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PREMIER VOLET : ASPECT MEDICAL DE L’ANOREXIE MENTALE :

DEUXIEME CHAPITRE : L’Anorexie mentale

B. PREMIER VOLET : ASPECT MEDICAL DE L’ANOREXIE MENTALE :

I. HISTORIQUE

C’est en 1873 que cette maladie a été décrite pour la première fois par GULL et LASEGUE, et c’est en 1883 que HUCHARD la dénomma anorexie mentale car on pensait que la cause était uniquement Psychologique. Aujourd'hui, on sait qu'il existe plusieurs facteurs de risque. Ce qui est vrai d'ailleurs pour tous les troubles de comportement alimentaire. Dans le cas de l'anorexie, il y a le patrimoine biologique et l'environnement qui s'ajoutent à la dimension psychologique. On pense également qu'il y'aurait des facteurs génétiques qui prédisposeraient à l'anorexie.

Bien que la paternité de l'identification de l’anorexie soit revendiquée par l'anglais William Withey GULL et le français Ernest Charles LASEGUE, les premières descriptions cliniques de l'anorexie mentale commencent à partir du XVII éme siècle par l’anglais Richard MORTON (P. BOUCLLIER.2007) 127; en 1689 il publia son premier cas sous le nom de « phtisie nerveuse ». Où il décrira chez une jeune femme, une consomption du corps accompagné d'une perte de l'appétit et des fonctions digestives, avec une effrayante maigreur.

Cependant, l'histoire de l'anorexie mentale "anorexie nervosa" débuta en 1873 avec la copaternité de Gull et LASEGUE. Ils publièrent leurs expériences à des dates rapprochées, LASEGUE en Avril 1873, GULL en Octobre 1873. (MARCELLI ET BRACONNIER.1983)128.

W.GULL en 1868 fait mention d’abord d’un nouveau syndrome, à cause duquel des jeunes femmes se retrouvent extrêmement amaigries à la suite d'une « Apepsie Hystérique », ensuite et après les travaux de LASEGUE qui en Avril 1873 évoqua « l'anorexie hystérique », GULL dénomma ce syndrome « Anorexia Nervosa (Anorexie Nerveuse) » en octobre 1873.

Quelques années plus tard, le terme « Anorexie mentale» ; est proposé pour la première fois par CH. HUCHARD en 1883 qui pose, en outre, une distinction entre anorexie gastrique et anorexie mentale129

A partir de 1914 une nouvelle période de confusion dominée par les travaux de SIMMONDS130 qui décrit un nouveau syndrome qu'il appelle« la cachexie pan hypophysaire » ; cette confusion est marquée par un débat entre l’organogenèse et la psychogenèse.

127 Patricia BOURCILLIER. 2007 : Androgynie et Anorexie. Flying Publisher P, 30.

128 MARCELLI et BRACONNIER.1983. Psychopathologie de l’adolescent. Paris. Masson. p 132.

129 LA REVUE DU PRATICIEN.1982. Tome 3. P258.

Et ce n'est que dans les années 1940 qu'il y a un retour massif des conceptions psychogenèse de l'anorexie mentale dans différentes perspectives, mais où la dimension psychologique est dominante. C’est ce qui ressort des travaux de H.BRUCH aux États-Unis, M.SELVINI en Italie, E.KESTEMBERG et J.DECOBERT en France etc. (MARCELLI ET BRACONNIER.1983)131.

Le symposium qui s’est tenu en 1965, à Göttingen, sous la direction de : J.E.MEYER et H.FELDMAN, appuyé d’une importante contribution de H.BLIX, C.BRANCH, H.THOMA, S.PALAZZOLI, H.BRUCH. a permis, indépendamment de la multiplicité des conceptions psycho-pathologiques développées par les participants, de dégager trois grandes idées essentielles communément partagées par ces spécialistes et selon lesquels l’anorexie mentale :

*Aurait une structure spéciale ;

*Que son conflit essentiel se situe au niveau du corps et non pas au niveau des fonctions alimentaires sexuellement investies ;

*Qu’elle exprime une incapacité d'assumer le rôle génital et les transformations corporelles propres à la puberté (A.CALZA et M.CONTANT.2002)132.

A cela s’ajoute, une nouvelle perception qui s'articule autour des "addictions ", et qui explique l'anorexie mentale comme une tentative de contrôler la dépendance à une avidité orale (A.BRACONNIER et Al. 2006)133.

A partir de ce petit aperçu historique, il est essentiel de retenir l'importance de la problématique de l'image de corps chez les anorexiques, car ces sujets présentent un trouble de la perception de leurs corps et/ou une obsession de la honte du corps. Que l’anorexie mentale à l’adolescence conservera, son autonomie en tant que syndrome clinique quelles que soient les vicissitudes et les étiopathogénitiques évoquées134.

Finalement, il demeure pertinent de signaler la diversité et la complexité de la compréhension psychopathologique de l'anorexie mentale, et la multiplicité des facteurs qui entrent en jeu situés à des niveaux épistémologiques différents135.

II. Définition et critères diagnostiques de l’anorexie mentale :

131 MARCELLI et BRACONNIER.1983. Psychopathologie de l’adolescent. Paris. Masson. p 133.

132 A.CALZA et M.CONTANT.2002. Le Symptôme Psychosomatique. P 68.Paris. Ellipses Edition.

133 A.BRACONNIER et Al. 2006. Introduction à la psychopathologie. Paris. Masson. p 221.

134 JEAMMET, P. in Maigreurs Et Amaigrissement, La Revue du Praticien, Tome 32,3. 225-310, p 258.

A. Définition :

Il est nécessaire de comprendre avant tout, ce qu'est cette maladie qu'on appelle " l'anorexie" un nom à l'origine étymologique grecque : « A » exprimant la négation « pas », ou la privation « sans », et a(n) : privatif, « orexis » : appétit ; anorexie signifie privé d’appétit. Montrant non seulement une démarche d’opposition, mais encore le sentiment d’une absence, d’un manque, d’une perte, d’un vide que rien ne saurait combler (P.BOURCILLIER. 2007)136.

Les personnes qui se privent de nourriture intentionnellement peuvent souffrir d'anorexie mentale. Ce désordre alimentaire, qui débute souvent chez les jeunes durant la puberté, se caractérise par une perte de poids extrême. Les personnes souffrant de cette maladie ont un aspect corporel émacié, mais sont convaincues qu'elles ont un surplus de poids. Pour des raisons encore plus ou moins connues, elles deviennent terrifiées par la peur d'engraisser.

La nourriture et le poids deviennent des obsessions. Pour quelques-uns, certains comportements compulsifs apparaissent, d'étranges rituels alimentaires, et parfois un refus de manger devant les autres. Certaines personnes s'engagent dans des exercices physiques stricts et routiniers exclusivement pour perdre du poids.

Chez les patients souffrant d'anorexie, la privation de nourriture peut aller jusqu'à provoquer la détérioration des organes vitaux comme le cœur et le cerveau. Pour se protéger, le corps ralentit la vitesse de son métabolisme. Chez les femmes, cela provoque l'arrêt des menstruations. Les fonctions vitales comme la respiration, le pouls et la pression sanguine diminuent, et les fonctions de la glande thyroïde ralentissent.

L'anorexie mentale provoque souvent une anémie modérée, un gonflement des articulations, une réduction de la masse musculaire, la perte de cheveux et de légers maux de tête. Si le désordre alimentaire devient sévère, la patiente peut manquer de potassium, peut perdre le calcium nécessaire à ses os, et souffrir d'irrégularité ou de défaillance cardiaque.

Plusieurs personnes souffrant d'anorexie subissent aussi d'autres troubles psychiatriques tel que la dépression, l'anxiété, la dépendance aux drogues ou à l'alcool, des troubles d'obsession ou de compulsion, et plusieurs sont à risque et ont des tendances suicidaires137.

136 BOURCILLIER. P. 2007. Androgynie & Anorexie. Flying publisher. P225.

L’anorexie étant une entité clinique caractérisée par une profonde distorsion de l’image corporelle et la quête de la minceur, allant même jusqu’à la mort suite à une cachexie causée par le refus de se nourrir. Il s’agit d’un concept bénéficiant d’une grande médiatisation ces dernières décennies.

« L’anorexie mentale apparait comme tentative de contrôler une dépendance, en

particulier une avidité orale, ressentie de façon insupportable par l’adolescent(e), Ainsi, l’anorexie est parfois incluse parmi les « nouvelles addictions» (VENISSE, 1991) rencontrées à l’adolescence »138.