• Aucun résultat trouvé

Biogéographie, habitat et structure des populations pédomorphiques

3.2. Matériels et Méthodes 1 Prospection

3.3.1. Site A : Lac de la Cabane (France)

Description du site

Le lac de la Cabane est situé sur la commune du Lauzet dans le département des Alpes-de-Haute-Provence en France (UTM : 32T KQ 93 19 avec KQ = 02 49 ; coordonnées : 44°24’N/006°24’E), au nord-ouest du Parc National du Mercantour et au sud de celui des Ecrins. Son altitude est de 1950 m (fig. 19 et 20).

Le lac est bordé à l’ouest par des pelouses alpines et des autres côtés par des forêts de conifères (épicéas, mélèzes et pins) sur terrain en pente. La limite

CHAPITRE 3

directement bordé de gros éboulis qui forment aussi son substrat dans cette zone qui est la plus profonde. Le fond du lac de la partie au sud-ouest est formé de blocs de grès de plus petite taille ainsi que de sédiments. Ceux-ci sont principalement constitués des déjections de troupeaux de vaches et de brebis. Les bovins ne viennent que rarement jusqu’au lac. Par contre, un troupeau de brebis couche fréquemment en fin de saison sur les pelouses à l’ouest du lac. Il n’y a pas de végétation aquatique dans le lac à l’exception d’algues.

Les seuls vertébrés occupant le lac sont, outre les tritons alpestres, quelques grenouilles rousses (Rana temporaria) et de très rares couleuvres à collier (Natrix natrix). De grands corbeaux ont été exceptionnellement observés aux abords du lac. Des promeneurs vont parfois s’y baigner en été.

Le lac présente la particularité d’être formé de deux cuvettes. La plus profonde est située au nord-est du lac et la moins profonde au sud-ouest. Le niveau d’eau varie fortement au fil des saisons. Il est à son maximum depuis le dégel (en général vers le début mai) jusqu’au mois de juillet. A cette période, le lac est alors aussi à sa superficie et son volume maximal, soit environ 0.75 ha et 25000 m3 (fig. 19 et 56). Il est long de 250 m sur environ 40 m avec un rétrécissement en son milieu, dans la zone de faible profondeur séparant les deux cuvettes. La grande cuvette est alors profonde de 7.5 m et la petite de 3.5 m. Le lac est alimenté, au niveau de la petite cuvette, par un petit ruisseau ainsi que par quelques petites sources internes. Il se déverse au sud, par un large déversoir, dans le ravin de la Cabane amenant l’eau dans la vallée de la Ubaye. De l’eau s’engouffre également dans le sol depuis une perte au fond de la petite cuvette. Au cours des mois de juillet et d’août, l’alimentation en eau du lac s’atténue, voire s’estompe, pour ne reprendre que lors des orages. Le niveau du lac s’abaisse alors progressivement. En août, le déversoir n’est plus actif et les deux cuvettes sont séparées par une zone terrestre (fig. 135, page 276). Au début de la séparation, un filet d’eau peut s’écouler en direction de la cuvette profonde. La petite cuvette n’a plus alors qu’un mètre de profondeur et la grande 5 m. Le niveau du lac va encore baisser, ne réaugmentant que légèrement suite à d’éventuels orages et ne laissant qu’un ru qui s’écoule jusqu’à la perte dans le fond de la petite cuvette, en août ou septembre (fig. 20). Le niveau du lac va continuer à baisser jusqu’en octobre. La grande cuvette n’a alors plus que 1.5 m de profondeur, voire moins les années d’intense sécheresse. Le marnage moyen est ainsi de 6 m. La superficie du lac n’est alors plus que de 0.15 ha pour un volume proche de 1500 m3. Le lac regèle vers le mois de novembre. Sa température varie avec la profondeur et le mois de l’année (fig. 30). La concentration en oxygène dissous oscille essentiellement entre 8 et 10 mg/l. Deux autres lacs sont présents à l’ouest : le lac du Milieu (2053 m) et le lac Noir (2124 m), mais aucun triton n’y a été observé. En effet, ces lacs ont été alevinés (truites et chevaines). Plusieurs mares, étangs et tourbières se trouvent également à proximité mais nous n’y avons trouvé aucun triton.

Structure de la population de tritons

BIOGÉOGRAPHIE, HABITAT ET STRUCTURE DES POPULATIONS PÉDOMORPHIQUES

alpestris alpestris et celles de T. alpestris apuanus : de gros points noirs sur un fond plutôt argenté bordant les mâchoires. Selon Breuil (1986), le génome des T. a. alpestris de cette population aurait été introgressé par des allèles de T. a. apuanus colonisateurs. En octobre 1997, comme 144 adultes avaient été marqués lors de la première session de capture (9-10 octobre) et 105 capturés à la seconde (11-12 octobre), parmi lesquels 14 étaient marqués, la taille de la population était estimée à 1023 (719 – 2166) adultes, ce qui signifie une densité de 0.7 (0.5 – 1.4) tritons / m3à cette période où le volume d’eau est minime. La densité est encore bien inférieure au printemps et au début de l’été quand le lac est totalement rempli, étant donné que le lac a alors un volume près de vingt fois supérieur.

Les pédomorphes étaient majoritaires à chacune des 8 périodes d’échantillonnage. Ils représentaient entre 73 et 85% de l’effectif total adulte (test du χ2 ; fig. 31). Le rapport des sexes en juin-juillet (période où l’échantillonnage était le plus important) était biaisé en faveur des femelles chez les pédomorphes (N = 305) (χ2 = 54.76, 1 dl, P < 0.001), mais non

χ 0.5 1.5 2.5 3.5 4.5 5.5 6.5 7.5 Profondeur (m) Juin 97 Juillet 97 Août 97 Octobre 97 Mai 98 0 4 8 12 16 20 T emp rature (ßC)

Fig. 30. Température du lac de la Cabane (site A) à différentes dates et profondeurs. Temperature of Lac de la Cabane (site A) at different depths and months.

0 20 40 60 80 100 Fr

quence relative des p

domorphes

1997 1998 1999 2000

6 7 8 10 5 10 5 10 5

Temps (mois et ann e) 210 175 293

258

332 458

374 695 534

Fig. 31. Proportion des pédomorphes au lac de la Cabane (site A) aux différentes périodes d’échantillonnage (5 : mai ; 6 : juin ; 7 : juillet ; 8 : août; 10 : octobre).

CHAPITRE 3