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La méthodologie anthropologie a vu de nombreux débats autour des caractéristiques de sexualisation et de celles qui permettent d'estimer l'âge du décès d'un individu.

Dans le cadre de la diagnose sexuelle, on a longtemps utilisé les caractéristiques crâno- morphologiques et métriques mais ces méthodes ont été abandonnées. Cependant, ces méthodes peuvent avoir malgré tout un intérêt si l'échantillon étudié permet de mettre en avant un référent ; ce qui n'est pas le cas pour notre échantillon de Saint-Michel à Lescar. Aucun référent n'a pu être établi en raison du faible corpus et des problèmes de datations subsistant. De plus, le taux d'erreur est supérieur à 95%.

C'est l'os coxal qui prend le pas sur ces études. En effet, l'os coxal subissant les contraintes de la reproduction est l'os le plus fiable dans le procédé d'identification sexuelle. Les premières méthodes les plus usités sont celle de Privat, Sauter (PRIVAT, SAUTER, 1955) et Phenice (PHENICE, 1969) mais dont la fiabilité a été discuté depuis47 (BRUZEK,

1996 ; BRUZEK, 2002).

Le choix méthodologique pour les sujets matures est de deux natures : morphologique et métrique. Deux méthodes ont été utilisées afin de tenter de déterminer le sexe des individus dont nous disposons :

2.1 La méthode Bruzek

La méthode Bruzek (BRUZEK, 2002) est une méthode qui se base sur les discriminations sexuelles que comporte le bassin. C'est une méthode morphologique composite. Se basant sur des critères visuels, elle est la méthode la plus adaptée à des bassins qui ne sont pas entiers puisque l'étude comporte les éléments les plus résistants du coxal. La méthode a été révisée en 2002 , elle passe de neuf critères de sexualisation que sont les formes de la grande échancrure sciatique, de la surface auriculaire, celle de l'arc composé, l'absence ou la présence du tubercule de buisson, du sillon pré-auriculaire et de la goutte post-auriculaire, la surélévation ou non de la surface auriculaire, le cristaphallica ainsi que le rapport ischion- pubis ; à cinq critères qui se basent sur ce qui est le plus discriminant entre les sexes : les formes de la grande échancrure sciatique, de la surface auriculaire, celle de l'arc composé, le cristaphallica ainsi que le rapport ischion-pubis.

La prise en compte simultanée de ces critères permet une fiabilité de l'ordre de 95% de la méthode dans la détermination sexuelle d'un individu mature. 95% de fiabilité étant le

47HENRY-GAMBIER, BRUZEK, MURAÏL, HOUËT, « Révision du sexe du squelette Magdalénien de Saint-Germain -

minimum accepté par les anthropologues.

Cependant, les résultats issus de cette méthode dépendent de l'observateur, cette méthode est donc subjective puisque les résultats peuvent varier d'un observateur à un autre selon son niveau d’expérience.

Le NMI des individus comportant des coxaux exploitables pour la méthode morphologique est de six individus : T13, T14, T10 et T10bis ainsi que le T5 et un individu non identifié spatialement de l'ensemble 2.

Nous n'avons pas effectué cette méthode sur la totalité des coxaux présent dans le carton du T14 ; malgré que les coxaux aient été bien conservés. En effet, cet individu comporte deux paires de coxaux. L'étude de l'âge ne permet pas de reconstituer les paires de coxaux48.

Il est donc impossible d'associer les paires et encore moins de savoir quels sont les coxaux appartenant à l'individu T14, la seconde paire de coxaux appartenant sans doute à un autre individu mature du charnier.

La méthode Bruzek a tout de même été mise en œuvre sur un coxal de chaque latéralisation du T14. Le résultat a été une détermination sexuelle indéterminée pour chacun des coxaux avec autant de caractéristiques féminines que de masculines. Nous n'avons donc pas, pour cet individu donné suite avec cette méthode, préférant la méthode métrique.

2.2 Le DSP (Diagnostic sexuel probability)

Le DSP (MURAIL, BRUZEK, HOUËT, CUNHA,2005, p.167-176) s'appuie sur des données métriques. Il permet parfois de fournir un résultat de diagnose sexuelle alors que la méthode Bruzek (BRUZEK, 2002) ne donne pas de résultat précis. Le DSP est un outil de diagnostic sexuelle qui est basé sur le principe de l'analyse discriminante.

L'objectif de la recherche de cette méthode était de valider l'hypothèse que toutes les populations différentes des humains modernes partagent un modèle commun de dimorphisme sexuel dans leurs os de la hanche. Des échantillons de référence de quatre zones géographiques différentes ont été étudiées : l'Europe, l'Afrique, l'Amérique du Nord et l'Asie. L'échantillon total assemble 2 040 os de la hanche non-pathologiques des individus dont l'âge connu et le sexe sont connus. Il a ensuite fallu sur les dix-sept premières mesures qui avaient été retenues garder celles qui était révélatrices d'un dimorphisme sexuel chez

48La méthode Schmitt 2005 montre que trois des coxaux appartiendraient à la tranche des 30-59 et un à la tranche 20-29

toutes les populations et qui sont donc des composants invariables.

Dix critères ont été retenus car fiables et invariables dans toutes les populations. Le DSP comporte donc dix variables dont deux sont des variables de secours. Elles sont rangées en fonction de leur pouvoir discriminant selon un ordre décroissant. Les deux variables de secours : VEAC et SIS sont représentatives des zones du coxal qui se conserve le mieux. Ces deux variables ne sont donc à utiliser que si le nombre de quatre variables discriminantes n'est pas atteint. Le but de tout cela est de garantir la fiabilité de diagnostic.

Il faut donc un nombre minimum de quatre variables pour que le tableur puisse calculer les probabilités d'appartenances au genre féminin ou masculin. Plus on a de nombres de variables, plus on a de potentialité d'obtenir une diagnose sexuelle d'au minimum 95%. Le tableur va nous donner le pourcentage de chance d'appartenir à chaque genre et se prononcer entre trois résultats que sont :

• Féminin ; • Masculin ;

• Indéterminé (si le seuil de 95% d'un genre n'est pas atteint).

C'est une méthode universelle qui permet donc de faire des observations, des comparaisons à une plus grande échelle mais surtout elle donne une norme mondiale.

Cette méthode a pu être mise en œuvre pour sept individus, elle demande une meilleure conservation de l'os coxal pour les critères les plus discriminants notamment concernant les mesures intégrants le pubis ou l'ischion. Les individus de saint-Michel ayant bénéficié de cette diagnose sexuelle sont les : T12, T13, les quatre coxaux T14, T10 et T10bis, T5 ainsi que l'individu non identifié de l'ensemble 2. Le résultat n'a pas été satisfaisant pour tous les individus en raison de l'absence fréquente des éléments les plus discriminants.

2.3 La diagnose sexuelle des immatures : état des lieux.

La non maturation des os ne permet pas de sexualiser les immatures. Des essais ont été fait dans ce sens mais sans jamais atteindre les 95% de fiabilité prérequis. Même les méthodes indirectes par analyse d’ADN ne livrent pas toujours des résultats satisfaisants (FAERMAN et al., 2002).

Des tentatives de sexualisation ont été fait à partir de la tête osseuse et de la mandibule des immatures (SCHUTKOWSKI, 1993 ; MOLLESON et al., 1998). Une des études les plus récentes est celle de Loth et Henneberg (2001) (LOTH, HENNEBERG, 2001). Pour cette dernière, le teste a été effectué à partir d'une série de référence comportant des blancs et des noirs sud-africains dont l'âge et le sexe sont connus49. La méthode se base sur

l'observation de l'évolution morphologique des mandibules afin d'en déterminer des éléments de diagnose sexuelle. Pour cette étude, ils se basent sur deux caractères mandibulaires que sont : la base de la symphyse mandibulaire (arrondie chez les filles, anguleuse chez les garçons) et la forme du corps de la mandibule (dans le prolongement du menton chez les filles et formant un angle avec le menton chez les garçons). Cependant, cette méthode n'est pas fiable sortie de sa série de référence (COQUEUGNIOT, GIACOBINI, MALERBA, 2002). En effet, cette méthode n'a été construite qu'avec dix-neuf individus immatures et une population bien particulière. Dans son cadre d'étude, le taux de probabilité était de 82%, hors de la collection, il tombe à 60%.

D'autres tentatives de sexualisation des immatures ont été tentées comme la méthode Schutkowski qui utilise les caractères discriminants de l'ilium (SCHUTKOWSKI, 1990). En effet, l'os coxal est reconnu comme l’élément du squelette le plus pertinent pour une diagnose sexuelle de l’adulte (FEREMBACH et al., 1979 ; KROGMAN, ISCAN, 1986 ; BRUZEK 2002). Il a donc été émis l'hypothèse qu'il en va de même pour les immatures. Cependant les marques de sexualisation sur le pubis ne se développent qu'à la puberté, il a donc fallu trouver un autre critère. C'est l'ilium qui a été retenu puisqu’il est le plus discriminant après le pubis.

Ces méthodes ne s'adaptent que sur certaines séries particulières ; c'est-à-dire à une population bien définie (MAJO, TILIER, BRUZEK, 1993). Ces méthodes ne sont donc pas applicables « universellement » et le seuil de fiabilité de la diagnose sexuelle hors des séries de références est très inférieur au seuil de 95%.