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Résumé de la section sur la catégorisation

Condition 3 : 1 visage aux sourcils froncés faiblement

4.2. Les relations entre CNV et IFTs

Plusieurs études suggèrent que les CNV exprimant de la dominance peuvent activer les ILTs (Anderson et al., 2012 ; Lock & Anderson, 2015 ; Trichas & Schyns, 2012). De plus, dans les théories du followership, la notion de dominance dans les comportements est centrale. On la retrouve ainsi dans la taxonomie classique de Kelley (1988) pour distinguer les suiveurs passifs et conformistes d’une part et les suiveurs aliénés et efficaces d’autre part. Cette notion de la dominance se retrouve également dans la classification de Chaleff (1995) pour distinguer les suiveurs ressources et exécutants d’un côté, et les suiveurs individualistes et courageux d’un autre côté. Cette différence de dominance dans les différents followership se retrouve également dans la distinction entre le suiveur passif, décrit comme très soumis au leader et le suiveur proactif, plus dominant dans ses comportements envers le leader (voir section 3.3.) (Carsten et al., 2010). À notre connaissance, aucune étude ne s’est encore penchée sur la relation entre perception de dominance / activation d’IFTs / perception de followership. L’un des apports de cette thèse sera donc d’explorer cette relation.

Ainsi, on se posera la question de la relation entre les CNV liés à la dominance et les IFTs déclenchées (Eberly & Fong, 2013 ; Gooty, Connelly, Griffith & Gupta, 2010). En nous basant sur la chaîne d’actions permettant de passer de la perception d’un comportement à la catégorisation de l’individu (Fields, 2007 ; Roof, 2014), nous détaillons ci-dessous notre hypothèse sur le processus de catégorisation d’un CNV amenant à l’activation d’IFTs. Nous verrons le cas pour la perception d’un CNV de dominance, puis le cas de la perception d’un CNV de soumission.

4.2.1. La perception d’un CNV de dominance

Durant l’interaction, le leader perçoit un CNV du subordonné. À ce moment, la perception de ce comportement active en Mémoire à Long Terme (MLT) les connaissances du leader sur la relation entre l'appréciation de la situation et le comportement non verbal associé (Urdapilla, Bernard & Tijus, 2004 ; Trichas & Schyns, 2012). Par cette relation, le leader fait le lien entre le CNV et la dominance. Le leader renverse ce lien et fait l’inférence que le subordonné utilise

49 ce CNV afin de signifier qu’il ne va pas se montrer soumis au leader et va peut-être tenter de dominer l’interaction.

Du fait de l’inférence de cette dominance, une deuxième activation en MLT est faite : celle des IFTs. Connaissant le lien entre le followership proactif et la dominance dans les comportements associés (i.e., contestation d’ordre, prise d’initiative dans prévenir le leader), cela active les IFTs liées au followership proactif. Cette activation catégorise le subordonné comme étant suiveur proactif, entraînant l’association de ce subordonné à des comportements propres au followership proactif même s’ils ne sont pas observés par la suite (Shondrick & Lord, 2010).

4.2.2. La perception d’un CNV de soumission

Durant l’interaction, le leader perçoit un CNV du subordonné. À ce moment, la perception de ce comportement active en MLT les connaissances du leader sur la relation entre l'appréciation de la situation et le comportement non verbal associé (Urdapilla, Bernard & Tijus, 2004 ; Trichas & Schyns, 2012). Par cette relation, le leader fait le lien entre le CNV et la soumission. Le leader renverse ce lien et fait l’inférence que le subordonné utilise ce CNV afin de signifier sa soumission à l’autorité.

Du fait de l’inférence de cette soumission, une deuxième activation en MLT est faite : celle des IFTs. Connaissant le lien entre le followership passif et la soumission à l’autorité et ayant fait l’inférence que le subordonné se soumet, cela active les IFTs liées au followership passif. Cette activation catégorise le subordonné comme étant un suiveur passif, entraînant l’association de ce subordonné à des comportements propres au followership passif même s’ils ne sont pas observés (Shondrick & Lord, 2010).

4.2.3. Congruence et divergence des CNV

Ces processus théoriques prennent en compte la perception d’une seule modalité non verbale et définissent le traitement d’une seule information ; or, lors d’une interaction, les individus utilisent plusieurs modalités pour communiquer (e.g., expression faciale, regards, proxémie) (Marschner et al., 2015). De plus, les processus décrits ci-dessus devraient se faire de manière systématique et automatique et sont implicites au fonctionnement du leader (Nosek, Hawkins & Frazier, 2011). Il faut également noter que ces processus se font dynamiquement, car la perception de CNV est continue. Ainsi, si les IFTs sont relativement stables dans le temps (Sy,

50 2010), la catégorisation faite par la perception du suiveur par le leader est quant à elle révisable du fait des nombreux comportements mis en avant par le suiveur.

Il est donc probable que le subordonné puisse utiliser deux CNV non congruents simultanément et qui renvoient chacun à des inférences contradictoires (e.g., buste tourné + expression faciale) (Tcherkassof, 2018). En nous fondant sur les deux processus décrits ci- dessus, cela entrainerait l’activation de deux inférences contradictoires pouvant entrainer une dissonance émotionnelle, ce qui peut avoir un effet négatif sur la relation, notamment infirmière / patient (Pohl, Dal Santo & Battistelli, 2015).

Si les comportements sont congruents entre eux, le processus de catégorisation serait d’autant plus renforcé et l’activation des IFTs n’en serait que plus accentuée.

Cependant, si les processus décrits ci-dessus apportent à la littérature scientifique une explication sur la relation entre IFTs et CNV selon un axe de dominance / soumission, ils ne sont que théoriques pour le moment. Une validation par l’expérience de ces processus doit donc être effectuée. En effet, nous pensons que ces comportements ont un effet implicite sur le processus de catégorisation du leader. À travers ce processus, les CNV du suiveur peuvent avoir un impact sur les attitudes du leader envers son suiveur. Ce changement d’attitude devrait avoir une influence sur les comportements de leadership choisis par le leader et nous pensons donc que cette piste doit être approfondie. De plus, nous nous concentrons dans cette thèse sur la perception d’un seul suiveur. Il serait intéressant en perspective de voir comment la catégorisation s’effectue avec plusieurs suiveurs. En effet, il est possible que le leader perçoive plusieurs suiveurs simultanément avec des expressions congruentes ou contradictoires, pouvant moduler l’activité cérébrale et donc potentiellement la catégorisation (De Borst & De Gelder, 2016). En effet, les études sur la perception des combinaisons multimodales congruentes et incongruentes suggèrent qu’elles peuvent augmenter le temps de réaction et impacter la reconnaissance des expressions (Martin et al., 2018).

51 Parce que la chaîne d’action de l’évaluation cognitive spécifie que cette

évaluation s’effectue sur les comportements affichés par l’interlocuteur (Roof, 2014), nous nous sommes penchés sur l’influence des CNV dans le processus de catégorisation. Les études mentionnées dans cette section suggèrent qu’il est nécessaire de prendre en compte l’impact des CNV sur le processus de catégorisation du suiveur (Anderson et al., 2012 ; Trichas & Schyns, 2012). Il devient donc important de voir l’influence des CNV sur le processus de catégorisation du leader. Cette piste de recherche n’a pas encore été explorée, alors que les CNV sont d’ores et déjà étudiés dans le processus de catégorisation du suiveur (Trichas et al., 2017).

Un des objectifs de cette thèse sera donc d’étudier si les CNV peuvent activer le processus de catégorisation du leader et donc influencer l’attitude du leader vis-à- vis d’un suiveur. Avant de pouvoir étudier une telle relation, nous présenterons une dernière section sur les différentes méthodes susceptibles d’être utilisées pour étudier et les IFTs et les CNV. Nous verrons que ces deux concepts sont d’un point de vue méthodologique complexes à étudier et qu’il est nécessaire de réfléchir à utiliser une combinaison de méthodes complémentaires au sein de cette thèse, afin d’appréhender au maximum les construits qui nous intéressent.

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5. Réflexions sur les méthodes à utiliser pour l’étude des IFTs et