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Chapitre II: Biodiversité fonctionnelle de l’entomofaune inventoriée dans les agro-écosystèmes céréaliers

2. Analyse synécologique des communautés et de leurs variations spatio-temporelles

2.2.1. Richesse spécifique et effectifs totaux

Les résultats des Figures 8 et 9 indiquent que le stade épiaison est le plus touché par les insectes, soit en effectif, soit en nombre d’espèce durant les trois années d’étude, pour toutes les cultures étudiées, et même pour la somme totale des données sur les céréales durant ces trois années avec 251 espèces et 21.288 individus. Nous notons le cas exceptionnel de la culture d’orge en 2014 où le stade montaison avec 1105 individus est plus dominant en l’effectif que le stade épiaison de

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1000 individus. Malgré que la présence de 111 espèces en épiaison à l’opposé de 78 espèces en montaison (Fig. 8 C et 9 C).

Différentes espèces de plantes hôtes peuvent différer dans leur structure chimique et morphologique. Ainsi, la sélection pourrait agir dans des directions opposées entre les populations d'insectes se nourrissant d'espèces hôtes différentes, favorisant des valeurs de trait opposées sur des hôtes différents (Matsubayashi & al., 2010).

La culture de blé dur est la plus touchée par les insectes en espèce et en effectif durant le stade épiaison pour les trois années 2014, 2013 et 2012 respectivement, avec (180 espèces ; 3955 individus), (138 espèces ; 8559 individus) et (103 espèces ; 1319 individus) (Fig. 8 A et 9 A). Nous signalons que le stade montaison de cette culture en 2013 partage le même nombre d’espèces de 138 avec le stade épiaison de la même année et avec le stade montaison de 2014, mais une grande différence au niveau des effectifs de ce stade durant l’année 2013 avec 4075 individus et 3151 individus en 2014 (Fig. 8 A et 9 A).

Les changements de température et d'humidité peuvent influencer indirectement les insectes en modifiant le métabolisme et la physiologie des plantes hôtes (Netherer & Schopf, 2010).

Régnière & al. (2012) affirment que non seulement le seuil de température élevé est responsable de ces variations, mais la température froide joue un rôle important dans les propriétés intrinsèques des espèces d'insectes.

Le stade épiaison reste toujours le stade le plus peuplé par les insectes sur le blé tendre durant les années 2012, 2013 et 2014 respectivement avec une richesse totale de 36 ; 58 et 125 espèces, aussi en effectifs avec 539 ; 3197 et 2122 individus (Fig. 8 B et 9 B). Pour le blé tendre et durant chaque année d’étude seule et l’ensemble des céréales, le stade montaison occupe la 2ième position en nombre d’espèces et en effectifs après le stade épiaison. Nous observons que le blé tendre en l’année 2014 est riche en espèces (108) et en l’année 2013 est plus abondant en individus (3197) (Fig. 8 B, D et 9 B).Sur l’orge en 2013, nous trouvons une exception, le stade maturation avec 33 espèces et 468 individus est classé après l’épiaison avec 40 espèces et 597 individus et la montaison est en 3ième position avec 29 espèces et 295 individus (Fig. 8 C et 9 C).

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A)

C)

Figure 8 : Richesse totale (S) des esp des 3 années pour les céréales dans le

A)

es espèces recensées selon les stades phénologiques par cult ans les Hautes plaines. A) Blé dur ; B) Blé tendre ; C) Orge

B)

D)

spèces recensées selon les stades phénologiques par culture, les dans les Hautes plaines.A) Blé dur ; B) Blé tendre ; C) O

ar culture, par année et la somme Orge ; D) Céréales.

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D’après ces résultats du stade épiaison, nous révélons que l’année 2014 est la plus accueillante par les espèces et l’année 2013 est la plus fréquente en nombre d’individus. Alors que 2012 est la moins abondante en espèces et en effectifs, car l’échantillonnage durant cette dernière année est limité au niveau de micro-parcelles, méthodes d’échantillonnage et zone d’étude. Cette richesse durant le stade épiaison (mois de mai) serait en relation avec le grand développement des plantes à fleurs (spontanées, adventices et mêmes des cultures) au cours de ce stade, ce qui favoriserait la présence surtout des insectes des Hyménoptères et des Diptères qui sont attirés par les fleurs.

La composition floristique et la structure de la végétation sont les facteurs environnementaux qui aident à l’explication de la biodiversité et les schémas de répartition des véritables assemblages d'insectes, ainsi que la distribution de leurs sources d'alimentation (Bröring & Wiegleb, 2005). De plus, Barrett (2001) rajoute que certaines plantes n’offrent pourtant aucune nourriture aux pollinisateurs qui s’y posent, mais elles imitent diverses caractéristiques tels que la couleur, la texture, le parfum et la forme d’espèces florissant dans le voisinage et sécrétant beaucoup de nectar, les insectes, incapables de les distinguer, pollinisent les deux.

Le stade fin-tallage est le moins fréquent en espèce et leurs individus par rapport au stade maturation, sauf dans le cas de la culture de blé dur en 2012, nous enregistrons que la fin-tallage avec 79 espèces et 684 individus est la plus abondante que la maturation avec 30 espèces et 194 individus, et même la montaison avec 56 espèces et 544 individus. En 2014 et pour cette même culture, l’effectif en stade fin-tallage était de 693 individus est plus élevé qu'en maturation avec 658 individus (Fig. 8 A et 9 A). Nous signalons durant le stade fin-tallage, une absence totale d’insectes sur la culture de blé tendre en 2012, et la présence d’une seule espèce (Aplocnemus nigricornis) avec 9 individus sur la culture d’orge en 2013 (Fig. 8 B, C et 9 B, C).

Le modèle de distribution actuel de la plupart des espèces d'insectes est un effet du climat. Le phénomène peut être observé en particulier sur les limites de l'aire de répartition où la température est un facteur limitant principal (Ayres & Lombardero, 2000). Lorsque les températures sont trop basses ou trop hautes, la fécondité et la durée de vie des individus sont fortement réduites. Il semble qu’une température de 20 °C, représente un optimum pour beaucoup d’espèces, alors que des températures comprises entre 30 et 35 °C sont létales pour la majorité des espèces (Robert, 1982).

Kellil (2011) enregistre que c’est le stade tallage qui occupe la première place en nombre d’espèces, et la culture de blé tendre positionne le 1er rang durant ce stade avec 217 espèces, suivie par l’orge et le blé dur avec 192 et 171 espèces respectivement. Pour les trois autres stades, montaison, épiaison et maturation respectivement, c’est la culture de blé tendre qui est la plus

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dominante en espèces durant ces trois stades avec 103 ; 113 et 106 espèces comparativement avec le blé dur (70 ; 77 et 71 espèces) et l’orge (76 ; 78 et 86 espèces).

Pour faire une comparaison entre ces résultats et nos résultats, nous notons que Kellil (2011) a réalisé l’échantillonnage durant tout le stade tallage (début, moyen et fin-tallage).C’est pour cette raison que la richesse spécifique durant ce stade est plus élevée que le notre. Car dans notre cas, nous avons effectué l’échantillonnage seulement durant la fin-tallage, mais nous signalons que le stade fin-tallage sur le blé dur en 2014 (180 espèces) est riche en espèces que le stade tallage sur le blé dur (171 espèces) dans l’étude de Kellil (2011).

La comparaison avec les données de Kellil (2011) révèle que les stades (montaison, épiaison et maturation) sont plus riches en espèces sur le blé dur en 2013 et 2014 que le blé dur. Cependant seulement ces deux premièrs stades sont fréquents en espèces sur le blé tendre et l’orge en 2014 par rapport à ces mêmes deux cultures de Kellil (2011). En revanche, le nombre d’espèces durant ces trois stades et sur les cultures de blé tendre (2012 et 2013) et l’orge (2013) est faible comparé aux données de ces deux cultures citées par ce même auteur.

Les perturbations abiotiques, en particulier les effets thermiques supérieurs et inférieurs, contrôlent la multiplication des insectes, les diapauses, l'émergence, le vol et le taux de dispersion (Yamamura & Kiritani, 1998). Le climat lui-même agit comme facteur dépendant de la densité durant l’hiver en éliminant des individus qui n’ont pas réussi à trouver des sites d’hivernage favorables et qui sont plus nombreux lorsque la population est plus importante (Dajoz, 2003).

Nous constatons que la richesse totale en espèces suivant les cultures et les années a montré que les trois cultures blé dur, blé tendre et orge durant l’année 2014 abritent le peuplement le plus riche et le plus diversifié pendant les différents stades phénologiques étudiés. Ainsi, nous notons que le stade fin-tallage du blé dur en 2012 occupe la première place en nombre d’espèces par rapport à ce même stade sur les autres cultures. Pour le stade maturation est classé en première position selon le nombre d’espèces et d’effectifs sur le blé dur respectivement en 2014 et 2013 avec 84 espèces et 989 individus par rapport à ce même stade sur les autres cultures (Fig. 8 A et 9 A). En effet, la culture de blé tendre en l’année 2012 est classée comme la culture la moins abondante durant les quatre stades phénologiques en nombre d’espèces et en effectifs (Fig. 8 B et 9 B).

Pour rendre compte de la diversité des insectes et leurs rôles, il nous faut connaître les différentes variations numériques dans le temps et dans l’espace (Benkhelil, 1991). L’influence de la température sur la vie d’un insecte se traduit par un diagramme appellé échelle thermo-biologique (Fleurat-Lessard & le Torc'h, 2000). Vannier (1987) in Fleurat-Lessard & le Torc'h (2000) a défini un optimum thermique qui correspond à la gamme des températures où les fonctions physiologiques sont assurées normalement. Mais, les insectes restent toujours des organismes adaptatifs, puissants

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et rapides en pullulation avec un taux de fécondité élevé et un cycle de vie court (Khaliq & al., 2014), aussi leur résistance ont permis leur adaptation à divers climats et le maintien de leur propre biodiversité (Farha-Rehman & al., 2010).

Une grande distinction signalée entre le nombre d’espèces et leur effectif sur chaque culture dans chaque stade phénologique et chaque année d’étude. Cela serait dû à la diversité et le nombre des variétés étudiées pour chaque culture et durant les années 2012, 2013 et 2014, ainsi aux conditions environnementales durant chaque stade, car les températures moyennes et les précipitations sont variables durant un stade phénologique à un autre, durant une année à une autre.

Nous pouvons justifier cela par le fait que l’installation des peuplements sur une culture demande beaucoup de facteurs à la fois, comme le choix du stade de développement de la plante hôte qui coïncide avec le développement de l’insecte, et aussi la présence de leurs espèces antagonistes sur cette plante.

La sélection est écologique lorsqu'elle découle de l'interaction d'individus avec leur environnement lors de l'acquisition de ressources ou de l'interaction d'individus avec d'autres organismes dans leur tentative d'obtenir des ressources, le cas de la concurrence (Matsubayashi &

al., 2010). D’un autre coté, les différences de concentrations en métabolites secondaires de défense, chez des populations de plantes sauvages ou pour certains cultivars de plantes domestiquées, peuvent influencer l'abondance des insectes phytophages et, par conséquent, indirectement l’abondance de leurs ennemis naturels (Bukovinszky & al., 2008).