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CHAPITRE 1 : ÉTAT DE L’ART SUR LA QUESTION DE LA PAUVRETÉ

4 La pauvreté, un seul phénomène sous plusieurs formes

4.1 La pauvreté absolue

D’après Morrisson (2003), la pauvreté absolue se définit par l’incapacité de satisfaire les besoins essentiels en nourriture, vêtements, logements et soins. Elle renvoie à un niveau de consommation minimale par individu, qui lui-même varie en fonction de l’âge, du sexe et de la corpulence de l’individu. De ce fait, une personne est pauvre si elle n’arrive pas, à cause de la faiblesse de ses ressources, à combler ses besoins de base (alimentaires et non alimentaires). Pour être plus claire, selon Marniesse (1999), on trace une ligne de pauvreté et on définit les pauvres comme les ménages qui se placent en dessous de cette ligne. Le seuil de pauvreté absolue augmente donc avec le PIB par habitant. Ce seuil de pauvreté, qui est l’indication habituelle dans les pays en voie de développement, détermine le revenu nécessaire à l’achat du panier minimal de biens alimentaires indispensables à la survie quotidienne (qui correspond selon les normes de la FAO à 2400 calories pour la pauvreté et à 1800 calories pour l’extrême pauvreté), auquel on ajoute le revenu utile à l’achat de biens non alimentaires tels que l’habillement, les produits d’hygiène, l’énergie, etc.

4.2 La pauvreté relative

On parle de pauvreté relative lorsque, dans une même communauté, certaines personnes sont moins bien équipées que d'autres. Le concept de pauvreté relative fait appel à la distribution des revenus et correspond à un indicateur d'inégalité : « Est pauvre celui qui n’a pas accès aux besoins consommés par la grande majorité de ses concitoyens. » (Morrisson, 2003.) Peter Townsend (1999) présente une définition selon laquelle la pauvreté ne peut être définie d’une façon absolue, indépendante du lieu et de l’époque, mais relative à la société : « […] les individus, familles ou groupes de la population peuvent être considérés en état de pauvreté quand ils manquent des ressources nécessaires pour obtenir l’alimentation type, la participation aux activités et avoir les conditions de vie et les commodités qui sont habituellement ou sont au moins largement encouragées ou approuvées dans les sociétés auxquelles ils appartiennent… Leurs ressources sont si significativement inférieures à celles qui sont déterminées par la moyenne individuelle ou familiale qu’ils sont, en fait, exclus des modes de vie courants, des habitudes, et des activités. »

La pauvreté absolue et la pauvreté relative sont interdépendantes. La mesure de pauvreté absolue est caractéristique des pays en voie de développement, et plus utile en temps de crise économique. Une mesure de pauvreté relative s’intéresse aux « oubliés » de la croissance, en période prospère.

À cet effet, Morrisson (2002) donne un exemple pour mieux comprendre les deux définitions : « […] une personne qui ne peut pas acheter une auto ou un téléviseur se trouve dans un pays riche défavorisée et en pauvreté relative puisque d’autres ménages possèdent des biens, mais elle n’est pas pauvre en termes absolus parce que ces biens ne sont pas indispensables pour vivre. »

4.3 La pauvreté objective

Selon cette définition, est considérée comme pauvre toute personne dont les ressources sont inférieures à un seuil défini, qui est le revenu permettant d’acquérir les biens nécessaires. Ces seuils monétaires peuvent être des seuils absolus ou relatifs. Les seuils absolus font référence à l'idée de « minimum vital » aux niveaux et modes de vie qui prévalent dans une société à un moment donné (Towsend, 1999). Il s’agit donc principalement d’une définition monétaire (Razafindrakoto, Roubaud, 2005). D’après le PNUD (1995), elle est couramment utilisée par les chercheurs en raison des contraintes rencontrées en tentant de réunir les multiples différences utilisées au sein d’une catégorie de population.

4.4 La pauvreté subjective

Les approches subjectives de la pauvreté, dites de « l’école de Leyde », rarement utilisées par les économistes, ont été introduites par Van Praag et Hagenaars en 1968. Elles veulent savoir si le ménage peut être à l’aise pour mettre de l’argent de côté, ou à l’opposé s’il doit puiser dans ses réserves, pour voir s’il dispose ou non de la somme minimale perçue pour « joindre les deux bouts ». En d’autres

termes, cette définition reconnaît explicitement que les seuils de pauvreté sont le résultat de jugements initialement subjectifs de ce qui constitue un niveau de vie minimum acceptable par la population d’une société donnée. Pour une approche critique, certains économistes font valoir que les modèles basés sur des mesures subjectives peuvent ne pas être utilisés pour expliquer les décisions individuelles (Schwarze, 2008).

La pauvreté subjective se définit également comme la difficulté à équilibrer son budget, quelles que soient les causes de cette situation. Elle est qualifiée de subjective pour deux raisons :

 D’une part parce qu'elle repose sur la perception par les individus eux-mêmes de leurs difficultés financières ;

- D’autre part parce que ces difficultés peuvent résulter du choix implicite de vivre au-dessus de ses propres moyens…

4.5 La pauvreté instantanée par rapport au cycle de vie

Cette appellation est parfois remplacée par « pauvreté d'existence ». Elle est en apparence semblable aux mesures absolues de la pauvreté fondée sur la construction de paniers de consommation minimaux, mais est néanmoins « d'essence relative » : les pauvres sont en effet, ici aussi, « les plus mal lotis », à savoir ceux qui sont en dessous d'un seuil fixé de façon arbitraire et conventionnelle.

5 Les autres concepts proches de la pauvreté (précarité, exclusion,