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Quel enclavement en Grande Kabylie ?

Carte 5.02 : Typologie des communes selon la population agglomérée

5.2.1. Relief et climat : première cause de fermeture

Le relief constitue généralement un élément principal de l’enclavement spatial, il agit à la fois sur l’accessibilité des agglomérations et sur le climat. Avec une altitude moyenne de 800 mètres, le relief de la Grande Kabylie constitue le premier obstacle à l’accessibilité des villages et à la mobilité des populations. Il est majoritairement constitué de montagnes, qu’on appelle le massif kabyle. Quatre-vingt pour cent du territoire de la wilaya de Tizi- Ouzou est constitué de reliefs montagneux, laissant la place à quelques vallées : vallée du Sébaou, plaine côtière d’Azeffoune et dépression de Draa-El-Mizane qui s’arrête aux abords de la commune de Ouadhia (carte 5.03).

Au Nord, tout au long de la Méditerranée, s’étend la chaine côtière qui comprend le territoire situé de la rive droite de Sébaou (du coté de la wilaya de Boumerdes) jusqu’aux frontières de Bejaia. Avec une altitude moyenne de 600 m, cette chaine culmine au mont Tamgout (commune de Akerrou) à 1 270 m. L’espace le plus important de la wilaya de Tizi-Ouzou (le centre) est occupé par le massif central. Cette chaine s’étend d’Est en Ouest sur les frontières de Bejaia et de Boumerdes. Au Nord, elle est délimitée par la vallée de l’oued Sébaou. Elle a des limites moins nettes au Sud où elle bute contre le Djurdjura. Le massif central s’étend sur toutes les daïras situées au sud et à l’est de l’oued Sébaou. Ses altitudes se situent entre 800 et 1 100 mètres, et les pentes sont presque toujours fortes (entre 12 et 25%). Au Sud, s’étend la montagne du Djurdjura qui fait partie du grand ensemble du massif kabyle. Souvent synonyme de Kabylie, le Djurdjura n’occupe qu’une partie restreinte de la wilaya de Tizi-Ouzou, dans sa partie méridionale. Une quinzaine de communes se trouvent en partie ou en totalité sur les contreforts de la chaîne, toutes comprises dans les daïras d’Ain El Hammam, Béni-Yenni, Ouacif, Boghni, Ouadhia et Iferhounene. La chaîne se déploie d’Ouest en Est dans la partie sud de la wilaya sur 50 km. Les altitudes varient de 1 700 à 2 300 mètres (point culminant le mont Lalla Khadija 2 303 m). Le versant Ouest présente la

152 partie la plus compacte et la plus massive, développant par endroits, des pentes raides de 25% qui finissent leurs descentes dans la plaine de Boghni.

Ce caractère montagneux de la Grande Kabylie, n’est pas sans conséquences sur l’accessibilité de la wilaya et de ces agglomérations. Le principal problème est donc la pente, supérieure à 12% sur plus de 80% du territoire de la wilaya (tableau 5.02).

© H.YESGUER. CIRTAI. UMR IDEES 6266 du CNRS. 2008

Carte 5.03 : Relief et hydrologie de la wilaya de Tizi-Ouzou

Ensembles physiques Pente (en %) Pourcentage par rapport à la superficie totale de la wilaya

Plaines 0 à 3 6,24

Bas piémonts 3 à 12,5 10,5

Hauts piémonts 12,5 à 25 31,42

Hautes montagnes 25 51,84

Tableau 5.02 : Les pentes dans la wilaya de Tizi-Ouzou

153 À cause du relief montagneux, l’extension du réseau routier exige un investissement humain, financier et matériel important que l’État ne peut pas supporter (cf. chapitre 6). Par conséquent, l’accessibilité des villages montagneux est négativement affectée. Cette situation est d’autant plus remarquée au sud de la wilaya de Tizi-Ouzou. En effet, le Djurdjura n’est franchissable qu’en trois lieux :

• par la route nationale (RN) 25 (commune de Draa El Mizane) ; • par le col de Tirourda (RN 15, commune d’Iferhounene) ; • par le col de Tizi N’kouilal (RN 33, commune d’Iboudrarene).

Seules ces trois routes permettent un accès par le Sud, ce qui leur confère une valeur stratégique. Mais, à cause du climat, ces trois derniers passages sont impraticables en hiver, période à laquelle la neige et le verglas les bloquent (photographies 5.01).

Photos : H.YESGUER. CIRTAI.2008

Photographies 5.01 : RN 15, Col de Tirourda après déneigement (février 2007)

Hauteur de la neige

Verglas

Absence d’accotement ou de bordure de sécurité

Avec une pente supérieure à 12%, le risque de dérapage est permanent en hiver

154 Influencées principalement par le relief et par la Méditerranée, les conditions climatiques de la Grande Kabylie diffèrent considérablement entre le nord et le sud de la wilaya. Bien que l’altitude soit le facteur essentiel de ces nuances, l’exposition aux vents marins du Nord joue aussi un rôle important. Ainsi, les communes du Nord connaissent un climat plus tempéré que celles du Djurdjura. Ces dernières sont caractérisées par des hivers plus froids, en raison de l’altitude, et par des étés plus chauds à cause des vents du Sud et de l’éloignement des brises marines rafraichissantes. Concernant l’enneigement, dans les communes de la chaine côtière, la neige ne persiste pas de manière à s’accumuler mais certaines années elle est si abondante que les routes sont bloquées. Quant au Djurdjura, et la partie Sud du massif central, la neige est très fréquente (surtout au mois de janvier et de mars), notamment dans les hauteurs, où certaines années elle persiste de décembre au début du printemps.

Sur la côte et dans l'Atlas Tellien c’est le climat Méditerranéen qui domine, froid et humide l’hiver et chaud et sec en été. La Grande Kabylie, assez élevée, peu découpée, retient mieux l'humidité. Cependant l'influence du désert se fait sentir, spécialement par l’action du «sirocco», vent sec et chaud, soufflant du Sud au Nord. La wilaya de Tizi-Ouzou se situe donc sur la zone de contact et de lutte entre les masses d’air polaire et tropical. D’octobre- novembre à mars-avril, les masses d’air arctique l’emportent généralement et déterminent une saison froide et humide. Les autres mois de l’année, les masses d’air tropical remontent et créent chaleur et sécheresse.

Concernant la répartition des pluies, on retrouve en Grande Kabylie les conditions générales du climat Méditerranéen : pluvieux en hiver et sec en été. La pluviométrie moyenne se situe entre 600 et 1 000 mm d’eau par an. Les précipitations peuvent varier considérablement d’une année sur l’autre. La partie la plus élevée, au Sud, se caractérise par une abondance des pluies de printemps et d’automne. Généralement, et contrairement à la neige, ces précipitations ne bloquent pas les routes : elles détériorent les chaussées, contribuent à la dégradation de leur qualité, et constituent de fait une cause supplémentaire de fermeture des villages. L’accessibilité est donc négativement affectée par le climat, spécialement dans les régions montagneuses où le relief impose souvent des routes spécifiques (pentues, sinueuses et étroites) (cf. chapitres 5 et 6). Celles-ci rendent la circulation difficile et deviennent impraticables en cas d’intempéries (chutes de neige, fortes pluies…). De telles situations sont fréquentes dans le massif central et dans le Djurdjura, et produisent des enclavements partiels temporaires.

155 5.2.2. Impact des intempéries sur l’accessibilité de l’espace kabyle

La wilaya de Tizi-Ouzou est connectée au réseau routier national par 5 axes principaux (routes nationales) et par une multitude de routes moins importantes qui se situent majoritairement au Nord. Les routes nationales (RN) 24 et 12, relient les wilayas de Bejaia et de Boumerdes, les RN 25, 33 et 15 permettent d’accéder à la wilaya de Bouira (carte 5.04). Les routes ou chemins de wilaya (CW) et de commune ne sont, en revanche, que peu utilisées dans les déplacements inter wilayas. Cela est dû principalement au mauvais état des chaussées (cf. chapitre 6) et au relief de la région qui rend la circulation difficile, spécialement en hiver.

Les RN 24 et 12, se situent respectivement sur la côte et dans la vallée de Sébaou. Elles ne sont que rarement affectées par les intempéries. Cependant, les axes du Sud sont les plus touchés. Le blocage fréquent des RN 15 et 33 provoque des situations d’isolement pour toutes les communes du Sud. Passer à Bouira par la RN 25 nécessiterait alors un détour d’une centaine de kilomètres143. Ce genre de situation est très fréquent, comme en janvier

2009, où les RN 15, 30 et 33 étaient coupées à la circulation à cause de la neige.

143 Pour aller de Iferhounene à Aomar (première commune de Bouira par la RN 25), le plus court chemin (RN

15- CW 17-RN 30- RN 25) fait plus de 75 kms.

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