4 LE PARCOURS DE SOINS EN SANTÉ MENTALE
4.4 RESSENTI DU MÉDECIN GÉNÉRALISTE VIS-À-VIS DE L'ACCESSIBILITÉ AUX SOINS
4.4.1 Accès aux soins facilité
Le réseau facilitait l'accessibilité aux soins.
ESD 2 L115:"Y’a une psychiatre qu'est pas très très loin d'ici, et avec qui…heu…on
s'entretient assez facilement au téléphone, et qui a surtout des disponibilités, c'est ça qu'est difficile,
y’en a qu'une seule. Donc faut pas qu'elle s'arrête."
ESD 5 L323 : "Quand c'est dans un réseau où ça marche bien et, qu'on connaît, et qui, heu,
voilà, et bien on appelle les gens et puis y'a pas trop de problèmes."
La rencontre des professionnels était également un élément facilitant le travail multidisciplinaire.
Le recours aux psychologues semblait plus facile car leur disponibilité est plus importante.
ESD 10 L98 : " parce qu'elles sont plus disponibles déjà! Et puis heu…elles sont venues nous
rencontrer."
4.4.2 Soins de santé mentale : accès difficile
4.4.2.1 Accessibilité pour les médecins généralistes
Pour la quasi totalité des médecins généralistes rencontrés, l'accessibilité aux soins en lien avec la
santé mentale était une difficulté au quotidien.
ESD 2 L172 : "c'est très très compliqué dans le coin de faire des choses quoi"
4.4.2.1.1 Intervenants non joignables
Les praticiens rencontrés regrettaient de ne pas avoir d'interlocuteur facilement joignable par
téléphone pour l'obtention d'avis par exemple.
ESD 2 L259 : "Parce que souvent t'appelles des numéros de téléphone, y t'disent ouais, tu
peux appeler machin mais après c'est toujours la patate chaude quoi."
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ESD 5 L429-433 : "Pouvoir travailler plus en réseau, avec heu, les confrères et consœurs,
parce que c'est vrai que, bien souvent, notre difficulté c'est pour les joindre. Et, un psychiatre, par
définition, ça (il montre le téléphone) il oublie. […] Enfin, il peut difficilement répondre au
téléphone lors d'une consultation. Ça coupe un peu le fil…"
4.4.2.1.2 Démographie
Les praticiens rencontrés estimaient que le nombre de psychiatres en Haute-Savoie était en
diminution. Ceci aurait une répercussion sur les consultations de médecine générale.
ESD 4 L27 : "tout ce qu'était schizo, des choses comme ça étaient suivies, mais maintenant,
comme y'a plus de psy, ils nous les réadressent"
ESD 6 L37 : "Souvent ils ont un psychiatre donc j'essaie de les renvoyer vers le psychiatre
mais c'est pas évident parce, bah, c'est comme les généralistes (rire), y'en a de moins en moins !"
La population des psychiatres libéraux était décrite comme vieillissante.
ESD 2 L126 : "On a quand même des psychiatres qui sont assez vieillissants"
4.4.2.1.3 Saturation des consultations
Les médecins généralistes déploraient des délais trop longs pour obtenir un rendez-vous auprès d'un
professionnel en santé mentale, exerçant en tant que libéral ou au sein d'une structure spécialisée.
ESD 4 L107 : "Mais obtenir un rendez-vous psy, ici c'est six mois quoi."
ESD 6 L191 : "Le CMP ne prend plus de patient."
ESD 10 L246 : "le CMP y'a j'sais pas combien de mois de délai, donc c'est compliqué quoi."
Cependant, les médecins généralistes tentaient d'apporter des arguments pour expliquer la saturation
des créneaux de consultations des psychiatres.
Les demandes de prise en charge semblaient affluer trop abondamment par rapport à l'offre de soin.
ESD 5 L304 : "Alors par contre, effectivement, ils sont saturés, on est dans une région ou y'a
une explosion démographique parce qu'il y a…ça offre un peu d'emploi, et on a de moins en moins
de médecins. Alors c'est pas facile."
ESD 1 L48 : "ils sont peu nombreux, ils sont eux mêmes débordés, heu….ils vont voir le
patient mais heu….mais heu…ils te disent "On a une file active qui est suffisamment importante, on
ne peut plus, on ne peut plus, on ne peut plus", donc, c’est compliqué !"
ESD 9 L84 : "Alors une fois j'ai reçu un coup de téléphone du psy, là-bas, il m'a dit :
"Écoute, c'est vrai que vu le type, vu le truc, vu l'état, normalement on devrait le garder mais on est
tellement débordé que on peut pas quoi." Voilà."
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Ils décrivaient aussi une capacité à refuser plus facilement des entretiens.
ESD 5 L470 : "Après, je sais bien que les psychiatres mettent leur limites. Mieux que nous,
certainement. Ils savent mieux faire"
ESD 8 L240 : "Mais j'sais pas, les psychiatres… Ils en voient tellement qui vont... Ils en ont
ras la casquette aussi..."
4.4.2.1.4 Conséquences organisationnelles
Les modes d'installations de certains professionnels de santé étaient critiqués par certains médecins
généralistes.
ESD 2 L126-247 : "On a quand même des psychiatres […] qui sont pas regroupés, y’en a
aucun qui travaille en cabinet de groupe, là, tu vois, y’a aucun cabinet de groupe de psychiatres.
[…] Mais y'a pas de cabinet de groupe de psychiatres, qui se mettent à quatre psychiatres et qui
disent "Nous on va dépoter, on va voir de la psychiatrie, on va voir les...". Y'en a pas. Ils travaillent
tous dans leur coin, comme en 1940, avec heu…des…'fin... Non et c'est, c'est, c'est dommage quoi !
Enfin, nous on s'regroupe, on est meilleur quoi j'pense."
Les praticiens rencontrés avaient conscience que les centres de santé mentale et les professionnels
qui y travaillent étaient victimes de lacunes organisationnelles.
ESD 1 L137- 156 : "moi j’aimerais pouvoir bénéficier en effet d’avis psychiatriques plus
faciles à … d’avis plus faciles ! Et encore une fois, sans connotation critique. "Critique" parce que je
sais qu'en face il y a des problèmes organisationnels terribles hein... […] heu, et avec une
diminution de moyens. Donc des listes d’attentes qui sont phénoménales"
4.4.2.2 Accessibilité pour les patients
4.4.2.2.1 Difficulté pour obtenir un rendez vous
Certains médecins généralistes faisaient part des difficultés rencontrées par leur patient pour obtenir
un rendez-vous de consultation auprès d'un professionnel de santé.
ESD 4 L137 : "Mais si c'est la personne qui fait la démarche elle-même, c'est plus
compliqué."
ESD 9 L92-97 : " "Est-ce que vous avez pensé à faire une thérapie, un truc ? - Oui et alors
comment on fait ? - (Claquement de doigts) Et bah au final, démerdez-vous ! Allez voir votre
thérapeute". Ça c'est l'problème […] Alors je réexplique : "Le premier pas d'la thérapie, c'est
d'abord le courage de téléphoner, le courage de répéter les coups de téléphone et de vous
débrouiller à trouver un thérapeute." J'dis...voilà : "Et si vous réussissez ça, vous avez déjà réussi le
début thérapeutique". (Petits rires) Parce que faut trouver. Et honnêtement c'est pas..."
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4.4.2.2.2 Distance géographique
En fonction des lieux d'installation des médecins rencontrés, l'accessibilité aux professionnels de
santé mentale était rendu compliquée par la distance géographique (milieux semi-ruraux, montagne).
ESD 2 L120 : "Bah on sait qu'ils vont y aller une fois mais ils vont pas y aller deux fois quoi.
Enfin…quand faut prendre un rendez-vous toutes les semaines, aller à (ville A) c'est compliqué"
4.4.2.2.3 Coût financier