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3.1 L’âge du Bronze final

3.2.5 Le mobilier céramique

Carine Deslex

L’élaboration du corpus céramique du Second âge du Fer de Combe En Vaillard, ainsi que son étude, se sont heurtées à deux difficultés principales. La première est le mauvais état de conservation des pièces et la seconde, résultant du modelage stratigraphique par le flux hydraulique et le colluvionnement, est le déplacement du mobilier et son mélange avec des objets de l’âge du Bronze, du Campaniforme et de l’époque romaine dans les couches B3.2 et E3.1. Après avoir écarté 250 pièces de type protohistorique ne pouvant être identifiées avec précision, nous avons retenu 1071 tessons de céramique indigène et 39 pièces de tradition gallo-romaine ou romaine.

3.2.5.1 Les pâtes

Carine Deslex

avec la collaboration de Gisela Thierrin-Michael

La céramique indigène de Combe En Vaillard est constituée à 80 % de pièces non tournées. Les autres sont tournées au tour rapide ou sont, au moins, lissées au tour lent 25. Les pâtes sont en majorité sombres – noires ou gris foncé – cuites en atmosphère réductrice (69 %) ; 47 % des pièces ont été cuites en atmosphère totalement réductrice (surfaces sombres et cœur sombre) et 22 % ont subi une légère oxydation des surfaces (surfaces rouges ou orange sur un cœur sombre). Des céramiques ont été cuites en atmosphère oxydante (31 %) ; 18 % en atmosphère totale-ment oxydante (surfaces et cœur rouges ou orange) et 13 % avec une brève réduction qui a occasionné des surfaces sombres sur un cœur rouge.

Les inclusions observées sont d’origine minérale. Elles sont de nature coquillière (coquillages fossiles concassés ou non), sableuse ou granitique. Pour une partie de la céramique, les inclusions n’ont pu être identifiées ; soit parce qu’elles ne sont pas visibles (trop fines), soit parce qu’elles ont disparu (céra-mique vacuolaire). La pâte de bon nombre de pièces contient des nodules d’argile ferrugineuse (minerais), particularité observée aussi pour certaines pièces de l’âge du Bronze final. Il est probable que ce type de céramique soit d’origine locale (chap. 3.1.3.1).

Afin de synthétiser l’étude de la céramique de Combe En Vaillard et d’assurer la comparaison avec les ensembles céra-miques des deux autres combes, les pâtes ont été classées en quatre catégories – ou types – en fonction de la nature et de la taille des inclusions (appelées aussi « dégraissant » par la suite). Cette classification se base sur les résultats obtenus lors de l’étude du mobilier céramique du site de La Tène ancienne d’Alle - Noir Bois, où les catégories 2, 3 et 4 sont présentes. Les pâtes coquillières, une particularité des sites de Chevenez, ont été distinguées des autres pâtes à dégraissant minéral :

type 1 (pl. couleur 3a-3e) : pâte à inclusions coquillières ;

type 2 (pl. couleur 2a) : pâte à inclusions minérales

abon-dantes (20 % du volume ou plus) fines à très fines (jusqu’à 0,5 mm) avec peu ou pas d’inclusions plus grossières (sable fin avec ou sans mica) ;

type 3 (pl. couleur 2b) : pâte à inclusions minérales

grossières(sable ou particules granitiques, plus de 0,5 mm) ;

type 4 (pl. couleur 2c, 2d) : pâte sans inclusion minérale

visible ou perceptible au toucher (à nodules argileux, éven-tuellement à chamotte et/ou à dégraissant végétal disparu). Les pâtes coquillières (type 1) composent 34 % du corpus. Elles sont aisément reconnaissables grâce à leur aspect moucheté de blanc dû aux petits morceaux d’huîtres fossiles qui les parsè-ment. La taille des inclusions est variable (inclusions de 0,5 mm à 10 mm), ainsi que leur densité. A Combe En Vaillard, il peut être noté que la céramique coquillière entretient un rapport particulier avec la zone de forge – structures et bras de chenal attenant – qui a livré non seulement les deux tiers de ce type de céramique, mais aussi la céramique coquillière la plus typique car la plus riche en inclusions (type 1a). Le tiers restant, trouvé dans la concentration de mobilier entre les bâtiments 2 et 3, dans le paléochenal et, pour quelques rares pièces dans l’angle nord-ouest de la combe, est caractérisé par des pâtes peu dégraissées, avec de petites inclusions éparses (type 1b). La présence régu-lière de céramique coquilrégu-lière dans les sites laténiens d’Ajoie suggère une production régionale, voire locale. Une étude a été menée sur cette catégorie de céramique dans le but de localiser la source d’extraction de l’argile coquillière ou des fragments coquilliers fossiles qui constituent le dégraissant. Les résultats sont commentés infra (chap. 3.2.6).

Les pâtes à dégraissant minéral de type 2 et 3 constituent 28 % du corpus. La majorité des pièces appartiennent au type 2 (22 %) avec des inclusions de sable fin et de mica à peine visibles, per-ceptibles au toucher. De nombreux récipients du type 2 ont une pâte très fine généralement de couleur grise, parfois noire. Deux tessons de cette pâte fine grise ont été analysés (JU417 et JU418 ; chap. 3.2.6). Ils sont très probablement d’origine exogène. Il est fort probable, d’ailleurs, que toutes les pièces en pâte fine grise le soient, mais cela ne peut être affirmé avec plus d’assurance sans analyses complémentaires. Le type 3 (6 %) regroupe des tessons au dégraissant sableux bien visible dont les grains mesurent entre 1 et 12 mm. Les tessons à inclusions minérales de plus de 1 mm sont rares. Moins de quinze fragments de ce type ont été recensés. Il s’agit surtout de dégraissants granitiques ou feldspa-thiques. Un seul tesson (analyse JU416) est dégraissé avec des gros grains calcaires arrondis.

Les pâtes fines sans inclusions perceptibles, de type 4, sont lar-gement représentées. Elles constituent 38 % de l’ensemble. Il en existe deux types : le type 4a qui regroupe les pâtes dont le dégraissant est imperceptible à l’œil ou au toucher (33 %) et le type 4b composé des pâtes dont la surface est piquetée de trous (vacuolaires) laissés par un dégraissant végétal, minéral ou peut-être coquillier, disparu (5 %).

En ce qui concerne les 39 tessons de tradition gallo-romaine ou romaine, ils consistent en pâtes fines claires et en fragments de sigillée ou imitation de sigillée. Il s’agit sans doute possible de pièces d’importation. Leur pâte fine, sans dégraissant visible, se distingue très nettement de celle de la céramique indigène.

3.2.5.2 Les formes et les décors

Vu l’état fragmentaire des céramiques, les profils entiers ou reconstitués sont rares. Peu de formes ont pu être identifiées. Par souci de simplification, nous avons donc réuni les réci-pients sous deux appellations : les écuelles pour les formes ouvertes et les pots pour les formes fermées. A cela, nous ajou-tons les fragments de deux objets circulaires de type couvercle ou plaque à cuire. Au sein de ces trois catégories, il est possible de classer les pièces sur la base de caractéristiques morpho-logiques (bord rentrant, carène, etc.), mais toute tentative de terminologie axée sur les dimensions des objets est demeurée vaine, le diamètre et la hauteur de la plupart des récipients ne pouvant être mesurés.

Au total, les pièces caractéristiques permettent de décompter 103 individus céramiques. Les écuelles sont majoritaires avec 79 individus. La plus grande partie d’entre elles sont des écuelles hémisphériques, soit à bord rentrant (44), soit à bord droit (27). Six écuelles présentent un profil sinueux : trois sont carénées avec un profil anguleux, trois ont une courbe en S. Deux écuelles sont tronconiques, l’une d’elle est caractérisée par un bec verseur.

Les pots comptent 22 individus. Les pièces tournées ou lissées au tour lent, appartiennent toutes à cette catégorie. Très peu de profils peuvent être reconstitués. On peut identifier toutefois des formes anguleuses – carénées comme les pots à cannelures (pl. 5.1 ; pl. 6.21), le pot digité (pl. 9.1), la bouteille à long col concave (pl. 5.2) – et des formes plus galbées comme le pot (pl. 6.16) ou le tonnelet en pâte fine claire (pl. 9.13). Le profil de plusieurs récipients, sériés sur la seule base de leur bord, reste incertain.

Deux objets circulaires avec un bord relevé s’ajoutent au corpus de Combe En Vaillard. L’un est légèrement convexe (pl. 4.8), l’autre est plat (pl. 4.7). Dans les deux cas, le diamètre des pièces n’excède pas 15 cm.

Les décors sont rares. Les cannelures sont placées sous le bord d’écuelles rentrantes (pl. 8.7-8) et sur des pots carénés (pl. 5.1 ; pl. 6.21). Des digitations ornent la lèvre de deux écuelles (pl. 8.10 ; pl. 10.4) ainsi que la lèvre et l’épaule d’un petit pot (pl. 9.1). Une baguette horizontale obtenue par tournassage décore l’épaule d’un pot (pl. 5.3). Deux écuelles sont striées d’une ligne ou d’une double ligne horizontale sur leur surface interne (pl. 7.1-2). Des stries irrégulières observées sur la lèvre d’une écuelle, résultent de l’action d’un objet tranchant sur le bord de l’objet après cuisson (pl. 6.11) et ne peuvent être consi-dérées comme un décor.

Vu le mauvais état de conservation de la céramique, il n’est pas étonnant que des traces de lissage de la surface n’aient été obser-vées que dans deux cas (pl. 7.5 ; pl. 8.9).

Plusieurs fragments présentent des perforations volontaires de la paroi (pl. 6.16 ; pl. 6.22) ou des tentatives de perforations (pl. 6.7).

3.2.5.3 L’analyse chronotypologique Les écuelles

Parmi les écuelles hémisphériques, peu de pièces sont significa-tives. La tendance générale montre qu’au cours du Second âge du Fer, la préférence pour les écuelles rentrantes va grandissant et que les lèvres de ces dernières deviennent de plus en plus volu-mineuses. A Combe En Vaillard, les formes « archaïques » basses, avec un bord vertical ou oblique et une lèvre simple, plate ou biseautée, sont présentes (pl. 3.1-2). Les écuelles rentrantes avec une lèvre en amande ou bulbeuse, caractéristiques de la phase récente, aussi (pl. 6.2 ; pl. 8.6). Il convient de noter, toutefois, que ces dernières proviennent toutes du paléochenal et qu’au-cune n’a été trouvée dans le contexte des forges. Les écuelles rentrantes avec une cannelure sous le bord (pl. 8.7-8) ne four-nissent, quant à elles, aucun repère chronologique.

Les écuelles tronconiques sont plus répandues dans le faciès ancien et moyen de La Tène que dans son faciès récent où les bords rentrants sont préférés. Avec un bec verseur, c’est une forme peu fréquente, héritée du Hallstatt (pl. 3.15). On en trouve à La Tène ancienne à Breisach - Münsterberg et à Hagondange. La lèvre inclinée vers l’extérieur de notre exemplaire rappelle les pièces tronconiques (sans bec verseur) de Rosheim - Mittelweg, de Chelles - La Côte Saint-Roch, d’Herblay - Les Côtes de Conflans et de Singen am Hohentwiel - Mühlenzelgle, datées, elles aussi, de La Tène ancienne.

Les écuelles carénées figurent dans les corpus entre La Tène A et La Tène D (pl. 4.2-3). Leur profil fragmentaire ne permet pas de les classer précisément. Cependant la carène aiguë, le montage à la main et l’épaisseur des parois sont des arguments en faveur d’une datation ancienne.

L’écuelle en S prélevée dans les fosses dépotoirs des forges se caractérise par un profil particulier, appelé « haut de panse redressé convexe » par S. Marion (2004, p. 89) : le col renflé est en rupture avec une épaule galbée et la lèvre est sortante et arrondie (pl. 4.1). On l’observe dès la fin du Hallstatt jusqu’à La Tène C2. Si notre pièce ressemble à celles des fosses 108 de Bobigny - Hôpital Avicenne, et R 15 de Levroux - Les Arènes – deux structures attribuées à La Tène C2 – elle peut aussi être comparée à celles de Chelles (LT B1), de Bobigny - La Vache à l’Aise, phase 1 (LT B2), et de Tournus - Les Joncs datée de la phase finale du Hallstatt.

L’écuelle en S (pl. 9.8) trouvée piégée dans une poche du thalweg chenalisé, est caractérisée par un profil sinueux, des parois fines et une lèvre effilée. Elle appartient typologiquement à la phase ancienne de La Tène et trouve des parallèles avec des pièces de Noir Bois, de Breisach ou de Bischoffingen.

Les pots

Le pot pansu à cannelures (pl. 5.1) évoque, avec son profil bico-nique et sa base annulaire, les récipients carénés et cannelés de La Tène ancienne. Il est proche des écuelles de Breisach, des coupes à col (Schalen mit ausgebildetem Halsteil) de Bad Krozingen,

des vases à carène pansue et des coupes en S de Pfulgriesheim, de formes fermées de Noir Bois ou du Schlossberg de Neuenbürg. Cependant, notre pièce, tournée, est caractérisée par un décor de cannelures fines, qui ne se retrouve pas sur la plupart des autres récipients. A Pfulgriesheim, deux vases trouvés dans une fosse attribuée à La Tène A, grâce à la présence d’un torque à œillet, portent des cannelures fines au niveau de la carène mais des can-nelures larges sur le col (Balzer et Meunier 2005, p. 266). Le pot de Combe En Vaillard peut être associé à la céramique précoce tournée et cannelée de la fin du Hallstatt - début de La Tène ancienne telle que l’a définie S. Hopert (1996). De façon géné-rale, la forme biconique et cannelée est associée à des contextes La Tène A et La Tène B. A Neuenbürg, elle est attribuée à la phase La Tène B du site (Jensen 1986, p. 87 et 93). Ensuite, elle se fait rare. Elle se maintient pourtant encore à La Tène C2 et La Tène D1, dans le contexte funéraire surtout, sous la forme de pots de grandes dimensions, décorés de cordons ou de baguettes, et montés sur piédestal. Un second pot pansu et cannelé, au moins, est signalé à Combe En Vaillard par un fragment de panse caréné en pâte orange (pl. 6.21). Le col oblique d’un troi-sième récipient biconique est, quant à lui, décoré d’une baguette obtenue par enlèvement de pâte au tournassage (pl. 5.3). Il peut être comparé avec le pot anguleux du fossé de Mours - Derrière le Moulin, et ceux d’usage funéraire de Berne - Engehalbinsel, d’Aaregg - Schärloch, de Wederath - Belginum et de Barbey - Le Chemin de Misy. Une bouteille de Bâle - Gasfabrik porte une baguette au profil quadrangulaire similaire. Ce type de décor, obtenu par enlèvement de pâte à l’aide d’un tournassin, est bien attesté à La Tène C2 et devient courant à La Tène finale (Marion 2004, p. 322 ; Kaenel et al. 2004, p. 183). Cependant, l’appartenance du vase de Mours à un contexte La Tène B2 - La Tène C1 (Marion 2004, p. 272) et celle d’une bouteille d’une tombe de Gempenach - Champagny à un contexte La Tène C2 (Kaenel 1990, p. 145) suggèrent la possibilité d’une datation légèrement antérieure pour ce genre de décor.

Un fragment de récipient à long col concave de type bouteille montre un décrochement à la jonction de l’épaule et du col (pl. 5.2). Cette particularité se retrouve sur des bouteilles de Breisach (Bender et al. 1993).

L’épaule anguleuse et le décor digité sur la lèvre et sur la panse d’un pot caréné (pl. 9.1) sont des indices d’ancienneté ; S. Marion a montré qu’en Ile-de-France, « La ligne d’impression sur les lèvres des vases est plutôt associée au faciès ancien, lorsqu’elle se trouve au niveau du diamètre maximum, elle s’associe au faciès moyen, lorsqu’elle apparaît au-dessus du diamètre maximum, sur l’épaule, elle s’associe au faciès récent » (Marion 2004, p. 322). Dans notre région, il semble que la situation soit simi-laire. Les récipients à lèvre digitée sont associés aux sites de la fin du Hallstatt et de La Tène ancienne comme, par exemple, Noir Bois, Gelterkinden et Breisach. Si l’on observe rarement encore ce type de bord sur les formes ouvertes et basses du début de La Tène finale (Bâle - Gasfabrik et Berne - Engemeistergut, p. ex.), il n’apparaît plus sur les formes hautes et fermées à cette époque. Quant au décor digité appliqué au niveau du diamètre maximal, il perdure au travers de deux récipients hérités de la phase

La Tène C2 à Bâle - Gasfabrik, mais disparaît à La Tène D1 où il est remplacé par un décor digité de lunules, en coup d’ongle, appliqué plus haut, sur l’épaule du récipient.

Plusieurs bords signalent des récipients fermés dont le profil n’a pu être déterminé. Parmi les bords saillants et plats (pl. 5.5 ; pl. 9.2-3,6) de tradition ancienne, il faut mentionner la forme en « patte d’éléphant » trouvée à proximité des forges (pl. 5.5). Ce type de bord apparaît au cours de La Tène C (Brenon et al. 2003, p. 252), on l’observe déjà à Breisach dans un contexte plus ancien. Quant aux bords caractérisés par une lèvre développée, typiques de la phase récente, ils peuvent être « en massue » (pl. 7.7 ; pl. 9.7) ou arrondis (pl. 6.16). Ainsi le récipient galbé à lèvre arrondie (pl. 6.16) se rapproche de formes – écuelles ou pots – liées à des contextes La Tène C2 - La Tène finale. Les pots à bord rentrant et lèvre en massue (pl. 7.7 ; pl. 9.7) appartien-nent vraisemblablement à des tonnelets, forme qui s’observe à La Tène C2 et La Tène D1 (Zehner et al. 2004, p. 48). Selon l’étude de P. Jud et M. Zehner, les récipients fermés à lèvre en massue sont typiques de la partie nord de l’Alsace, alors que dans la partie sud les formes à bord éversé et col marqué sont préférées. Il convient de noter aussi qu’en Alsace, la répartition de ces récipients à bord en massue coïncide avec celle de la céra-mique à dégraissant à base de coquillages fossiles pilés (Jud et Zehner 2003, p. 147-148). A Combe En Vaillard, les bords de tradition récente ne sont jamais associés aux forges. Ils ont été trouvés dans le chenal, certains entre les bâtiments 2 et 3. Un seul bord, caractéristique par son épaisseur et sa pâte à gros dégraissant granitique, appartient à un pot à cuire (pl. 9.10). Sa lèvre épaisse et éversée permet de le dater de La Tène finale.

Les objets circulaires : couvercle et plaque à cuire ?

L’objet circulaire plat à bord relevé (pl. 4.7) trouve des paral-lèles à Breisach et sur le Kestenberg à Möriken. Avec un diamètre d’environ 13 cm, l’objet de Combe En Vaillard est plus proche de celui du Kestenberg (diam. 15 cm) que des trois « assiettes » de Breisach dont les diamètres ne sont jamais inférieurs à 40 cm. A propos de datation, les pièces de Breisach proviennent de contextes liés à la phase laténienne ancienne du site ; celle de Möriken, est attribuée de manière large à la période hallstat-tienne - laténienne. Quant à leur fonction, des analyses réalisées sur des plaques semblables trouvées sur le site hallstattien de Heuneburg - Aussensiedlung, ont montré qu’elles avaient été uti-lisées comme plaques à rôtir (Kurz et al. 2000, p. 136-137). Quant à la pièce bombée avec rebord (pl. 4.8), il peut s’agir d’un couvercle. Sa pâte rouge foncé la caractérise cependant des autres céramiques et fait penser à de la tuile. L’interprétation de cette pièce est sujette à caution. Bien que des fragments de couvercles soient déjà attestés dans des contextes La Tène ancienne, ils sont extrêmement rares avant la phase récente du Second âge du Fer.

Les céramiques de tradition gallo-romaine ou romaine

Un bol Dragendorff 24/25 (pl. 9.14) et un fragment d’assiette Drack 2 ou 3 (pl. 9.15) sont les seules pièces à revêtement argi-leux attestées pour la combe. Ces deux objets, dont la qualité de

la pâte est mauvaise, sont soit des pièces brûlées, soit des imi-tations de sigillée. Toutes deux peuvent être datées du 1er siècle ap. J.-C.

Les autres céramiques de tradition romaine ou gallo-romaine sont en pâte fine claire. Peu de profils ont été identifiés : un ton-nelet (pl. 9.13), une écuelle à lèvre aplatie (pl. 9.12), un bol à collerette (pl. 9.16), quelques cruches ou bouteilles (pl. 9.17 ; pl. 10.9) et le sommet d’un couvercle (pl. 10.10). Toutes ces pièces peuvent être attribuées au 1er siècle ap. J.-C. Le bol à collerette (imitation Hof. 12) n’est attesté dans nos régions qu’à partir du milieu du 1er siècle de notre ère.

Un petit fragment de gobelet décoré à la barbotine (non dessiné), trouvé dans un bras de chenal éloigné de la zone des structures, est l’unique pièce attribuable au 2e siècle ap. J.-C. 26

3.2.6 Etude archéométrique de la céramique, axée

sur la céramique coquillière

Gisela Thierrin-Michael

Les analyses se concentrent sur les céramiques à inclusions coquillières ou calcaires (chap. 3.2.6.1 à 3.2.6.4) ; les types de pâte 2 et 4 ont fait l’objet d’un contrôle limité à trois échan-tillons (chap. 3.2.6.5).

3.2.6.1 Introduction Définition

Le terme abrégé de céramique coquillière désigne une céra-mique à pâte à inclusions coquillières. Sous la loupe binoculaire, cette pâte se présente avec une grande quantité d’inclusions de coquilles fossiles en forme d’écailles finement cristallisées et compactes prises dans une matrice fine. La céramique coquillière trouvée sur les sites laténiens et gallo-romains en Ajoie réunit plusieurs variétés qui diffèrent au niveau de la granulosité de la pâte, de la quantité et de la granulométrie des inclusions. En général, il n’y a pas ou très peu d’inclusions de nature différente, mais certains tessons se distinguent par des inclusions non car-bonatées plus nombreuses. De couleur variable (de beige clair à brun et orange, de gris à noir) sur les sites de Chevenez, ce type de poterie est surtout gris à noir sur les sites datés entre La Tène