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Présentation du modèle biologique Le triton alpestre

2.9. Perception de l’environnement

Les tritons alpestres sont des animaux à cycle de vie complexe qui se trouvent confrontés à une grande gamme d’environnements, en particulier le milieu aquatique et le milieu terrestre. Ils présentent des capacités sensorielles diverses – dont la vision, l’olfaction et la mécanoréception – dont l’association permet leur survie dans des conditions variables (JOLY1979, MARTIN1982a,b).

2.9.1. La vue

La rétine du triton alpestre adulte comprend 79% de cônes et 21% de bâtonnets. Cette proportion laisse suggérer une utilisation préférentielle de la vue durant la journée (MÖLLER1951). Ce fait est confirmé par des expériences où HIMSTEDT (1972) a démontré que le triton alpestre pouvait faire la différence entre le gris et les couleurs de longueur d’onde suivantes : 457 nm (Bleu), 518 nm et 555 nm (vert), 584 nm (jaune) et 635 nm (rouge). De plus, les tritons montrent des changements de leur sensibilité spectrale avec la métamorphose, c’est-à- dire avec le passage à la vie terrestre. La sensibilité revient ensuite à la situation larvaire, au printemps, lorsque les adultes retournent à l’eau pour se reproduire (HIMSTEDT1973). Les tritons sont aussi capables de discerner visuellement des proies dont le contraste ne diffère du substrat que de 3% sur terre et de 4% dans l’eau (HIMSTEDT1967). Lors du comportement de cour, les tritons mâles mon- trent une préférence pour des leurres femelles au ventre rouge, la couleur du dos ayant moins d’importance. La coloration agirait ainsi comme un méca- nisme d’isolement entre les différentes espèces de tritons (HIMSTEDT1979). La vision est également utilisée pour la détection et l’approche des proies (HIMSTEDT1967, JOLY1979) et dans l’intensification locale (MARTIN1982a,b).

PRÉSENTATION DU MODELE BIOLOGIQUE : LE TRITON ALPESTRE

2.9.2. L’odorat

La perception d’une odeur nécessite le contact entre l’épithélium olfactif et la substance odorante. L’abaissement du plancher buccal crée une dépression dans la cavité buccale. Comme les mâchoires restent fermées, la dépression produit un flux inhalant des narines aux choanes. En milieu aquatique, le rejet d’eau fil- trée s’effectue en grande partie par la bouche, de façon synchrone avec le retour du plancher buccal à sa position originelle. La chambre olfactive du triton alpestre est un simple conduit élargi, un peu compliqué par la présence d’un sinus latéral. Lors de l’aspiration buccale, l’échantillon d’eau prélevé traverse la chambre olfactive en baignant l’épithélium sensoriel des gorges. Lors de situations entraînant un comportement olfactif, la fréquence des mouvements du plancher buccal augmente. Il est donc possible de détecter l’influence de l’olfaction lors de divers comportements exécutés par les tritons (JOLY 1979, JOLY & CAILLERE 1983). L’olfaction intervient dans de nombreux comporte- ments : la détection des proies et l’appréciation de leur palatabilité (JOLY1979, 1981, MARTIN 1982a,b), l’intensification locale (MARTIN1982a,b), le compor- tement de cour (ANDREONE 1990, BELVEDERE et al. 1988) et le comportement de retour au gîte (MIAUD 1993). Son effectivité a été prouvée, d’une part, en milieu aquatique en enfouissant des proies mortes dans le substrat ou en obs- truant les cavités nasales (JOLY1981) et, d’autre part, en phase terrestre en sui- vant la migration de tritons privés de repères odorants ou auxquels était donné un choix entre deux types d’eau (JOLY& MIAUD1993).

2.9.3. La mécanoréception et l’électroréception

Dans l’eau, la réception des stimulations mécaniques s’effectue grâce à des mécanorécepteurs (neuromastes) localisés sur les flancs (ligne latérale) et la tête. Ceux-ci seraient opérationnels principalement chez la larve et l’adulte aquatique. La mécanoréception est utilisée lors de l’intensification locale (MARTIN 1982a,b) et pourrait aussi l’être lors du comportement sexuel (HALLIDAY1977a).

Des organes ampulaires électro-récepteurs ont également été identifiés (FRITSCH & BOLZ 1986). Ils permettent la détection de proies dans le milieu aquatique (HIMSTEDTet al. 1982).

Box 3. Habitat and Biogeography

Aim To describe the study sites and ecological and geographical factors associated with paedomorphosis in the Alpine newt.

Methods Determination of the main habitat characteristics of the aquatic sites containing paedomorphic Alpine newt individuals. Estimation of the population size on the basis of the Petersen index using capture-marking- recapture data in the main study sites (belly tattooing).

Results Although metamorphs are common in Europe, paedomorphs were only found at the southern margin of the geographical range of the spe- cies: mainly in the Balkans and Italy. They were recorded in eighty-seven aquatic sites. No single ecological factor accounted for the presence of paedomorphs (altitude, maximum water depth, drying, aquatic vegetation, and presence of forest). Proportions of paedomorphs and metamorphs varied among sites and across years. Local extinctions were also observed and were associated with fish introductions. Population sizes varied across sites, from a few adults to twenty-six thousands.

Main conclusions Contrary to the first models of paedomorphosis, the studied habitat characteristics did not explain the occurrence of paedo- morphs in natural populations. Although they were found in favourable aquatic habitats surrounded by hostile terrestrial landscapes, they also exist in temporary waters located close to appropriate terrestrial environ- ments. These results support models predicting paedomorphosis in diffe- rent environments, but require complementary investigations on costs and benefits of the alternative ontogenetic pathway (see chapters 4 to 7). On the other hand, the southern limitation of the heterochronic phenomenon suggests a genetic basis for paedomorphosis in this species. Because pae- domorphic populations of the Alpine newt are rare and are declining glo- bally, conservation measures should be taken to assure the survival of this example of biodiversity at intraspecific level.

Key words Study sites – Habitat – Biogeography – Population size – Conservation – Decline – Europe

Chapitre 3

Biogéographie, habitat et structure