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NJOUPOUOGNIGNI Moussa, Université de Gaoundéré (Cameroun)

4. Résultats des approches

4.1. Mouvements d’entrée et de sortie de la pauvreté

La matrice de transition de la pauvreté alimentaire pour les ménages est donnée dans le tableaux1. La dynamique au sein des pauvres est marquée par le fait que 55,63% des ménages pauvres de 2006 sont restés pauvres en 2011 pendant que les 44,77% seulement des ménages ont pu franchir le seuil de pauvreté pour devenir non pauvres en 2011. L’évolution du bien-être alimentaire entre 2006 et 2011 au sein des non pauvres se caractérise par le maintien de de 69,31% des ménages non pauvres dans leur statut de non pauvreté alors que 30,69% des ménages y tombent. On note aussi que près de 7116 ménages ont changé de statut soit 40.37%

des ménages.

Tableau 1 : matrice de transition des ménages d’un état i de pauvreté à un état j au Bénin

2011

TOTAL

Pauvre Non Pauvre

2006

Effectif % Effectif % Effectif % Pauvre 6937 55,63 5534 44,37 12471 70.75

Non

Pauvre 1582 30,69 3573 69,31 5155 29.25

TOTAL 8519 48,33 9107 51,67 17626 100

Source : nos résultats à partir des données EMICoV, 2006 et 2011

De 2006 à 2011, 44.37% de ménages pauvres initiaux sont sortis de la pauvreté tandis que 55.69% des ménages pauvres initiaux demeurent dans leur état de pauvreté. En revanche 30.69% des ménages non pauvres en 2006 tombent dans la pauvreté en 2011. Le seuil de pauvreté alimentaire de 2011 est de 292.143 FCFA contre 123.317 FCFA en 2006 traduisant une mobilité importante autour du seuil de pauvreté.

La décomposition de l’incidence de la pauvreté montre les composantes des pauvres qui sont restés pauvres est de grande taille soit en valeur relative 6937 ménages. Seulement 5534 ménages sont sortis de la pauvreté tandis que 1582 ménages ont rejoint le groupe des pauvres.

Toutefois, 3573 ménages non pauvres conservent leur statut.

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4.2. Les déterminants des mouvements d’entrée, de sortie et de persistance dans la pauvreté

Les résultats du modèle logit de déterminants des mouvements d’entrée, de sortie et de persistance dans la pauvreté sont donnés dans le tableau 2 en annexe. La persistance des ménages dans une situation de pauvreté entre 2006 et 2011 est favorisé par les facteurs tels que la taille du ménage, le sexe du chef de ménage , le diplôme et les branches d’activintés.

Toutefois plusieurs autres facteurs peuvent dans le cadre du bénin contribuer à la réduction de la pauvreté. On peut noter le climat, les terres cultivées et surtout celles réservée à la culture du coton. Les facteurs tels que le lieu de résidence du ménage peut également favoriser la sortie de la pauvreté.

La persistance dans la pauvreté ou bien le maintien constant des ménages dans une situation de pauvreté entre 2006 et 2011 est favorisée par plusieurs facteurs déjà évoqués. On retient entre autres les facteurs tels que la branche d’activité, l’éducation, la taille du ménage voire aussi l’état matrimoniale et la climatologie ainsi que les terres reversées à la culture du coton, principale culture industrielle du bénin, ont des effets marginaux positifs. Nombreux sont les facteurs qui contribuent à réduire la probabilité d’être toujours pauvres. On note le sexe du ménage, les zones d’habitation (rurale ou urbaine), les branches d’activités et l’éducation.

Les mouvements d’entrée dans la pauvreté, sont favorisés par le lieu de résidence, la branche d’activité, l’éducation et l’âge. En revanche, nombreux sont certains facteurs qui réduisent la probabilité d’entrée dans la pauvreté. C’est le sexe et la taille du ménage. C’est un résultat qui qui confirme certain travaux effectués par l’Institut national de la Statistique et de l’Analyse Économique (INSAE) en mars 2014 dans le rapport d’évaluation de la pauvreté au Bénin. En effet, les ménages qui sont entrés dans la pauvreté ou qui sont toujours pauvres, sont généralement ceux vivant en milieux rural, de grande taille, ayant un niveau de vie initial faible, dirigés par des hommes âgés travaillant dans le secteur primaire en tant que manouvre ou pour compte propre. En se résumant, les différents facteurs qui impacte de manière différente la transition dans la pauvreté sont : le cycle de vie, le niveau d’instruction du chef de ménage, son sexe, l’accès à l’emploi, le lieu de résidence, l’accessibilité aux biens sociaux7, la taille du ménage et l’exposition aux chocs biophysiques8 et sociaux. Considérant les facteurs d’entrée ou de maintien dans la pauvreté, celui de la taille du ménage est préoccupant. En effet, son effet prédominant est de nature à réduire une demande sociale de plus en plus élevées face à une

7 Logement, santé, l’éducation et la communication.

8 Sécheresses et inondations.

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croissance économique faible (3.5% entre 2002 et 2013, INSAE 2014 contre 2.8% entre 1972 et 1982). Si l’évolution démographique constatée a pour effet d’atténuer les efforts de développement non encourent soutenus, alors la conséquence immédiate consistera à la hausse du taux de pauvreté.

On constate au bénin que la portion de ménage évoluant dans l’informel entre presque toute dans la pauvreté ou y demeure. Dans le même ordre d’idée, les chefs de ménage chômeurs persistent dans la pauvreté au bénin. On y trouve généralement les conducteurs de mototaxi ou

« Zemijang » et certains commerçants en situation de sous-emploi.

4.3. Déterminants de la pauvreté chronique et transitoire

Les résultats du modèle Logit de déterminants de la pauvreté chronique et transitoire sont consignés dans le tableau 4 et dans le tableau6 pour les effets marginaux. Il faut souligner que le maintien chronique des ménages agricoles dans la pauvreté alimentaire entre 2006 et 2011 est significativement favorisé par les facteurs tels que la taille du ménage, la branche d’activités regroupées et le sexe du chef de ménage qui ont des effets marginaux positifs. Notons qu’il existe plusieurs autres facteurs qui concourent à l’éradication de la pauvreté alimentaire et chronique au Bénin. Il s’agit notamment des volumes d’activités agricoles du Nord, destinées à la culture du coton et céréalières qui permettent de compenser la faible productivité des terres.

La pauvreté transitoire des ménages est favorisée par la taille, le vieillissement des chefs du ménage et le sexe du ménage. En revanche, la superficie cotonnière et céréalière au Nord réduit la probabilité d’être transitoirement pauvre. Partant du fait qu’on a quatre groupes de ménages, on peut les classer en ménages chroniquement pauvres et transitoirement pauvres. Considérons la catégorie des pauvres restés pauvres « PP » comme chroniquement pauvre, et les catégories des pauvres ou non pauvres devenues pauvres, encore appelé les « souvent pauvres » ou

« transitoirement pauvres ». L’ensemble des ménages pauvres en 2011 étant de 8519 soit 48/33% des ménages, on peut opérer la décomposition suivante : 39.36% des ménages sont en situation de pauvreté chronique tandis que ceux qui entrent et sortent ont un effectif de 40.37%.

On peut noter que les mouvements d’entrée et de sortie de la pauvreté sont importants et concernent environs 40% des ménages situés de part et d’autre de la ligne de pauvreté.

On peut déduire que les mouvements de sortie concernent principalement les pauvres situés à proximité du seuil de pauvreté et les mouvements d’entrée d’origine conjoncturelles. On s’aperçoit de part ces analyses qu’au Bénin, l’importance de la pauvreté alimentaire est du à son caractère chronique et structurel frappant pour la grande majorité, les ménages de grande taille.

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Les résultats du modèle logit de détermination des mouvements d’entrée et de sortie et de persistance dans la pauvreté alimentaire sont consignés dans le tableau numéro deux. Dans le modèle multilogit, ce sont les signes des effets marginaux, qui peuvent être différents des signes des coefficients qui indiquent le sens de l’impact de la variable sur la probabilité d’être dans la modalité de la variable dépendante Cramer 1991. Les analyses sur les effets des variables sur les effets des variables aux probabilités de maintien dans la pauvreté ou des mouvements de sortie, se basent sur les effets marginaux données dans le tableau quatre.

La persistance dans la pauvreté qui signifie le maintien constant des ménages dans une situation de pauvreté entre 2006-2011 est favorisé par les facteurs tels que la taille des ménages, le sexe du chef de ménage, l’âge du chef de ménage, les branches d’activités qui ont des effets marginaux positifs. En revanche, plusieurs facteurs contribuent à réduire la probabilité d’être toujours pauvre. Il s’agit de l’âge dans le ménage, les branches d’activités regroupées.

En effet, la probabilité d’être pauvre augmente avec le chef de ménage femme. Autrement dit, la pauvreté alimentaire au Bénin augmente avec le sexe du chef de ménage. La pauvreté alimentaire d’un ménage dirigé par une femme est de 0.56 tandis que pour un ménage dirigé par un homme est de 0.51. De même, la probabilité d’être pauvre diminue lorsqu’on travaille dans un secteur d’activité quel que soit au Bénin. La pauvreté alimentaire augmente avec la taille du ménage. Soit avec une probabilité de 0.65. Les mouvements d’entrée et de sortie sont principalement favorisés par la taille du ménage, l’âge dans le ménage, les branches d’activités regroupées, excepté le secteur de l’énergie, le transport et les communications, banques et assurance.

En revanche, un certain nombre de facteurs réduisent la probabilité d’entrée dans la pauvreté alimentaire du Bénin. Il s’agit entre autres, l’âge avant la vieillesse, certaines branches d’activités, la taille du ménage. Le sexe du chef de ménage et le niveau d’instruction n’ont aucun effet. Ce résultat est surprenant et nécessite des analyses approfondies ultérieures. Un des résultats attendus était que le niveau d’instruction qui suppose accès facile à l’emploi soit un déterminant important. Les zones de résidences notamment le Nord (zone de culture par excellence) à cause des aléas climatiques et de la variation des prix d’achat aux producteur.

Les mouvements de sortie de la pauvreté alimentaire, sont significativement influencés par le sexe du chef de ménage, l’âge dans le ménage, le niveau d’instruction, les branches d’activités regroupées excepté le secteur informel et la taille du ménage. Les zones de résidences n’ont aucune chance pour empêcher le mouvement, de même que le secteur de l’énergie et de l’eau.

C’est la raison sans doute pourquoi l’état a axé ses stratégies de réduction de la pauvreté sur le

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social en l’occurrence l’accès facile aux soins de santé , l’éducation et la construction des points d’eaux dans tout le territoire accompagné de l’électrification rurale etc.

Plusieurs facteurs mettent en évidence la pauvreté alimentaire chronique et transitoire au Bénin.

On s’aperçoit que le maintien chronique des ménages agricoles dans la pauvreté alimentaire entre 2006-2011 est significativement favorisé par les facteurs tels que la taille du ménage, le niveau d’instruction, les branches d’activités regroupées qui ont des effets marginaux positifs.

Les chocs climatiques dans les régions du Nord, zone agricoles favorisées est parfois la principale cause des déficits de production alimentaire. Cependant, plusieurs facteurs contribuent à réduire la probabilité d’être chroniquement pauvre. On peut noter surtout les volumes d’activités agricoles notamment les superficies cotonnières permettant de compenser la faible productivité des terres.

La pauvreté transitoire est favorisée aussi bien par la taille du ménage, la vieillesse du chef de ménage et la structuration géographique. En revanche, la production cotonnière réduit la probabilité d’être transitoirement pauvres.

5. Conclusion et Implications de Politiques de Réduction de la Pauvreté Alimentaire au