• Aucun résultat trouvé

Bernard Dadié et Heiner Müller

1.3 La situation coloniale dans le discours de Dadié sur le colonialisme

La situation coloniale, tout comme l’environnement immédiat dans lequel se trouvait Dadié, ont profondément influencé le choix de sa carrière et il ne manque pas de le mentionner dans ses œuvres. Cette situation, non seulement suscita maintes interrogations sur le bien-fondé d’un tel système mais également étaient susceptibles de provoquer des sentiments de révolte dans la vie de Dadié:

Lors de la fête de l’enfance, Bernard B. Dadié fut encore une fois le témoin indigné des effets de la situation coloniale : les gardes-cercles arrêtèrent et giflèrent le maître africain qui les accompagnait parce qu’il n’était pas en uniforme. Sur-le-champ, il décida, lui qui avait désiré être instituteur, de choisir la filière administrative à l’école William-Ponty et de ne jamais servir comme fonctionnaire dans cette

colonie de Côte d’Ivoire où l’on pouvait impunément gifler un instituteur45.

Les brimades ne sont pas seulement le fait de l’école, mais également de l’administration coloniale où les colons infligent parfois de lourdes brimades et séquestrations aux administrés. C’est avec une profonde tristesse et un profond sentiment de révolte que Dadié en parle:

A si bonne école, l’enfant regarde autour de lui, apprend à voir autre chose que les brimades et les injustices du milieu scolaire. Sur le wharf de Grand-Bassam, «encombré de toutes sortes de produits attendant d’être évacués», il entend s’élever «le chant terriblement envoûtant des tireurs de billes presque

tous nus» sur le dos desquels il voit «sans répit s’abattre la chicote46.

44 Nicole Vinciléonie, op. cit. , p. 18.

45 Idem. p. 18.

37

1.4 L’histoire de la RDA et la révolution manquée: source du discours de Heiner Müller sur la révolution: Cas de Germania Tod in Berlin

L’histoire des deux Allemagnes a profondément marqué la vie de Heiner Müller. Il a surtout eu une enfance beaucoup troublée par les nombreuses arrestations de son père. Il a essayé de résumer cette expérience difficile dans son œuvre autobiographique « Guerre sans bataille: vie entre deux dictatures ». Entre plusieurs passages de cette œuvre illustrant cette enfance difficile, nous retenons celui-ci:

…ça reste pour moi un point très obscur (que mon père soit allé à l’Ouest). Je n’ai perçu que peu des brimades que mon père, en tant que maire, a subies de la part des Russes; ma mère, elle s’en souvient très bien. Il ne m’a probablement rien dit. Ma mère racontait, par exemple, comment les Russes sont venus

chercher mon père pendant un match de football pour l’interroger et le menacer47

Par ailleurs, son discours sur la révolution se rapporte à la révolution socialiste manquée en RDA sous l’occupation de l’Union Soviétique pendant le règne de Staline. Cet échec de la révolution socialiste a été ponctué par la chute du Mur de Berlin en 1989. Le Mur de Berlin est donc le symbole de la victoire du capitalisme sur le socialisme et le communisme.

C’est donc cette désillusion que Müller exprime à travers son drame «Germania Tod in Berlin». En effet, Heiner Müller fut l’un des grands acteurs de la politique socialiste qui a abouti à la construction du mur de séparation entre l’Est et l’Ouest. C’était également l’aspiration de plusieurs de ses contemporains qui attendaient beaucoup de cette révolution socialiste. C’est pourquoi la chute du Mur de Berlin pouvait être considérée comme la fin de l’histoire de cet auteur dont les efforts ne convergeaient que vers cette révolution socialiste en ex-RDA. Par ailleurs le Mur de Berlin érigé en 1961 et détruit en 1989 n’est rien d’autre que le point culminant de la rivalité entre le régime communiste et socialiste de l’Ex-URSS et le régime capitaliste soutenu par les États-Unis et leurs alliés de l’Ouest dans la période de la Guerre Froide dans les années 50. En réalité ce mur est une référence très importante dans la vie littéraire de Müller. Il marque un repère historique dans la vie de ce dernier.

38

2.L’origine du discours sur le colonialisme et la révolution à travers

les lectures d’autres auteurs

L’écrivain Dadié s’est `beaucoup intéressé à la question concernant le colonialisme. Cet intérêt a été marqué par la lecture de plusieurs auteurs issus d’horizons divers. Mais, force est d’affirmer qu’il fut particulièment touché par les écrits des auteurs de la Négritude.

2.1 Le discours de Dadié sur le colonialisme s’inspire des pionniers de

la Négritude

Si Dadié a vécu directement le colonialisme et en a été victime, ce qui provoque en lui un sentiment de profonde révolte contre le colonialisme, il s’est également inspiré des œuvres d’autres auteurs de la Négritude

et surtout des pionniers de la Négritude tels qu’Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Léon Gontran Damas.

Mais, précisons-le déjà que cette influence des pionniers de la Négritude sur Dadié est à la faveur des temps forts de ce mouvement, c’est-à-dire autour des années 50. Autrement, avant cette période, Dadié est persuadé de n’avoirjamais été influencé par un quelconque «maître à penser». Serait-ce pour préserver son autonomie intellectuelle ou pour échapper à tout autre jugement de sa pensée; dans tous les cas, à la question de savoir quelles ont étéses préférences littéraires ainsi que les auteurs qui ont le plus touché sa sensibilité de poète, Dadié répond en toute franchiseen ces termes:

J’ai donc de 1936 à 1947 été en contact permanent avec des écrivains anciens et modernes. J’ai donc beaucoup aimé, j’ai lu beaucoup d’auteurs, mais d’aucun je n’ai éprouvé l’envie, le désir, le besoin de faire un fixe modèle… A chacun j’ai demandé des éléments pour m’enrichir, pour m’épanouir, pour être plus libre. Pourquoi? Je laisse le soin au psychologue et au philosophe de me le dire. Toutefois, il y a deux auteurs que sans faire des maîtres à penser, j’ai beaucoup lus: Victor Hugo et Guy de Maupassant. De Guy de Maupassant, j’appréciais les contes pour leur structure, leur fond, leur forme. De Victor Hugo, j’ai beaucoup aimé « Les Misérables» pour son réalisme et la philosophie morale que développe Jean Valjean. Hugo ne peut pas ne pas nous saisir tant il a brassé d’idées, tellement il voit loin et grand, tellement sa

conception de la vie est cosmique et dynamique48.

En effet, lorsque nous nous situons aux heures chaudes du combat contre le colonialisme en Afrique noire, la question d’influence est extrêmement délicate et même si elle s’avérait vraie, aucun militant de la lutte anti-colonialiste ne pouvait se permettre d’affirmer ouvertement avoir été influencé par tel ou tel auteur d’une origine différente que celle des auteurs de la lutte. Cela était vu par les autres auteurs du mouvement de la Négritude comme une haute trahison. Ni même dans la manière de s’exprimer ; il fallait attaquer directement le colonisateur pour le déstabiliser. C’est pourquoi le surréalisme en tant qu’automatisme psychique pur, à travers

39

lequel on tente de s’exprimer, soit oralement, en écrivant, ou d’une autre façon, le fonctionnement vrai de la pensée, dont a fait usage Césaire dans ses œuvres et qu’il a épousé, fut considéré comme le moyen d’expression le plus prisé par les Négritudiens pour la revendication de l’identité et de la civilisation négro-africaines.

En effet, le surréalisme, en tant que courant littéraire a été utilisé par les pionniers de la Négritude aux heures choses du combat en vue de la revendication de l’identité négro-africaine pour plusieurs raisons. D’abord, le surréalisme permet de libérer l’inconscient. Pour ce faire, il se traduit par l’écriture automatique en cherchant à éviter les contraintes de la logique et laisse donc s’exprimer la voix intérieure inconsciente. Il s’agit d’écrire ce qui vient à l’esprit, sans se préoccuper du sens. A travers cette forme d’écriture, les surréalistes et notamment ceux de la Négritude ont voulu donner une voix aux désirs profonds, refoulés par la

société49.

En plus de l’automatisme dans la libération de la pensée, le courant surréaliste utilise la méthode paranoïaque qui est « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique

et systématique »50 des combinaisons et autres allusions hors de pensée. En effet, alors que la race et la culture

noires ainsi que l’homme noir étaient réduits à la négation par le colon, les Négritudiens ont dû utiliser cette forme d’expression littéraire pour maintenir l’espèce humaine et surtout l’identité négro-africaine en vie.

Par ailleurs, le surréalisme en tant que courant littéraire, culturel et artistique du vingtième siècle a été un outil de rencontre historique et idéologique entre penseurs et écrivains européens et africains. Tandis que les derniers ayant à leur tête Aimé Césaire procèdent inlassablement à la remise en question de l’ordre colonial, à la critique des valeurs de la civilisation européenne, la réhabilitation de l’héritage culturel africain à travers ce courant littéraire, les premiers ayant à leur tête Breton, le considèrent comme un instrument en vue de dénoncer les horreurs et les barbaries de Première Guerre mondiale qui ont profondément dévasté l’Europe. Amor le dit en ces termes:

L’esprit surréaliste naît en réaction aux horreurs de la Première Guerre mondiale et selon Breton ,, ne peut être compris qu’en fonction de la guerre dont il part’’. Les principes majeurs du mouvement sont incontestablement reliés au contexte historique terrifiant de la guerre, comparable à une vision cauchemardesque. Il tend vers une révolution sociale et intellectuelle dans l’objectif d’une transformation radicale et globale de la vie contemporaine dans sa totalité par le refus et la condamnation de l’héritage civilisateur bourgeois du XIXe S., refus de l’ordre établi, de la conscience collective en place – dont les résultats apparaissent totalement néfastes et destructeurs pour l’Europe suite à la Première Guerre

mondiale51.

49 fr.wikipedia.org/…/wiki/surréalisme. Nous avons visité ce site le 05 mars 2018.

50 « La méthode paranoiaque » In La pensée dirigée: Traité sur le raisonnement et les logiques, Claire

Wagner-Rémy, Books on Demand, Norderstedt, 2016, p. 169.

51 Amor Anis Ben,, Champ de tension entre littérature africaine et surréalisme : D’Aimé Césaire à

40

En effet, la naissance d’une étroite affinité, d’une intense collaboration entre les surréalistes européens et les surréalistes africains autour des années 30 ne sont pas du tout fortuites. Elles s’expliquent par le fait que la lutte des surréalistes européens ne consistait pas seulement à dénoncer les horreurs de la Première Guerre mondiale mais également à condamner les injustices du colonialisme, l’agression coloniale et l’impérialisme. Evidemment, l’engagement d’Aimé Césaire, reconnu par Breton comme le premier des poètes africains du mouvement surréaliste a eu une très grande influence sur les futures générations du mouvement de la Négritude, à l’instar de Dadié et bien d’autres. Césaire lui-même, reconnaît cette grande influence de Breton sur lui, laquelle influence n’est pas restée sans effet sur les autres écrivains de la Négritude. Césaire le souligne en ces termes:

…Cet homme de culture, avec un sens extraordinaire pour la poésie. Il a senti la poésie, il l’a respirée, comme un genre de pollen dans l’air. Il était une sorte de détective phénoménale de la poésie, une sorte d’appareil d’autoguidage. En vérité, un grand homme (…) La rencontre de Breton était pour moi un évènement très important semblable à ma rencontre avec Senghor il y a dix ou quinze années passées. J’ai rencontré Breton à la croisée des chemins de ma vie et à partir de ce moment, ma voie a été totalement

tracée ; c’était la fin de toutes mes hésitations et de toutes mes recherches52.

En réalité, Césaire, à travers le choix de la poésie comme langage d’expression et de défense des valeurs négro-africaines pendant les premières heures de la Négritude n’était pas du tout loin de croiser le chemin des surréalistes européens. Voilà pourquoi, le « mariage » entre surréalistes européens et surréalistes africains (les représentants du mouvement de la Négritude) a vite fait de se réaliser; le langage poétique étant le langage d’amour entre ces partisans en quête pour la liberté. L’évidence de ce mariage entre ces deux protagonistes à travers le langage poétique est décrite par Claude Michel comme suit:

S’écartant du roman clair et logiquement construit au profit d’un langage moins direct mais plus approprié à leur sentiment, c’est par la poésie que Césaire, Senghor et Damas vont révéler au grand public les thèmes de la Négritude. Par-là, ils devaient inévitablement rencontrer sur leur chemin la révolte surréaliste53.

S’il est vrai que la poésie est le genre par excellence des surréalistes, plusieurs autres écrivains noirs ont emboîté le pas à leurs devanciers. Ainsi, à la faveur des rencontres du mouvement de la Négritude ainsi que les relations entretenues avec les devanciers de la lutte anticolonialiste, nous pouvons affirmer simplement que

Dadiés’est plutôt enrichi des idées de ces derniers54 et Nicole Vinciléonie exprime l’influence des précurseurs

de la Négritude sur l’engagement de Dadié contre le colonialisme:

Voir aussi http://www.edoc.hu-berlin.de/.../16921/ben-amor.pdf. Amor Anis Ben explique la genèse de la naissance du surréalisme. L’auteur de cette thèse montre l’influence du surréalisme sur le mouvement de la Négritude. Nous avons visité ce site en date du 04 octobre 2017.

52Amor, op. cit., p. 43.

53 Jen-Claude Michel, Les écrivains noirs et le surréalisme, Éditions Naaman, Sherbrooke, 1982, p. 62.

54En effet, Césaire est l’aîné de Dadié de trois (3) ans seulement (le premier est né en 1913 et le second en

1916). Ils s’inspirent des mêmes valeurs africaines mais à la différence de Césaire, Dadié a plus vécu les réalités africaines puisqu’il vit en Afrique tandis que Césaire vit en Amérique. Césaire ne s’est imprégné

41

… En 1956, Dadié participa au dialogue avec les fondateurs et les tenants de la Négritude. Il participa

également à des rencontres littéraires sur la Négritude55…

S’il est vrai que Dadié a participé au dialogue avec les fondateurs et les tenants de la Négritude ainsi qu’à d’autres rencontres sur la Négritude en 1956, tel que l’affirme Nicole Vinciléonie plus haut, il est également certain que Dadié ait assisté à la conférence des écrivains et artistes noirs, conférence organisée par Présence Africaine en 1956 au cours de laquelle Césaire a exprimé sa vision fondée sur une compréhension nouvelle qu’il a de la «race» noire, de l’Afrique, de sa spiritualité et de ses problèmes:

Le problème de la culture noire ne peut pas être présentement être posé sans que soit posé simultanément le problème du colonialisme qui a interrompu le cours de l’histoire africaine, détruit la culture, la vie sociale et l’économie africaines, qui a lavé le cerveau des Noirs de la diaspora en leur faisant croire qu’ils étaient inférieurs. Césaire perçoit à cette époque la Négritude comme un mouvement culturel et politique, relié au

nationalisme africain et à la libération des Noirs56.

Ces rencontres ont été donc des occasions d’échanges entre les différents défenseurs de la Négritude et c’est là que Dadié fit la rencontre de ses aînés entre autres d’Aimé Césaire dont il a sollicité sans nul doute l’expression verbale ainsi que des recommandations pour la suite de sa carrière littéraire. Ils se sont donc parlé et ont même échangé sur les perspectives du combat de la Négritude.

Ainsi Dadié témoigne de l’engagement d’Aimé Césaire, la preuve qu’il l’a lu et écouté et donc été profondément marqué par son engagement acharné contre le colonialisme. Césaire fait partie donc des militants de la Négritude quiestiment qu’il faut ébranler lecolonisateur en utilisant l’œuvre littéraire comme un fusil, voire un canon, comme Dadié le reconnaît à juste titre:

des réalités africaines qu’à travers son ami de lutte Sédar Senghor, lui originaire du Sénégal, de l’Afrique

noire. C’est pourquoi Barthélémy Kotchy dans La critique sociale dans l’œuvre théâtrale de Bernard

B.Dadié, op. cit. p.27, met en garde quiconque voudrait établir une dette intellectuelle de Dadié vis-à-vis

d’Aimé Césaire en ces termes : « … En effet, nous nous garderons, pour étudier l’œuvre dramatique de Dadié, de recourir par exemple à la critique des sources, c’est-à-dire celle qui nous amènerait à rechercher quelles sont les dettes de Dadié envers Molière, Brecht, ou Césaire, aussi bien au niveau de l’inspiration, qu’au niveau de l’architecture d’ensemble… Qu’il se nomme Horace, Du Bellay, Régnier, Boileau, Molière, Montesquieu, Voltaire, Hugo, Anatole France, Brecht, Césaire ou Dadié, pour tous, la satire est avant tout une mise en question de la société contemporaine à une période de crise de civilisation. Et cette satire peut porter sur des sujets plus ou moins profonds… Quand on considère l’œuvre de Dadié, on peut dire que la satire du point de vue formel n’a pas d’autonomie; elle se greffe à d’autres genres: discours politiques, poésie, contes, romans, etc. Mais du point de vue du fond, la véritable satire chez Dadié a une spécificité. Disons simplement que chez Dadié, comme chez Césaire, la satire relève d’une révolte profonde: révolte contre l’injustice, révolte contre la domination. Et, bien que cette satire qui occupe la presque totalité de l’œuvre de l’écrivain, assume diverses fonctions, chez lui c’est la politique qui est la fonction fondamentale parce qu’en Afrique, précise Césaire, tous les problèmes sont politiques. C’est surtout cet aspect qui domine son théâtre des années 1966-1974.

55 Vinciléoni Nicole, Comprendre l’œuvre de Bernard B. Dadié, p. 4.

56 Paul Yagne présente Aimé Césaire (1913-2008) et son combat au sein du mouvement de la Négritude.

Cet article a été publié sur le site http://nofi.fr/2015/02/aime-cesaire-1913-2008/1281 en date du 17 février

42

Je comprends le cas de Césaire. Césaire n’a pas été en Afrique mais, quand Césaire parle dans ses livres, il vit une situation de décolonisé, bien que Français. Les îles avaient la même situation coloniale bien que les départements. Césaire sent cela comme nous sentons la même chose en Afrique. Mais il y a des écrivains africains qui écrivent «africain» et qui effleurent ce problème-là. C’est à fleur de peau. Il faut aller dans les racines pour le traiter. Avec Césaire, on sent qu’il va en profondeur. C’est un vrai soldat. Sa

plume est une arme, un vrai fusil57.

Dadié se réfère sans doute à l’œuvre poétique de Césaire «Discours sur le colonialisme» dont la place est

primordiale dans l’ensemble de l’œuvre littéraire de ce dernier. L’on pourrait dire sans abus que cette œuvre est le résumé du combat de Césaire contre le colonialisme et son cortège de racisme, de capitalisme et d’asservissement de l’homme par l’homme. C’est en effet un pamphlet anticolonialiste à travers lequel il dénonce le caractère déshumanisant de la colonisation et s’insurge contre l’Europe ainsi que toutes les autres puissances colonisatrices. Le caractère cru de ce message, sans ambages, sans aucune retenue démontre le désir manifeste de mettre fin à cette pratique déshumanisante et de soumettre tous les instigateurs de cette pratique au jugement. C’est pourquoi, de tous les pionniers de la Négritude, Césaire a été considéré comme le plus audacieux, le plus intrépide et le plus coriace des défenseurs des valeurs négro-africaines et même de