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CHAPITRE 4 : LES PAUVRES A SIDI SÉMIANE ET MENACEUR :

8 Protocole d’enquête

8.1 Critères de choix de la zone d’étude

Les deux zones rurales étudiées sont relativement prospères sur le plan naturel et présentent des similitudes notables compte tenu de leur appartenance au même territoire.

Notre choix s'est porté sur la wilaya de Tipaza, ville côtière située à 60 km à l'ouest d'Alger. Il se justifie par la proximité de la wilaya et par le fait qu'elle renferme deux communes ayant beaucoup souffert du terrorisme : Sidi Sémiane et Menaceur. L'étude typologique des communes rurales en fonction de leur indice de développement rural durable recensé par l'étude du MADR a révélé dans ce sens que la commune de Sidi Sémiane présente un indice de développement rural durable (IDRD)69 de 0,531 et occupe le classement de la 877e place sur 979 communes rurales en termes de développement.

Notre deuxième commune d’étude, Menaceur, qui fait partie de la daïra de Sidi Amar dans la wilaya de Tipaza, est située à 25 km de cette dernière. La commune est montagneuse avec des endroits difficiles d’accès, constituée généralement de montagne et de plaines à environ 75 %.

Pour rappel, les résultats de la préenquête exploratoire qui a été effectuée en 2015 ont servi à identifier les contraintes de l’agriculture dans la zone compte tenu du changement de la problématique de la thèse de départ.

Au cours de l’enquête qui a été réalisée de février à avril 2017, un passage dans les douars a permis de tester la faisabilité et l'efficacité de notre questionnaire avec les agriculteurs de la zone d’étude. Nous

69 IDRD : indice de développement rural durable, calculé à partir d'une série d’indices (indice de développement humain et

avons réalisé nous-même les entretiens, en étant toujours accompagnée d’un forestier de la circonscription des forêts de Cherchell, rendu indispensable par sa connaissance du terrain d’étude.

8.2 Principe d’échantillonnage

La procédure qui nous a inspirée pour les enquêtes est celle pratiquée par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), qui s’appuie sur une méthode d’échantillonnage en deux phases. L’échantillonnage des populations pauvres est un échantillonnage raisonné, réalisé selon des critères définis en fonction des objectifs de l’étude : les individus sont sélectionnés en fonction de leur profil de pauvre. L’échantillonnage des populations pauvres a consisté en un échantillonnage simple et aléatoire, de sorte que chaque élément de la population initiale a une probabilité similaire d’être sélectionné. Notre échantillon peut être considéré également comme un échantillonnage de convenance qui privilégie des individus faciles d’accès car pour cette catégorie de population, il s’agit souvent d’agriculteurs rencontrés pendant le travail de leurs terres en montagne.

Les entretiens étaient composés de questions ouvertes et aucune réponse n’a été proposée aux participants. L’avantage des entretiens est qu’ils permettent d’éviter d’influencer ou de fermer la discussion, de confirmer des réponses ou de clarifier une pensée ; des réponses inattendues peuvent apparaître et peuvent attirer l’attention sur d’autres aspects qui n’avait pas été identifiés au préalable dans la recherche. Compte tenu de la difficulté à coder ce genre d’information, nous n’y avons fait appel que pendant la phase d’imprégnation (Figure 14).

Source : Auteur.

Figure 14 : Nombre d’échantillons de ménages pauvres et non pauvres dans les deux communes d’étude

Pour ce qui est des ménages non pauvres, leur rencontre s’est faite au fur et à mesure de notre tournée dans la montagne. Il s’agit pour la majorité d’agriculteurs travaillant leurs terres. La durée des entretiens a duré en moyenne d’une demi-heure à une heure. Leur choix s’est fait d’une manière aléatoire par grappe, c’est-à-dire par des rencontres spontanées lors de notre enquête de terrain. Il s’agit souvent d’agriculteurs travaillant dans leurs vergers étant donné que c’est l’activité agricole dominante dans les deux communes.

En principe, un échantillon est représentatif si les unités qui le constituent ont été choisies par un procédé tel que tous les membres de la population ont la même probabilité de faire partie de l’échantillon. Pour cela et dans un souci de représentativité, nous avons essayé d’accéder à tous les douars de la région, même les plus reculés d’entre eux. Le nombre de douars de Sidi Sémiane est de quatorze. Nous avons effectué environ six enquêtes par jour et par douar, soit 84 ménages non pauvres enquêtés dans cette commune. À Menaceur, le nombre de communes est de dix-huit douars. Nous avons effectué une moyenne de six enquêtes par jour également, soit un total de 148 enquêtés dans cette commune (Figure 15).

8.3 Réadaptation des questionnaires à la réalité du terrain après la phase d’immersion

Dans tous les manuels et guides d’entretien, il est recommandé de tester le questionnaire avant de le mettre en œuvre définitivement. C’est un processus cognitif compliqué qui se fait en plusieurs étapes qui se résument dans l’acceptation répondre à l’enquête, de dire la vérité sur le sujet, de réfléchir à la réponse et de la formuler afin qu’elle puisse être comprise par l’enquêteur et partagée (Brus, 2017).

Il a été important que le questionnaire soit compréhensible par toutes les personnes enquêtées. Nous avons eu recours à un type de questionnaire mixte, regroupant à la fois les informations quantitatives et qualitatives.

Durant la période d’immersion passée dans la zone d’étude, nous avons compris que la période de terrorisme avait eu beaucoup d’impact sur les esprits et sur l’économie des ménages. Notre questionnaire a donc comporté trois phases : avant, pendant et après le terrorisme. Cette structure de questionnaire a permis de suivre chronologiquement les conditions de vie, l’activité des populations et l’évolution des moyens d’existence durant ces trois phases.

Deux rubriques d’analyses des résultats seront mobilisées pour répondre en partie à la question de recherche principale : la première concerne une comparaison entre populations pauvres de chacune des communes (pauvres de Sidi Sémiane vs pauvres de Menaceur), la deuxième concerne une comparaison des populations non pauvres des deux communes (non pauvres de Sidi Sémiane vs non pauvres de Menaceur). La première rubrique des résultats va servir à mieux cerner le profil des pauvres dans les deux communes, la deuxième va nous aider à mieux identifier les causes de la pauvreté dans les deux communes et les facteurs historiques ayant conduit à la paupérisation des populations pendant la décennie noire, l’évolution des conditions de vie des populations et de leurs activités économiques pendant cette période.

Durant la phase d’enquête proprement dite, nous avons fait appel à des questionnaires semi- directifs, les questions posées ont été de plusieurs types :

 Numérique : lorsqu’il s’agit de l’âge et du nombre d’enfants par exemple ;

 Dichotomique : deux choix de réponses sont fournis au répondant : Oui/Non avec une troisième possibilité : Ne sait pas ;

 Choix multiples : plusieurs réponses sont proposées, par exemple : dans quel type d’habitat vivez-vous ?

 Basés sur des adjectifs : voici par exemple une question qui a été adressée à la population de Menaceur : que pensez-vous des gens de Sidi Sémiane ? Réponses : courageux, peu courageux, intègres, peu intègres, etc. (Brus, 2017).

Lors de cette étape, nous avons cherché à réduire au maximum les biais dans la compréhension et la mise en œuvre des questionnaires. C'est pour cette raison que nous avons assuré nous-même cette phase et que les enquêtes ont été menées en arabe dialectal.

8.4 La collecte des données

Les principaux modes de passation ont été le face à face, parfois par téléphone lorsqu'il s'agissait d’entretiens avec les personnes ressources des institutions. Par ailleurs, nous avons fait appel à d’autres modes de collecte d’informations que le questionnaire, tels que les entretiens et l’observation.

Codification du questionnaire

Il s'agit de transformer les questions et réponses en variables codées informatiquement pour une meilleure exploitation informatique. Les données sont présentées sous la forme d’un tableau dont chaque colonne correspond à une variable et chaque ligne à un individu. Chaque variable ne peut donc prendre qu’une seule valeur. Une variable peut être décomposée en plusieurs sous variables, la même logique sera suivie pour toutes les bases de données. Nous aurons recours à une codification chiffrée 1/0 pour les réponses Oui/Non. L’identifiant nous permettra de lier la version informatique d’un questionnaire à sa version papier.

8.5 Choix des méthodes d’analyses

Avant de procéder aux choix de la méthode d’analyse, il est impératif de regrouper les variables selon leur type (exemple : catégorielles ou numériques). Les variables, ou encore indicateurs dans notre cas, sont analysées en une seule variable (statistiques univariées) ou deux variables (statistiques bivariées, par exemple : pauvreté et genre).

Les différentes analyses quantitatives seront également abordées : utilisation d’Excel, tableaux croisés dynamiques, construction d’un tableau représentant des taux et des proportions, représentations graphiques.

Pour conclure, l’analyse de la pauvreté rurale en Algérie (son processus, ses formes et ses causes) qui est entreprise dans cette thèse repose surtout sur une analyse multidimensionnelle. Les méthodes d’analyses tiennent compte des analyses qualitatives et quantitatives pour étudier les capacités de fonctionnement ainsi que les moyens d’existence dans notre région d’étude selon l’approche par « les capabilités » de Sen.

Le ménage est notre unité d’analyse dans un premier plan, et il s’inscrit dans la commune à laquelle appartient dans un second plan. Les indicateurs des conditions de vie des ménages que nous mobilisons sont des indicateurs « classiques ». Nous avons tenté de mobiliser des indicateurs matériels et immatériels et de « capabilités » afin de tenter de répondre à la question de recherche.