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Chapitre II: Biodiversité fonctionnelle de l’entomofaune inventoriée dans les agro-écosystèmes céréaliers

1.3. Détermination du statut trophique de l’inventaire global

1.3.2. Détermination des statuts trophiques suivant les ordres

Dans cet élément (Tab. 23), nous donnons l’importance aux ordres qui englobent une grande diversité des statuts trophiques, avec des taux enregistrés pour chaque catégorie. Aussi, présenter une idée sur l’existence des taxons indicateurs de la diversité de nos espèces dans les agro-écosystèmes céréaliers étudiés. Bhargava (2009) dénote que les bio-indicateurs sont des organismes

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utilisés pour caractériser la santé des écosystèmes. L’un des principaux objectifs de la recherche sur les bio-indicateurs est d’identifier des espèces ou d’autres unités taxonomiques qui indiquent de manière fiable les perturbations de l’environnement et reflètent les réactions d’autres espèces ou de la biodiversité en général.

D’après les Tableaux 20 et 23, l’ordre des Coléoptères est le plus riche en espèces, il occupe la première place suivant le nombre et les taux d’espèces des quatre catégories trophiques respectivement, coprophages (1 espèce, 100 %), prédateurs (20 espèces, 54,05 %), nécrophages (6 espèces, 46,15 %) et phytophages (61espèces, 35,88 %).

Les Coléoptères ne sont pas seulement riches en espèces, mais aussi ils sont extrêmement riches en ce qui concerne la diversité de la taille, la forme, et des stratégies écologiques (Sorensson, 1997). La composition des Coléoptères dans chaque environnement varie en fonction des besoins, du niveau trophique et du comportement de chaque groupe (Nouhuys, 2005). La présence et l’état des Coléoptères fournissent des informations plus précises sur la santé de l'écosystème, car leur comportement est directement lié à la modification du paysage induite par l'homme, sous la forme de champs agricoles, de plantations et d'urbanisation (Bhargava, 2009). Les insectes de cet ordre jouent un rôle important dans la décomposition, le cycle des éléments nutritifs, la pollinisation, la dispersion des graines (Costa, 2000) et le contrôle des autres populations animales (Gilliott, 1995 ; Costa, 2000 ; Müller & al., 2008 ; Gullan & Cranston, 2010 ).

Nous notons également l’ordre des Diptères qui enregistre aussi la présence des quatre statuts, le taux le plus élevé est noté par les omnivores (28 espèces, 43,08 %) par rapport aux Coléoptères (21 espèces, 32,31 %), et ainsi les nécrophages (5 espèces, 38,46 %) et les prédateurs (8 espèces, 21,62 %) marquent la deuxième position après les Coléoptères (Tab.20 et 23). Ainsi, les phytophages dans cet ordre sont présentes avec (19 espèces, 11,18 %), mais la majorité de ces espèces sont des floricoles. Nous pouvons dire que la plupart des espèces de Diptères sont des visiteurs de plantes malgré qu’elles ne soient pas de vraies espèces phytophages, car même les omnivores, les prédateurs et les nécrophages réalisent ce genre de visites, mais ces visites existent pour plusieurs raisons.

La principale raison de ces visites étant la nourriture, parce que le nectar constitue une bonne source d'énergie et les protéines de pollen sont essentielles à la reproduction d'au moins certaines espèces de mouches. Les fleurs peuvent aussi fournir des sites de rendez-vous spécifiques aux espèces pour l'accouplement (Kearns, 2002 ; Kevan, 2002). De plus, certaines mouches des fleurs appartiennent aux groupes des Diptères, elles jouent un double rôle dans les agro-écosystèmes, en

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tant que pollinisatrices et agents de lutte biologique (Smith & Chaney, 2007 ; Ssymank & al., 2008). Les Diptères ont probablement été parmi les premiers pollinisateurs importants d’angiospermes (Endress, 2001), au moins 71 familles de Diptères contiennent des mouches pollinisatrices visitant régulièrement les fleurs de presque 555 espèces de plantes (Larson & al., 2001) et plus de 100 plantes cultivées (Mitra & Banerjee, 2007). Ssymank & al. (2008) concluent que les Diptères sont des contributeurs majeurs au maintien de la diversité végétale par leur participation à de nombreux systèmes et réseaux de pollinisation.

Tableau 23 : Pourcentage (%) de chaque catégorie trophique trouvée selon les ordres d’insectes inventoriés dans les céréales des Hautes plaines.

Ordres Phytophages

Les espèces parasitoïdes existent uniquement dans l’ordre des Hyménoptères avec 29 espèces (100 %), suivies par les prédateurs avec 5 espèces (13,51 %), les deux autres catégories omnivores et phytophages ont des pourcentages assez proches (Tab.20 et 23).

Les types fonctionnels des espèces d’Hyménoptères (phytophages, parasitoïdes, prédateurs, pollinisateurs, cleptoparasitoïdes et omnivores) sont énumérés parmi les grandes catégories des taxons (LaSalle & Gauld, 1991 in Grissell, 1999). A titre d’exemple, en Europe, le nombre total d'espèces d'Hyménoptères décrit est d'environ 16 000, 13 595 (85 %) sont des parasitoïdes ou des prédateurs et seulement 2395 sont des espèces phytophages (Ulrich, 1999 a). Ces guêpes parasitoïdes des Hyménoptères servent comme des indicateurs de diversité ; c'est-à-dire qu'ils sont les substituts d'une plus grande diversité d'organismes en fonction de leurs insectes hôtes et à leur

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tour, des plantes de leurs hôtes (Grissell, 1999). Ainsi, les guêpes prédatrices solitaires et sociales de cet ordre se nourrissent d'autres insectes. De nombreuses guêpes solitaires servent d'indicateurs de diversité parce qu'elles sont des prédatrices relativement spécifiques à l'hôte, elles peuvent être utilisées comme substituts pour indiquer la diversité des groupes de proies au niveau de la famille ou de façon générale (Grissell, 1999).

Les phytophages sont signalés en deuxième classe dans l’ordre des Homoptères avec 35 espèces et 20,59 %, suivis par les Hyménoptères, les Diptères et les Orthoptères avec des valeurs presque identiques 12,35 ; 11,18 et 10 % (Tab.20 et 23). Les Homoptères ont des pièces buccales type piqueur /suceur et se nourrissent en retirant la sève des plantes vasculaires (Meyer, 2005 ; Gullan & Cranston, 2010). Dans la plupart des espèces Homoptères, une partie du système digestif est modifiée en une chambre de filtration, cette structure permet aux insectes d’ingérer et de traiter de grands volumes de sève végétale. L'eau en excès, les sucres et certains acides aminés ne passent pas dans l'intestin moyen et sont directement envoyés vers l'intestin postérieur pour être excrétés sous forme de miellat. Seul un petit volume de sève filtrée passe à travers l’intestin moyen pour la digestion et l’absorption (Meyer, 2005).

Dans notre cas, nous avons signalé 21 espèces phytophages des Hyménoptères, parmi ces espèces, 15 espèces sont des ’abeilles floricoles et pollinisatrices’ (Tab.20). En générale, les Hyménoptères adultes se nourrissent de pollen ou de nectar alors que seules les larves sont des phytophages (Bernays, 2009), mais les abeilles mellifères sont également des espèces pollinisatrices importantes sur le plan économique, de même que les prédateurs et les parasites des espèces phytophages (Farha-Rehman & al., 2010).

Les 17 espèces inventoriées de l’ordre des Orthoptères sont des phytophages qui utilisent une vaste gamme des ressources végétales à l’aide des pièces buccales bien développées pour couper et broyer les aliments (Tab.20). Les Orthoptères dans la plupart des cas, ils sont classés comme des phytophages polyphages et leur présence dans un habitat dépend principalement de la structure physique, du microclimat et de la végétation de l'habitat (Szövènyi, 2002 ; Blanchet & al., 2012).

Quelques espèces d’Orthoptères (sauterelles et acridiennes) qui se nourrissent uniquement d'herbes ont des mandibules hautement spécialisées avec des parties incisives permettant de couper à travers les veines parallèles et des parties molaires pour le meulage difficile des tissus (Bernays, 2009).

Ainsi, les sauterelles pondent généralement dans le sol, de sorte que les stades nymphaux doivent sélectionner la ressource végétale, ces espèces ont un mode de reproduction ’hémimétabole’, c’est-à-dire les stades nymphal et adulte ont généralement des habitudes alimentaires similaires (Bernays, 2009).

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Trois catégories sont notées dans l’ordre des Hétéroptères, les omnivores (7,69 %) sont les plus dominantes que les prédateurs et les phytophages qui ont presque le même pourcentage (Tab.20 et 23). Les Hétéroptères constituent en effet un groupe d’insectes divers et complexe. Ils vivent sur plusieurs différents habitats (terrestres, aquatiques et en association avec d’autres insectes et araignées) (Panizzi & Grazia, 2015). Selon les mêmes auteurs le type de nourriture, ils ont divisé les Hétéroptères en phytophages qui s’alimentent de graines, des fruits, des feuilles et des racines, des prédateurs d’autres insectes et arthropodes et des hématophages qui se nourrissant du sang de vertébrés.

Les sept ordres suivants sont caractérisés par une seule catégorie, avec un nombre d’espèces ne dépassent pas 4, à l’exception des Thysanoptères. Les Zoraptères et les Embioptères sont des nécrophages avec la même valeur de 7,69 %, les Dermaptères, les Dictyoptères et les Thysanoptères représentent les omnivores (3,08 ; 1,54 et 1,54 %) respectivement. Les phytophages existent chez les Thysanoptères et les Lépidoptères avec 4 et 2 espèces respectivement. Enfin, les Neuroptères signalés comme des prédateurs, ils ont un taux de 5,41 %, c’est le même taux des prédateurs Hétéroptères (Tab.20 et 23).

Nous constatons après l’interprétation du Tableau (23), les conclusions suivantes :

Les espèces de Coléoptères sont des phytophages par excellence, suivies par les Homoptères.

Selon Bernays (2009), les plantes vertes sont consommées par une ou plusieurs espèces d’insectes phytophages. En effet, il existe des différences majeures qui se produisent entre les ordres dans la manière dont les plantes hôtes sont sélectionnées suivant les formes de vie des espèces (larve, adulte) qui exploitent ces plantes. Il existe des espèces d'insectes phytophages dans la plupart des ordres d'insectes, mais cette richesse en espèces est différente d’un ordre à un autre, y compris les Lepidoptera (99 %), les Orthoptera (95 %), les Heteroptera (90 %), les Coleoptera (35 %), les Diptera (29 %) et les Hymenoptera (11 %) (Bernays, 2009).

Une seule espèce coprophage des Coléoptères et de la famille Scarabaiedae a été signalée, malgré que les agro-écosystèmes céréaliers étudiés soient entourés par des fermes pilotes réservées à l’élevage des bovins. Les Coléoptères du fumier (Coleoptera, Scarabaeidae) ont été utilisés avec succès pour réduire les populations de mouches nuisibles et de vers parasites se reproduisant dans le fumier de bétail (Brown & al., 2010).

L’ordre des Coléoptères qui occupe toujours la première place même pour la catégorie des prédateurs, est suivi par les Diptères et les Hyménoptères, mais les deux ordres, Hétéroptères et Neuroptères sont uniquement présentés par deux espèces pour chacun. Boivin (2001) enregistre des espèces prédatrices de façon importante chez les Hémiptères, les Coléoptères, les Diptères et les Hyménoptères.

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L’ordre des Hyménoptères est le seul qui englobe des espèces parasitoïdes. D’après LaSalle &

Gauld (1991) in Grissell (1999), une estimation approximative de la fonction trophique des espèces Hyménoptères confirme qu’au moins 50 % (60 000 par rapport à 115 000 espèces décrites dans le monde) ont un comportement parasitoïde réel (parasites sociaux), de plus, ils ont rapporté que les Hyménoptères prédateurs et parasitoïdes représentent dans l’ensemble près de 60 % de la prédation d’insectes par d’autres insectes. Ces parasitoïdes s’imposent sur la structure et la richesse aux communautés et peuvent favoriser le maintien de leur stabilité (Freeland & Boulton, 1992).