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Revue de la Littérature sur l’Efficience des Institutions Financières

La littérature sur l’efficience des institutions financières est exhaustive mais les appli- cations sur l’Afrique demeurent peu nombreuses. Berger et Humphrey (1997) proposent une revue de la littérature sur l’efficience des institutions financières, où ils effectuent un classement reposant sur la méthodologie utilisée, le type d’institution étudié, l’estimation moyenne annuelle de l’efficience et le pays auquel s’applique l’étude. Dans cette dernière considération, il faudra noter que les auteurs n’ont retenu que 6 applications pour un total de 122 études de frontières de production.

Dans cette littérature sur l’efficience des institutions financières, de nombreux auteurs se sont souvent attelés à effectuer des comparaisons entre les systèmes bancaires de diffé-

rents pays appartenant soit à une même zone géographique, soit à une union économique et monétaire. Cette littérature des comparaisons internationales pourrait également être décomposée en deux composantes principales : celle qui effectue une étude comparative entre les banques étrangères et les banques nationales au sein d’un même pays et celle qui effectue des études comparatives entre systèmes bancaires de pays différents.

La plupart des études de la première composante sont basées sur le système bancaire américain et effectuent des comparaisons entre les banques locales et les banques étrangères (voir Hasan et Hunter (1996), Mahajan, Rangan et Zardkoohi (1996), DeYoung et Nolle (1996), Chang, Hasan et Hunter (1998), et Peek, Rosengren et Kasirye (1999)). En général, ces auteurs dépeignent les banques étrangères comme étant relativement moins efficientes que leurs homologues nationales. Ils en concluent donc qu’en général la capacité des banques étrangères à transférer leurs compétences, leur savoir faire et leur expertise en management dans un pays différent sont surpassées par l’avantage de la connaissance du marché par les banques locales.

Cependant, ces résultats ne sont pas confirmés dans le cas de comparaisons semblables dans d’autres systèmes bancaires. En comparant différents établissements en Europe, Van- der Vennet (1996) n’a pas trouvé de différences significatives en termes d’efficacité écono- mique entre les banques étrangères et les banques locales impliquées dans de telles transac- tions. En outre, l’auteur soutient qu’au cours de la période étudiée, les banques étrangères dégagent des performances meilleures que leurs homologues locales. En tenant compte des différences de technologie de production, et en estimant des frontières séparées pour les ins- titutions bancaires étrangères et celles locales en Espagne, Hasan et Lozano-Vivas (1998) n’ont trouvé aucune différence significative entre les deux groupes.

Berger, Deyoung, Genay et Udell (2000) quant à eux effectuent une comparaison entre les banques étrangères et les banques nationales dans plusieurs pays. Cependant, les ré- sultats ne corroborent aucunement la théorie selon laquelle les banques locales auraient un avantage comparatif sur les banques étrangères du fait d’une meilleure connaissance du marché ni que ces dernières ont une capacité en management meilleure que les premières.

Dans la deuxième composante de cette littérature, la plupart des contributions se concentrent sur l’efficience des banques dans des comparaisons entre pays. Ces études, basées pour la plupart sur des pays européens, essaient de mettre en relief les différences

de performance des banques d’un même pays, en établissant une frontière commune pour tous les établissements et en supposant que toutes les différences d’efficience entre les pays peuvent être expliquées par la technologie bancaire spécifique au pays (voir Fecher et Pes- tieau (1993), Berg, Forsung, Hjalmarsson et Suominen. (1993), Berg, Bukh et Forsung (1995), Allen et Rai (1996), Ruthenberg et Elias (1996), Pasteur, Perez, Quesada (1997), et Bikker (1999)). Dans cette perspective, Allen et Rai (1996) estiment une fonction de coût global en utilisant une base de données internationale d’institutions financières pour déterminer les inefficiences d’input et d’output. Leurs résultats pour la période 1988-1992 suggèrent que pour toutes les institutions financières, la prédominance des inefficiences d’input est supérieure à celle des inefficiences d’output. En outre, leurs résultats montrent que le modèle DFA surestime l’importance des inefficiences relativement à l’approche sto- chastique de frontière de coût.

Casu et Molyneux (2000) en utilisant une approche non paramétrique de DEA, se de- mandent si l’efficience productive des systèmes bancaires européens s’est améliorée et a convergé vers une frontière européenne commune entre 1993 et 1997, après le processus d’harmonisation législative de l’Union Européenne. Ils examinent également les causes dé- terminantes de l’efficience des banques européennes en utilisant une approche Tobit. Leurs résultats montrent que depuis l’avènement du marché unique de l’Union Européenne, une petite amélioration des niveaux d’efficience des banques a été constatée, bien qu’il y ait peu de preuves qui laissent à penser que ceux-ci ont réellement convergé. De plus, les dif- férences d’efficience entre les marchés bancaires européens semblent être principalement déterminées par des facteurs spécifiques aux pays.

Maudos, Pastor, Perez et Quesada (2002) analysent, à l’aide de techniques classiques et alternatives l’efficience du secteur bancaire européen. Ces auteurs soutiennent qu’une évaluation appropriée de l’efficience ne devrait pas être limitée à l’efficience coût mais que l’efficience profit devrait également être considérée. En observant les comparaisons internationales qui sont faites, très peu d’auteurs prennent en compte l’efficience profit. C’est dans ce contexte qu’ils analysent l’efficience coût et l’efficience profit des banques pour dix pays de l’Union Européenne pour la période 1993-1996 en utilisant quatre méthodes paramétriques de frontière sur données de panel et trouvent que les niveaux d’efficience des banques sont fortement corrélés avec les conditions spécifiques aux pays.

Kwan (2003) quant à lui étudie la performance des banques asiatiques. Après avoir contrôlé pour la qualité des prêts, la liquidité, la capitalisation et la combinaison d’output, il trouve que les coûts opératoires par unité bancaire varient significativement entre pays asiatiques et au cours du temps. Une analyse approfondie révèle aussi que les classements de pays par unité de travail et coûts de capital physique sont hautement corrélés, sug- gérant qu’il existe des différences systématiques dans l’efficience opératoire des banques entre les pays asiatiques. Toutefois cette mesure d’efficience opératoire n’est pas reliée au degré d’ouverture du secteur bancaire. Il trouve également que les coûts opératoires des banques asiatiques ont décliné entre 1992 et 1997, indiquant que les banques ont amélioré leur performance durant cette période. Depuis 1997, la hausse des coûts opératoires avait coïncidé avec la crise financière asiatique, pouvant laisser à penser que les banques ont encouru des coûts additionnels en traitant les problèmes de défaut pendant que l’output déclinait simultanément.

Récemment, des auteurs comme Dietsch et Lozano-Vivas (2000) et Chaffai, Diestch et Lozano-Vivas (2001) ont tenté de prendre en compte les conditions environnementales spécifiques aux pays pour expliquer les différences de performance entre des banques évo- luant dans des pays différents. En effet, Dietsch et Lozano-Vivas (2000) ont mené une analyse des secteurs bancaires en France et en Espagne. Ils proposent une méthodologie qui permet d’effectuer des comparaisons transversales du niveau d’efficience en utilisant une approche paramétrique DFA. Ils trouvent que les conditions environnementales spé- cifiques à chaque pays jouent un rôle important dans la définition et la spécification de la frontière commune de différents pays. Leurs résultats montrent également qu’en ne te- nant pas compte des variables environnementales, les scores d’efficience coût des banques espagnoles étaient relativement faibles comparés à ceux des banques françaises. Toutefois, quand les variables environnementales sont incluses dans le modèle les différences entre les deux industries sont substantiellement réduites. Donc les variables environnementales contribuent significativement aux différences de scores entre les deux pays.

Quant à Chaffai, Diestch et Lozano-Vivas (2001), ils analysent les différences produc- tives des systèmes bancaires entre quatre différents pays européens (l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et la France). Ils proposent un indice de type Malmquist et séparent les différences de productivité entre pays entre les différences de technologie pure et des différences dues

Auteur Echantillon Contrôle de Contrôle de Approches Différences Technolo- giques Différences Environne- mentales

Berg et al (1993) 3 pays scandinaves Non Non DEA Fecher et Pestiau

(1993)

11 pays de l’OCDE Non Non DFA Berg et al (1995) 4 pays scandinaves Non Non DEA

Bergendahl (1995) 4 pays scandinaves Non Non Non parametrique Allen et Rai (1996) 15 pays en dévelop-

pement

Non Non SFA, DFA Dietsch et Lozano-

Vivas (2000)

2 pays européens Oui Oui DFA Chaffai, Dietsch et

Lozano-Vivas (2001)

4 pays européens Oui Oui Fonction de Dis- tance

Pastor et al (1997b) 8 pays en dévelop- pement

Oui Non Fonction de Dis- tance

Pastor, Lozano-Vivas et Pastor (1997a)

10 pays européens Non Oui DEA Diestch et Weill (2000) 12 pays européens Non Non DFA, DEA Chaffai,Dietsch et

Lozano-Vivas (1998)

4 pays méditerra- néens

Oui Non Fonction de Dis- tance

Maudos, Pastor, Perez et Quesada (1998)

10 pays européens Non Non DFA, SFA, DEA

aux conditions environnementales. Cet indice symétrique est utilisé pour expliquer les dif- férences de productivité entre ces industries ainsi que les gains de productivité que les banques pourraient obtenir en utilisant des technologies alternatives ou en évoluant dans des conditions environnementales différentes.

Hasan, Lozano-Vivas, Pastor (2000) dans une approche empirique originale mesurent l’efficience des banques pour chaque secteur bancaire européen. D’abord, les auteurs es- saient d’évaluer l’efficience des secteurs bancaires à partir de frontières stochastiques na- tionales, puis ils utilisent une frontière commune afin de contrôler pour les conditions environnementales de chaque pays. La prise en compte des conditions locales se fait en rapportant l’efficience de la banque moyenne de chaque pays à celle des autres. De façon générale, les résultats basés sur les points transnationaux d’efficience suggèrent que les banques d’Espagne, du Danemark, et du Portugal sont relativement les plus technique- ment efficaces dans la mesure où ils auraient pu obtenir des niveaux d’efficience élevés dans n’importe quel pays. Cela signifie également qu’il serait difficile que les banques des autres pays établissent des filiales profitables en Espagne, au Portugal ou au Danemark à cause des conditions environnementales défavorables. Par ailleurs, les auteurs trouvent que les banques de France et d’Italie s’avèrent les établissements les moins efficaces de l’échantillon considéré.

Enfin, Stavárek (2004) estime l’efficience des banques commerciales dans la région de Visegrad avant leur adhésion à l’Union Européenne et tente d’analyser également les dif- férences d’efficience entre les pays. En utilisant la méthode DEA, l’auteur tente de déter- miner lequel des secteurs bancaires est le plus efficace et s’il y a eu une amélioration de l’efficacité de l’intermédiation des opérations bancaires depuis 1999, date de leur adhésion à l’Union Européenne. En incorporant une analyse Tobit censurée, il essaie de détecter si les différences transversales devraient être expliquées par des facteurs environnementaux spécifiques aux pays ou par des variables internes telles que la rentabilité, la taille des banques ou la propriété étrangère. De façon générale, les résultats suggèrent que depuis 1999 il n’y a eu, à l’exception de la Hongrie, aucune amélioration du niveau d’efficience, et les différences entre les secteurs bancaires de Visegrad semblent être en premier lieu dé- terminées par des facteurs spécifiques aux pays. Dans notre partie empirique qui consiste en une étude comparative de quelques pays d’Afrique Subsaharienne et du Nord, nous

nous inspirons des derniers auteurs, c’est à dire ceux qui prennent en compte les facteurs environnementaux.