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Méthodologie de l'étude des pathologies des sociétés anciennes : Étude

La paléopthologie débute au XVIIIe siècle. En 1913, le terme paléopathologie est utilisé

par Sir Armand Mark Ruffer. Ce mot a pour objectif de designer « la science des maladies dont on peut démontrer l'existence sur les restes humains et animaux des temps anciens ».

La paléopathologie est une discipline qui a pour but d'observer et reconnaître les traces de maladies, d'infections, de blessures... sur les restes humains qui sont mis à disposition des paléopathologistes pour études. Cette discipline est exercée par des anthropologues spécialisés mais également par les autres pour les formes de pathologies les plus courantes comme l'arthrose, l'interprétation des fractures... Certaines pathologies peuvent passer outre le regard d'un non spécialiste de la question. En effet, la paléopathologie est une spécialité à part entière qui nécessite une très bonne connaissance de l'os et de ses variations.

Cette discipline permet de connaître l'état sanitaire d'une population, d'un individu, d'un groupe... ; « les maux dont souffre une époque » (CHARLIER, 2013).

Elle s'appuie sur diverses méthodes qui débutent par l’observation macroscopique des

56T6, T6bis ainsi qu'un immature dans l'ensemble 3.

ossements afin de percevoir les éventuelles anomalies telles que la texture (ostéomyélite...), les relations anormales entre les éléments osseux de type arthrosique, éxostose58,

périostose59, épaississement des extrémités60...

D'autres méthodes plus poussées sont utilisées par les paléopathologistes comme la radiographie61 qui peut permettre de confirmer certaines pathologies comme l'ostéoporose,

les analyses biochimiques62 ou la génétique63 qui vont permettre de détecter ce qui n'est pas

visible à l’œil nu.

C'est cette étude visuelle qui a été effectuée sur l'échantillon disponible du site de Saint- Michel. Cette méthode permet d'observer les pathologies les plus manifestes. Le but de cette approche est de tenter d'observer et de comprendre les syndromes ostéo-archéologiques.

Pour chaque individu, une observation macrovisuelle a été effectuée pour chacun des os. Puis, les pathologies ont été répertoriées par catégories : l'arthrose, les fractures, les pathologies congénitales et les infections.

La connaissance des pathologies dont souffrent les individus inhumés à Saint-Michel a une importance primordiale. En effet, par elles, on a accès à des nombreuses informations sur les maladies et donc sur l'état sanitaire d'une population précise.

5/Les caractères discrets

Les caractères dits « discrets » font l'objet, depuis la charnière XIXe-XXe siècles, de très

nombreux travaux concernant leur éventuelle signification biologique. Avec les années 80, on voit un regain d’intérêt qui porte sur les éléments qui permettent de mettre en avant des regroupements familiaux dans les ensembles sépulcraux.

La prise en compte de ses caractères discrets ainsi que le contexte (topographique, types

58Tumeur bénigne constituée de tissus osseux. Si elles sont multiples, cela se caractérise par une déformation de la

métaphyse (http://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie-medicale/exostose).

59Épaississement du périoste qui est la membrane conjonctive qui recouvre l'os.

(http://www.cnrtl.fr/definition/p%C3%A9riostose)

60Peut être naturelle ou liée à une pathologie de type rachitisme.

61La radiographie va permettre de mettre en évidence des particularités qui ne sont pas toujours visibles à l’œil nu ; le

cancer des os, l'ostéoporose, les lignes de Harris...

62Elles permettent à partir d'un petit prélèvement des restes d'effectuer des investigations de ce qui a été ingéré

volontairement ou non par l'être vivant. (http://www.hominides.com/html/dossiers/paleopathologie.php).

63 La paléogénétique se fonde sur l'analyse moléculaire grâce à l'ADN, elle s'affranchit de la nature organique ou minérale

de ce matériel d'étude et nous offre des perspectives l'identification spécifique de l'élément causal des maladies du passé. Cette spécialité a vu le jour au cours des années 1980. (http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/paleopathologie.php).

de mobiliers, parfois regroupements...) peuvent permettre de mettre en évidence des liens de parentés (CRUBEZY, SELLIER, 1999) ou d'observer les flux migratoires (ADALIAN et al, 2014).

La méthode qui a été mise en place pour l'observation des caractères discrets de l'échantillon de Saint-Michel se base sur l'étude macrovisuelle. Il a été pris en compte les variations morphologiques du crâne et du post-crâne et des dents. Nous essayerons par l'observation de ces caractères discrets de voir si des liens spatiaux peuvent être faits.

6/Les marqueurs d’activités

La paléopathologie voit à la fin des années 80 la naissance d'un courant d'étude annexe qui s’intéresse aux conséquences mécaniques sur les os d'un mouvement répété. Les traces laissées par ces mouvements sont ainsi appelées marqueurs ostéoarticulaires d'activités (MOA). Ces MOA sont visibles sur les os par les micro-traumatismes qui vont permettre le développement d'arthrose ou d'arthrose secondaire64, d'enthésopathie ou de macro-

traumatismes de type fracture, fractures de fatigue...

Cependant, la difficulté est d’identifier ces marqueurs d'activités et de les dissocier d'éventuelles pathologies sans rapport avec ces dits marqueurs.

Le but de cette étude des MOA est d'essayer de comprendre l'activité d'une société, d'un individu, leurs gestuelles.

Il est néanmoins certain que les MOA ne nous nous informent pas sur l'activité précise d'un individu ou d'un groupe d'individus, cela serait illusoire ; mais ils peuvent nous donner des renseignements précieux sur la ou les parties sollicitées ; nous permettant ainsi émettre des hypothèses.

Il est nécessaire de replacer les marqueurs ostéoarticulaires dans leurs contextes65 si la

documentation le permet. Cela peut faciliter la compréhension des liens entre la population étudiée et les marqueurs ostéoarticulaires d'activités ; néanmoins, il ne faut pas extrapoler puisque cela peut intégralement fausser le résultat du fait que plusieurs activités peuvent

64 L’arthrose secondaire sur les os longs survient souvent après une fracture. On ne le trouve généralement

pas sur la tête supérieure du membre mais plutôt au niveau des articulations se situant sous la fracture.

présenter les mêmes symptômes.

L'étude des MOA ne dispose pas à l'heure actuelle de méthodologie de base (VILOTTE, 2009). Elle s'effectue à partir de l'observation macrovisuelle. De plus, elle se base sur l'utilisation des données médicales actuelles66.

La méthode doit être reproductible à l'ensemble des populations. Certains MOA comme l'arthrose se base sur des méthodes qualitatives (VILOTTE, 2009).

Les marqueurs d'activités possèdent de nombreuses limites comme les « faux positifs » qui risquent donc de nous induire en erreur. La question primordiale dans ce type d'étude est de comprendre le lien entre l’activité et les modalités d'activité :

« Certains chercheurs considèrent qu'une marque ou un ensemble de marques permettent de déterminer la pratique probable d'une activité. D'autres, au contraire, considèrent ces « marqueurs » comme des indicateurs de différences de modalité d'activité au sein d'une population, mais sans nécessairement chercher à préciser les pratiques. La première approche apparaît plus spectaculaire mais pour conserver sa crédibilité, elle doit respecter ensemble de conditions strictes. Dutour (1992, 2000) a proposé les règles suivantes :

• Le lien entre une activité physique et ses conséquences doit être établi sur la base de références médicales actuelles ;

• Le marqueur doit être le plus spécifique possible à cette activité ; • Les hypothèses doivent être compatibles avec les données archéologiques. » (VILOTTE, 2009)

Nous avons répertorié les marqueurs d'activités par individu. Le but étant d'essayer de percevoir dans la mesure du possible et du raisonnable la catégorie sociale à laquelle il appartient.