomiques de la triade domestique en fonction du nombre de restes.

a) contenu des fosses et b) de leurs abords. a) b) 0 5 10 15 20 25 Autopode Ceintures, stylopode, zeugopode Vertèbres et côtes Tête Boeuf Caprinés Porc % 0 5 10 15 20 25 30 35 Autopode Ceintures, stylopode, zeugopode Vertèbres et côtes Tête % 0 5 10 15 20 25 Autopode Ceintures, stylopode, zeugopode Vertèbres et côtes Tête Boeuf Caprinés Porc % 0 3 6 9 12 15 Autopode Ceintures, stylopode, zeugopode Vertèbres et côtes Tête % a) b)

Il faut tout d’abord constater que la quantité de matériel osseux mise au jour est bien limitée, eu égard aux volumes excavés (fig. 124). La probable homogénéité anatomique des rejets ini-tiaux (fig. 120 et 121) a été rapidement remaniée par des phé-nomènes antédépositionnels, des choix anthropiques du mode de traitement des déchets (dans le feu, dans la fosse ou hors de la fosse), puis par les phénomènes taphonomiques postdéposi-tionnels déjà abondamment évoqués.

Deux bovins domestiques ont été mis en évidence. Le NMI de fréquence est indiqué par les dents jugales mandibulaires et les métacarpes gauches. Plusieurs indices – par exemple un calca-néus épiphysé, des disques vertébraux soudés au corps d’une vertèbre, une M3 usée – montrent la présence d’au moins un adulte, probablement assez âgé : l’usure d’une I2 tend à indi-quer un individu d’environ 8 ans (Barone 1997). Un jeune bovin, âgé de moins de 18 mois est indiqué par une phalange intermédiaire, non épiphysée en sa partie proximale. Toutes les grandes régions anatomiques sont présentes : tête, sque-lette axial, ceintures et membres. La représentation des seg-ments anatomiques est cependant très déficitaire par rapport au nombre d’individus en jeu. On comparera par exemple les 461 g d’ossements bovins mis au jour dans cette zone, prove-nant de deux animaux, avec le poids du squelette de référence d’une vache Hinterwald : 15 852,5 g (Jacomet et al. 2004). Les parties des os longs conservés sont celles qui présentent la plus

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Boeuf 26,1% Suinés 32,8% Caprinés 41,1% Boeuf 26,2% Suinés 30% Caprinés 43,8% % Remplissages fosses (NR=119) Abords fosses(NR=80) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Boeuf 64,2% Suinés 18,7% Caprinés 17,1% Boeuf 52% Suinés 29,8% Caprinés 18,2% Remplissages fosses (PR=506 g) Abords fosses(PR=262 g) %

Fig. 123 Aire occiden-tale. Comparaison des représentations anato-miques de la triade do-mestique en fonction du poids des restes. Fig. 122 Aire

occiden-tale. Comparaison des représentations anato-miques de la triade do-mestique en fonction du nombre de restes.

Espèce TP1 F1 F2 F4 F5 F6 Fy1 Structure

indét. Sous-total et diversAbords Total

Volume.(litres) 180 246 198 355 476 352 133 149 Bœuf 4 5 2 2 7 4 7 31 21 52 Caprinés 7 7 1 8 16 4 5 1 49 35 84 Porc 6 8 2 6 9 1 5 37 26 63 Equidé 0 1 1 Poule 1 1 2 0 2 Cerf 0 2 2 Lièvre 0 1 1 Homme 1 3 4 4 Grand.mamm. 1 5 2 3 4 4 2 21 14 35 Moyen.mamm. 12 15 5 12 13 2 13 3 75 44 119 Indéterminé 5 6 3 1 4 1 1 21 55 76 Total 37 47 15 35 53 11 35 7 240 199 439 Carbonisés 3 2 0 1 8 1 5 0 20 9 29 Calcinés 2 22 3 5 3 0 9 3 47 76 123

forte densité : par exemple, la synostose distale de l’humérus, les parties médianes des diaphyses du radius, du métacarpe et du tibia (Lyman 1999). Ce type de représentation anatomique et la relative importance des fragments osseux brûlés de grands mammifères nous font attribuer l’hétérogénéité de la représen-tation des os de bovins à des phénomènes destructifs locaux et non à une « exportation » de pièces de viande. Une dizaine d’in-cisions fines ont été relevées sur diverses parties du squelette, des vertèbres par exemple, et attestent du caractère culinaire de ces rejets.

Les caprinés sont les mieux représentés dans cette zone, en nombre de restes, mais sont les moins présents, en poids, à l’in-térieur de la triade. Le mouton et la chèvre sont identifiés. Un ovin adulte est mis en évidence par un humérus, un métacarpe et une phalange proximale épiphysée. Une chèvre est décelée au vu de deux radius (gauche et droit) et d’une phalange intermé-diaire épiphysée. Le NMI de fréquence, qui compte trois indi-vidus, est indiqué par les humérus gauches et les radius droits (fig. 125). Les restes osseux, outre la présence d’adultes, indi-quent celle d’un plus jeune individu (os scaphoïde et métatarse de petites tailles, humérus non épiphysé en sa partie distale). On retiendra donc, en définitive, le décompte d’au moins un ovin adulte, d’une chèvre (adulte ou subadulte) et d’un capriné de moins de 11 mois, jeune ou très jeune. La représentation des différentes régions du squelette varie d’une fosse à l’autre mais,

Fig. 124 Aire occidentale. Fosses et abords. Dé-compte en nombre de restes (NR).

-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 Phalanges (2 NMI) Métatarse Tarse Tibia Fémur Pelvis Métacarpe Carpe Ulna Radius Humérus Scapula Vertèbres cervicales Mandibule Maxillaire

Nombre minimal de segments

G D -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 Métatarse Tarse (calcanéus) Tibia Fémur Pelvis Phalanges (1 NMI) Métacarpe Carpe Ulna Radius Humérus Scapula Atlas (1 NMI) Mandibule Maxillaire

Nombre minimal de segments

G D

d’une manière générale, tous les segments anatomiques sont représentés (os carpaux, phalanges, vertèbres coccygiennes) et témoignent du soin apporté au prélèvement du matériel ostéo-logique lors des fouilles. Comme chez le bœuf, les parties des os longs les mieux conservées sont celles qui présentent la plus forte densité. Ce constat, cumulé au fait que les fragments brûlés représentent un peu moins du quart des os de caprinés et que plus de la moitié des os non déterminés spécifiquement (mam-mifères de taille moyenne et esquilles), nous conduit, ici aussi, à attribuer les manques anatomiques à des phénomènes destruc-tifs locaux et non à une « exportation » de pièces de viande. On comparera, pour mieux évaluer l’étendue des destructions, les 134 g d’ossements de caprinés de l’aire occidentale (provenant de trois individus) avec le poids d’un squelette de référence de capriné : 2537,2 g (Jacomet et al. 2004). Quelques incisions fines et des brûlures d’extrémité (liées à une exposition des viandes à la flamme) ont été relevées. Elles sont en rapport avec le carac-tère culinaire de ces rejets (chap. 5.6.5).

Parmi les restes de suinés, il n’a été relevé aucune caractéristique indiquant la présence du sanglier. Tous les restes de ce taxon sont donc supposés provenir de la forme domestique. Trois individus, au moins, ont été décelés. Deux canines permettent de distinguer un mâle et une femelle. Le NMI de fréquence est donné par les incisives gauches : une dI1 et deux I1. Le NMI den-taire de comparaison, réalisé à partir des dents jugales droites, indique également trois individus : deux d4 et une M3 qui cor-respondent à des estimations d’âges respectifs de 6 mois, 9 à 12 mois et 18 à 24 mois. Quelques os appendiculaires sont de très petite taille. Une ulna et un fémur, comparés avec des sque-lettes de marcassins de la collection de comparaison du Muséum d’Histoire naturelle de Genève, tendraient à indiquer la présence d’un quatrième individu, encore plus jeune (peut-être âgé de 35 à 90 jours). Certains événements sont perceptibles. Par exemple, les deux d4 gauches, qui proviennent de deux porcs différents, ont toutes deux été mises au jour dans la fosse 1, ce qui pour-rait indiquer une certaine simultanéité dans les abattages. Cette hypothèse est renforcée par deux autres binômes porcins : deux ulnas droites (fosse 3) et deux scapulas gauches (fosse 4).

Les quelques traces anthropiques relevées sur les surfaces osseuses sont en relation avec la mise en forme des carcasses animales et la consommation des viandes. Bien qu’il existe un décalage entre le NMI dentaire et celui indiqué par le squelette appendiculaire, en raison de l’impact des phénomènes taphono-miques, il n’est pas possible de conclure quant à une éventuelle exportation des parties du squelette, autre qu’un report dans le temps (fig. 126). Pour ce taxon aussi, la différence entre le poids des ossements recueillis (172,6 g), livrés par au moins trois individus, et le poids de plusieurs squelettes de référence, étagés chacun entre 3 et 6 kg (Jacomet et al. 2004), met en évidence l’étendue des destructions du matériel faunique.

Une M3 très arasée, livrée par la couche archéologique, montre la présence d’un équidé adulte, probablement âgé.

La poule est attestée ici par un carpométacarpe (Fy1) et un frag-ment de tarsométatarse (TP1).

Le gibier est présent. Comme dans les structures isolées, les restes de cerf proviennent de la chasse. Il s’agit d’une diaphyse de tibia et d’un talus marqué d’une série de fines stries de désar-ticulation. Le lièvre est décelé au vu d’un fragment costal. Plusieurs restes humains, dont un fragment crânien brûlé, ont été mis au jour dans des fosses, mêlés au matériel faunique (chap. 4.6).

La microfaune est essentiellement d’origine mammalienne mais deux fragments crâniens d’amphibiens indéterminés (F2) et un assemblage de quelques os longs de ranidé – ilion, tibio-fibula et urostyle (F4) – ont été mis au jour.

Quelques os longs (humérus, tibia, fémur) et deux man-dibules, dont les patines paraissent assez récentes, ont été attribués à un muridé du genre Apodemus (TP1, F4 et F5). La comparaison des os longs avec des squelettes de la collection du Muséum d’histoire naturelle de Genève semblerait plutôt indiquer la présence du mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus L.).

Fig. 125 Aire occidentale. Mise en évidence du nombre minimum d’indivi-dus (NMI) de fréquence à partir de la représentation latéralisée du nombre minimal d’éléments anatomiques les plus caractéristiques des squelettes de caprinés.

Fig. 126 Aire occidentale. Mise en évidence du nombre minimum d’indivi-dus (NMI) de fréquence à partir de la représentation latéralisée du nombre minimal d’éléments anatomiques les plus caractéristiques du squelette de porc.

La souris (Mus musculus ssp.) est attestée par au moins une M1

portant trois racines (Erome et Aulagnier 1982, pl. 12). Cette occurrence (F4) correspond à la date d’apparition de ce taxon commensal dans nos contrées (Vigne et al. 1994, p. 77). On la rencontre à Alle - Noir Bois (Olive 2008) et du 1er au 3e ap. J.-C. à Sierentz - Landstrasse (Vigne et al. 1994, p. 77). Un fémur, un tibia et une mandibule ont été attribués au très fouisseur campagnol agreste, probablement intrusif (Agricola terrestris L. ; TP1). Quelques dents jugales ont été attribuées au campagnol des champs (Microtus arvalis P. ; TP1, F4 et F5). Il n’a pas été relevé d’ossements brûlés chez les micromammifères.

4.7.3 Les structures isolées

Les 46 ossements exhumés ont été déterminés pour un peu moins de moitié. Ils proviennent d’un certain nombre de struc-tures disparates et du décapage mécanique de la zone située entre les aires orientale et occidentale. Leur répartition spatiale ne met en évidence qu’une distribution plus ou moins aléatoire des détritus. On citera, par exemple, un fragment provenant d’une structure « naturelle » (souche ou bois brûlé), cinq restes mis au jour au sommet du paléochenal (couche 4.1.1), deux restes dans une fosse. De même, sept secteurs décapés extensi-vement ont livré, au plus, sept restes par secteur.

Le mauvais état de conservation du lot, inhérent à ce type d’as-semblage, est patent (fig. 118). Un reste sur quatre est une dent isolée, un sur trois est brûlé, le poids moyen des fragments est relativement faible, et plus de 42 pièces présentent des surfaces osseuses dégradées.

Les vestiges de bœuf sont les mieux conservés, sans doute en raison d’un phénomène de préservation différentielle (fig. 119). On relève la présence de quatre fragments dentaires, d’une ver-tèbre cervicale, d’un radius, d’un tibia. Un talus et une phalange proximale montrent des incisions anthropiques. Un seul indi-vidu, âgé d’au moins 20 mois, est mis en évidence.

A l’exception d’un radius, les vestiges de caprinés consistent tous en restes dentaires isolés. Ceux-ci représentent au moins un individu, âgé de plus d’un an.

Les restes de porc, trois fragments odonto-crâniens et un tibia, désignent un suidé âgé d’environ 2 ans.

Un équidé indéterminé livre un fragment d’incisive.

Un petit carnivore, probablement sauvage, est décelé au vu d’un fragment de canine.

Une molaire déciduale (d4), très peu usée, est attribuée à un jeune cerf d’environ 6 mois (Briot et Voilquin 1986). Le stade d’usure de cette dent est incompatible avec l’hypothèse d’un remplacement naturel par P4 qui intervient aux environs de 25 mois (Habermehl 1985). Nous considérons donc qu’il ne s’agit pas d’une déciduale remplacée et « erratique » mais plutôt que cette dent provient d’un animal chassé.

4.7.4 Synthèse des données

Les échantillons fauniques de l’aire orientale et des structures isolées sont moins conséquents que ceux de l’aire occidentale. A l’échelon du site, le spectre de faune laténien est majoritaire-ment composé d’animaux domestiques, bien que la chasse au cerf et au lièvre soit avérée par quatre restes. Les restes de bœuf sont issus d’au moins une bête réformée et un jeune bovin. Ce taxon, bien que faiblement décompté, domine sur le plan pondéral et assure donc une place prééminente dans l’alimentation carnée. La consommation de caprinés se compose d’au moins un ovin et un caprin adultes et un jeune. Ce groupe est le mieux représenté selon les critères du nombre de restes et du nombre d’individus. Le poids des restes est en revanche en deçà des deux autres com-posantes de la triade, sans doute en raison d’une conservation différentielle. Les ossements de porc occupent la seconde place, en nombre de restes, dans le spectre de la faune de l’aire occiden-tale. Cependant, le nombre d’individus « porcins » domine et le poids des os, corrélé au poids de viande, est supérieur à celui des caprinés. Il faut donc accorder au porc une place prépondérante au sein du système d’élevage des occupants du site. Les âges des porcs abattus font l’objet d’une présentation d’ensemble dans la figure 127.

Age d’abattage NMI

35.à.90.jours.(probable) 1

environ.6.mois 1

9.à.12.mois 1

18.à.24.mois 1

environ.2.ans 1

Fig. 127 Age d’abat-tage des porcs.

Il a été relevé des nuances, tant au plan taxonomique qu’au plan anatomique, dans la composition des assemblages des différentes fosses (fig. 128). On remarquera des alternances et des complémentarités entre les représentations anatomiques et taxonomiques qui peuvent probablement être imputées à des phases d’abattage et/ou de consommation du bétail. On constate par exemple, dans la fosse 5, la coexistence de rejets primaires 2, issus de l’abattage d’un capriné (dent, axis, ver-tèbre coccygienne, métatarse) et d’un suiné (métacarpe), avec des rejets culinaires provenant de parties plus charnues du