Relevé des déplacements (phases II et III)

La collecte d’information sur les déplacements que les aînés réalisent permet de répondre à la première question de recherche (Q1) qui porte sur les espaces et les lieux que les personnes âgées fréquentent pour combler leurs besoins de la vie quotidienne. Le relevé des déplacements des aînés s’est fait à l’aide d’un questionnaire, d’un appareil GPS et d’un carnet de déplacements. Les outils et le type de données recueillies sont présentés au tableau 2.4. Un questionnaire socio- économique (voir annexe 2) qui était rempli par les aînés servait à collecter des informations sur leur profil. Le GPS et le carnet des déplacements permettaient de collecter des informations précises sur les déplacements effectués par le participant durant sept jours consécutifs pendant lesquels l’auteure notait aussi la météo détaillée. Deux modèles d’appareils ont été utilisés pour l’étude (GPS-CS3KA de Sony et V-990 de Columbus50_{). Chaque participant recevait des}

instructions détaillées pour faire fonctionner le sien51 _{(voir annexe 3a et 3b) et il lui était demandé}

de le mettre en fonction lors de chaque sortie qu’il effectuait à l’extérieur du domicile. De plus, les participants devaient noter leurs déplacements dans un formulaire (voir annexe 4) pour pouvoir compléter les informations issues des GPS ou, le cas échéant, les vérifier. Ce formulaire comprenait des questions assez sommaires et ouvertes pour chaque jour de relevés pour alléger le plus possible la tâche des participants.

50 _{Les appareils pour cette étude nous ont été prêtés par le Laboratoire d’équité environnementale} (LAEQ) et le laboratoire de recherche villes et espaces politiques (VESPA).

Tableau 2.4. Outils et informations collectées pour le relevé des déplacements

Questionnaire GPS Carnet de déplacements

 Présence d’enfants, nombre d’enfants et leur lieu de résidence

 Présence ou non d’un(e) conjoint(e) au moment présent  Marié(e) ou non dans le passé  Utilisation ou non d’aide(s) à la

mobilité (laquelle/lesquelles le cas échéant)

 Nombre d’années que le participant vit seul  Nombre d’années que le

participant vit dans le logement actuel

 Possession ou non d’une auto et/ou d’un permis de conduire  Accès ou non au transport

adapté

 À la retraite ou non

 Métier ou profession exercée dans le passé

 Niveau de scolarité  Tranche de revenu  Âge du participant

 Lieux visités, origines et destinations

 Itinéraires

 Nombre de déplacements  Durée des déplacements  Distances parcourues

 Déplacement ou non pour chaque jour de relevés  Type d’activité réalisée  Heure de départ  Heure de retour  Destinations

 Moyen(s) de transport(s) utilisé(s) pour chaque déplacement

 Accompagné ou non durant le déplacement

Les deux modèles de traceurs GPS qui ont été utilisés pour cette étude avaient chacun leurs avantages et inconvénients et certains participants avaient de la difficulté à les utiliser. Les piles des appareils ont tendance à se vider rapidement, le bouton de démarrage peut être difficile à actionner (manque de force dans les mains et problèmes de vision chez les participants) et le mode de « mise en veille » difficile à distinguer du mode « arrêt ». Pour contrer certaines de ces difficultés, l’auteure a dû faire plusieurs suivis avec les aînés.

De plus, il pouvait arriver que les participants oublient d’allumer l’appareil lorsqu’ils effectuaient leur sortie, de l’éteindre à leur arrivée ou de changer les piles. Il arrivait également que le GPS prenne trop de temps à calculer sa position géographique. Certains trajets étaient donc manquants. Les carnets de déplacements étaient généralement assez bien remplis. Néanmoins, malgré un soin spécifique à la clarté des instructions et à la taille de la police52 _{du formulaire,}

certaines personnes éprouvaient de la difficulté ou ne prenaient pas le temps de compléter toutes les informations demandées. Toutefois, en croisant les données du GPS et du carnet de

déplacements et en effectuant l’entrevue avec la personne âgée rapidement après les relevés des déplacements (environ une semaine après), l’auteure a réussi à reconstituer les déplacements manquants ou incomplets.

Les relevés GPS ont été réalisés de la fin août jusqu’au début du mois de décembre 2014. Cette saison a été choisie pour éviter les périodes de grande canicule et la neige ou la glace. Cela permet d’augmenter la comparabilité entre les déplacements des participants. Notons cependant que les participants pouvaient aborder les obstacles liés aux conditions hivernales ou autres intempéries durant les entrevues.

Une fois les données récupérées, les fichiers des GPS étaient convertis au format KML à l’aide du logiciel libre GPS Visualizer53 _{et visualisés dans le programme Google Earth. Les points qui ne}

constituent pas un mouvement (de nombreux signaux au même endroit) ont été identifiés comme des points d’arrêt. Ces arrêts – les lieux, services ou équipements fréquentés – ont pu être reconstitués grâce à leur géolocalisation avec le programme Google Earth, les informations notées dans les carnets de déplacements et, au besoin, ont été confirmés durant l’entrevue. Les trajets parcourus par les aînés étaient faciles à identifier à l’aide des fichiers KML. La vitesse du déplacement (au format KML, chaque point sur le trajet était muni d’une étiquette identifiant l’heure exacte et la date du signal), croisée avec les informations issues des carnets de déplacements ont permis de connaître le mode de déplacement utilisé. Une analyse visuelle permettait de distinguer les trajets effectués à pied (plus lents), en autobus (plus rapides avec des intervalles réguliers) et en automobile (rapides et sans intervalles réguliers). Les déplacements en métro pouvaient être identifiés parce que le trajet était soudainement interrompu entre deux stations de métro à cause de la perte temporaire du signal GPS dans le tunnel. Une fois les arrêts et les trajets identifiés, l’auteure réalisait une carte synthèse des déplacements sur une tablette (PDF Reader) qu’elle présentait aux participants durant l’entrevue. L’utilisation de la tablette permettait également de zoomer sur certaines rues ou sections du quartier. Lorsque les déplacements hebdomadaires dépassaient le voisinage autour du lieu de résidence, plusieurs cartes étaient réalisées.