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3.3 – Retrouver une cohésion territoriale en faisant entrer les territoires dans une dynamique de mise en réseau

Les territoires ne sont pas indépendants les uns des autres. Leur développement est lié à leurs ressources, aux biens qu’ils échangent, aux équipements et services qu’ils partagent, aux personnes qui se déplacent d’un territoire à un autre. Ils tissent entre eux des réseaux plus ou moins denses, de portées diffé-rentes, évolutifs dans le temps au gré de la localisation des popu-lations, des activités et des équipements de service. Penser le développement territorial au travers des interdépendances entre les territoires et des réseaux qu’ils constituent, c’est agir dans le sens de plus de solidarité territoriale et vers une réduction des in-égalités entre territoires.

L'organisation territoriale de la région Occitanie est souvent re-présentée au travers d'une mosaïque d'aires urbaines polarisées par des pôles urbains d'importance variable et de bassins de vie centrés sur des pôles de services.

Ainsi, en région Occitanie, on dénombre 91 pôles urbains qui re-groupent plus de 3 millions d'habitants et 102 pôles des services ou bourgs-centres représentant environ 250.000 habitants, soit près de 60 % de la population régionale.

Pour autant cette vision de l'organisation territoriale cache des situations contrastées qui doivent interpeller les acteurs de l'aménagement. En effet, bon nombre de ces pôles urbains et bourgs-centres voient sur les 20 dernières années leurs populations et leurs nombres d'emplois diminuer. Ces situations

de perte d'attractivité affectent parfois l'ensemble du territoire, mais peuvent aussi toucher uniquement les pôles urbains ou les bourgs-centres qui déclinent au profit de leurs périphéries.

Le modèle de développement urbain radio-concentrique autour des grands pôles urbains, à l’œuvre depuis plusieurs décennies, s'est traduit par un étalement urbain qui a entraîné un engorge-ment des axes routiers, une surconsommation des terres agri-coles et des espaces naturels, préjudiciables à l'environnement, à l'agriculture, au cadre de vie et à la qualité de vie des habitants de la région.

Aujourd’hui, il convient de dépasser cette vision pour imaginer le territoire régional au travers des interdépendances entre terri-toires.

Les pôles urbains et les bourgs-centres forment entre eux des systèmes qui reposent sur les déplacements domicile-travail, la fréquentation des équipements et services, les migrations rési-dentielles et les relations siège-établissements. Ces systèmes de réseaux de flux « composites » constituent une dimension essen-tielle dans l'aménagement du territoire régional.

Il faut donc réfléchir le territoire régional comme un système de territoires en interrelations, tissant entre eux des partenariats et des coopérations, partenariats entre territoires urbains à l'instar des pôles métropolitains, ainsi qu’entre territoires urbains, périur-bains et ruraux dans une logique d'inter-territorialité, de solidarité et de complémentarité, à l'image des contrats de réciprocité ville-campagne expérimentés suite au Comité Interministériel aux Ru-ralités de mars 2015.

Organisation régionale vue au travers des pôles urbains et des centres-bourgs

Organisation régionale vue au travers des pôles urbains et des centres-bourgs

Prôner l'égalité des territoires ne signifie pas une recherche d'ho-mogénéisation, mais davantage donner à chaque territoire des capacités de développement propres, en rapport avec ses atouts et ses spécificités. Il convient de rechercher l'équité des terri-toires avec le souci de sortir de logiques de compétition territo-riale, d'arrêter d'opposer urbain et rural, territoires riches et terri-toires pauvres, pour créer ou renforcer les synergies, restaurer l'égalité des chances au travers d'un développement équilibré, solidaire et durable de tous les territoires.

Concernant l'emploi, sa forte concentration sur les métropoles de Toulouse et Montpellier (30 % de l'emploi régional) explique le sentiment que les habitants des moyennes et petites villes ainsi que des communes rurales sont de plus en plus à l'écart du déve-loppement économique. Le Conseil d'Orientation pour l'Emploi réuni en octobre 2015 sur le thème « Emploi et territoires » faisait le constat que près de la moitié des demandeurs d'emploi étaient prêts à changer de métier, à suivre une formation ou accepter un emploi à temps partiel, pour éviter de déménager. D’où la ques-tion : « Faut-il amener les personnes vers l'emploi ou bien les em-plois vers les personnes ? ». La conclusion des travaux conduits à l'occasion de ce colloque était « qu'il ne fallait pas trancher entre une politique qui amène les emplois aux personnes ou l'in-verse, mais de se saisir de l'ensemble des problématiques, avec

des actions de revitalisation dans certains territoires et des aides à la mobilité pour les personnes. Cette politique doit être articulée avec celle du logement sous peine de créer d'autres difficultés ».

Les territoires gagnants seront ceux qui sauront limiter les mobili-tés subies (aléas économiques, circonstances de vie familiale…) et ouvrir le choix d'accès aux ressources (travail, logement, édu-cation…) pour le plus grand nombre. Les mobilités des per-sonnes sont professionnelles, résidentielles, de loisir, de cycle de vie, d'études, de consommation. Les territoires qui seront ca-pables de sécuriser les parcours résidentiels et professionnels disposeront d'un avantage compétitif certain en même temps qu'ils offriront un niveau supérieur de cohésion et de bien-être so-cial. Le challenge est donc de concilier mobilités et proximi-tés : la dissociation du domicile et du lieu de travail constitue une donnée structurelle, d'autant plus forte quand les ménages sont constitués de deux actifs. Mais les déplacements professionnels ne représentent qu'un tiers des déplacements globaux. Aussi, tout en pensant le marché du travail à une échelle large, les ac-teurs de l'aménagement doivent chercher à minimiser et optimi-ser les trajets pour tous les autres motifs. Il faut donc concilier ac-cessibilité à moyenne distance et compacité des aménités de la vie quotidienne.

Carte des navettes quotidiennes domicile-travail entre pôles urbains (PU) et pôles de services (PS)

Ainsi, pour l’État, il convient de promouvoir une politique d'aménagement du territoire fondée sur la mise en réseau des territoires.

Cette approche nécessite de construire des nouveaux espaces de dialogue et de collaboration, car la vision du territoire organi-sée autour de pôles urbains et de bourgs centres ayant chacun leur aire d'influence conduit à :

• un risque de dichotomie entre les territoires vécus par les populations et les territoires de planification qui programment et organisent le territoire (les périmètres de SCOT ou de PLUi sont souvent définis de manière radio-concentrique autour d'un pôle urbain unique)

• une dichotomie entre territoires vécus par les populations et les territoires administratifs.

Ces nouveaux espaces de dialogue et de coopération doivent no-tamment trouver leur source dans les projets de territoire qui per-mettent une gouvernance territoriale rénovée et donnent sens et force aux projets intercommunaux. Ils doivent être pensés aux bonnes échelles adaptées à la diversité des territoires, pour ga-rantir une meilleure appréhension de l’aménagement du territoire.

Pour autant, il ne s'agit pas de fusionner des territoires, au risque de leur faire perdre leurs identités collectives et politiques, mais de les faire entrer en coopération, de les coordonner, en fonction de leurs enjeux.

III.3.4 - Bâtir l'attractivité des territoires autour du concept