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restitution des ateliers

Dans le document Actes de Nancy (Page 197-200)

simone BonnaFous, vice-présidente de la CPu et présidente de l’uPeC, et Jacques Fontanille, vice-président de la CPu et président de l’université de limoges

Conclusion et propositions

lionel Collet, président de la CPu et président de l’université Claude Bernard lyon 1

Plenière

Plenière

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Colloque annuel de la CPu

dOCtOrAt, dOCtOrAntS et dOCteurS Simone BONNAFOUS, vice-présidente de la CPU et

pré-sidente de l’UPEC : Notre présentation est organisée de la façon suivante : j’essaierai de faire une synthèse des principales idées apparues dans les ateliers et tables rondes. Jacques Fontanille centrera son discours sur la stratégie que l’on pourrait développer pour favoriser la reconnaissance du doctorat. Lionel Collet terminera par la présentation des positions possibles de la CPU sur le doctorat, telles qu’elles seront soumises à la validation de l’assemblée plénière.

Le paradoxe. Il ressort des différentes interventions

un paradoxe sur la formation doctorale. On a d’abord un discours sur le diplôme identitaire. L’atelier 1, par exemple, souligne qu’en organisant les études docto-rales et en délivrant le doctorat, diplôme emblématique au centre (ou à la pointe) du cursus universitaire, l’école doctorale est un dispositif universitaire essentiel assu-rant l’offre de formation par et pour la recherche. Beau-coup d’insistance donc sur la nature emblématique, car-dinale, essentielle et identitaire du diplôme.

En même temps, un discours parfois relativement pessi-miste, peut-être à tort si l’on suit Bernard Belloc ce ma-tin, sur plusieurs points :

• le faible nombre de doctorants par rapport à l’Alle-magne (11 000 contre 24 000) ;

• une chute de 30 %, annoncée par Patrick Hetzel ce ma-tin ;

• un discours récurrent sur une reconnaissance insuffi-sante des milieux professionnels. Un des ateliers souli-gnait que c’était un problème européen ;

• parfois, une estime insuffisante de la part du milieu lui-même, avec des processus de semi-contournement dans certaines disciplines : le discours récurrent sur l’agrégation, qui serait une meilleure garantie de la qua-lité de l’entrant dans l’enseignement supérieur et la re-cherche, au moins en SHS, que le simple doctorat. Il me semble que ce paradoxe du discours sur le diplôme identitaire et un certain pessimisme, justifient ample-ment ce colloque sur le doctorat, alors que l’actualité des dernières années était axée sur la licence.

La tension enseignement/recherche. Le deuxième

point qui ressort fortement de l’ensemble des ateliers est que le doctorat est une formation caractérisée par une tension entre différentes polarités : la polarité en-seignement/recherche, largement soulignée dans l’ate-lier 2, où l’on a exprimé l’idée que certains doctorats, en particulier ceux qui ont des visées d’insertion profes-sionnelle un peu spécifiques (doctorat d’économiste international ou d’architecture) sont plus proches, dans leur conception, d’écoles post graduate et finalement, de sortes de super masters, même s’ils supposent un travail de recherche. Inversement, d’autres doctorats seraient plus fortement teintés « recherche » et davan-tage coupés des masters, plus académiques.

La discipline facteur de diversité ? Deuxième polarité,

entre la diversité et l’unicité. Selon les ateliers 6, 10 et 11, la diversité serait disciplinaire pour certains ; d’autres récusent l’idée que la discipline soit fondamentalement facteur de diversité. Cela peut être la diversité de débou-chés ou de visées professionnels. On soulignait que si l’étudiant envisageait de se destiner à la création d’en-treprise, il ne pouvait pas avoir exactement le même cursus que d’autres.

Certains ateliers ont cependant insisté sur l’unicité : il y a quelque chose d’irréductiblement unique à toute ex-périence de thèse : la formation à et par la recherche et l’élaboration des connaissances.

Un corpus de règles. Troisième polarité entre l’idée

d’un corpus de règles collectives autour du doctorat et quelque chose de l’ordre de la liberté et de la créativi-té. Ceci a particulièrement été développé dans l’atelier 5 et dans la première table ronde, avec l’organisation progressive du doctorat avec les écoles doctorales, les collèges doctoraux, l’insertion des doctorants dans les équipes, la charte des thèses, le contrat doctoral. On voit du coup, en réaction sans doute, certains représentants, en particulier des SHS, regretter ou revendiquer le statut d’exception du processus doctoral en SHS, et s’inquiéter d’un risque d’un trop grand encadrement qui pourrait

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même être une forme de bureaucratisation de la thèse.

Individuel vs cohorte. Quatrième polarité entre le

col-lectif et l’individuel, avec les ateliers 1 et 7. Qu’y a-t-il de spécifiquement individuel dans la formation doctorale qui relève du rapport à un professeur, qui relève de l’périence individuelle que connaît seul le doctorant : ex-périence de l’échec, de ce qu’est vraiment la recherche, du retour en arrière, des façons d’aboutir intellectuel-lement dans un processus extrêmement complexe ? Qu’est-ce qui relève du collectif sans être pour autant de la cohorte ? On a eu une opposition intéressante entre ce qui tirerait vers l’individuel (la thèse) et la cohorte, qui renvoie à la licence et au master.

L’atelier 7 a proposé un minimum collectif, qui ne serait pas de l’ordre de la cohorte : les écoles doctorales ou les collèges doivent proposer des modules complémen-taires que le doctorant choisit de suivre, en fonction de son parcours antérieur ou de son projet professionnel. Il s’agit là d’un parcours très individualisé, qui ne se situe pas dans le seul dialogue avec le directeur de thèse. Ne doit être proposé au « thésard » (terme par ailleurs rejeté) que ce qui convient au parcours qu’il élabore. Une question est liée : faut-il valider ces modules com-plémentaires consubstantiels à la construction du par-cours de chaque doctorant par des ECTS ou pas ? Nous avons vu l’exemple québécois, où on a jusqu’à 30 ECTS sur 90 pour ce type de modules. Faut-il adopter des cer-tifications correspondant par exemple à un module de management de l’innovation, de langue, etc. La ques-tion est posée. Apparemment, pour certains, l’ECTS est signe de cohorte.

Étudiant doctorant/salarié. Cinquième polarité entre

le statut de salarié et le statut d’étudiant doctorant, abordé par la 2ème plénière et l’atelier 8. D’un côté, ceux qui revendiquent la généralisation du statut de jeune chercheur salarié et s’inquiètent du fait que 40 % des doctorants français n’y ont pas accès, et ceux qui, inver-sement, s’inquiètent de la banalisation, par certains as-pects, du doctorat à travers la généralisation de ce

sta-tut et souhaitent que l’on n’intègre pas complètement l’étudiant dans la masse des salariés de l’université pour leur garder leurs spécificités.

Doctorat : l’enjeu pour les PRES. Dernière polarité entre

universités et PRES, dans les ateliers 1 et 3, avec dans ce dernier, une réflexion extrêmement pesée entre le rôle fondamental du doctorat pour les PRES. En même temps, le doctorat reste le diplôme des universités, et ne peut être dissocié du niveau master et des équipes pé-dagogiques de ce dernier.

En conclusion, je dirai que toutes ces tensions n’ont pas vocation à être résolues, du moins au sens où elles de-vraient être tranchées dans un sens ou dans un autre, mais qu’il est intéressant qu’elles soient explicitées et pensées pour ensuite déboucher sur des politiques por-tées par la CPU et par les établissements eux-mêmes. Dernier point, quelques notions clés me paraissent par-courir toutes les contributions. Deux termes reviennent presque partout : la notion de qualité et celle de diversi-té. L’un des enjeux de ce colloque est de ne pas les oppo-ser. Il faut probablement être capable aujourd’hui de re-connaître une diversité des parcours, des publics et des types de doctorats, tout en construisant et en garantis-sant une qualité du doctorat qui suppose forcément un certain nombre de normes, de processus – on a parlé de formation des HDR, de comités de thèse –, d’idées nou-velles. Il faut arriver à articuler ces deux notions. Jacques FONTANILLE, vice-président de la CPU et prési-dent de l’Université de Limoges : Je voudrais vous faire partager une proposition stratégique qui ne respecte pas forcément les sensibilités des uns et des autres, mais essaie d’être cohérente à partir des observations suivantes.

Améliorer l’insertion. Nous avons tous ou presque,

dans ces ateliers, souhaité améliorer l’insertion de nos

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docteurs. Nous avons été nombreux à dire que notre pays avait besoin de plus de docteurs pour occuper plus de postes et prendre en charge des missions d’impor-tance, de décision et d’encadrement de haut niveau. L’insertion, nous le savons, est une de nos missions, mais concernant le doctorat, elle s’exerce dans un cadre concurrentiel, en concurrence avec d’autres types de diplômes, ceux des écoles, dont une bonne partie est d’ailleurs aussi délivrée par les universités. La plupart des fonctions susceptibles d’être confiées à des docto-rants sont souvent déjà largement occupées par des diplômés de ces écoles, y compris des écoles universi-taires. Quelle stratégie pourrions-nous proposer pour faire évoluer la reconnaissance sociale du doctorat et sa compétitivité sur le marché de l’emploi ? Que pouvons-nous imaginer pour faire évoluer cette situation ? Si l’on considère que l’expérience de la recherche est un élément indispensable de la formation des cadres supé-rieurs et des décideurs, la CPU se doit de le dire et de le redire publiquement. C’est à la fois un problème de stra-tégie de communication des universités, et une ques-tion de stratégie de pénétraques-tion des milieux concernés, c’est-à-dire de conviction et de persuasion de ceux qui sont déjà cadres supérieurs, décideurs et hauts respon-sables des administrations et des entreprises.

Une des manières de faire partager nos croyances dans les vertus du doctorat est de proposer à ce public de dé-cideurs et de hauts responsables de partager cette ex-périence en développant un plan de développement du doctorat tout au long de la vie.

Une autre manière d’aller au-devant de ce public, et de le convaincre, est de communiquer sur des compé-tences professionnelles que nous aurons structurées. Autrement dit, la reconnaissance par les milieux profes-sionnels des vertus du doctorat ne se fera pas simple-ment par une meilleure communication mais par une organisation structurée, affichable et opérationnelle ; une organisation de l’offre de doctorat comme le plus haut diplôme professionnel en France.

Nous avons noté dans certains ateliers que 2/3 des

jeunes qui s’engagent dans le doctorat souhaitent pour-suivre dans l’enseignement supérieur et la recherche. La réalité s’impose, les faits sont là : seul un tiers d’entre eux pourront satisfaire ce vœu. Autrement dit, y com-pris chez les candidats au doctorat, il faut travailler à une reconnaissance sociale de la diversité de l’insertion professionnelle et par conséquent, à une préparation en amont du doctorat lui-même.

Je suis intimement persuadé que ce n’est pas le doctorat en bloc, pour lui-même, dans son essence universelle, qui sera reconnu socialement comme un et indivisible par ces milieux que nous cherchons à persuader. Certes, le doctorat est un… Mais ce qui sera reconnu, c’est à la fois chacun des parcours validés, labellisés nationale-ment par les branches professionnelles et le cœur de recherche qui débouche sur la thèse, qui est l’essence du doctorat.

De ce fait, j’insiste, il faut construire une offre de com-pétences soigneusement pesée, sectorisée, simple, vali-dée, mettant en évidence le petit nombre de métiers, de gammes de compétences et de parcours doctoraux qui y conduisent. Sous réserve d’inventaire, et ce n’est pas à moi d’en décider, il y a des domaines de compétences qui relèvent du management de projets d’innovation, d’autres de l’administration des organisations, d’autres de la gestion du changement technologique, d’autres de la R&D, d’autres de l’entreprenariat et de la création d’activités. Nous ne gagnons rien à faire comme si tout cela relevait de la même formation professionnelle et ne pouvait pas être organisé et distingué.

Nous avons bien vu que dans plusieurs pays, dont le Canada, la diversité des débouchés professionnels était assumée : elle est déjà prise en compte dans une diver-sification officiellement attestée des types de doctorats et de parcours doctoraux. Je ne crois pas que la valeur et la force symboliques du doctorat en soient pour autant affectées.

J’insisterai sur le fait que les conditions de l’insertion

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