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CHAPITRE 5 PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

5.5 Point de vue des participants sur le déroulement du projet de stage

5.5.1 Participation aux activités pré-séjour au Costa Rica

5.5.1.1 Participation au sein de la jeune coopérative

Lors de la première entrevue, les répondants accordaient beaucoup d’importance aux activités liées à la jeune coopérative, puisqu’ils la mettaient alors sur pied. À ce moment, ils voyaient cette étape du projet de stage de façon très positive. Ainsi, la plupart d’entre eux (n=7) appréciaient leur implication dans l’entreprise, même s’ils trouvaient que cette participation exigeait beaucoup de leur temps. Ils disaient éprouver du plaisir dans la réalisation des activités liées à la jeune coopérative. Plusieurs d’entre eux occupaient un poste au sein du conseil d’administration (n=4) et six ont trouvé que la formation reçue pour démarrer la jeune coopérative leur avait été utile pour comprendre le fonctionnement d’un conseil d’administration et connaître les valeurs de base du modèle coopératif.

Il faut vendre des affaires, […] mais j’aime ça, je m’implique et c’est plaisant. C’est sûr que c’est du temps, mais ça prend juste de la volonté, si tu veux faire un beau voyage, il faut que tu t’impliques selon moi. (Annie) Je trouve que [les formations reçues pour la coopérative], ça m’a aidé beaucoup parce que je ne savais pas vraiment comment ça fonctionnait, je ne savais pas vraiment le rôle, les méthodes du président ou du trésorier.

(Arthur)

Bien que les propos des répondants sur leur participation furent très positifs lors de la première entrevue, l’enthousiasme envers cette jeune coopérative a semblé avoir diminué au moment de la deuxième entrevue (réalisée trois mois plus tard), nota mment en raison d’une inégalité perçue dans la répartition des tâches entre les répondants. Certains participants (n=3) avaient alors le sentiment d’investir plus de temps et d’énergie que les autres élèves au sein de cette coopérative. De plus, le fait que deux groupes distincts (les élèves inscrits au projet de stage et ceux inscrits dans la classe entrepreneuriale) soient unis dans la jeune coopérative rendait l’expérience plus difficile. En effet, les répondants soulignaient la difficulté de travailler avec les élèves du groupe d’entrepreneuriat, car ils avaient l’impression que ces derniers leur faisaient perdre du temps lors des rencontres sans fournir d’efforts au travail. Le manque de maturité relatif

au jeune âge de certains membres de la coopérative a été mentionné (n=2) comme cause des conflits. Lors de la dernière entrevue, deux répondants ont rapporté avoir été étonnés de la réussite de la jeune coopérative, précisant qu’au départ, ils s’attendaient plutôt à un échec.

Mais avec les personnes qui étaient dans la coopérative, ça créait des froids […] comme deux petites cliques, deux gangs. Ce qui fait que bien souvent il y avait des disputes […] parce que les deux étaient liés. (Dalia) Je m’implique beaucoup à la ferme aussi. Je m’implique un peu en couture. Je m’implique aussi au magasin. Même là, regarde, ce n’est pas compliqué, les professeurs et le monde disent que je m’implique trop […] «dealer» avec des « flos » de 16 ans et de 15 ans […] ça se dit des adultes et c’est alarmant que ça pleure pour des niaiseries. (Dave)

Je ne pensais pas que [la jeune coop] allait donner quelque chose de positif mais finalement on a réussi. (Arthur)

5.5.1.2 Activités de financement

Lors de la deuxième période de collecte des données, les activités de financement allaient bon train. Les répondants estimaient que ces activités étaient importantes pour deux principales raisons : (a) elles leur permettaient de tisser des liens entre eux et d’apprendre à travailler ensemble avant le départ au Costa Rica et (b) de mieux se connaître personnellement pour être en mesure de se contrôler plus facilement en prévision du choc culturel auquel ils s’attendaient d’être confrontés pendant la réalisation de leur séjour au Costa Rica. La plupart des répondants (n=6) ont précisé avoir complété les tâches qui leur avaient été assignées lors des deux activités de collecte de fonds. Plusieurs d’entre eux (n=4) ont également souligné leur grand investissement dans la vente de chocolats pour leur propre financement personnel.

Dans le magasin, je pense que je dois être celle qui efface le plus de cahiers, je pense que je suis la seule qui s’occupe des plantes […] dans les C.A., même dans les campagnes de financement pour le Costa Rica, j’étais celle qui prenait le plus de place parce que je suis la plus organisée, d’après moi. (Dalia)

On a des petites activités qu’on a créées avec le groupe pour en même temps tester la patience de tout le monde […] bien, tu sais, on avait notre journée d’école, nos six heures d’école ici normales, puis après on avait un 5 à 7 et c’est nous qui l’organisions […] c’était volontaire dans leur formation […] là ils nous en demandaient un petit peu plus, juste pour voir, tu sais, de tester qui va se taper sur les nerfs, qui se tapera pas sur les nerfs, qui devient fatigué, qui ne devient pas fatigué, qui est plus tolérant, qui ne l’est pas […] ça nous donne une bonne idée de comment

[…] les moments de tension là-bas vont être, parce qu’il va y en avoir,

c’est sûr. Alors c’est ça, ça nous a bien préparés, je trouve. (Christian)

5.5.1.3 Cours d’espagnol

La participation obligatoire aux cours d’espagnol a été perçue comme étant nécessaire par l’ensemble des répondants (n=8), puisque les Costariciens auprès de qui leur stage devait se dérouler ne parlaient pas français. En effet, une fois au Costa Rica, la seule façon pour eux de se faire comprendre autrement que par l’utilisation de gestes était de réussir à s’exprimer en espagnol. C’est cette connaissance linguistique qui leur permettrait de développer des relations avec les Costariciens et de faire connaître leurs besoins (faim, soif) à leurs hôtes pour que ceux-ci puissent les combler rapidement et facilement. Les répondants estimaient cependant que ces cours n’étaient pas suffisants pour parler et comprendre correctement l’espagnol. Ils pensaient que les trois heures par semaine offertes sur une période de quatre mois ne leur permettraient pas de maîtriser suffisamment cette langue avant la réalisation du stage au Costa Rica. Ils avaient plutôt l’impression de n’en connaître que des éléments de base, de ne pas être en mesure de s’exprimer de façon fluide.

On a appris l’espagnol mais pas très bien […] probablement que les premiers jours vont être difficiles à cause de la langue. (Béatrice)

Les cours d’espagnol c’est assez dur, il va falloir que j’étudie et que je me concentre pas mal pour en apprendre le plus possible, pour ne pas arriver là-bas et ne pas parler, rester dans mon coin. Je voudrais l’apprendre pas mal pour réussir à parler, à communiquer avec eux autres. (Benoît)

5.5.1.4 Rencontres préparatoires

Pour leur part, les rencontres de préparation au stage au cours desquelles différents thèmes ont été abordés, dont la vie de groupe, le choc culturel, la culture du Costa Rica et les descriptions concrètes des activités du stage, ont été généralement très appréciées par les répondants (n=7). Ils trouvaient que ces rencontres leur donnaient un aperçu concret de ce qui les attendait au Costa Rica. Ils y ont appris la planification du déroulement du stage, ainsi que des éléments à propos de la géographie, du climat et de la culture du Costa Rica. Ils ont aussi reçu des éléments de formation visant à les préparer à être confrontés au choc culturel au cours de leur séjour et à leur donner des outils pour comprendre cet état et y faire face. En démystifiant ces éléments à travers les rencontres de préparation, ils se sentaient rassurés, plus confiants et mieux préparés au départ. Bien que Béatrice24 les ait trouvées inutiles, parce qu’elle ne croyait pas avoir besoin de se préparer à l’avance à ce qu’elle pourrait vivre au cours de son séjour au Costa Rica, d’autres (n=5) auraient aimé en avoir davantage pour se sentir parfaitement préparés à ce qu’ils allaient vivre.

Je suis satisfaite de ce qu’on a eu comme formation parce qu’ils nous ont parlé en gros du Costa Rica, de ce qu’on allait voir, du taux de change, de la place là-bas […] on a parlé du choc culturel […]. Mais je trouve qu’on aurait pu avoir plus de rencontres. (Dalia)

Moi j’aime bien ça parce que ça parle beaucoup de psychologie, tu sais, le choc culturel, etc. […] j’ai bien aimé ça. J’aurais aimé ça en avoir plus, un peu, oui. (Christian)

Ce qui fait que […] on a des rencontres un peu pour savoir comment s’habiller, comment se comporter un peu, mais à part ça, ce n’est pas […] je ne suis pas quelqu'un qui se prépare d’avance […] je vais arriver là-bas et je vais m’adapter tout simplement. (Béatrice)

Enfin, plusieurs répondants (n=5) percevaient les relations créées entre eux comme étant très importantes. Le fait de bien connaître les autres élève+s avant leur départ les sécurisait, car certains craignaient de se sentir seuls ou isolés pendant le séjour au Costa Rica. Toutefois, certains participants (n=2) considéraient que les relations entre

les élèves constituaient un obstacle au bon déroulement du stage. En effet, au cours des quelques mois passés à s’impliquer au sein de la jeune coopérative et dans les autres activités de préparation, plusieurs tensions sont survenues entre quelques membres du groupe. Une fois au Costa Rica, tous les membres de celui-ci devraient vivre ensemble de façon intensive et cette proximité leur faisait craindre que les tensions existantes ne s’enveniment.

L’esprit d’équipe. C’est le groupe qui part au Costa Rica, on se tient tous et avec la COOP […] j’ai tissé des liens avec du monde aussi, ça m’a fait des amis et… Ah! J’ai bien aimé ça! (Dave)

Bien, genre qu’on est des personnes qui ne sont pas toujours ensemble et là on va tout le temps être ensemble et c’est sûr que ça se peut qu’il arrive un peu des conflits mais […] je pense qu’on est quand même proches et

[…] on se tient debout. (Corinne)

D’après moi ça va bien aller, parce que je ne suis quand même pas toute seule, moi je pars avec [des personnes très proches de moi], donc normalement je suis quand même entourée […] de personnes d’ici, ce qui fait que ça devrait être moins dur. (Béatrice)

De prendre des décisions de groupe, […] ça va être difficile de faire ça jusqu’à la fin, ça c’est sûr. Surtout en voyage, on a tout le temps un emblème de liberté dans notre tête, on veut faire ce qu’on veut, mais on est en groupe, ce n’est pas un projet de voyage qu’on va faire. (Christian)