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Les relations entre les pratiques de renouvellement et de réforme et les attentes de l’éleveur.

Les résultats de l’enquête en élevage

4. Les relations entre les pratiques et les attentes de l’éleveur

4.2. Les relations entre les pratiques de renouvellement et de réforme et les attentes de l’éleveur.

Afin d’évaluer les relations entre les pratiques de renouvellement - réforme et les attentes de l’éleveur, nous avons réalisé le même protocole d’analyse que celui décrit dans l’article précédent, c'est-à-dire une analyse multifactorielle avec comme variables actives les variables concernant le renouvellement, la réforme et l’ajustement entre les deux (Tableaux III.5 à III.7), et en variables explicatives les classes d’attentes de rythme de travail, les données structurelles de l’élevage, le type de conduite en bandes et les données de productivité du travail et des animaux.

Ceci a permis d’identifier deux axes représentant respectivement 16 et 14% de la variabilité. Le premier axe provient principalement des groupes de variables concernant l’interaction entre renouvellement et réforme (49%) et les choix de renouvellement (36%). Cet axe

représente la flexibilité des effectifs de chaque bande. Ainsi il oppose les éleveurs

principalement en fonction de leur mode de gestion des effectifs : par les cochettes d’une part et par les truies d’autres part. D’un côté nous retrouvons les techniques d’ajustement à un sous-effectif par l’insertion de cochettes, associées à une recherche de cochettes au sein de l’élevage, à l’utilisation de Régumate® et au changement de multiplicateur en cas de soucis de livraison. Le nombre de cochettes livrées est adapté en fonction des besoins et une livraison de cochettes sert pour deux bandes. Cette partie de l’axe est fortement associée aux variables supplémentaires relatives à une conduite en 7 bandes et à une mise à la reproduction plus tardive des cochettes. Situées à l’opposé sur ce premier axe, nous retrouvons les pratiques d’ajustement à un sous-effectif par une gestion des truies, à savoir des changements de bandes ou des réformes retardées. Les cochettes livrées sont utilisées pour trois bandes ou plus et le Régumate® n’est pas employé de façon systématique. Cette partie de l’axe est également associée à la prise en compte du nombre de porcelets nés vivants dans les critères de réforme. Cette situation est associée aux variables supplémentaires relatives à une conduite avec plus de 7 bandes, des ISO et des ISSF allongés et un taux de renouvellement plus important.

Le deuxième axe provient à la fois du groupe de variables lié à la réforme et du groupe de variables lié au renouvellement (40% chacun). Cet axe représente le risque accepté par

l’éleveur vis-à-vis du nombre de truies à la mise bas. D’un coté de l’axe la réforme a lieu

et du nombre de porcelets mort-nés. En cas de sureffectif les truies supplémentaires sont conservées grâce à la mise en place de pratiques annexes permettant de libérer des places pour les loger. Cette partie de l’axe est associée à la variable supplémentaire relative aux conduites avec moins de 7 bandes. On peut lier ces pratiques à l’acceptation du risque d’avoir un nombre de truies à la mise bas inférieur à l’objectif. De l’autre coté de l’axe, les réformes sont réalisées principalement au moment de l’échographie sans adaptation du nombre de cochettes livrées. Les truies surnuméraires sont vendues en cas de sureffectif. Ces pratiques correspondent à une prise de risque minimisée vis-à-vis du nombre de truies présentes à la mise bas. L’intervalle entre l’entrée dans l’élevage et la première insémination, ainsi que celui entre le sevrage et la réforme sont augmentés avec les pratiques de cette partie de l’axe.

La classification ascendante hiérarchique fait ressortir 3 groupes d’élevages. Dans le premier groupe les effectifs sont gérés via l’introduction des cochettes et il s’agit surtout d’élevages conduits en 7 bandes. Dans le second groupe un lot de cochettes est acheté par bande, les réformes ont lieu surtout au sevrage et en cas de sureffectif les truies sont conservées dans la bande. Ce groupe est associé à des élevages avec moins de 7 bandes. Enfin le dernier groupe gère les effectifs par le biais des truies en production et le renouvellement est réalisé sans utiliser de Régumate®. Il est associé à des élevages avec plus de 7 bandes.

En conclusion, cette analyse nous a permis de mettre en évidence deux dimensions indépendantes de gestion des effectifs. La première concerne la flexibilité dans les effectifs de chaque bande (ajustement en cas d’aléa) tandis que la seconde concerne le risque accepté par l’éleveur vis-à-vis du nombre de truies à la mise bas.

Les combinaisons de pratiques de renouvellement – réforme et d’ajustement des effectifs sont liées aux conduites en bandes, comme le montre la classification ascendante hiérarchique. Ainsi les élevages conduits en plus de 7 bandes ont des pratiques permettant d’ajuster le nombre de truies par bande grâce aux transferts des truies entre bandes. Les élevages conduits en 7 bandes ne laissent que peu varier les effectifs des différentes bandes en utilisant des entrées programmées et fixes de cochettes pour maintenir ces effectifs. En cas de problème d’approvisionnement ces éleveurs font appel à un autre multiplicateur ou prélèvent des cochettes dans leur propre élevage d’engraissement. Enfin les éleveurs conduisant leur troupeau avec moins de 7 bandes prennent plus de risques que les autres éleveurs vis-à-vis du nombre de truies à la mise bas dans la mesure où ils réforment les truies dès le sevrage et ne peuvent donc pas être certain d’atteindre le nombre de truie visé à la mise bas. Ce résultat est

d’autant plus surprenant que la gestion des truies en chaleur après une insémination est délicate dans ces conduites et nous aurions donc pensé que ces éleveurs seraient enclins à ne réformer les truies qu’au moment de l’échographie.

5. Conclusion

Cette étude sur les pratiques des éleveurs a permis de répondre aux interrogations des experts en apportant à la fois des éléments sur la diversité des pratiques, sur la variabilité des objectifs des éleveurs et sur le lien entre ces objectifs et les pratiques mises en œuvre. Ces données nous seront utiles pour représenter dans le modèle des ensembles de pratiques cohérents. Trois critères principaux semblent orienter les pratiques. Le premier critère correspond aux attentes de rythme hebdomadaire de travail et influence principalement les pratiques autour de l’insémination. Le second critère correspond aux attentes de productivité des animaux et affecte principalement les pratiques autour de la mise bas. Enfin le troisième critère correspond au nombre de bandes dans le troupeau qui modifie les pratiques de renouvellement et de réforme.

Au final, les attentes concernant la productivité du travail sont principalement liées à la taille des bandes et n’ont pas d’influence apparente sur les pratiques. Nous pouvons tout de même retenir que pour des troupeaux de même taille, la productivité du travail diminue avec l’augmentation du nombre de bandes. De même, il n’y a pas de lien apparent entre le choix d’une conduite en bandes et les modalités de mise en œuvre des pratiques de reproduction (sevrage, détection des chaleurs, IA). Ainsi, le rythme de travail permis par le nombre de bandes (et les intervalles entre bandes) ne détermine pas la façon dont les éleveurs cherchent à ajuster certaines pratiques pour alléger leur travail au jour le jour ou en vue de week-end. La recherche d’un haut niveau de productivité numérique à l’échelle du troupeau fait quant à elle référence le plus souvent au choix de la durée de lactation pour son influence sur la vitesse d’enchaînement des cycles de reproduction des truies ou aux facteurs jouant sur la prolificité par cycle. Notre enquête suggère enfin un autre type d’attente des éleveurs que l’on retrouve en s’intéressant également aux pratiques autour de la mise bas et qui concerne les attentes vis-à-vis du métier d’éleveur de porc. Ces attentes sont difficiles à décrire mais demeurent au cœur des compétences d’animalier en élevage naisseur (Nicourt, 2007).

Chapitre IV