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CHAPITRE 2 RECENSION DES ÉCRITS

2.6 Retombées des projets de coopération internationale, de voyage

2.6.1 Retombées des projets de coopération internationale

2.6.1.1 Retombées sur la vie personnelle

Il va sans dire que la réalisation d’un projet de coopération internationale a de grands impacts sur la vie personnelle des jeunes. Les principaux impacts sont la connaissance de soi, la croissance personnelle, le développement ou l’amélioration d’habiletés, les apprentissages ainsi que les changements sur le plan des valeurs et de la vie sociale des jeunes. Avant de présenter plus en détail ces différentes retombées, il est essentiel de préciser que même si certains des écrits recensés ne précisent généralement pas la nature des retombées d’un projet de coopération internationale, ils soulignent toutefois que la réalisation d’un tel projet a des retombées positives sur la vie personnelle des jeunes (Archambault, 2005; Bates, 1997; Hudson & Inkson, 2006; Kang Suh, 2009; Sandell, 2005; Starr, 1994; Tiessen, 2008; Van Engen, 2000). D’autres auteurs ont, par contre, précisé que ces retombées surviennent à court terme et qu’elles sont moins présentes après un an (Friesen, 2004; Purvis, 1993).

Les chercheurs ayant précisé la nature des retombées des projets de coopération internationale ont souligné que la réalisation de ceux-ci permet aux jeunes d’apprendre à mieux se connaître (Bachner & Zeutschel, 1994; Beaulieu, 2003; Choquette, 2008; CSI de Sherbrooke & Bélisle, 2005; Cook, 2005; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Hudson & Inkson, 2006; Kang Suh, 2009; Kauffman et al., 1992; Ruble, 2004; Starr, 1994). Les jeunes prendraient également conscience de leur identité (Choquette, 2008; Cook, 2005), de leurs valeurs, de leurs objectifs de vie (Cook, 2005; Ruble, 2004), en clairifiant entre autres leurs intérêts et leurs forces (Bachner & Zeutschel, 1990) ainsi que les choix de carrière qui s’offrent à eux (Jones, 1989). La participation à un projet de coopération internationale donnerait ainsi l’opportunité aux jeunes de se voir et de se percevoir d’une toute nouvelle façon (Kauffman et al., 1992).

La croissance personnelle est également une retombée non négligeable des séjours de coopération internationale10. Ainsi, Kauffman et al. (1992) ont affirmé que les séjours à l’étranger étaient de bons contextes de développement personnel, particulièrement pour les jeunes. Ils expliquent cette réalité en soulignant qu’à l’adolescence, l’autonomie n’est pas complètement acquise et que cette dernière se développe plutôt vers la toute fin de cette étape de la vie. Le développement de l’autonomie peut être accéléré lors d’un séjour à l’étranger, puisque le jeune se retrouve éloigné de sa famille et de son milieu et qu’il ne peut compter que sur lui-même pour traverser les différentes situations auxquelles il est confronté. Plusieurs autres chercheurs sont également arrivés aux mêmes conclusions (Alternative-V, 2003; Beames, 2004; Black & Mendenhall, 1991; Ciężka & Ratajczak, 2004; Cook, 2005; Dumas, 1999; ECOTEC, 2000; Gray, Murdock, & Stebbins, 2002; Jones, 2011; Kėžaitė & Špokevičiūtė, 2006; Leiba-O Sullivan, 1999; Powell & Bratović, 2007; Sandell, 2005; Stitsworth, 2001; Structure of Operational Support, 1999; Taylor & Napier, 1996; Thomas, 2001).

Le fait de devenir plus mature est une autre composante importante de la croissance personnelle des jeunes au cours de leur projet de coopération internationale (Alternative-V, 2003; Bachner & Zeutschel, 1990; Ciężka & Ratajczak, 2004; ECOTEC, 2000; Kauffman et al., 1992; Kėžaitė & Špokevičiūtė, 2006; Stringham, 1993; Structure of Operational Support, 1999; Thomas, 2001). Cette maturation serait observée par l’entourage des jeunes voyageurs (Cook, 2005).

Il en est de même pour le leadership des jeunes qui augmente de façon significative grâce aux projets de coopération internationale (Bennis, 2012 dans Day et Antonakis, 2012; Cook, 2005; Dumas, 1999; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Hudson & Inkson, 2006; Lough et al., 2009; Rothwell & Charleston, 2013; Sherraden,

10 Alternative-V, 2003; Archambault, 2005; Bachner & Zeutschel, 1990, 1994; Beames, 2004; Beaulieu, 2003; Bennis, 2012 dans Day et Antonakis, 2012; Black & Mendenhall, 1991, Ciężka & Ratajczak, 2004, Cook, 2005; Dumas, 1999; ECOTEC, 2000; Gauthier & Olivier D’Avignon, 2005; Gray, Murdock, & Stebbins, 2002; Hudson & Inkson, 2006; Jones, 2011; Kauffman et al., 1992; Kėžaitė & Špokevičiūtė, 2006; Law, 1994; Leiba-O Sullivan, 1999; Lough et al., 2009; Powell & Bratović, 2007; Roker & Eden, 2005; Rothwell & Charleston, 2013; Sandell, 2005, Sherraden, Lough & McBride, 2008; Stitsworth, 2001; Structure of Operational Support, 1999; Taylor & Napier, 1996; Thomas, 2001; Tiessen, 2008; Zavitz, 2004.

Lough & McBride, 2008; Structure of Operational Support, 1999; Thomas, 2001). Selon Bennis (1992), le leadership émergerait en raison des difficultés que doivent traverser et surmonter les jeunes au cours de leur séjour à l’étranger (Bennis, 2012, dans Day et Antonakis, 2012). Il arrive que ceux-ci soient amenés à prendre des risques et ils sont souvent appelés à relever des défis. C’est ce qui entraînerait un sentiment de réalisation et d’accomplissement à la fin du projet de coopération internationale (Beames, 2004; Cook, 2005; Dumas, 1999; Law, 1994; Tiessen, 2008). Ce sentiment peut même être poussé par les jeunes jusqu’à l’accomplissement de leur citoyenneté globale, c’est-à-dire le développement d’un « niveau élevé de compréhension de ses responsabilités en tant que citoyen et des impacts que les actions posées à un endroit précis ont sur des gens à d’autres endroits, ainsi qu’un niveau élevé de responsabilité à promouvoir le changement » (Tiessen, 2008 : 11-12).

L’augmentation de l’estime de soi des jeunes qui participent à un projet de coopération internationale est une autre retombée sur la vie personnelle qui a été soulignée par plusieurs auteurs11. Cette estime de soi irait de pair avec la confiance en soi12. Une seule étude a démontré que la participation à un projet de coopération internationale n’entraîne pas de changement sur la confiance en soi des jeunes (Carlson et

al., 1990).

Le développement d’habiletés ou l’amélioration de celles déjà existantes au cours de projets de coopération internationale a également été souligné dans plusieurs études (Alternative-V, 2003; Bachner & Zeutschel, 1990; Black & Mendenhall, 1991; Cook, 2005; ECOTEC, 2000, 2001; Kang Suh, 2009; Structure of Operational Support, 1999). Les différentes habiletés qui sont développées par les jeunes au cours de leur projet de coopération internationale sont de nature personnelle, interpersonnelle et interculturelle et

11 Alternative-V, 2003; Ciężka & Ratajczak, 2004; Cook, 2005; ECOTEC, 2000; Kėžaitė & Špokevičiūtė, 2006; Pancer, Rose-Krasnor & Loiselle, 2002; Roker & Eden, 2005; Structure of Operational Support, 1999.

12 Alternative-V, 2003; Bachner & Zeutschel, 1990; CSI de Sherbrooke & Bélisle, 2005; Ciężka & Ratajczak, 2004, Cook, 2005; ECOTEC, 2000; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Hudson & Inkson, 2006; Kėžaitė & Špokevičiūtė, 2006; Law, 1994; Pancer, Rose-Krasnor & Loiselle, 2002; Roker & Eden, 2005; Structure of Operational Support, 1999; Thomas, 2001.

leur seront utiles dans le futur ainsi que dans différentes sphères de leur vie (Bachner & Zeutschel, 1990; Cook, 2005).

Les habiletés personnelles comprennent la capacité de gestion, d’analyse et de résolution de problèmes (Cockburn, 2001; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Hudson & Inkson, 2006; Lough et al., 2009; Sherraden, Lough & McBride, 2008), ainsi que celle de s’adapter à diverses situations (Bachner & Zeutschel, 1990; Charleston, 2008; Friesen, 2011; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Hudson & Inkson, 2006; SAI, 2004; Tiessen, 2008).

Pour leur part, les habiletés interpersonnelles développées par les jeunes au cours de leur projet de coopération internationale réfèrent au fait de mieux communiquer et de travailler en équipe. Il s’agit donc d’habiletés sociales, c’est-à-dire qu’elles permettent aux jeunes de vivre et de travailler avec autrui13. Bien qu’essentielles aux jeunes au cours de leur vie, ces habiletés peuvent difficilement se développer sur les bancs d’école (Andrews & Higson, 2008; Jones, 2005; Russel, 2005; Tess & Bradbury, 2009).

Enfin, la réalisation d’un projet de coopération internationale permet aux jeunes de développer leurs compétences interculturelles telles que la communication interculturelle et la capacité à entretenir des relations interculturelles (Alternative-V, 2003; Charleston, 2008; Ciężka & Ratajczak, 2004; ECOTEC, 2000, 2001; Kėžaitė & Špokevičiūtė, 2006; Tiessen, 2008). À ce sujet, l’un des principaux apprentissages répertoriés demeure le capital culturel qu’acquièrent les jeunes. Ce capital culturel peut prendre différentes formes, notamment la prise de conscience à propos des différents enjeux internationaux, la connaissance d’une autre culture ou la compréhension

interculturelle

13 Charleston, 2008; Choquette, 2008; Cockburn, 2001; Cook, 2005; Friesen, 2004; Gauthier & Olivier- D’Avignon, 2005; Hudson & Inkson, 2006; Kang Suh, 2009; Kauffman et al., 1992; Kėžaitė & Špokevičiūtė, 2006; Lough et al., 2009; Pancer, Rose-Krasnor, & Loiselle, 2002; Powell & Bratović, 2007; Rothwell & Charleston, 2013; SAI, 2004; Sherraden, Lough & McBride, 2008; Structure of Operational Support, 1999; Tiessen, 2008; Thomas, 2001.

interculturelle14. La compétence interculturelle est définie par Rakotomena (2005 : 681) comme étant « un ensemble de capacités requises pour une interaction réussie avec une ou un groupe de personnes de culture différente ».

Outre les habiletés personnelles, interpersonnelles et interculturelles nommées plus haut, les jeunes font différents apprentissages au cours de la réalisation de leur projet de coopération internationale15. L’apprentissage et la consolidation d’une langue seconde en est un important étant donné que la réalisation d’un projet de coopération internationale se déroule souvent dans une communauté où la langue parlée est différente de la langue maternelle des jeunes16. Des apprentissages plus techniques, liés aux tâches réalisées au cours du projet de coopération internationale, complètent la liste des principaux apprentissages réalisés par les jeunes (Alternative-V, 2003; ECOTEC, 2000, 2001; Structure of Operational Support, 1999). Toutefois, selon Zavitz (2004), si les apprentissages techniques ne sont pas réinvestis par les jeunes au retour dans leur pays d’origine, ces derniers seraient rapidement oubliés.

La réalisation d’un voyage de coopération internationale permettrait également aux jeunes d’élargir leur réseau social (Archambault, 2005; Brook, Missingham, Hocking & Fifer, 2007; Dumas, 1999; Powell et Bratović, 2007; Thomas, 2001; Wright, 2000). Ainsi, en s’impliquant dans les différentes activités de leur projet, les jeunes développent un sentiment d’appartenance avec leur équipe de travail (Powell & Bratović, 2007; Wright, 2000) et ont l’opportunité de nouer de nouvelles amitiés avec des personnes qui partagent des intérêts communs (Archambault, 2005; Dumas, 1999).

14 Andrews & Higson, 2008; Archambault, 2005; Bachner & Zeutschel, 1990, 1994; Carlson et al., 1990; Chevannes & Hansel, 1990; Cook, 2005; Cushner, 1994; Dumas, 1999; Ehrichs, 2000, Foroughi, 1991; Jones, 2005; Kauffman et al., 1992; Law, 1994; McBride, Lough & Sherraden, 2012; Russel, 2005; Tess & Bradbury, 2009; Tiessen, 2008; Zavitz, 2004.

15 Alternative-V, 2003; Andrews & Higson, 2008; Archambault, 2005; Bachner & Zeutschel, 1990, 1994; Black & Mendenhall, 1991; Carlson et al., 1990; Cook, 2005; Cushner, 1994; Dumas, 1999; ECOTEC, 2000, 2001; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Gray, Murdock, & Stebbins, 2002; Hudson & Inkson, 2006; Jones, 2005; Kauffman et al., 1992; Law, 1994; Leiba-O Sullivan, 1999; McBride, Lough & Sherraden, 2012; Primavera, 1999; Russel, 2005; Sandell, 2005; SAI, 1999; Structure of Operational Support, 1999; Taylor & Napier, 1996; Tess & Bradbury, 2009; Tiessen, 2008; Zavitz, 2004.

16 Alternative-V, 2003; Black & Mendenhall, 1991; Ciężka & Ratajczak, 2004; Cook, 2005; ECOTEC, 2000, 2001; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Gray, Murdock & Stebbins, 2002; Hudson & Inkson, 2006; Kėžaitė & Špokevičiūtė, 2006; Leiba-O Sullivan, 1999; Opper, Teichler & Carlson, 1990; Sandell, 2005; SAI, 2004; Structure of Operational Support, 1999; Taylor & Napier, 1996; Zavitz, 2004.

Enfin, les valeurs des jeunes peuvent être modifiées à la suite de leur participation à un projet de coopération internationale. Outre le fait que celles-ci soient tout simplement bouleversées (Bachner & Zeutschel, 1994; CSI de Sherbrooke & Bélisle, 2005; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Hudson & Inkson, 2006), les études démontrent aussi que les jeunes font preuve d’une plus grande ouverture d’esprit (Andrews & Higson, 2008; Bachner & Zeutschel, 1990; CSI de Sherbrooke & Bélisle, 2005; Jones, 2005; Russel, 2005; Tess & Bradbury, 2009; Tiessen, 2008) et d’une plus grande ouverture sur le monde (Bates, 1997; Cook, 2005; Friesen, 2004; Friesen, 2011; Gurstein, Lovato & Ross, 2003; Kang Suh, 2009; McBride, Lough & Sherraden, 2010). Ils sont également plus tolérants envers les autres et envers les diverses situations auxquelles ils font face quotidiennement (Chevannes & Hansel, 1990; Ehrichs, 2000; Foroughi, 1991; Hart, 1992; Kauffman et al., 1992; Powell & Bratović, 2007). Le fait d’assumer sa citoyenneté globale devient aussi plus important pour les jeunes (Archambault, 2005; Cook, 2005; ECOTEC, 2000; Friesen, 2004; Powell & Bratović, 2007; Roker & Eden, 2005; Solidarités Jeunesses, 2001; Tiessen, 2008). Quelques auteurs soulignent quant à eux le développement de la spiritualité des jeunes (Cook, 2005; Tuttle, 1998), alors que Kang Suh (2009) soutient que la réalisation d’un projet de coopération internationale n’a aucun impact sur le développement de la foi.