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CHAPITRE 3 : LA QUESTION DE LA PAUVRETÉ DANS LES POLITIQUES

3 Politiques de lutte contre la pauvreté

3.3 Le recueil des politiques de réduction de la pauvreté en Algérie

En Algérie, 12 millions de personnes bénéficient de l’aide sociale (y compris celle de l’emploi) en 1998 (Maliki et Benhabib, 2016). La lutte contre la pauvreté se traduit par des politiques qui touchent la solidarité nationale, le filet social, les contrats de préemploi, le développement communautaire, les politiques de logement et les projets pilotes. Les effets de ces projets sur le niveau de pauvreté des populations locales sont restés faibles et n’ont pas eu les effets escomptés ; la tenue de la première conférence sur la pauvreté par le gouvernement en 2000 n’est qu’un argument à cette observation. Les projets de développement sont les suivants :

- Le programme des grands travaux (mis en œuvre au début des années 1990) ; - Le projet de mise en valeur hydro-agricole au sud,

- Le projet pilote d’aménagement intégré du bassin versant de l’oued Mina (1994) ; - Le projet de développement intégré du bassin versant du haut Mellègue (fin 1990) ; - Le projet de l’emploi rural dans la zone nord-ouest de l’Algérie ;

- Le projet sur la femme rurale (avec le concours de la FAO) ;

- Le plan national de reboisement et le programme de la mise en valeur des terres agricoles par les concessions (Banque mondiale, 1999). (Maliki et Benhabib, 2016).

3.3.1 Les activités de solidarité nationale

Le secteur de la solidarité nationale a entrepris depuis des années plusieurs programmes parmi lesquels l’aide attribuée au secteur de l’éducation : entre 1999 et 2000, 1,1 million d’élèves ont bénéficié d’une distribution gratuite de fournitures scolaires et de livres pédagogiques, chiffre qui a encore augmenté à 2 millions pendant l’année scolaire 2001/2002 (CNES, 2001). En 2000, 3 millions d’élèves ont bénéficié de l’octroi d’une allocation de 2000 Da. La médecine scolaire a bénéficié d’une somme importante de 630 millions en 2000. Jusqu’au 30 septembre 2000, 5606 logements ont été financés,

notamment en zone rurale et 2201 petites entreprises ont été créées. Une aide destinée aux catégories faibles (personnes âgées et handicapées) en 2000 a permis l’octroi de 32 195 cartes Chifas qui permettent aux malades d’acquérir des médicaments gratuitement. (Maliki et Benhabib, 2016).

3.3.2 Le filet social

Le filet social mis en place par le gouvernement en 1991 est constitué d’une allocation forfaitaire de solidarité (AFS) et d’une allocation d’activité d’intérêt général (IAIG).

Une agence de développement social (ADS), créée en juin 1996, a pour mission de financer les actions et interventions en faveur des populations les plus démunies et du développement communautaire.

L’ADS gère, en plus des programmes de protection sociale des personnes âgées et handicapées, des Travaux d’Utilité Publique à Haute Intensité de Main-d’œuvre (TUP-HIMO) destinés aux chômeurs des régions démunies (CNES, 1998).

Les programmes précités ont pour but la lutte contre la pauvreté et ont pour objet : - Les traitements économiques et sociaux du chômage ;

- L’assistance de catégories particulières telles que les personnes isolées ou les chefs de famille sans revenus et inaptes au travail ;

- Les actions participatives de développement en faveur des communautés et groupements défavorisés (Ameziane, 2000).

3.3.3 L’Allocation Forfaitaire de Solidarité (AFS)

Cette allocation vise uniquement les personnes âgées de plus de 60 ans, handicapées et exclues du marché du travail. L’allocation a été fixée à 900 Da par mois au départ, élevée de 120 Da par mois par personne à charge avec un maximum de trois personnes (sachant que le seuil alimentaire a été estimé à 741 Da par personne et par mois par une enquête sur le niveau de vie en 1995).

Tableau 4 : Changement du nombre de bénéficiaires de l'AFS

Source : CENEAP, 1998, 1999, CNES (PRNHD, 2001).

Le Centre National des Études Appliquées pour les Populations (CNEAP) a révélé lors d’une étude effectuée en 1999 que 75 % des bénéficiaires ne remplissaient pas les conditions nécessaires à

l’obtention de l’AFS. Les résultats détaillés de cette analyse indiquent un mauvais ciblage des bénéficiaires :

- Les bénéficiaires du filet social qui ont des ressources monétaires régulières sont de 53,09 % ; - Les personnes âgées bénéficiaires de l’AFS et qui ont des ressources monétaires régulières sont

de 56,29 % ;

- Les personnes handicapées bénéficiaires de cette allocation monétaire et qui ont des ressources monétaires régulières sont de 16,45 %. (Maliki et Benhabib, 2016).

En 2013, les responsables de l’ADS ont déclaré lors d’un séminaire national sur le filet social que plus 800 000 personnes démunies et inaptes au travail ont bénéficié de l'Allocation forfaitaire de solidarité (AFS) à l'échelle nationale, dont 72% possèdent la carte Chifa. Ces bénéficiaires de l'AFS perçoivent une allocation mensuelle de 3 000 Da. Selon les mêmes sources, «46,4% des bénéficiaires de l'AFS sont des personnes âgées et 33,3% des handicapées »52.

3.3.4 L’indemnité d’activité d’intérêt général (IAIG)

Les bénéficiaires de cette allocation, évaluée à 2800 Da par mois en 2000, sont des chefs de ménage au chômage, mais aptes à travailler. D’après le CENEAP (1999), 40 % des bénéficiaires de cette indemnité ne sont pas pauvres, ce qui explique la diminution du nombre de bénéficiaires entre 1995 et 2000 dans le tableau 4.

En 2012, le montant de l'Indemnité d'activité d'intérêt général (IAIG) passe de 2800 DA à 6000 DA, avec effet rétroactif à partir de juillet 2011 cette mesure a concerné 284 000 personnes à l'échelle nationale53.

3.3.5 Les contrats de préemplois (CPE)

Ces contrats de préemplois ont été mis en œuvre à partir de 1998, après avoir constaté le grand nombre d’universitaires diplômés au chômage. Dans le but de leur permettre une intégration dans le monde du travail, et pour qu’ils aient une expérience dans le milieu professionnel, les rémunérations des universitaires étaient de 600 Da par mois et de 4500 Da pour les techniciens issus de la formation professionnelle.

Tableau 5 : Résultats des contrats de préemplois suivant les secteurs d'activité

Source : CNES, 2001.

Sur les 63 % de personnes recrutées dans l’administration, 20 % ont trouvé un emploi final. D’autres programmes sont développés en direction des populations les plus défavorisées. Il s’agit, en l’occurrence, de projets de développement communautaire à caractère participatif. (Maliki et Benhabib, 2016).

3.3.6 La politique du logement

En zone urbaine, l’État a mis en place des mécanismes d’aides au logement pour les familles défavorisées. Il s’agit de la CNL (Caisse Nationale de Logement), une aide financière de 16 milliards Da en 1998 pour la FONAL (Caisse nationale d’aide pour le logement), ainsi que l’octroi de lots de terrain à des prix symboliques pour les familles concernées. Dans les zones rurales, une aide pour le logement rural est octroyée (d’une valeur de 200 000 Da) pour bâtir une nouvelle maison, et 120 000 Da pour modifier, voire agrandir un logement existant déjà. En 2017, cette aide est évaluée à 700 000 Da. (Maliki et Benhabib, 2016).

Entre 2001 et 2005 est mis en place un programme quinquennal basé sur deux axes : l’objectif du programme est le logement et le développement des utilités (eau potable, eaux usées, électricité et gaz). Le coût du programme, estimé à environ 300 billions Da équivalant à 4,28 billions $ US, a également créé un million d’emplois (Benhabib et Ziani, 2001).

3.3.7 Les projets pilotes

Ces projets ont été conçus en faveur de zones rurales définies en collaboration avec les institutions internationales comme la Banque Nationale, le PNUD, l’Unicef et la Coopération Technique Belge (CTB). Des critères bien définis ont mené à la sélection de zones rurales reculées dans les wilayas du pays dans Ramka (Relizane), les planteurs (Oran), Djazia (Oum-El Bouagui), Sidi Fredj (Souk-Ahras) et Baraki (Alger). Les critères de sélection sont :

 Le bas revenu, la privation et l’exclusion, la faible assurance de filet social et de services publics ;

 La faible solidarité communautaire (BONDING-BRIDGING) ;

 La destruction des infrastructures qui ont découlé de la décennie noire ;

 L’espérance de développement (environnement favorable) ;

 L’espérance de contributions du secteur privé, et des bénéficiaires ;

 La compatibilité des projets avec les priorités du gouvernement et des donateurs potentiels. (Maliki et Benhabib, 2016).