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LIBERALISATION ET COMMERCE INTRA-COMMUNAUTAIRE : UNE ANALYSE EMPIRIQUE DES EFFETS DU TEC-UEMOA

4. RESULTATS ET DISCUSSIONS

La régression en coupe instantanée faite par les MCO sur les données empilées donne des résultats globalement satisfaisants du point de vue des signes attendus et de la significativité des variables. Ainsi, les R2 ajustés qui sont respectivement de 89% pour le commerce intra-UEMOA et de 76% pour les échanges intra et extra-intra-UEMOA indiquent que les exportations bilatérales sont expliquées respectivement à 89% et à 76% par les variables explicatives.

Individuellement, les variables explicatives présentent les signes attendus et sont pour la plus part significatives à 1%. De même, l’estimation en PPML nous a fourni des résultats qui confirment pour la plupart la théorie des unions douanières. Les signes attendus sont globalement obtenus sauf quelques exceptions très intuitives.

Aimé Kocou DADEGNON - Libération Commerciale et Echanges Intra-communautaires.

Le résultat des estimations des deux échantillons avec les deux méthodes d’estimation sont consignés dans le tableau suivant :

Tableau 1 : Résultats des estimations

Variables indépendantes Echanges intra-UEMOA Echanges totaux

MCO PPML MCO PPML

Note : les chiffres entre parenthèses sont les t de student ; *, ** et *** indiquent que les coefficients sont respectivement significatifs au seuil de 1%, 5% et 10%

Pour mieux cerner l’étude, analysons séquentiellement les résultats obtenus par le PPML.

- Commerce intra-UEMOA

A l’intérieure de l’union, les résultats sont particulièrement moins intéressants. Bien que les signes attendus soient globalement obtenus, plusieurs variables se révèlent non significatives.

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En effet, le pays i étant exportateur, une augmentation de 1% de son PIB entraine, toute chose égale par ailleurs, une augmentation de 0,24% de ses exportations. L’augmentation du PIB du pays j ne l’empêche pas de continuer à importer les biens provenant de i même si cela est relativement faible (0.02%). L’augmentation de 1% du PIB mondial entraine une augmentation plus que proportionnelle de 1,08% des exportations. Les résultats révèlent également que le tarif en vigueur dans l’union est bénéfique aux échanges intra-UEMOA. Il permet un accroissement de 0,80% des exportations entre les Etats membres de l’union. Il en est de même pour le niveau de l’inflation des pays exportateur et importateur de l’union qui n’est pas hostile aux échanges.

A l’image de la grande majorité des études antérieures, le coefficient de la variable distij présente un signe négatif. Ce qui voudra dire que lorsque la distance qui sépare les pays échangistes augmente, toute chose égale par ailleurs, le volume de leurs échanges diminue. Plus précisément, l’augmentation de 1% de la distance entre les pays membres de l’union entraine une baisse moins proportionnelle de 0.003% des échanges. L’impact de la distance sur le flux des échanges est très faible dans l’espace UEMOA en raison de la proximité des différents Etats membres. Quand aux variables muettes, elles ne présentent pas les signes attendus.

Contrairement aux travaux antérieurs, le partage d’une frontière commune entrave les échanges entre les pays de l’UEMOA. Les produits d’exportation des pays de l’union sont donc destinés pour la plupart au reste du monde. De plus, on constate que les pays côtiers sont moins impliqués dans le commerce intra-union que les pays sahéliens. Cela est confirmé par les faits stylisés qui montrent que le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont beaucoup commercé avec les autres pays de l’union au cours de la période d’étude.

- Echanges totaux des pays de l’UEMOA

Ces résultats révèlent que le PIB de l’UEMOA influence faiblement les exportations des pays membres. En effet, lorsque ce PIB augmente de 1%, les exportations des pays membres augmentent de 0,00014%. Il en est de même pour le PIB mondial qui induit une augmentation de 0,002% des exportations des pays de l’UEMOA. A contrario, lorsque le PIB des pays importateurs augmente de 1%, toute chose égale par ailleurs, les flux d’exportation en direction de ces pays diminuent de 0,00002%.

En ce qui concerne la variable tarif, considérée ici comme Tarif Extérieur Commun, elle affecte négativement les exportations des pays membres de l’union (-0,0036%). Contrairement aux conclusions des travaux de Bezeme (2007), des rapports de la BCEAO et de la Commission de l’UEMOA, le TEC-UEMOA n’a pu atteindre ses objectifs. En effet, il est instauré pour

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réduire les importations en provenance des pays non-membres de l’union au profit des pays membres. Il devrait donc logiquement accroître les exportations de l’union vers les pays tiers.

Le niveau d’inflation des pays échangistes, surtout celui des pays importateurs est favorable aux échanges bilatéraux. Cela traduit l’importance du commerce extérieure en thèmes d’apport de devise. Aussi, cet indice est tributaire de l’appréciation très modérée du FCFA qui favorise d’une manière ou d’une autre les échanges commerciaux. Mais malheureusement l’UEMOA n’en profite pas en raison de son incapacité à avoir un excédent de production destiné à l’exportation.

Comme attendu, les exportations décroissent avec les coûts de transport. Lorsque la distance augmente entre les partenaires commerciaux, les flux de leurs échanges diminuent.

Pour ce qui concerne la variable UEMOA1 qui est destinée à capter l’effet de l’ACR-UEMOA sur le flux commercial de ses pays membres, elle est positive et significative à 1%.

Elle affecte donc positivement les échanges commerciaux des pays membres. Toute chose égale par ailleurs, les pays appartenant à cette union commercent 1,3 fois plus que les autres pays. Ce résultat est relativement faible par rapport à celui trouvé par Bezeme (2007) ; Dramani et Laye (2009) ; Gbetnkom et Avom (2005).

Quant à la variable UEMOA2 qui capte l’effet de création ou de détournement de commerce, son coefficient est positif mais non significatif. Une explication possible est que le TEC pouvait bel et bien induire un effet de création de commerce mais les échanges de l’union étaient considérablement faibles pour y parvenir. Par ailleurs, l’existence d’une langue commune entre les pays de l’UEMOA accroit les flux commerciaux de ces pays. Les variables frontière, côtier et sahel sont moins importantes dans les échanges commerciaux de l’UEMOA avec le reste du monde.

CONCLUSION

A l’issue de cette étude dont les objectifs spécifiques étaient d’évaluer l’impact du TEC-UEMOA sur le flux des échanges commerciaux intra-communautaires et de vérifier l’effet viner de ces échanges, on peut retenir globalement que l’espace UEMOA est profitable aux pays membres. Mais le TEC instauré depuis le 1er Janvier 2000 n’a pas atteint son objectif principal, celui d’induire une création de trafic.

En effet, l’estimation en PPML du modèle de gravité structurelle avec un échantillon de

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satisfaisant. Les coefficients des variables traditionnelles et des variables muettes de contrôle sont presque tous de signes attendus. Des résultats des estimations, on retient principalement que le Tarif Extérieur Commun accroit substantiellement les échanges entre les pays de l’union mais ne permet pas à l’union de remplacer ses importations en provenance du reste du monde par des productions locales. La principale raison de cet échec est l’insuffisance de production made in UEMOA. Les quelques exportations enregistrées sur la période d’étude résultent du secteur minier notamment l’or et le pétrole brute qui profitent plus aux importateurs.

En guise de recommandations de politiques économiques, il est important que chacun des pays de l’union identifie les biens et services dans lesquels il a d’avantages comparatifs afin de développer leur production à grande échelle. Que l’UEMOA opte pour la transformation de ses matières premières en biens finaux. C’est seulement de cette façon qu’on pourra créer de la richesse et développer la zone. De plus, pour accroître les échanges intra-UEMOA, il faudra que la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires soit effective et que tous les centres commerciaux de l’union soient plus interconnectés. Ces conditions sont indispensables pour faire de l’UEMOA un ACR suffisamment profitable à ses membres et dont le Tarif Extérieur Commun stimule la production à travers la création de commerce.