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Chapitre 4 : Méthodologie

4.3 La sélection des participants à l’étude

Dans cette partie sont abordés la population à l’étude, l’échantillonnage, les critères de sélection et les stratégies de recrutement.

4.3.1 Populaton à l’étude et échantillon

Selon la méthodologie qualitative, les participants sont sélectionnés en fonction de leurs connaissances et de leurs expériences au regard de l’objet d’étude : « Les sources d’information sont choisies en fonction de leur capacité anticipée de témoigner de façon intéressante et pertinente de l’objet d’étude; ... » (Turcotte, 2000, p. 59). Dès lors, on s’entend qu’on ne peut parler d’échantillon statistiquement représentatif de l’ensemble de la

population (Ouellet & Saint-Jacques, 2000) et donc de généralisation des résultats comme il est coutume dans les recherches quantitatives.

Notre population d’étude est constituée par les personnes qui étaient les mieux à même de nous renseigner sur les déterminants du recours ou non-recours à l’accouchement assisté par les nomades. Il s’agit donc essentiellement des femmes nomades vivant dans leurs campements. Les campements nomades peuvent être définis comme des regroupements de deux à plusieurs familles autour d’un chef généralement l’ainé ou « Amghar-N’amazagh » et qui se déplacent ensemble. Nous avons choisi les Tamacheks parce que plus nombreux dans la commune de Gossi, mais aussi en raison de notre maîtrise de la langue ce qui a facilité la réalisation des entrevues et l’analyse des données. Cela nous a permis d’éviter de recourir aux services d’un traducteur minimisant ainsi d’autres biais, même s’il a fallu quand même traduire en français et retranscrire les données recueillies. En effet, cela ne garantit donc pas totalement la fidélité de la traduction faite dans la mesure où certains mots n’ont pas toujours leur équivalence dans l’une ou l’autre des deux langues.

Pour ce qui est de l’échantillonnage, il peut être défini comme l’ensemble des décisions sous-jacentes au choix de l’échantillon qui au sens large vise à constituer le corpus empirique d’une recherche (Pires, 1997b). Dans les études de type qualitatif, il convient de rappeler que le principe d’échantillonnage ne provient pas de règles techniques faisant appel à des théories statistiques, mais plutôt de l’adéquation pertinente entre l’objet de recherche et le corpus empirique (Pires, 1997 b).

Pour notre travail, un mélange de techniques d’échantillonnage raisonné et de commodité a été utilisé pour le choix de l’échantillon. C’est ainsi que trois enjeux nous ont guidés pour ce choix, à savoir la saturation, la diversification et l’éthique (Savoie-Zajc, 2007). L’éthique sera abordée dans la partie « considérations éthiques » pour éviter des répétitions. Les principes de saturation et de diversification appliqués pour la constitution de l’échantillon dans le cadre de la présente étude visent à assurer que les données recueillies regroupent une variété d’expériences (Ouellet & Saint-Jacques, 2000; Pires, 1997a) pouvant être vécues pendant le recours ou non à l’accouchement assisté par les femmes nomades.

Pour ce qui est de la taille de l’échantillon, elle varie plus souvent selon ce que l’on veut savoir, l’objet de la recherche, son enjeu, ce qui sera utile, ce qui aura de la crédibilité, ce qui sera fait avec le temps et les ressources disponibles (Mayer & Ouellet, 2000). Pour Green et Thorogood (2009), l’expérience du chercheur peut également influencer sur cette taille de l’échantillon alors que pour Pirès (1997), ce n’est pas la taille de l’échantillon qui importe, mais sa qualité. C’est ainsi que Mason (2010), en analysant plusieurs thèses de doctorat ayant utilisé la méthode qualitative, a trouvé qu’elle était en moyenne de 31 participants. Certains auteurs recommandent un nombre de 30 à 60 (Bernard & Bernard, 2012), tandis que d’autres préconisent un minimum de 15 dans les recherches qualitatives (Bertaux, 1981).

Pour notre travail, c’est le critère de saturation empirique qui nous a guidés pour déterminer la taille de l’échantillon. On dit qu’il y a saturation empirique lorsque le chercheur constate une redondance dans les propos des personnes qu’il interroge ou dans le matériel dont il prend connaissance (Ouellet, & Saint-Jacques, 2000). Ceci fait qu’il nous était difficile de savoir à l’avance combien d’entrevues il nous fallait réaliser et le temps que prendrait la collecte des données. Aussi, l’on ne peut être assuré d’avoir atteint cette saturation que lorsque les informateurs ont été consciemment diversifiés (Pires, 1997a). Par principe de diversification, il est entendu le critère de sélection des participants qui permet d’obtenir plusieurs points de vue sur les mêmes questions, soit à l’intérieur d’un même groupe ou entre plusieurs groupes (Pires, 1997a). C’est pourquoi cette diversification a guidé également notre échantillonnage en y incluant des femmes de tous les âges, avec des parités variables, ayant accouché ou non dans les services de santé et dont les campements sont à différentes distances du centre de santé. Elle a ainsi permis l’expression de divers points de vue sur les déterminants du recours à l’accouchement assisté dans des situations variées.

4.3.2 Critères d’inclusion et stratégies de recrutement

Pour les femmes nomades, la sélection a été basée sur un certain nombre de critères d’inclusion. Il leur fallait : 1) être âgée de 18 ans et plus; 2) avoir accouché au cours des trois mois précédant notre collecte pour minimiser les biais de mémoire; 3) être disponible pour participer à l’étude; et 4) parler le tamachek ou le français.

Concernant les stratégies de recrutement, au cours d’une phase préparatoire, nous avons eu un premier séjour sur le terrain de recherche d’environ un mois. Il nous a permis d’expliquer notre projet aux conseillers communaux, aux chefs de poste médicaux, au sous- préfet et à certains chefs de fractions nomades pour faire passer l’information auprès des campements nomades. Le fait de passer cette information était aussi pour minimiser les risques sécuritaires pour que les groupes armés l’entendent et comprennent que nous ne sommes pas venus pour les espionner. Pour cela, nous les avons directement rencontrés. Nous avons aussi obtenu des informations sur les déplacements et la position de ces campements nomades sur l’espace communal. Puis, au cours d’un deuxième séjour d’environ deux mois, nous avons réalisé huit sorties dans les quatre points cardinaux de quatre à sept jours chacune pour rejoindre ces campements dans leurs zones de pâturages. Après chaque sortie, nous revenions à Gossi pour prendre nos provisions et faire le point sur les données collectées. Compte tenu de nos moyens financiers limités et des conditions sécuritaires, nous nous sommes limités à un rayon d’environ 80 km de Gossi. Une fois dans le campement, nous nous adressions d’abord au chef du campement pour nous présenter, expliquer nos objectifs et demander s’il y avait des femmes qui avaient accouché durant les trois derniers mois. Lorsqu’une femme était identifiée, nous nous installions près du campement et l’assistante recrutée prenait contact avec la femme pour lui expliquer nos objectifs, vérifier si elle répondait aux critères d’inclusion et lui demander son autorisation pour conduire l’entrevue. Nous n’avons enregistré aucun cas de refus. Les dilemmes éthiques en lien avec cette acceptation seront discutés.