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CHAPITRE 6 DISCUSSION

6.2 Déroulement du projet de coopération

Le déroulement d’un projet de coopération internationale se fait en plusieurs étapes. Cette section traite de chacune de celles-ci. Les activités préparatoires sont d’abord exposées, avant de présenter le déroulement du séjour de coopération internationale. Enfin, le retour dans le pays d’origine à la fin du projet de stage est analysé.

6.2.1 Activités préparatoires

Bon nombre d’auteurs s’entendent pour dire qu’une préparation adéquate est nécessaire aux jeunes avant qu’ils ne se rendent à l’étranger pour réaliser un projet de coopération internationale27. C’était aussi l’avis des organisateurs du projet faisant l’objet de notre propre étude.

Cook (2005) décrit le milieu scolaire comme étant un lieu propice à la préparation et à l’encadrement des jeunes avant leur départ. Cushner (1994) précise toutefois que des apprentissages doivent être faits en dehors des classes pour que les jeunes soient vraiment préparés. La participation des élèves à la jeune coopérative et aux activités de collectes de

27 Adeney, 1996; Allen, 2001; Anthony, 1994; Archambault, 2005; Borthwick, 1996; Brewer, 2000; Choquette, 2008; Cook, 2005; Cushner, 1994; Daftay & McBride, n.d.; Epprecht, 2004; Friesen, 2004; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Law, 1994; Lutterman-Aguilar & Gingerich, 2002; McBride & Daftary, 2005; Powell & Bratović, 2007; SAI, 2004; Slimbach, 2000; Tuttle, 1998; Van Engen, 2000; Ver Beek, 2005; Wisbey, 1990; Zavitz, 2004.

fonds a servi à préparer ceux-ci en dehors des classes, tout en demeurant ancrée dans un processus d’apprentissage, ce qui devait, selon Brewer (2000) et Wisbey (1990), permettre aux jeunes de bénéficier de retombées positives par rapport à leur participation au projet de stage. Le fait de placer les jeunes en situation d’apprentissage, tant pendant qu’en dehors des heures de classe, a forcément eu une influence positive sur la préparation de ces derniers à vivre dans un pays étranger pour y faire de la coopération internationale. Au cours de ces périodes de préparation, les jeunes ont eu l’occasion de se construire des connaissances sur le pays d’accueil. Ils ont également appris à connaître les autres membres du groupe et les interrelations créées avant leur départ ont influencé les relations au cours du séjour au Costa Rica.

Les auteurs soulignent également l’importance de connaître la langue parlée dans le pays d’accueil avant de s’y rendre (Epprecht, 2004; Friesen, 2004; Kang Suh, 2009; Lutterman-Aguilar & Gingerich, 2002). Tous les répondants jugeaient aussi cette formation nécessaire avant leur départ. D’ailleurs, la préparation au projet de stage exigeait d’eux qu’ils assistent à un cours d’espagnol d’une durée de trois heures par semaine pendant les quatre mois précédant leur départ.

Les rencontres de préparation auxquelles devaient assister les jeunes comprenaient tous les éléments essentiels ciblés dans les recherches recensées, notamment la connaissance du pays d’accueil et des tâches à réaliser au cours du stage ainsi que la préparation au choc culturel (Adeney, 1996; Allen, 2001; Choquette, 2008; Dumas, 1999; Gauthier & Olivier-D’Avignon, 2005; Kang Suh, 2009; Law, 1994; Slimbach, 2000; Van Engen, 2000; Zavitz, 2004). Les rencontres ont, en effet, donné l’occasion aux élèves de mieux connaître leur pays d’accueil, son climat, sa géographie, sa culture et les étapes du déroulement de leur stage, ce qui les a rassurés et rendus plus confiants. Elles leur ont aussi permis de comprendre le choc culturel afin d’y être préparés. Lorsqu’ils se sont rendus au Costa Rica, les élèves ont pu expérimenter la réalité de ce nouveau pays et, ainsi, construire leurs connaissances sur ce dernier.

6.2.2 Réalisation du séjour

La création de différents liens interpersonnels au cours du séjour au Costa Rica correspond à ce qui a été aussi démontré dans les études existantes. En effet, tous les jeunes ont développé des liens positifs avec les membres de la communauté d’accueil. La moitié d’entre eux (n=4) perçoivent même ces relations comme étant l’élément le plus significatif de leur séjour. Ces résultats corroborent ceux obtenus dans d’autres recherches (Carlson et al., 1990; Cook, 2005; Dumas, 1999), qui ont démontré que les relations créées avec les membres de la communauté d’accueil constituent l’élément le plus marquant du séjour de leurs répondants. La présente étude révèle également, tout comme celle de Kang Suh (2009), que le séjour au Costa Rica a été, dans son ensemble, un élément marquant dans la vie des jeunes et une source d’enrichissement.

Contrairement à ce que certaines études démontrent, aucun stagiaire n’a fait spécifiquement mention d’un sentiment d’inégalité entre les membres de son groupe de voyage et ceux de la communauté d’accueil (Duffy, 2002; Mowforth & Munt, 2003; Simpson, 2004; Slimbach, 2000; Van Engen, 2000; Zavitz, 2004). Ils ont tout de même perçu des différences, entre eux et les costariciens, qui réfèrent à des inégalités économiques (conditions de vie difficiles, accès limité à l’éducation). La perception d’inégalité qui émerge de la littérature consultée a toutefois été associée au manque de supervision des jeunes pendant la réalisation de leur stage. Or, plusieurs répondants de la présente recherche (n=5) ont fait mention du soutien, de l’écoute et des bons conseils prodigués par leurs accompagnateurs. La qualité de l’accompagnement est sans doute ce qui a permis aux jeunes de ne pas développer une perception stéréotypée de leurs relations avec les membres de la communauté d’accueil. Enfin, tout comme dans d’autres études, la dynamique du groupe de stagiaires a été marquée à la fois par la présence de conflits et par des relations positives créées entre certains membres du groupe (Institute for Public Policy Research, 2009; Swaney, 2012).

Le travail effectué par les jeunes au cours de leur séjour au Costa Rica correspond à ce qui est réalisé dans les différents programmes de coopération internationale. En effet,

les jeunes œuvraient dans le domaine de l’agriculture en supportant le projet de coopérative de leur communauté d’accueil. Ils devaient s’occuper des animaux et travailler dans les champs afin de cultiver la nourriture de ces derniers. Leur perception du travail est également la même que celle des stagiaires des différents autres programmes de stage recensés (Kang Suh, 2009; McBride & Daftary, 2005; McBride et

al., 2006; Zavitz, 2004). Ils ont, en effet, eu l’impression que leur travail n’apportait pas

une aide réelle à la communauté, mais que l’apport financier lié à leur présence dans celle-ci constituait la véritable aide dont elle pouvait bénéficier. Cette perception a été rendue possible grâce aux connaissances qu’avaient déjà acquises les jeunes sur les besoins d’une communauté et l’aide qui pouvait lui être nécessaire. En confrontant ces connaissances à la réalité vécue au Costa Rica, ils ont été en mesure de juger de la qualité de leur propre travail et de l’impact de ce dernier sur la communauté d’accueil. Ainsi, les jeunes se sont construit des connaissances sur la qualité du travail qu’ils effectuaient au cours de leur stage.

6.2.3 Retour dans le pays d’origine

Les études existantes démontrent qu’un bon encadrement au retour est bénéfique pour les jeunes qui ont participé à un projet de coopération internationale, surtout à long terme (Anthony, 1994; Borthwick, 1996; Dumas, 1999; Friesen, 2004; McBride & Daftary, 2005; Peterson, Aeschliman & Sneed, 2003; Rehberg, 2005; Tuttle, 1998). Ces études révèlent également que les projets de coopération internationale en milieu scolaire offrent un meilleur encadrement au retour. Cet encadrement prend généralement la forme d’« une aide, après leur retour dans le pays d’origine, à réfléchir aux difficultés qui peuvent parfois être rencontrées dans des expériences interculturelles » [traduction libre] (Rehberg, 2005 :121). Le fait que les jeunes répondants de la présente étude aient pu bénéficier de la présence d’un intervenant social au besoin, lors de leur retour dans leur pays d’origine, et que cinq d’entre eux en aient effectivement consulté un, ne permet toutefois pas d’établir que l’encadrement prévu dans le projet de stage coopératif était adéquat ou inadéquat. En effet, tous les élèves du CFGA responsable du projet de stage de cette étude avaient accès à un intervenant social au besoin. Ce n’était pas un privilège

réservé à ceux qui participaient au projet de stage coopératif. Dans un autre ordre d’idées, plusieurs jeunes (n=5) ont choisi de ne pas participer aux activités prévues après la réalisation du stage de coopération internationale au Costa Rica, notamment au sein de la jeune coopérative. Ce résultat va à l’encontre de d’autres recherches (Bachner et Zeutschel, 1990; Cook, 2005; Hess, 1997), qui ont déterminé qu’un bon encadrement au retour permettait aux jeunes de s’impliquer dans leur communauté à la suite de leur stage. Cela dit, le peu de temps écoulé entre le retour et la dernière étape de collecte de données ne permet pas d’évaluer l’implication sociale réelle des jeunes, mais seulement celle initialement prévue au sein de la jeune coopérative. Une étude longitudinale aurait permis de mieux cerner l’impact à long terme du stage et de l’encadrement au retour sur l’implication des participants.

En résumé, une bonne préparation doit être offerte aux jeunes avant qu’ils ne se rendent dans leur pays d’accueil pour réaliser un projet de coopération internationale. Le projet de stage coopératif au Costa Rica offrait à ses participants une préparation adéquate. L’accompagnement des jeunes pendant leur séjour à l’étranger a également été approprié et leur a permis d’entretenir des relations égalitaires avec leurs hôtes. Cette étape a également mis de l’avant les différents liens interpersonnels positifs créés par ces jeunes, ainsi que le fait que cette expérience soit significative dans la vie de ceux-ci Enfin, l’encadrement offert aux jeunes une fois rentrés dans leur pays semble avoir été adéquat. L’analyse n’a cependant pas permis d’évaluer l’implication sociale des participants après leur retour.