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Un second essai d’agrégation des CAP dans le cadre d’une décision publique Comme cela a été fait dans le chapitre 2, on présente dans le tableau 38 une estimation

Les principaux résultats économétriques

2.4. Un second essai d’agrégation des CAP dans le cadre d’une décision publique Comme cela a été fait dans le chapitre 2, on présente dans le tableau 38 une estimation

du bénéfice collectif attendu de l’implantation des réserves du point de vue de la population touristique, bénéfice calculé sur la base des seuls CAP moyens prédits pour les régimes 1 et 2. On rappelle que, pour les motifs déjà avancés, cette évaluation doit être considérée comme une indication, et pas comme une valeur définitive accordée aux réserves. On rappelle, en outre, que la population touristique en cœur de saison susceptible d’être concernée par la taxe et le ticket a été estimée respectivement à 247343 et 340200 individus.

Tableau 38- Extrapolation des CAP moyens à l’échelle de la population touristique du golfe

Taxe Ticket

CAP Participants déclarés 4 748 985.6€ 5 143 824€

CAP Non-Particioants déclarés 3 462 802€ 4 398 786€

Le consentement total à financer la création des réserves naturelles se situerait dans une fourchette de 3.5 - 5 millions d’euros, lorsqu’on retient le scénario Taxe. Quant au ticket, le bénéfice serait compris entre 4 – 5 millions d’euros.

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Cette section avait pour objectif de détecter et, si nécessaire, de corriger les biais de sélection susceptibles de biaiser l’estimation économétrique du CAP. Selon les informations dont on dispose, la majorité des travaux portant sur l’évaluation contingente des biens hors marchés s’est jusque-là limitée à traiter du biais de sélection émanant du seul choix des agents de donner un CAP positif ou nul, ignorant la possibilité que des variables explicatives du CAP en soit une source potentielle. Dans ce chapitre, contrairement à ces travaux, on a tenu compte de cette éventualité. Après avoir montré que l’intention des sondés de soutenir financièrement toute action visant à protéger la nature explique en partie leur CAP pour une action précise, en l’occurrence la création de réserves naturelles, on a ensuite supposé qu’une telle intention est endogènement déterminée. Partant de cette hypothèse, on a réparti les agents en deux groupes: Participants déclarés (ceux qui tiennent pour très probable/probable leur soutien financier aux programmes de protection de la nature en général) et Non-Participants déclarés (ceux estimant peu probable ou pas du tout probable un tel soutien). Chaque groupe d’enquêtés s’est vu offrir une carte de paiement contenant des montants parmi lesquels il signale son CAP. A l’instar de la majorité des praticiens de la MEC, on a supposé que les montants soulignés sont issus d’un processus de sélection non aléatoire. Ainsi, chaque sujet a dû prendre deux décisions : celle de se déclarer Participant ou Non-Participant, d’une part, et celle de cocher un montant positif ou nul, d’autre part. Privilégiant l’indépendance de ces deux décisions, on a retenu l’approche classique en deux étapes d’Heckman où deux inverses de ratios de Mills correspondant aux deux décisions pré-citées sont introduits dans la fonction de CAP lors de la deuxième étape d’estimation, afin de détecter et, si nécessaire, corriger les biais de sélection.

Les résultats économétriques obtenus ont montré que la décision des répondants de se déclarer Participants ou Non-Participants est bien endogène à leur CAP pour les réserves. Ce qui confirme la pertinence de l’approche adoptée ici. De plus, ils ont mis en évidence un biais de sélection associé à la décision des touristes d’accepter de donner un montant positif ou nul. Enfin, ils ont prouvé que la prise en compte des biais de sélection engendre des modifications au niveau des paramètres estimés en termes de significativité et/ou de valeur, influençant ainsi de manière non négligeable, en particulier pour la taxe, les moyennes des CAP prédits.

En termes de facteurs explicatifs des CAP, les résultats valident la plupart de ceux déjà établis dans la littérature. Par exemple, on a pu démontrer le rôle des caractéristiques socio-économiques, comme le revenu, dans l’explication du CAP. Cependant, si, pour le ticket, les

modèles de régression ont établi un lien positif entre les montants indiqués et cette variable, cela n’a pas été le cas pour la taxe où cet élément s’est révélé non significatif, et ce, malgré les tentatives effectuées pour en apprécier l’impact93. On ne sait pas vraiment à quoi attribuer ce fait, vu que, dans le chapitre 2, avec ce format de paiement, la contrainte budgétaire avait une influence significative sur la disposition à payer des touristes enquêtés sur sites urbains. Peut-être aurait-on obtenu un résultat différent, si on avait maintenu la répartition des échantillons selon la localisation «urbaine» et «nature» des enquêtes. Mais cette segmentation n’aurait suscité aucun intérêt sur le plan statistique car elle aurait donné lieu à des sous-échantillons de petite taille (30 observations voire moins pour certains). Par conséquent, la création et l’introduction de la variable indicatrice binaire « VILLE » dans la fonction de CAP est, à notre sens, la meilleure option pour remédier à ce problème de taille des observations.

Mis à part la question de la répartition des données selon la localisation géographique de l’enquête, on rappelle que la non significativité du revenu peut être due à plusieurs facteurs. Dans le cadre de ce chapitre, pour expliquer ce phénomène, on privilégie les deux hypothèses selon lesquelles les montants annoncés par les touristes sont à leurs yeux trop faibles pour être pris en compte dans leur budget-vacance, ou que les enquêtés procéderaient à un réajustement de ce budget pour dégager des euros supplémentaires, s’ils devaient réellement payer pour les nouvelles réserves.

93 Plusieurs types de regroupements des classes de revenu et création d’une variable continue à partir des centres des intervalles.

Conclusion

Dans ce chapitre, on a réestimé les CAP des touristes pour les réserves naturelles, en tenant compte du la nature endogène d’une variable explicative du CAP. Les différents CAP moyens obtenus ne sont toutefois pas comparables à ceux calculés dans le chapitre 2 puisqu’il n’a pas été possible ici de répartir les individus en sous-groupes indépendants suivant les sites d’interview, comme cela a été effectué dans le chapitre pré-cité. Même si toute comparaison est impossible, on peut affirmer que les touristes ont bien une disponibilité à payer pour les réserves naturelles. Ainsi, en considérant uniquement les échantillons d’individus payeurs, sur la base des CAP moyens enregistrés dans les chapitres 2 et 3, on peut affirmer que la valeur moyenne accordée aux réserves se situerait entre €13.53 - €19.20 avec la taxe et entre 13.90€ - €15.12 avec le ticket. Le bénéfice collectif serait donc de 3.35 – 4.75 millions d’euros par l’intermédiaire de la taxe, et 4.72 – 5.14 millions d’euros via le ticket.

CHAPITRE IV