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Introduction bibliographique

3. Les indicateurs de performances techniques

Nous avons vu dans les parties précédentes qu'il existe divers indicateurs de performances selon que l’on s’intéresse à la productivité d’un animal, d’un troupeau ou d’un travailleur. D’un point de vue zootechnique, nous pouvons classifier les critères selon trois types : les indicateurs de résultats, les indicateurs de pratiques et les indicateurs rendant compte de l’effet de ces pratiques sur les résultats (Dedieu et Theriez, 1994). Les indicateurs de résultats sont à mettre en relation avec les objectifs de l’éleveur et sont donc multiformes : nombre d’animaux par travailleur, temps disponible calculé (Dedieu et al., 1993 et 2000), productivité par animal ou du troupeau... Les indicateurs de pratiques peuvent être regroupés en différentes

catégories selon que les pratiques s'appliquent à la structure du troupeau (nombre de bandes, renouvellement, réforme, …), à un lot d'animaux, en l'occurrence à une bande de truies en élevage porcin (détection des chaleurs, durée de la lactation, …) ou à des individus (protocoles d’insémination, aide à la mise bas, …). Dedieu et Theriez (1994) précisent qu’il est rare de disposer d’une représentation complète et continue de la combinaison des pratiques d’élevage alors que c’est pourtant l’effet de cette combinaison sur les indicateurs de résultats que le zootechnicien doit étudier. De plus, les indicateurs permettant d’étudier ces effets (indicateurs d’élaboration des performances) doivent rendre compte de l’évolution de l’état du troupeau au cours du temps sous l’influence des pratiques et du milieu. Ces critères peuvent par exemple correspondre à des notes d’état d’engraissement des reproducteurs (ITP, 2000) ou à la structure démographique du troupeau.

En élevage porcin les principaux indicateurs mis au point sont des indicateurs de résultats et d’élaboration des performances mais ils restent généralement centrés sur des objectifs de production. Ils correspondent donc principalement aux performances des animaux et des troupeaux. Nous détaillerons les outils mis en place à ces fins puis les indicateurs utilisés en distinguant ceux qui relèvent de l’individu et ceux concernant le troupeau. Les indicateurs de pratiques sont peu analysés dans leur globalité. Nous avons vu dans la partie 2.1 que les travaux expérimentaux suggèrent l'existence d'une diversité de pratiques poste par poste mais nous ne disposons pas d’étude de terrain recueillant cette diversité des pratiques à chaque poste ni s’intéressant à tous les postes en même temps (la combinaison des pratiques). Seuls les travaux de Commandeur (Commandeur, 2003 et 2006 ; Commandeur et Casabianca, 2007) font intervenir les pratiques dans la définition du « style » de l’éleveur. L’absence de renseignement sur ces indicateurs de pratiques (tel que la conduite en bandes pratiquée) dans les enregistrements nationaux rend les indicateurs de résultats et d’élaboration des performances enregistrés moins facile à interpréter.

3.1. Indicateur de gestion technique des élevages porcin (GTTT -

GTE – TB)

L’Institut de la Filière Porcine (IFIP) et l'INRA ont mis en place dans les années 1970 une chaîne de Gestion Technique des Troupeaux de Truies (GTTT). Cet outil regroupe les résultats individualisés des truies présentes dans les élevages participant à ce programme (environ 2800 élevages en 2006). Il permet à chacun des participants de se comparer à l’ensemble des élevages ou à des groupes particuliers (région, département, type d’élevage,

groupement …). Par contre il ne regroupe les informations que de l’atelier naissage. Les résultats globaux de l’élevage sont calculés dans le cadre de la Gestion Technico-Economique (GTE, environ 2500 élevages en 2006). Enfin les coûts de production d’environ 800 élevages sont évalués par le Tableau de Bord (TB).

3.2. Les indicateurs de performance des truies par cycle

3.2.1. Prolificité

La prolificité des truies est caractérisée par 3 valeurs renseignées par l’éleveur pour chaque truie présente à la mise bas : le nombre de porcelets nés vivants, le nombre de porcelets mort- nés et le nombre de porcelets sevrés. A partir de ces données sont calculés le nombre de porcelets nés totaux, la mortinatalité et le taux de perte naissance – sevrage. Du fait des pratiques d’adoption, le nombre de porcelets sevrés pour une portée peut être plus important pour une truie donnée que le nombre de porcelets nés vivants, mais on ne dispose généralement pas dans la GTTT d’informations fiables sur le nombre de porcelets adoptés ou transférés.

3.2.2. Durées

Les durées renseignées dans la GTTT pour chaque truie sont de deux ordres : les durées normales du cycle et les durées « improductives ». Les durées normales recouvrent la durée de la lactation, la durée de l’intervalle sevrage œstrus et la durée de la gestation. Les durées improductives concernent l’intervalle entre l’entrée dans l’élevage et la première insémination, l’intervalle entre le sevrage et la saillie fécondante (ISSF) et l’intervalle entre le dernier sevrage et la réforme. Par addition de la durée de la lactation, de l’ISSF et la durée de la gestation, on détermine la durée d’un cycle (intervalle entre mises bas).

3.3. Les indicateurs de performance des élevages

3.3.1. Les performances par truie par an

Quand les performances des truies sont étudiées à l’année, la prise en compte des différentes durées improductives et de la façon dont est géré le renouvellement du troupeau devient importante. Pour estimer la durée de présence d’une truie et ainsi pouvoir exprimer des ratios de productivité annuelle moyenne, plusieurs indicateurs sont utilisés amenant à des durées de présence différentes selon que la truie est considérée comme « présente », « productive » ou « en production » (Figure I.7). Les truies sont considérées comme « présentes » dès leur arrivée sur l’élevage ou à la sortie d’engraissement dans les cas où l’éleveur produit lui-même ses cochettes et ne sont plus présentes au moment où elles quittent l’élevage. Les truies sont

« production » se termine lors de la décision de réforme. Les truies « productives » n’existent pas physiquement dans l’élevage. Ce concept est utilisé pour déterminer la productivité d’une truie moyenne du troupeau ayant une durée pour chaque cycle égale à la moyenne observée dans le troupeau. Par exemple, si en moyenne le nombre de porcelets sevrés par portée est de 11 et que la durée moyenne du cycle (ISSF + durée de gestation + durée de lactation) est de 149 jours, alors le nombre de porcelets sevrés par truie productive et par an est de 11 x 365,25 / 149 = 29,9. En France les deux indicateurs les plus couramment utilisés sont en relation avec la « truie présente » et la « truie productive ». Dans d’autres pays, le critère de référence est souvent la « truie en production » ce qui conduit également à l'utiliser de plus en plus souvent en France afin d’avoir des bases comparables entre les différents pays.

Naissance

Achat de cochettes (vers 100kg)

Réforme Mise en production Truie en production Truie présente Entrée comme reproducteur 1èresaillie Saillie Fécondante 1ère mise bas 2ème mise bas 3ème mise bas Dernière mise bas Dernier Sevrage Naissance

Achat de cochettes (vers 100kg)

Réforme Mise en production Truie en production Truie présente Entrée comme reproducteur 1èresaillie Saillie Fécondante 1ère mise bas 2ème mise bas 3ème mise bas Dernière mise bas Dernier Sevrage

Figure I.7 : Deux façons de comptabiliser le nombre de truies dans un élevage : les truies en

production et les truies présentes.

3.3.2. Les indicateurs de démographie

Les truies étant suivies tout au long de leur carrière, les indicateurs démographiques sont multiples. Ainsi, l’âge des truies est connu à chacune de leurs mises bas, permettant de calculer un âge moyen à la mise bas. De même, le nombre de mises bas effectuées avant qu’une truie ne soit réformée est enregistré et la moyenne de ce critère permet d’avoir un indicateur de la durée d’une carrière et du taux de réforme. Enfin, le nombre de truies effectuant leur première mise bas permet d’évaluer le taux de renouvellement par rapport au nombre de truies présentes.

3.3.3. Les autres indicateurs

D'autres indicateurs de performances sont également calculés pour les phases de post-sevrage et d'engraissement. Ils concernent en particulier l'efficacité alimentaire (Indice de Conversion, kg d'aliment / kg de gain de poids), la vitesse de croissance (Gain Moyen Quotidien, g/j) et la survie des porcelets.

3.4. Conclusion

Il semble donc exister un certain décalage entre les critères actuellement utilisés en élevage porcin et ceux évoqués précédemment dans la partie relative au travail. En effet, les indicateurs zootechniques de performances actuellement utilisés se focalisent tous sur un objectif d’efficacité technico-économique ramené à l’animal sans renseigner ni prendre en compte les attentes des éleveurs vis-à-vis des conditions (durée, rythme) de travail. Ils sont par ailleurs lacunaires sur les pratiques et permettent encore moins de proposer une vue globale des combinaisons de pratiques.

Cette thèse s’attachera à produire des connaissances sur les performances des troupeaux de truies, mais aussi sur les pratiques d’élevage, les décisions de conduites et leurs finalités : objectif d’efficacité technique du fonctionnement du troupeau, objectif de productivité du travail et objectifs « non productifs » des éleveurs (relatifs à leurs attentes de travail). Nous nous intéresserons plus particulièrement aux pratiques mises en place sur les différents postes de l’atelier naisseur et à leurs cohérences. Ces pratiques marquent, nous l’avons vu, les performances techniques mais par hypothèse apparaissent également sensibles aux enjeux de travail. Elle aura aussi pour finalité de contribuer à l'élaboration d'un outil d’évaluation de ces « cohérences pratiques » sur les indicateurs de résultats existants ou nouveaux (notamment permettant d’évaluer la répartition du travail au cours du temps). Ces objectifs ne pourront être atteints sans avoir une vision d’ensemble de l’élevage ce qui n’est possible qu’en ayant une approche systémique de l’élevage.