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1 PRINCIPAUX RÉSULTATS – MISE EN PERSPECTIVE

1.1 L'HOMME : CENTRE DU MÉDECIN

1.1.1 Intérêt pour la pathologie mentale

La majorité des médecins déclarait avoir un intérêt pour ce sujet et se décrivait disponible

pour ce type de consultation. Il semblerait que cette affinité soit en lien avec plusieurs facteurs : la

représentation de la pathologie mentale du médecin notamment influencée par son histoire

personnelle et professionnelle, la qualité de l’empathie du médecin, le sentiment de valorisation et

de récompense que ce type de consultation peut procurer, la disponibilité du médecin au moment de

la consultation.

Les principaux freins évoqués pour la prise en charge des pathologies mentales étaient le

manque d'intérêt, la position de contrôlant que pouvait adopter le médecin pendant la consultation et

le respect du libre arbitre du patient.

L’investissement de certains médecins pour ces consultations pouvait être limité par l’évolution des

pathologies mentales dont la prise en charge était parfois longue et ponctuée de nombreuses rechutes.

L’obtention de résultats à court-terme et la notion de performance semblaient être des critères

importants pour les médecins généralistes. On peut se demander si ce mode de pensée est compatible

avec la prise en charge de la pathologie mentale et de façon plus large, avec la prise en charge des

aspects psychologiques des pathologies chroniques.

La société et/ou la formation des médecins auraient-elles une influence dans ce mode de réflexion ?

La prise de conscience de la volonté d'obtention de résultats à court-terme pourrait-elle être renforcée

dès le début des études médicales ?

1.1.2 L’homme et ses fragilités psychologiques

Pour la majorité des médecins interrogés, les consultations en lien avec la santé mentale

avaient un retentissement important sur leur état psychologique et parfois même physique par des

effets miroirs.

La prise en charge des troubles mentaux pouvait entraîner une remise en question personnelle, un

sentiment d’échec, d’impuissance, d’incompétence professionnelle et un épuisement professionnel

sur le long terme.

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Il semblait important pour le médecin de connaître les limites de son investissement personnel pour

trouver le juste équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée.

Certains praticiens déclaraient avoir été influencés par leur propre histoire de vie. Leur

parcours personnel les avait amenés à faire une psychothérapie. Leurs représentations et leurs prises

en charge professionnelles de la santé mentale avait été grandement modifiées à la suite de ce travail.

Les médecins rencontrés évoquaient l’intérêt de groupes de partage (groupes de pairs, supervisions

psychanalytiques…). Certains semblaient même en demande de soutien psychologique.

Cependant, il est intéressant de noter que seuls les médecins qui avaient débuté un travail

d’introspection auprès d’un spécialiste suite à des difficultés personnelles, avaient pratiqué, par la

suite, des groupes de partage avec supervision psychanalytique dans un but professionnel.

On peut donc se demander s’il serait bienvenu de proposer aux médecins généralistes un

accompagnement par des professionnels spécialisés (supervision, participation à des groupes Balint

ou autre) tout au long de leur exercice. L’intérêt de cet accompagnement aurait un but personnel et

professionnel. Prendre de leurs attitudes pourrait les aider dans la gestion de leurs réactions

personnelles. De plus, cet accompagnement pourrait permettre d’améliorer leur pratique médicale

dans le domaine de la santé mentale.

1.1.3 La formation du médecin

Tous les médecins interrogés s'accordaient à dire que leur pratique avait évolué depuis leur

installation. La plupart des médecins interrogés décrivait un manque d'assurance, des difficultés

relationnelles et organisationnelles et parfois l'impression d'un manque de légitimité au début de leur

pratique. L’expérience professionnelle leur avait permis de combler en partie ces lacunes.

Pour la plupart des médecins généralistes interrogés, quelque soit leur âge, la formation

universitaire n’était pas adaptée à leur pratique quotidienne pour le domaine de la santé. Il y avait

une nécessité d'apprentissage théorique et surtout pratique pour acquérir des compétences qui

n’étaient pas innées.

En 2010, une étude montrait déjà le besoin d’une formation basée sur l'approche relationnelle pour

les médecins généralistes (9). En 2014, une autre étude soulignait la nécessité d’améliorer la

formation des médecins généralistes dans la prise en charge des troubles psychiques (7).

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La participation à des formations post-universitaires dépendait du rôle choisi par le médecin

généraliste et de l'intérêt qu’il portait à la pathologie mentale.

D'après certains médecins généralistes, les freins à la formation étaient le manque de temps pour se

former, le coût des enseignements et le manque de formations proposées dans le domaine de la santé

mentale dans la région.

Finalement, peu de médecins effectuaient des enseignements post-universitaires (EPU) dans ce

domaine malgré des difficultés décrites unanimement en début de pratique.

Une piste d’amélioration avancée par plusieurs médecins était d’avoir une formation

universitaire en santé mentale davantage orientée sur la pratique. La réalisation de stages en

ambulatoires chez des psychiatres libéraux pourrait permettre de mieux appréhender l’approche

relationnelle et de fréquenter des pathologies courantes de médecine générale.

Dans la prolongation de cette idée, le statut de maître de stage des universités serait à

promouvoir et à ouvrir à d’autres spécialités que la médecine générale : les psychiatres libéraux par

exemple.

Une autre piste d’amélioration évoquée était la création de réunions multidisciplinaires

centrées sur des patients. Ce dispositif permettrait de renforcer la formation médicale en santé

mentale des médecins généralistes en favorisant la rencontre entre les différents professionnels

médicaux et paramédicaux de santé mentale.

Ces réunions pourraient s’organiser sous l’impulsion des maisons médicales ou des maisons

de santé. Ces établissements sont constitués de professionnels médicaux et paramédicaux dont le rôle

est d'assurer les soins de premier recours et de participer à des actions de santé publique, de

prévention, d’éducation pour la santé et à des actions sociales (16).

Il serait intéressant de réfléchir au financement des différents intervenants. Un des médecins

rencontré au cours de l'enquête évoquait la possibilité d'aides financières par l'ARS avec les

"nouveaux modes de rémunérations" en cas de projets de soins au sein de la maison médicale.

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