• Aucun résultat trouvé

3-2-1 La téléphonie fixe

Le 3 février 1997, à la suite d’un appel d’offre international, France Télécom a racheté 51 % des parts de la CI-Telcom (compagnie d’État détenant le monopole dans le secteur des télécommunications) qui est devenu à l’issue de cette privatisation la Côte d’Ivoire Télécom. C’est la filiale France Câble et Radio (FCR), alliée à la société ivoirienne SIFCOM (représentante d’ALCATEL) qui a pris le contrôle de CI-Telcom pour une cession fixée à 105 milliards de francs CFA, environ 160 millions d’euros (le plan de privatisation incluant par ailleurs le remboursement à l’État ivoirien de 40 milliards francs CFA représentant près de 61 millions d’euros de dette) ; France Câble et Radio s’engageant pour sa part, sur un programme d’investissements de 250 milliards francs CFA soit plus de 180 millions d’euros sur 5 ans afin de créer 300 000 lignes supplémentaires, sur la création de 10 000 emplois (directs ou indirects) et sur une politique de formation. Outre France Télécom deux autres sociétés s’étaient portées candidates, Télécom Malaysia et Africa Bell un consortium de sociétés ivoiriennes.

Côte d’Ivoire Télécom a réalisé d’énormes investissements pour moderniser et étendre son réseau. En 2004, le pays disposait de 257 932 lignes téléphoniques principales en service dont 178 547 dans la seule ville d’Abidjan. Le monopole de la téléphonie entre points fixes octroyé à Côte d’Ivoire Télécom pour une durée de sept ans a pris fin le 4 février 2004.Cependant, cette compagnie détient toujours le quasi monopole de la téléphonie fixe

avec un chiffre d’affaire de 107 milliards de francs CFA (163 millions d’euros), 650 000 abonnés et un rythme de plus de 10 milliards d’investissement (plus de 15 millions d’euros) prévus chaque année261. Il faut préciser que malgré le monopole qu’exerçait cette entreprise dans le secteur, les services tels que la téléphonie publique, les transmissions de données et l’Internet étaient déjà soumis à un régime de concurrence.

Arobase Télécom SA, un deuxième opérateur indépendant est entré en activité. Il disposerait de 80 000 abonnés, il ne couvre pour le moment que la ville d’Abidjan (4 000 Kms de fibre optique contre 20 000 Kms pour la Côte d’Ivoire-télécom). Arobase Télécom262 est une entreprise dont l’objectif est de bâtir un réseau de nouvelles technologies basées sur la fibre optique. Elle a démarré son activité et a eu son contrat de concession au mois d’août 2002. À court terme elle prévoit la couverture totale du territoire ivoirien et au-delà de toute la sous région ouest-africaine. Elle propose aussi bien des services traditionnels (téléphonie fixe, transmission de données, GSM) que des services multimédias (Internet, diffusion vidéo etc.).

La possibilité offerte à la population ivoirienne de choisir son opérateur devrait favoriser une baisse des tarifs, cependant aussi paradoxale que cela puisse être, on constate que cette baisse sera perceptible principalement au niveau des appels vers l’international. Les derniers ajustements tarifaires de Côte d’Ivoire Télécom se sont caractérisés par la baisse des coûts des appels vers l’étranger et l’augmentation des coûts des appels locaux. Il faut souligner concernant essentiellement les communications internationales qu’un marché de piraterie s’est développé depuis quelques années, il est évalué au minimum à 30 % du total de ces communications263.

3-2-2 La téléphonie mobile.

L’apparition du GSM264 en Côte d’Ivoire se situe vers la fin de l’année 1996. Depuis lors, jusqu’en 2005 date de nos dernières enquêtes de terrain, quatre licences GSM avait été délivrées mais seulement trois entreprises étaient fonctionnelles. Il s’agit notamment de Orange-Côte d’Ivoire qui est une filiale de France Télécom, Télécel devenue

261

Idem.

262

Partenariat entre Siemens, Deutsch Télécoms et intérêts privés ivoiriens.

263

FOFANA A. Op. Cit.

264

Global System for Mobile communications. Norme numérique européenne utilisant plusieurs bandes de fréquences notamment à 900 et 1800 MHz. Le système GSM est aujourd'hui le principal système mobile en nombre d'utilisateurs et il est présent en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie et aussi sur le continent américain (futura-science.com).

d’Ivoire265 et Cora de Comstar filiale de l’américain Western Wireless (cette dernière a arrêté ses activités dans le secteur et disparue du paysage des télécommunications en Côte d’Ivoire depuis 2004). Aircom qui a obtenu son agrément en août 2000 n’est toujours pas encore en activité. Depuis juin 2006266 un nouvel opérateur, Atlantique Télécom a démarré ses activités dans le secteur sous la marque commerciale Moov267. Il a été suivi le 31 mai 2007 par le Groupe Comium (Entreprise libanaise), premier fournisseur multiservices en télécommunication en Afrique de l’Ouest, qui a lancé ses activités en Côte d’Ivoire sous le nom commercial de KoZ268. Les opérateurs mobiles Oricel, Celcom et Aircom sont les prochains annoncés.

265

MTN-Côte d'Ivoire est une entreprise de télécommunications qui a vu le jour le 01 Juillet 2005, avec le rachat, par le groupe sud-africain M-Cell devenu par la suite MTN international,de la licence de téléphonie mobile de Loteny Telecom (Telecel). Le sigle MTN signifie : Mobile Telephone Networks.

266

OCDE, Perspective économique en Afrique, BAFD/OCDE, 2007, p. 253.

267

Partenariat entre Atlantique-Télécom (filiale de la banque Atlantique) et le groupe Etisalat (Émirats Arabes Unies).

268

Figure 4

Couverture du territoire ivoirien par les opérateurs GSM en2003.

L’avènement de la téléphonie mobile (GSM) a coïncidé avec le « ras de bol » des abonnés devant la mauvaise qualité de service de Côte d’Ivoire-Télécom. Plus de 4 millions de personnes utilisaient le téléphone mobile en Côte d’Ivoire en 2006. Face à ce succès, les opérateurs GSM ont été dépassés par un volume d’abonnement supérieur au dimensionnement de leurs équipements. Ainsi il est très difficile de communiquer à certaines heures de la journée. Le mobile qui a conquis les entreprises de la place constitue aujourd’hui un concurrent sérieux pour la téléphonie fixe. Une économie informelle est née au travers de « cabines cellulaires » à tous les carrefours des grandes villes. Au niveau des abonnements il faut dire que c’est l’entreprise Orange Côte d’Ivoire qui se taille la part du lion. En effet, en août 2005 sur un total de 2 071 807 abonnés au cellulaire, elle comptait 1 106 283 abonnés, contre 965 524 à Télécel (MTN-Côte d’Ivoire). Malgré l’arrêt des activités de Cora de COMSTAR le nombre d’abonnés ne cesse de croître. De 2 349 400 abonnés au cellulaire fin 2005 le nombre est passé à un peu plus de 4 065 400 fin 2006 soit une progression de plus de

73 % pour un taux de pénétration de 22,03 %269. Les abonnés prépayés représentent plus de 97 % des utilisateurs270.

Orange-Côte d’Ivoire avec un chiffre d’affaire de 191 milliards de francs CFA (un peu plus de 291 millions d’euros) et 47 milliards de francs CFA (un peu plus de 71 millions d’euros) d’investissement est le leader du marché ivoirien. Cette entreprise avec ces 1,7 millions d’abonnés en 2006 contre 1,3 millions en 2005 soit une progression de plus de 38 % détient 43 % de part du marché. Elle est suivie de très près par MTN qui a un chiffre d’affaire de 132 milliards de francs CFA (un peu plus de 201 millions d’euros) et 21 milliards d’investissement (environ 32 millions d’euros). Cette compagnie qui dispose de 1,6 millions d’abonnés en 2006 contre 1 millions en 2005 soit une progression de plus de 50 % détient 40 % de part du marché. Enfin, Moov, le troisième opérateur réalise un chiffre d’affaire de 17 milliards de francs CFA (près de 26 millions d’euros) et 70 milliards d’investissement (près de 107 millions d’euros). Il compte 685 000 abonnés soit 17 % de part de marché.

Il faut souligner que le quatrième opérateur appelé KOZ qui est actif depuis seulement juin 2007 aurait déjà investit 200 millions de dollars (soit près de 95 milliards de francs CFA ou 145 millions d’euros) pour le lancement de ces activités.

269

UIT, Téléphone cellulaire mobile, abonnés pour 100 habitants, 2005. http://www.itu.int/ITU-D/ICTEYE/Indicators/Indicators.aspx#

270

FOFANA A. Op. Cit.

Tableau 10

Premier semestre 2005: Évolution mensuelle des abonnés par Opérateur

Opérateurs JANVIER 05 Février 05 Mars 05 Avril 05 Mai 05 Juin 05

Orange 883 787 891 261 897 433 979 988 1 032 342 1 051 166

TELECEL 822 644 831 712 817 071 809 202 955 604 929 628

Total

Abonnés 1 706 431 1 722 973 1 714 504 1 789 190 1 987 946 1 980 794

Second semestre 2005: Évolution mensuelle des abonnés par Opérateur

Opérateurs Juillet 05 Août 05 Sept 05 Octobre 05 Novembre

05 Décembre 05 Orange 1 072 836 1 106 283 1 122 788 1 138 675 TELECEL 889 592 965 524 Total Abonnés 1 962 418 2 071 807 Source : ATCI

NB: Les données ci-dessus ont été fournies par les opérateurs cellulaires. 3-2-3 L’Internet

Le marché ivoirien compte cinq Fournisseurs d’Accès à Internet qui sont : Aviso filiale de Côte d’Ivoire-Télécom, Africa Online, Afnet, Comete, Globe Access. Avant l’arrivée de la fibre optique sous-marine SAT3, les opérateurs Internet utilisaient des liaisons satellites (VSAT) pour se connecter aux nœuds Internet américains ou européens. Le nombre d’abonnés Internet était de 12 213 au 31 mai 2003 pour un nombre d’internautes estimé à 300 000271. Les populations issues de la classe moyenne en Côte d’ Ivoire ne disposent pas, en général d’ordinateurs, de lignes téléphoniques ou encore moins d’un accès Internet car les coûts restent hors de portée. La population en règle générale va vers les cybercafés pour bénéficier des services d’Internet. On estime en 2003 le nombre de cybercafés dans la ville d’Abidjan (la capitale économique) à environ 500. La téléphonie sur Internet bien qu’interdite est le service le plus demandé dans les cybercafés, car elle permet à la majorité de la population, disposant de moyens financiers limités d’appeler leurs parents à l’étranger à moindre coût. Les services offerts par les ISP sont les accès Internet par RTC, RNIS ou par liaisons louées (les débits variant de 64 Kbps à 2 Mbps). Comme on le constate l’Internet est

271

resté un luxe pour l’ensemble des foyers ivoiriens. La mise en service du câble sous-marin SAT3 et l’installation par Côte d’Ivoire-Télécom d’un nœud Internet à haut débit (34 Mbps) a permis le développement d’Internet et des services multimédias. La tarification au tarif local de l’accès Internet quel que soit le lieu d’où l’internaute émet doit favoriser une augmentation importante du nombre d’Internautes. L’ADSL quant à lui a commencé à être commercialisé par Côte d’Ivoire Télécom au dernier trimestre 2002. En 2007, les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) disposeraient d’environ 25 000 abonnés272 ce qui constitue un taux de pénétration d’environ 0,15 %. Ce marché relativement jeune (400 000 internautes) est en plein essor grâce à la baisse des tarifs de connexion.

272

Tableau 11

Les services Internet en Côte d’Ivoire fin 2003.

Fournisseurs

d'Internet Comète

Africa Online

Globe

Access Afnet Aviso

Abonnés Total 29 2 680 2 508 2 300 4 429

Abonnés Total en mode 25 2 600 2 500 2 230 4 318

Commute (dial. up)

Abonnés Total en

lignes louées 4 20 8 70 111

Abonnés Total en ADSL 0 0 0 0 0

Site Web 1 75 55 25 Bande passante internationale entré/sortie (Mbit/s) 1,024/1,024 1,024/0,384 2,00/2,00 12,0/12,0 16,00/16,00 Nombre de Modem 1 212 120 720 984 Ratio Abonnés/Modem 1 10 16 3.5 4 Nombre de Serveurs 1 14 8 11 22 Trafic Internet commuté (munîtes) 32 675 265 122 693 000 Chiffre d'affaire en (kF) 157 993,732 1001 374 315 000 837 226,0 2 044 669 375 Investissements en (kF) 36 883,598 0 17 500 232 711,0 230 000,000 Utilisateurs estimés (internautes) 300 000 Total Personnel 2 30 17 18 35 Personnel Ivoirien 2 30 15 13 35 % de Femmes 50 % 37 % 29 % 44 % 40 % Source : ATCI

3-2-4 Les opérateurs de transmission de données par VSAT ou faisceaux hertziens FH

L’apparition des technologies VSAT273 déployées par certaines entreprises est devenue une alternative au réseau filaire. Deux entreprises de transmissions de données par VSAT (Prestige Télécom et Afripa Télécom) sont nées à partir de 1997. Ces opérateurs ont

273

VSAT (Very Small Aperture Terminal) : services de télécommunications par satellite utilisant une partie étroite de la capacité totale du satellite grâce à un terminal d’émission-réception de petite dimension permettant l’échange d’informations à bas ou moyen débit. (http://www.art-telecom.fr/glossaire/lexique.htm)

mis en place des boucles locales radios274 (BLR) sur la ville d’Abidjan permettant des débits allant de 128 Kbps à 11 Mbps.