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Critères de diagnostique de l’anorexie mentale :

DEUXIEME CHAPITRE : L’Anorexie mentale

B. Critères de diagnostique de l’anorexie mentale :

Il s’agit donc d’un trouble psychopathologique avec conséquences somatiques potentiellement graves. Ce trouble partage des dimensions psychopathologiques communes avec d’autres troubles du comportement que l’on regroupe sous l’appellation de conduites d’addiction ou de dépendance (Alcoolisme, toxicomanie, tentatives de suicide à répétition…).

Selon DSM4 (1996) 142.Les personnes souffrant d’anorexie mentale refusent de maintenir un poids corporel minimalement normal, craignent beaucoup de prendre du poids et ont une perception déformée de la forme et de la taille du corps

ALVIN (1996. P. 10) 143 met en place des critères diagnostiques pour l’anorexie mentale. Ils sont surtout d’intérêt nosographique, permettant d’inclure dans les études des échantillons de patients comparables.

1. Définition de Russell (1970) :

RUSSELL144« suggère les critères suivants pour diagnostiquer une anorexie mentale :

Perte de poids induite par le sujet (résultat principalement de l’évitement volontaire de nourriture) ;

L’idée exagérée que l’obésité est un état redoutable en est une caractéristique psychopathologique ;

Troubles endocriniens spécifiques après la puberté ou retard pubertaire. »

2. Définition de J.P FEIGHNER et al (1972) :

FEIGHNER145 propose les critères suivants : ● Apparition avant l’âge de 25 ans

● Manque d’appétit accompagné d’une perte de poids supérieurs à 25 % du poids initial ;

142DSM IV in. Rapport Sur Les Maladies Mentales Au Canada. Octobre 2002. p 80. P, STEWART, T, LIPS, C, LAKARSKI, P, UPSHALL.

143 ALVIN, Patrick.1996. Les Anorexies à l’adolescence, Doin Editeurs, p.10.

144 Série Analyse. 2004. Troubles des Conduites Alimentaires : Troubles mentaux-Dépistage et prévention chez

l’enfant et l’adolescent, 17 ,727-771, P. 757 145 Idem. P. 757.

● Attitude aberrante et implacable à l’égard de l’alimentation, de la nourriture ou du poids, qui ne tient ni de la faim, ni des infractions, des mesures d’apaisement ou de menaces.

Par exemple :

a) Négation de la maladie de l’état de maigreur et non reconnaissance des besoins nutritionnels ;

b) Satisfaction apparente due à la perte de poids, avec un plaisir évident à refuser la nourriture ;

c) Recherche d’un idéal de minceur le patient se sent récompensé lorsqu’il atteint et maintient cet état ;

d) Manipulation inhabituelle des apports alimentaires (calculs de calories, diminution drastique des quantités ingérées … etc.).

• Absence de maladie somatique pouvant expliquée l’anorexie et la perte de poids.

• Aucun autre trouble psychiatrique, en particulier des troubles affectifs majeurs, une schizophrénie, des troubles obsessionnels compulsifs et une méthode phobique.

• Au moins deux des manifestations suivantes : 1. Aménorrhée ;

2. Lanugo ; 3. Bradycardie ;

4. Périodes d’hyper activité ; 5. Episodes de boulimie ;

6. Vomissement induit volontairement ou de laxatifs.

3. Définition d’ECKERT (1985) 146: • Déni de la maladie ;

• Perception erronée ;

• Hyperactivité sportive, scolaire ;

• La peur de devenir obèse, la phobie du poids devient plus grande au fur et à mesure que la personne perd du poids ;

• Apprentissage de comportement pour éviter la nourriture : 146 Idem. P.757.

Souvent en lien avec les pressions sociales (donnant la nourriture au chien sous la table, dissimulant la nourriture dans une serviette de table qu’elle jette ensuite à la poubelle).

4. Définition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-T.R.) (2000) :

Le travail de FEIGHNER a été appliqué en pratique clinique, pour donner les critères du DSM IV qui sont régulièrement révisés. La définition s’est affinée, elle introduit la notion de déni, d’altération de l’image corporelle et de la perception du poids, tandis que l’aménorrhée devient un critère indispensable au diagnostic.

Anorexie mentale (anorexia nervosa) F50.0 [307.1], les critères de diagnostique de l’anorexie mentale dans le DSM-IV-T.R sont les suivants :

A- Refus de maintenir le poids corporel au niveau ou au-dessus d’un poids minimum normal pour l’âge et pour la taille (par exemple, perte de poids conduisant au maintien du poids à moins de 85% du poids attendu, ou incapacité à prendre du poids pendant la période de croissance conduisant à un poids inférieur à 85% du poids attendu)

B- Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, alors que le poids est inférieur à la normale

C- Altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l’estime de soi, ou déni de la gravité de la maigreur actuelle.

D- Chez les femmes post pubères, aménorrhée c’est-à-dire, absence d’au moins trois cycles menstruels consécutifs. (Une femme est considérée comme amenorrhéique si les règles ne surviennent qu’après administration d’hormones, par exemple œstrogène).

5. Définition du CIM 10 (Classification Internationale des Maladies établie par l’OMS) :

Dans la CIM 10, les critères sont globalement ceux du DSM-IV, à la différence près qu’il n’est pas fait mention du déni de la maigreur ; La définition de l’anorexie mentale comporte cinq critères :

• Perte de poids ou chez les enfants incapacité à prendre du poids, conduisant à un poids inférieur à au-moins 15% du poids normal ou escompté, compte tenu de l’âge et de la taille.

• Perte de poids provoquée par le sujet qui évite les aliments qui font grossir.

• Perception de soi comme étant trop gros avec peur intense de grossir, amenant le sujet à s’imposer un poids limite faible à ne pas dépasser.

• Présence d’un trouble endocrinien diffus de l’axe hypothalamo-hypophysogonadique avec aménorrhée chez la fille et perte d’intérêt sexuel et de puissance érectile chez le garçon.

• Ne répond pas aux critères A et B de la boulimie :

A- Episodes répétés d’hyperphagie (au moins 2 fois par semaine pendant au moins 3 mois) avec consommation rapide de quantité importante de nourriture en temps limité.

B- Préoccupation persistante par le fait de manger avec désir intense ou besoin irrépressible de manger.

En somme, l’anorexie n’est pas aisée à définir : « Elle se présente sous la forme d’une

«crise» existentielle multifactorielle, alimentée par le climat culturel. Le problème de l’identité sexuelle ou, plus exactement, de l’individuation semble être, en tout cas, au cœur de la pathologie » (P.BOURCILLIER. 2007)147. Il s’agit d’une incapacité à accepter et à intégrer les transformations de la puberté autant qu'à assumer sa féminité, doublé d'une tentative de maîtriser les transformations qui lui échappent. Être mince n'est qu'une manière de parvenir à la négation des formes, et des formes féminines en particulier. L'image idéale vers laquelle tend l'anorectique est une image qui met à distance les indices de la féminité. Selon BOURCILLIER (2007)148 , il s’agirait en fait d’une faim de l’idéal ou de l’anéantisme, due à un étrange besoin de « corriger » le corps (aux deux sens du terme : supprimer les fautes et sanctionner). L’anorexique tente de combattre tout ce qui évoque féminité et sexualité. Le danger n'est pas réel, il est lié à l'image du corps du sujet.

Cependant on observe dans la pratique que le recours au DSM-IV comme seule référence dominante, étant donné que la majorité des spécialistes utilisent la définition présentée dans le DSM-IV.

147 BOURCILLIER. P. 2007. Androgynie & Anorexie. Flying publisher. P58.