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DEUXIEME PARTIE. PARTIE PRATIQUE

DONNEES PERSONELLES :

E. Relation avec l’enseignante :

« Mais par contre je garde un très bon lien avec mon enseignante de français au CEM, je l’adorais, j’avais de très très bons rapport avec elle, quand je n’avais pas cours ; j’allais assister à ses cours avec les autres classes, peu m’importais le niveau des classes l’essentiel pour moi était d’être proche d’elle, même elle m’aimait beaucoup, en rentrait ensemble, on a garder le lien jusqu’à présent, maintenant elle vient même chez nous ; elle est devenue une amie à la famille, elle a pratiquement le même âge que ma mère c’est pour ça qu’elles sont devenues amies, ça me plais qu’elle vient chez nous. »

Il s’agit bien d’un mode d’investissement relationnel auprès de l’enseignante qui semble revêtir un aspect transférentiel, dans le sens où ces relations exclusives lui permettent de revivre une régression à l’objet d’amour premier. Cette enseignante représente pour elle, tel l’objet maternel du narcissisme primaire, une personne apte à s’identifier et à répondre à ses besoins primaires de survie. « C’est dans le contexte de ce mouvement régressif particulier que la

plainte a sa raison d’être, dans le sens où ses besoins ne sont pas comblés de façon magique, tel qu’elle peut l’espérer inconsciemment. » (JACOBI, 1998)419.

6. Sexualité :

« Je me fais vomir car je me sens pleine et lourde » la patiente utilise une dimension symbolique qui renvoie à un état de grossesse, « Si tu veux savoir, si j’avais la possibilité de

changer quelque chose dans mon corps ça serai de tailler mes hanches; les faire disparaître complètement. Je pense que c’est ce qui attire le plus. Même mes seins si j’avais la possibilité de les enlever je le ferais, (…) ».

Il s’agit d’un lien entre l’ascèse orale et génitale chez la patiente, qui s’explique par le fait que la génitalité est le lieu par excellence du désir, de l’incorporation, de la dévoration, de la fusion, de la chair. Par le refus de s’abandonner à l’expérience génitale, l’anorexique fait violence au désir de proximité qui, parce que passant par le corps, rappelle le manque, le vide, l’absence, le creux, ou parallèlement l’envahissement, l’étouffement, la peur de ne plus exister au profil du désir de l’autre.

Chez notre anorexique existe d’une manière presque indénouable, l’angoisse du plein, l’angoisse mortelle d’être remplie, tant du point de vue oral que génitale. Le vide est intensément recherché pour l’exaltation qu’il procure car il libère l’esprit de son aliénation corporelle.

N’y aurait-il pas lieu de penser que sous-jacente à cette angoisse du plein, réside la peur fondamentale d’être, de vivre, d’exister.

Dans cette perspective, notre anorexique, la sexualité a une consonance plutôt péjorative : elle est sale, dégoutante, odieuse.

A travers toutes ces données, le sujet fait une projection de la scène primitive sur sa relation avec son copain.

« En général la femme n’est perçue qu’à travers la sexualité, c’est pour ça que j’évite le

regard des autres, je n’aime pas qu’ils me regardent spécialement les hommes, je sens dans leur regard un désir une envie et ça me fait peur » ;

« Je n’ai jamais eu de relations sexuelles ni avec lui ni avec quelqu’un d’autre, je me refuse

l’impureté, je trouve que c’est souillant. »

7. Relation avec le corps :

Elle avait tantôt une position penchée, les bras croisés qui cachait sa poitrine, tantôt accroupie elle ramenait ses jambes vers sa poitrine et les serrait avec les bras ; et ce durant l’ensemble des entretiens.

L'adolescente a une image de son corps complètement déformée : prise par la terreur de grossir, elle se voit un corps énorme, alors même qu'elle est d'une maigreur anormale. Son

idéal serait un corps sans substance, sans épaisseur, sans graisse, voire sans muscle. Les formes féminines, seins et hanches, deviennent autant d'objets de dégoût.

Cette jeune anorexique est souvent caractérisée par une insatisfaction corporelle marquée et constante. Pour les personnes atteintes d’anorexie, la réussite, le contrôle et tout le reste passent par l’image corporelle. Celle-ci est la base de tout ce qui est entrepris alors si l’image corporelle de la personne n’est pas à son goût, rien ne va plus. C’est ce qui arrive chez notre cas qui ne se croit pas attirante sexuellement parce qu’elle n’est pas mince comme elle voudrait l’être.

Cependant, cette jeune adolescente, dans un mouvement contradictoire entre la peur d’être regarder et une coquetterie manifeste, c’est d’abord la vision qu’elle nous propose du fond de son univers inséparable d’une certaine équivoque qui la fait hésiter entre l’être et le paraître ; elle va aliéner le corps à son image, où l’art de plaire recouvrait un désir profond

d’être vue, faute de l’avoir été suffisamment quand elle était enfant.

D’une part il semble que le souci de l’apparence corporelle soit la seule issue qui permet à notre cas, fracassé de rêves d’échapper au vide existentiel.

« Moi, je veux être aimé de tous et en permanence, hélas ce n’est pas possible je ne

peux être aimable qu’en fonction de ma minceur et ca me donne l’envie de mourir. » ;

« Il y’a beaucoup de choses à dire… rien n’est plus comme avant, ni moi, ni ma façon

d’être, même mon corps a changé, je ne le reconnais plus, je ne me reconnais plus, quand je me vois dans une glace ; j’ai l’impression de voire quelqu’un d’autre que moi, rien ne va plus, » ;

« Je ne me sens pas bien dans ce corps, et ça me bloque énormément, je me sens

frustré ; déçu par mon enveloppe. Je lutte contre ce corps, il est synonyme de souffrance à mes yeux, j’ai un sentiment de vide, d’angoisse et d’insécurité par rapport à mon corps j’ai peur qu’il m’attire des ennuis ».

Et d’autre part, à la puberté, le corps sépare les adolescents de leur famille, cependant notre cas avait perçu la moquerie et la honte, à une période où elle avait besoin d’être soutenue dans sa confiance en elle, pour elle ces changements n’étaient pas valorisants.

«Il y’a des moments où je pense qu’ils oublient que je suis là et que j’existe. Je ne me

trouve pas ma place dans ce monde ; mon corps doit prendre le moins d’espace possible ».

« Si j’avais la possibilité de changer quelque chose dans mon corps ça serai de tailler

mes hanches; les faire disparaître complètement. Je pense que c’est ce qui attire le plus. Même mes seins si j’avais la possibilité de les enlever je le ferais, j’ai une énorme poitrine par rapport à ma taille et à mon âge; quand j’étais un peu plus jeune et quand je commençais à peine à avoir une poitrine, mes camarades de classes commençaient à se moquer de moi car j’étais plus précoce que les autres filles, même à la maison tout le monde se moquait de moi et me faisait des remarques, j’avais très honte, je voulais les faire disparaître… Je commençais alors à faire rentrer ma poitrine et à arrondir mes épaules par espoir de cacher tous ces changements et de passer inaperçu et surtout échapper à tout type de remarques désagréables. »

Cette jeune anorexique se voit trop grosse. Ce jeu mortifère du miroir ne revoit-il pas aussi Il s’agit d’une nostalgie du corps enfantin. « Moi, je veux être aimé de tous et en

permanence, hélas ce n’est pas possible je ne peux être aimable qu’en fonction de ma minceur et ca me donne l’envie de mourir. » :

« Il y’a beaucoup de choses à dire… rien n’est plus comme avant, ni moi, ni ma façon

d’être, même mon corps a changé, je ne le reconnais plus, je ne me reconnais plus, quand je me vois dans une glace ; j’ai l’impression de voire quelqu’un d’autre que moi, rien ne va plus, ». Elle a l’impression que le temps défile très vite, mais que les choses stagnent pour elle,

ce qui frustre l’exigence de ces instances idéales. Ainsi, à la place d’accepter sa condition de dépendance présente, dans son mouvement régressif, répondre par la plainte revient à crier sa nostalgie à l’égard des expériences heureuses du narcissisme primaire, dans le couple indifférencié mère-soi. Il s’agit d’un désir de régression à la dépendance maternelle.

8. Nature de l’angoisse :

D’une part, on pense qu’au même titre qu’elle ressent de l’angoisse à ne pouvoir se sentir exister (angoisse existentielle) autrement qu’au travers de l’anorexie, comportement masculin, kleptomanie. Et d’autre part elle ressent une Angoisse de perte d’objet,

9. La vie Fantasmatique : A. La destruction :

On constate un appauvrissement de la vie fantasmatique, la jeune fille semble être concentrée sur une seule réalité « son corps », on remarque la pulsion de destruction et de mort à travers l’expression du désir de mort mentionné à plusieurs reprises « je me tue si un jour je

sens une faiblesse vis-à-vis d’un garçon » ;

«Moi, je veux être aimé de tous et en permanence, hélas ce n’est pas possible je ne peux être aimable qu’en fonction de ma minceur et ca me donne l’envie de mourir… » ;

Sa peur de ne pas être aimé peut venir du fait qu’elle ait ces sentiments agressifs en elle. Est-ce qu’elle peut être aimée en ne maîtrisant pas ses sentiments destructeurs qui font du mal à son corps ?

«(… ) Mon corps doit prendre le moins d’espace possible parce que je ne trouve pas ma

place dans ce monde. » .

Le cas, ne rêve pas pour le moment, ce qui renforce le refoulement de l’imaginaire. Son discoures résigné semble sans affect comme si elle parlait de quelqu’un d’autre. Mais sa résignations ne cache pas non désespoir qui lui semble sans issus.