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Partie 5 : Études empiriques

2. Méthodologie employée et validations proposées

3.2. Sélection des données

Dans le but d’obtenir les résultats les plus fiables possibles, certaines anecdotes et leur

contexte d’énonciation ont été supprimés du corpus d’analyse lorsqu’elles ne répondaient pas à la définition du cadre de la pratique anecdotale. Ainsi, seules les interactions durant lesquelles

l’émetteur souhaitait transmettre quelque chose au récepteur en s’appuyant sur son expérience personnelle pour aider l’autre à affronter des situations potentielles risquées, ont été retenues. Deux types de situations ont été écartés :

 Lorsque aucun épisode déclencheur n’était survenu ; par exemple quand l’objectif était d’anticiper une situation connue (examen)

 Lorsque l’épisode remarquable n’était pas de nature directement expérientielle ; par exemple quand il est survenu à un autre individu que l’émetteur.

Ce dernier point mérite d’être précisé ; ce choix initial d’être très sélectif dans les données a permis de valider un modèle spécifique d’interaction comprenant un type particulier de récit expérientiel (anecdote). Toutefois il existe d’autres interactions basées sur des récits expérientiels qui ne

sont pas des anecdotes comme les war stories. Dans ces cas là l’épisode ne relate pas l’expérience de

quelqu’un résolvant un problème, mais l’expérience de quelqu’un qui a écouté puis analysé l’épisode de l’expérience de quelqu’un d’autre : le contenu est alors nécessairement différent :

 D’une part parce que les deux individus concernés ont une proximité différente avec l’épisode, ce qui implique une mise à distance et une adhésion au contenu variables,

 D’autre part parce que celui qui a vécu l’épisode y associe plus de détails (émotion, étapes de résolution du problème, construction de nouvelles ressources).

Un récit expérientiel proposé au novice par quelqu’un qui n’a pas vécu l’épisode est donc a priori moins « riche » en informations que les anecdotes. Pour cette raison, il a donc été décidé

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Ces données ont ensuite été indexées et regroupées par ensemble anecdotal, c'est-à-dire par regroupement plus ou moins complet d’anecdotes et des entretiens correspondants. En effet, il a

été possible dans certains cas de recueillir l’anecdote puis de réaliser des entretiens avec les deux interlocuteurs tour à tour : l’ensemble anecdotal est alors considéré comme complet (anecdote + entretien avec l’émetteur + entretien avec le récepteur). Dans d’autres cas, l’anecdote en situation, l’un ou les deux entretiens n’ont pu être enregistrés : dans ce cas l’ensemble anecdotal n’est pas considéré comme complet. (cf. Figure 6).

anecdote in situ entretien émetteur entretien récepteur Ensembles anecdotaux (effectifs)

A oui oui oui 15

B non oui oui 4

C oui non oui 2

D oui oui non 3

E oui non non 18

F non oui non 3

G non non oui 1

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3.3. Analyse des données

Les ensembles anecdotaux ont ensuite été transcrits et plusieurs opérations de traitement de données ont été réalisées :

 Sélection des verbatim dans les transcriptions : il s’agissait d’isoler d’une part les propos relatifs à la pratique anecdotale elle-même, et d’autre part les savoirs énoncés

ayant un lien avec l’anecdote racontée. Les autres éléments n’ont pas été sélectionnés.

 Reformulation des savoirs : chaque savoir a été reformulé en termes plus usuels (exemple : « Quand vous faites une navigation à l’estime, c’est pas facile… c’est pas évident quand il n’y a pas de chrono » devient « On peut difficilement faire une mission de navigation avec la méthode dite à l’estime sans chronomètre »).

 Éliminations des redondances éventuelles : les savoirs d’un même locuteur énonçant une même information dans la même situation d’énonciation étaient comptabilisés comme une seule unité de sens. (exemple : « Au fur et à mesure que vous allez progresser techniquement parlant : qu’est-ce qui va se passer ? Vous aurez de moins en moins recours à l’évitement. » est équivalent à « Vous allez prendre de plus en plus d’aisance. Donc des évitements, vous allez en faire de moins en moins »).

 Identification et décompte des savoirs par locuteur et par situation d’énonciation.  Identification des savoirs ayant un sens identique: pour un même ensemble

anecdotal, les savoirs énoncés in situ et en entretien avec le récepteur ont été

comparés afin de repérer ceux qui avaient été reformulés par le récepteur. (exemple : l’instructeur dit in situ: « Vous allez prendre de plus en plus d’aisance. Donc des évitements, vous allez en faire de moins en moins. » est équivalent à ce que dit l’élève en entretien : « Ce qu’il a voulu dire, c’est qu’à la fois, on se diminue des marges plus on a de l’expérience, et que les manœuvres d’urgence sont de moins en moins fréquentes. »).

 Indexation et catégorisation des savoirs par niveau, puis par type : analytique, opératif et réflexif, un savoir pouvant être intégré à plusieurs niveaux simultanément si on estime qu’il fait sens dans ces deux niveaux (cf. Figure 7).

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Verbatim Niveau Type

« Il a bien expliqué que le risque, non seulement c’était de sortir du domaine de vol, mais en plus de rentrer en collision avec quelqu’un qui était à côté. ».

Analytique Conséquence de la difficulté

« Mais en fait, la vraie réponse c’est quoi ? C’est que, dans le

doute, toujours tenir sa place sur son leader » Opératif Règle d’action « Il faut revenir à ce que l’on sait. » Réflexif Métaconnaissance

Figure 7 : Catégorisation des savoirs par niveau puis par type

Un traitement statistique a ensuite été réalisé afin de renseigner l’axe 2. Ce traitement a permis d’étudier la proportion de reformulation selon le niveau des savoirs énoncés, et a participé à la construction d’un profil type de l’anecdote en déterminant par exemple le nombre de savoirs qu’on pouvait lui associer en moyenne. Un traitement qualitatif a ensuite été réalisé sur l’ensemble des savoirs identifiés compte tenu des points de vue émis sur la pratique anecdotale lors des

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4.1. Axe 1 : Comment fonctionne la pratique anecdotale ?