• Aucun résultat trouvé

1 PRINCIPAUX RÉSULTATS – MISE EN PERSPECTIVE

1.3 RÉSEAU

1.3.1 Ressenti vis-à-vis des intervenants du réseau

Les médecins généralistes rencontrés décrivaient des pratiques hétérogènes chez les

psychiatres libéraux. Ils distinguaient ceux qui pratiquaient la psychothérapie et ceux qui n’étaient

que prescripteurs de molécules pharmaceutiques. Un des rôles principal du psychiatre attendu de la

part des médecins généralistes était d'effectuer des psychothérapies.

Cependant, au cours des entretiens, le principal motif de recours aux psychiatres était la nécessité

d'une aide face à des difficultés diagnostiques ou thérapeutiques. Aucun médecin généraliste n'avait

formulé avoir recours aux psychiatres pour effectuer ces thérapies comportementales. Le discours

était donc ambivalent.

80

Les médecins généralistes adressaient les patients aux psychologues pour un soutien

psychologique et non au psychiatre. Le rôle des psychologues au sein du réseau de soins était perçu

comme bénéfique par les médecins rencontrés au cours de cette enquête.

Cependant, une thèse de 2017 met en évidence la faible collaboration entre les médecins généralistes

et les psychologues (20) puisque trois-quarts des patients qui consultent un psychologue ne seraient

pas adressés par un médecin généraliste.

Malgré le discours unanime qui confirmait la fréquence des pathologies en lien avec une

souffrance au travail, un seul médecin généraliste avait évoqué sa collaboration avec un médecin du

travail. Le médecin conseil n'a jamais été cité.

Face à ces pathologies en rapport avec le milieu professionnel, il serait intéressant d'analyser

la collaboration entre les médecins généralistes et les spécialistes concernés.

Les structures privées étaient connues de tous médecins généralistes de Haute-Savoie. Malgré

le reproche d'un médecin au sujet d'une volonté de rentabilité qui impactait sur la qualité des soins,

les hospitalisations dans ces centres semblaient plus facilement acceptées par les patients.

Cela pourrait être justifié par le fait qu'il n'existe pas de structure d'accueil d'urgence sans

consentement au sein de ces structures (SPDT-SPDRE).

1.3.2 Construction du réseau

La construction du réseau semblait être complexe pour les médecins généralistes rencontrés.

Le turn-over des psychiatres de Haute-Savoie exerçants au sein des structures spécialisées en santé

mentale était évoqué par quelques uns des praticiens interrogés.

Il serait intéressant de connaître le point de vu des psychiatres du département :

confirmeraient-ils les changements fréquents d'intervenants ? Quelles seraient les raisons d'une telle

instabilité d'exercice en Haute-Savoie ?

Face à ces difficultés relationnelles, la plupart des médecins généralistes confiaient qu'ils se

référaient à un réseau plus personnel pour s'aider au quotidien : autres médecins généralistes,

conjoints, amis de profession médicale ou paramédicale.

Les médecins généralistes ayant créé leur propre réseau précisaient travailler avec des intervenants

dont la méthode de prise en charge était similaire à la leur et avec qui une affinité relationnelle était

instaurée. Le réseau construit par ces praticiens est-il alors vraiment fiable et dépourvu de biais

affectif ?

81

Pour certains praticiens, la création d'un réseau était facilitée par la rencontre d'intervenants

extérieurs, lors des formations post-universitaires notamment. Les EPU auraient ainsi deux intérêts :

l'apport d'une formation théorique et la possibilité de création de liens multidisciplinaires.

1.3.3 Ressenti face au réseau

1.3.3.1 Place du MG

La plupart des médecins généralistes considérait avoir une place indispensable dans le

parcours de soins. Ils semblaient investis et menaient les consultations jusqu'au maximum de leurs

compétences. Ils déclaraient que leur place avait évoluée durant ces dernières années suite à une

raréfaction des psychiatres.

Cependant, ils ne pensaient pas pouvoir travailler seuls pour la prise en charge optimale des

pathologies mentales. Ils décrivaient un rôle de coordinateur et de filtre au sein du réseau de soins.

Les médecins adressaient leurs patients à un spécialiste pour être rassuré sur leur prise en

charge et s'ils étaient confrontés à la limite de leurs compétences et de leurs capacités

d'accompagnement.

Cette description concorde avec l’étude du ressenti des psychiatres au sujet de la position des

médecins généralistes, analysé dans une thèse de 2012 (21). La place des médecins généralistes au

sein du système de soins est unanimement décrite comme étant "fondamentale" et leur implication

dépend de leur intérêt personnel porté aux pathologies psychiatriques.

1.3.3.2 Importance de la collaboration

Le réseau de soins apparaissait comme un élément essentiel pour la totalité des médecins

rencontrés.

L'importance de ce travail de collaboration a été mise en évidence par une étude en 2005 (22).

1.3.3.3 Communication

Les médecins généralistes rencontrés relevaient des lacunes communicationnelles au sein du

réseau de soins, à la fois entre les médecins généralistes et les psychiatres mais aussi entre les

différents acteurs de la santé mentale (psychologues, infirmiers spécialisés etc.).

Cela générait un épuisement, de la colère et de l'incompréhension chez les praticiens rencontrés

d'autant qu'ils avaient le sentiment d'une méconnaissance de leur situation quotidienne par leurs

confrères.

Un médecin généraliste avouait durant l'enquête ne plus adresser de courriers aux psychiatres

libéraux, davantage par lassitude que par manque de volonté.

82

La dernière recommandation de la Fédération Française de Psychiatrie de 2015 (23) stipule que des

efforts doivent être fournis par les psychiatres pour améliorer leur communication (courrier, compte-

rendu) avec les autres spécialistes et le médecin traitant. Il est également spécifié que le médecin

traitant se doit d'adresser des courriers aux psychiatres au sujet des suivis somatiques des patients.

Le contenu des courriers échangés est détaillé par les recommandations du CNQSP de 2011 (11).

Pour un des médecins généralistes rencontrés, l'absence d'échange oral ou écrit avec d'autres

professionnels de santé mentale était légitime car le médecin traitant n'avait pas à s'immiscer dans la

relation entre le patient et le psychiatre.

Ceci est confirmé dans une thèse de 2012 sur la communication entre psychiatres et médecins

généralistes (21) : les psychiatres ne remettent pas en cause la nécessité de transmission

d'informations techniques mais sont unanimes pour ne pas communiquer les éléments biographiques

intimes confiés lors des consultations. Cela pourrait être considéré comme une trahison de la relation

de confiance avec le patient.