CHAPITRE 2- LES APPROCHES, METHODES ET OUTILS D’ASSISTANCE AU PROCESSUS DE CONCEPTION
2.1. Les approches, méthodes et outils d’aide à la résolution de problèmes
2.1.2. Retour d’expérience
Le retour d’expérience
13est une façon d’acquérir des connaissances qui ne sont pas
directement accessibles et qui sont les fruits et les résultats des expériences [Armaghan,
2009]. L’expérience est reconnue comme étant un aspect de la résolution de problèmes par le
partage de ses connaissances et la transmission d’une pratique [Chebel, 2008]. En effet, des
connaissances issues des expériences passées permettent, face à un problème inédit, de
l’interpréter et de le résoudre plus efficacement. Dans ce sens, chaque résolution de problème
nous permet d’enrichir les expériences et vice versa. Cela nécessite une gestion des
expériences et l’établissement d’une base de retour d’expériences (Figure 14).
Figure 14 - La réalisation du retour d’expérience pour aider le processus de résolution de problème [Kamsu
Foguem et al., 2008]
13 Aussi exprimer dans le monde industriel en France sous le terme de RETEX, et dans la littérature anglaise avec les expressions de
Les expériences aideront durablement la résolution des problèmes que si elles sont intégrées
au processus de conception. En ce sens [Armaghan, 2009] propose de regarder le retour
d’expérience selon un cycle alliant deux phases : « acquisition et mémorisation » et
« réutilisation et adaptation ». La première phase consiste dans l’identification et l’extraction
des connaissances ou pratiques, la formalisation et la structuration et la mise en mémoire.
Dans, la phase de réutilisation et d’adaptation, il s’agit de retrouver l’expérience utile dans la
base d’expériences et de l’adapter au problème à résoudre. Il en résultera une nouvelle
expérience qui ira enrichir la base d’expériences existante (Figure 15).
Figure 15 - Cycle du retour d’expérience [Armaghan, 2009]
Afin de faciliter la recherche et la réutilisation des expériences, certaines méthodes sont
utilisées. Parmi elles, nous présenterons en particulier le raisonnement à partir des cas
(RàPC) et la méthode TRIZ.
2.1.2.1. Raisonnement à Partir de Cas
Dans le cadre de l’approche générale du retour d’expérience, le RàPC fournit des cas
antérieurs pour enrichir les connaissances. Un cas comprend un extrait de l’expérience
passée qui est codifié pour retrouver facilement le contexte d’utilisation - ou problème posé -
et la façon dont il a été résolu.
« Un cas est un ensemble de problèmes qui se note « pb » et la solution de ce
problème est alors codifiée « sol (pb) » : cas = (pb, sol (pb)). » [Armaghan,
2009].
Une base de cas nécessite une manière de filtrage afin de réduire l’environnement de
recherche et de faciliter la sélection. La sélection se fait par une réflexion heuristique qui
enchaîne le choix des cas les plus similaires au problème posé. Enfin, on effectuera une
adaptation des solutions par une confrontation à la réalité du domaine.
Après la résolution du problème posé, comme dans tous système de retour d’expérience, une
mise à jour des connaissances du système aidera à la durabilité de la démarche (Figure 16).
Figure 16 - Le principe de système de raisonnement à partir de cas - adapté de [Mille, 2001]
Cependant, d’après [Kamsu Foguem et al., 2008], malgré sa proximité avec les systèmes de
retour d’expérience, le RàPC n’est pas destiné à la base à être un modèle organisationnel de
réutilisation des expériences passées mais plutôt un modèle cognitif et technique pour
l’architecture.
2.1.2.2. Méthode TRIZ
La méthode TRIZ
14, connu pour son utilisation dans les processus de résolution des
problèmes de manière innovatrice, fonctionne par le retour d’expériences. Dans cette
méthode, après l’identification du problème innovant - causes du problème, ressources
existantes - une abstraction du problème innovant va être réalisée pour la recherche des voies
de solutions. À la base, la résolution de problème par TRIZ s’appuie sur une logique simple :
« Somebody at someplace has already solved this problem (or one very similar
to it). » [Mann, 2006].
« Quelqu’un quelque part a déjà résolu ce problème (ou un problème très
ressemblant). » [Mann, 2006] traduit par [notre recherche].
Ceci suggère que les problèmes et les solutions se répètent parmi les industries et les
technologies et que l’innovation la plus impressionnante est celle qui emprunte les effets et les
solutions des autres domaines pour se développer dans un nouveau domaine. Donc, en
s’appuyant sur cette logique, TRIZ propose l’utilisation d’une base de brevets et
d’innovations dans tous les domaines [Altshuller, 1988 ; Salamatov, 1999].
L’objectif de la méthode consiste en l’évaluation et la sélection des voies de solutions
générales puis la transformation des voies de solution en solution spécifique - adaptation au
contexte (Figure 17).
Figure 17 - Les principes de la méthode TRIZ pour la résolution de problèmes [ScIng]
Selon [Mann et Cathain, 2001], TRIZ est la méthode la plus compréhensive parmi les
méthodes de créativité et les systèmes d’innovation existants. Dans la deuxième moitié de
XXe siècle, les architectes ont montré un certain intérêt aux théories systémiques. Cet intérêt
n’a pas complètement abouti, car l’introduction de telles démarches en architecture est
difficile. Malgré ça, récemment, plusieurs chercheurs ont essayé d’appliquer la méthode TRIZ
dans le champ de l’architecture [Mann et Cathain, 2001 ; Lee, 2006 ; Bridges, 2007].
[Mann et Cathain, 2001] expérimentent la méthode TRIZ dans quatre mini-projets
architecturaux pour des sujets de conception de fenêtres, rampes, etc. Ils résument le résultat
de leur experimentation comme suit :
« The method offers much potential for systemizing the “innovation process in
architecture” and “TRIZ-based knowledge bases” enable architects to readily
identify and explore the good solutions of others in other fields. Such
knowledge bases would benefit from expansion to incorporate the “good
solutions” known about by architects that have not been discovered in other
disciplines. » [Mann et Cathain, 2001].
« La méthode offre beaucoup de potentiel pour systématiser “le processus
d’innovation dans l’architecture”. De plus, “les bases de connaissances basées
sur TRIZ” permettent aux architectes de facilement identifier et explorer les
bonnes solutions des autres dans d’autres domaines. Ce genre de bases de
connaissances pourraient s’enrichir aussi de “bonnes solutions” connues par
des architectes et qui n’ont pas encore été découvertes dans d’autres
disciplines. » [Mann et Cathain, 2001] traduit par [notre recherche].
La méthode TRIZ est applicable à certains sujets de conception en architecture - avec un
caractère plus technique que spatial - pour trouver des solutions innovantes. Cette capacité
d’innovation s’appuie sur le travail analogique du concepteur et rencontre des solutions
innovantes des autres domaines comme sources d’inspiration.
Enfin, le fonctionnement de TRIZ s’inscrit dans un style de retour d’expérience proche de
RàPC car il inspire le concepteur par les projets réussis.
Dans le document
Éco-conception collaborative de bâtiments durables
(Page 53-57)