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1-2-1 L’enseignement supérieur public

1-2-1-1. Les universités

La réforme de l’enseignement supérieur a entraîné l’éclatement de l’université nationale en trois universités. Il s’agit des universités de Cocody et Abobo-Adjamé à Abidjan et de l’université de Bouaké. Ces deux dernières structures vont se voir rattacher des URES (Unités régionales de l’enseignement supérieur) installées respectivement à Daloa et à Korhogo. En effet, comme le recommande la sixième grande orientation de la réforme, l’État ivoirien depuis 1995 a procédé à la décentralisation des structures d’enseignement supérieur. Cette décentralisation favorise l’émergence d’une université de proximité et l’éclatement des pouvoirs décisionnels. La politique de décentralisation des structures de l’enseignement supérieur a également favorisé la création des UFR (Unité de formation et de recherche) qui correspondent à un projet éducatif et à des programmes de recherche mis en œuvre par des enseignants et des chercheurs relevant d’une ou plusieurs disciplines fondamentales ou appliquées (exemple : l’UFR Science de la terre et ressources minières fait intervenir la Géologie, la Géographie, la Chimie et la Physique)284. La recherche qui est le fondement de l’enseignement universitaire est critiquée car elle semble avoir perdu son dynamisme. On lui reproche entre autres son incapacité à intégrer ses résultats dans l’enseignement et son ignorance des réalités socio-économiques. Les UFR ont donc été créées avec l’ambition d’y remédier. Les ex-facultés vont donc connaître une déstructuration. On pourra voir des laboratoires se fédérer dans un même département. Ces UFR auront également pour particularité par rapport aux ex-facultés de proposer en plus des filières académiques classiques, des filières professionnelles, cette initiative s’explique par une volonté du monde universitaire d’opérer un rapprochement avec celui de l’emploi. L’ouverture sur le monde extérieur n’avait que très rarement fait partie des préoccupations majeures de l’université. De nos jours, avec la situation économique désastreuse et les difficultés qu’éprouvent les jeunes diplômés pour obtenir un premier emploi, l’université s’efforce de réagir.

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Il faut néanmoins relever que cette initiative contrairement à ce qu’on pourrait penser n’est pas tout à fait nouvelle en Côte d’Ivoire. Déjà en 1972, sur le site de l’ex-université nationale de Côte d’Ivoire devenue depuis cette réforme l’université de Cocody à Abidjan une « maîtrise de sciences et techniques d’électromécanique » fut créée et connut un réel succès285.

Le regroupement thématique des activités de recherche est également un des éléments clé de la restructuration de l’enseignement supérieur. En effet, pendant des années on a pu observer un cloisonnement des centres de recherche. Plusieurs centres sous la tutelle de différents ministères verront le jour tout en poursuivant les mêmes objectifs. Ce sectarisme fut destructeur car un esprit autonomiste va s’installer et porter préjudice à la coordination scientifique. Les enseignants et les chercheurs vont évoluer de façon solitaire sans que l’occasion leur soit donnée de se retrouver dans différentes activités scientifiques. Cette situation fut à la base de la disparition du CURD (Centre Universitaire de Recherche et de Développement)286 en 1981. Depuis, malgré plusieurs réunions convoquées par le ministère de tutelle, il fut impossible de recréer un esprit de coopération. Cette situation ne saurait perdurer. Comme le souligne Claudine LEBORGNE-TAHIRI :

La recherche actuelle ne peut avancer qu’en associant moyens, crédits, et équipes parfois pluridisciplinaires, interrégionales, voire internationales.287

Cette volonté de décentralisation même si elle présente de nombreux avantages, implique néanmoins des investissements importants. En cette période de récession économique l’État se voit contraint de démultiplier les infrastructures (les bibliothèques, les salles de manipulation, les salles de travail et de réunions). Elle nécessite également le recrutement d’enseignants, de personnels administratifs et techniques supplémentaires.

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LEBORGNE-TAHIRI Claudine. Op. Cit. p.62.

286

Idem, p.63.

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1-2-1-2. Les Grandes écoles.

Depuis son accession à l’indépendance le 7 août 1960, l’État ivoirien a favorisé la création de nombreuses Grandes écoles publiques. En 2003, la Sous-direction de la planification et de l’évaluation288 du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique recensait trente neuf Grandes écoles publiques sur toute l’étendue du territoire ivoirien. Cependant, il est important de souligner que sur près d’une quarantaine de Grandes Écoles publiques seulement quatre se trouvaient sous la tutelle du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il s’agissait de :

- L’École Nationale de Statistique et d’Économie Appliquée (ENSEA). - L’École Normale Supérieur (ENS).

- L’Institut Pédagogique National de l’Enseignement Technique et Professionnel (IPNETP).

- L’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny (INPHB).

L’intégration des Grandes écoles de Yamoussoukro (l’ESTP, l’ESA, l’ESI, l’ESCAE, l’ESMG, l’EFCPC)289 dans un institut (INPHB) de façon à mieux utiliser les ressources est également un acquis de la réforme290.

1-2-2 L’enseignement supérieur privé

Conformément à la quatrième grande orientation de la réforme qui recommande d’offrir de plus grandes possibilités de formation. L’État ivoirien a laissé se développer un secteur privé qui avait au début de ce 21e siècle, la capacité de prendre en charge environ 30 % de la population estudiantine (en 2000, sur près de 110 000 étudiants ivoiriens environ 32 000 étaient inscrits dans le privé)291, à en croire Guy MASSICOTE selon des estimations préliminaires, cette proportion pourrait atteindre 40 % en 2010292. Les établissements de

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Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Liste des établissements de l’enseignement supérieur public et des universités privés.2002/2003.

289

République de Côte D’ivoire, La réforme de l’enseignement supérieur : Innover pour réussir, Abidjan , Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation technologique.1995, p.14.

290

MASSICOTE G., La réforme de l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire : Bilan et perspectives. Banque mondiale, février 1997. http://obelix.uqss.uquebec.ca/est/9702-24a.htm.

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Source : Sous-direction de la planification et de l’évaluation du Ministère ivoirien de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

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l’enseignement supérieur privé offrent des formations dans des domaines professionnels qui correspondent à des besoins explicites du marché du travail. Il y a dix ans dans la majorité des cas il s’agissait de filières BTS qui offraient une formation en deux ans, les plus nombreuses étaient dans le secteur tertiaire. De nos jours, avec l’émergence de Grandes écoles internationales telle que HECI (Hautes Études Canadiennes Internationales) et d’universités privées issues de partenariats internationaux telles que l’Université canadienne des Arts, Sciences et Management (UC-ASM) ou l’université de l’Atlantique (ivoiro-espagnole) des formations professionnelles longues sont proposées dans ces établissements aux étudiants (DESS, Master, MBA, cycle ingénieur).

En 2003 on dénombrait pas moins de quatre vingt trois Grandes Écoles et quatre universités privées293 que sont respectivement l’Université Canadienne des Arts, Sciences et Management (UC-ASM), l’Université de l’Atlantique (UA), l’Université Catholique d’Afrique de l’Ouest (UCAO) et l’École Supérieur Internationale de Droit (ESID). En 2004 une cinquième université a ouvert ses portes, il s’agit de l’Université des Temps Libres (UTL). Depuis 2005 l’Université internationale de Grand-Bassam (université américaine) a également fait son apparition dans le monde universitaire ivoirien ce qui porte à six le nombre d’universités privées dans ce pays294.

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Source : Sous-direction de la planification et de l’évaluation du Ministère ivoirien de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

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1-3. L’explosion des effectifs d’étudiants et la situation de l’encadrement dans

l’enseignement supérieur public

1-3-1 Les effectifs d’étudiants par université et par grande école295

1-3-1-1 Effectifs par université

Les effectifs d’étudiants dans les différentes universités ivoiriennes sont :

- Université de Cocody à Abidjan : créée en 1963 pour accueillir 6 000 étudiants, cette université dispose en 2004 officiellement d’un effectif de plus de 50 000 étudiants.

- Université de Bouaké : créée en 1995 pour recevoir 3 000 étudiants, elle en accueille en 2004 environ 15 000 étudiants.

- Université d’Abobo-Adjamé : en 2004, elle compte 7 000 étudiants au lieu de 3 000 prévus initialement.

Il faut rappeler une fois de plus qu’à ces deux dernières sont rattachées respectivement les Unités Régionales d’Enseignement Supérieur (URES) de Korhogo et Daloa.

L’effectif global des étudiants fréquentant les universités publiques s’élève à plus de 70 000 étudiants.

1-3-1-2 Effectifs par Grande école

Dans les grandes écoles publiques les effectifs d’étudiants sont beaucoup plus réduits :

- École Normale Supérieure (ENS) : 1 500 étudiants en 2004.

- Institut National Polytechnique -Houphouët Boigny (INPHB) : 5 000 étudiants en 2004. - Institut Pédagogique National pour l’Enseignement Professionnel Technique (IPNEPT): 617 étudiants296 en 2005.

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Source : Direction Administrative et des Ressources Humaines du ministère ivoirien de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. (Rencontre représentants du ministère et étudiants ivoiriens de France, le 19/03/04).

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- École Nationale de Statistique et d’Économie Appliquée (ENSEA) : 260 étudiants297en 2005.