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4.1. La fatigue perçue

4.1.1. L’observation directe

L’observation directe est un outil méthodologique régulièrement utilisé dans le cadre de l’ergonomie. C’est d’autant plus important dans cet environnement de travail, ce milieu maritime si spécifique, difficilement « concevable » s’il n’a pas été expérimenté, vécu concrètement. Pour mener à bien mes investigations, l’observation directe s’avère incontournable : c’est pourquoi j’ai eu recours à cette forme d’observation sur tous mes embarquements.

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Maline et Dorval, traitant de leurs recherches sur des chalutiers pêchant la langoustine en mer d’Irlande, remarquent de manière convergente à propos de l’observation ethnographique :

« La présence d’un groupe de six ou sept individus au travail ainsi que la nature de la situation de travail qui associe étroitement travail et vie personnelle à bord, nécessitent, avec encore plus d’acuité que dans d’autres terrains d’investigation une approche ethnologique de la situation ».

(Maline et Dorval, 1991a, 169)

L’observation ethnographique directe a consisté à participer in vivo à l’activité professionnelle des marins (l’ampleur de la « participation » variant selon les cas et les périodes). Cette méthode d’observation participante, se propose d’étudier les personnes dans leur contexte de vie, le chercheur s’immergeant dans le terrain d’étude.

« L’observateur participant rassemble des données en prenant part à la vie quotidienne du groupe ou de l’organisation qu’il étudie. » (Becker, 1958 reproduit in Céfaï, 2003, 350)

Cette approche, à travers l’empan temporel long adopté, autorise le recueil de données difficilement accessibles par d’autres moyens, et permet une description fine et rigoureuse des comportements (Laperrière, 1992).

Initialement, cet outil est usité en Ethnologie, la « Sociologie des autres ». Dans notre cas, ce type d’observation est employé à des fins ergonomiques. Il vise à recueillir des données empiriques sur l’activité des marins.

« L’ergonome observe l’individu dans le cadre de son activité de travail à l’instar de l’anthropologie culturelle qui dans sa démarche empirique accorde un intérêt majeur aux comportements des individus ». (Geslin, 2002, 9)

Le navire était alors considéré comme le terrain d’étude. Ce terme de terrain renvoyant aux interactions entre un chercheur et ce qu’il étudie (Laplantine, 1996).

Hazelhurst (1999), a également eu recours à l’observation ethnographique, dans une finalité psychologique, pour sa thèse sur des chalutiers pélagiques suédois. Il souligne que cette approche autorise l’investigation dans le « monde réel » des marins.

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De surcroît, la situation d’observation participante est portée à son paroxysme à bord d’un bateau. Effectivement, la proximité entre le chercheur et ses sujets est alors réduite à sa plus simple expression, ne serait-ce qu’en fonction de l’espace restreint, et du nombre de jours passés en mer sans interruption.

« La nature même des relations qui existent dans ce milieu socioprofessionnel « fermé », ainsi que dans un groupe de marins vivant pendant une quinzaine de jours en espace clos, nécessite de se faire accepter pleinement en tant qu’intervenant extérieur, si l’on veut garantir le réalisme des données recueillies. » (Maline et Dorval, 1991a, 169)

Dans le cas d’une ethnographie dans l’environnement maritime, il est alors impossible pour le chercheur de sortir de la situation. A l’inverse, dans les autres terrains d’étude, l’observateur a la possibilité de se protéger ou de se ressourcer en quittant physiquement la situation.

« L’enquêteur peut toujours protéger son rôle en sortant de la situation. » (Gold, 1958 reproduit in Céfaï, 2003, 342).

Les propos de l’ethnologue Maurice Duval (1998) qui a travaillé sur des navires de la marine marchande, confirment l’aspect démesuré de l’ethnographie à bord d’un bateau.

« En mer, nous sommes dans un univers sans échappatoire aucun. Je serai tenté de définir le cargo comme un paradigme pour l’ethnologue. Un navire lui offre une possibilité maximale d’ « immersion », pourrait-on dire sans jouer sur les mots, et cela plus probablement que n’importe quel petit village du monde ». (Duval, 1998, 22)

Cet auteur insiste sur le caractère « à huis clos » d’une ethnographie menée sur un bateau. Il est rejoint en ce sens par le skipper Isabelle Autissier (2006), qui évoque dans des termes très similaires la cohabitation à bord d’un voilier dans « le grand sud ».

« Vivre sous le regard des autres, dormir sous le regard des autres, travailler sous le regard des autres, vomir sous le regard des autres… ». (Autissier et Orsenna, 2006, 43)

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Cette notion de « huis clos » fait référence aux contraintes inhérentes à l’investigation du milieu maritime mentionnées auparavant. Nous avons vu précédemment que Minguy et Chauvin (1998) évoquent l’inconfort comme contrainte majeure de cet environnement.Pour ma part, l’inconfort était au summum sur les chalutiers de pêche au large, que ce soit par les effluves de poisson, de gasoil, ou plus particulièrement lors des phases de sommeil dans les bannettes du poste d’équipage. L’inconfort se voyait d’ailleurs décuplé, dès lors que la force du vent s’accroissait et que la mer se creusait. Anita Conti, dans ses observations, est elle aussi passée par ces moments d’incommodité récurrents sur les bancs de Terre Neuve :

« Je ne me suis pas réveillée par mes propres moyens, j’ai été fichue hors de ma couchette, et projetée dans le grand tiroir qui s’est arrachée littéralement de son alvéole » (Conti, 2002, 256)

Simultanément à l’activité des marins, je prenais des notes sur un carnet ethnographique (de format 9×14 cm pour des raisons de commodité d’utilisation). La majorité du temps cette phase d’écriture avait lieu en position debout appuyé sur un support. Cette situation peut paraître banale mais prendre des notes sur une embarcation soumise aux mouvements de l’océan n’est jamais une chose aisée. L’avantage, fut qu’à aucun moment, les sujets investigués ne purent traduire les notes de mon carnet pendant mon absence. Durant les quarts de nuit, j’utilisais les lampes présupposées à la lecture des cartes de navigation (lumière rouge estompée pour ne pas éblouir). Dans ma bannette j’avais toujours une lampe frontale à proximité, et ma montre possédait un système d’éclairage interne. Eric Orsenna a vécu ces mêmes problèmes d’écriture lors de son voyage avec Isabelle Autissier :

« Je me cale tant bien que mal entre l’équipet et la toile anti-roulis, je tente d’accorder les rythmes de mon crayon au roulis, tangages et autres facéties du navire, j’allume ma lampe frontale et mon cerveau, sans doute réjoui par cette famille d’inconforts, s’emballe comme jamais » (Autissier & Orsenna, 2006, 188)

Concrètement, ce carnet ethnographique regroupe plusieurs types d’informations.

Toutes ne relèvent pas systématiquement de l’observation de la fatigue, puisque le chercheur a la possibilité d’y mentionner ses propres réflexions, telles que celles sur l’organisation du travail, et les discussions variées qui ont lieu sur le terrain.

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Extrait des notes du carnet ethnographique, le 28/09 sur la drague stationnaire :

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Après, on va au pont Wilson : ce chantier est réputé difficile car beaucoup de cailloux

Il faut débuter et arrêter les chantiers en fonction du trafic des bateaux (Peu important à Nantes) Il y a toujours des chantiers différents en même temps

« Pour ne pas casser la drague » : relever le bec pour passer au dessus des cailloux Pause casse-croûte de 8H30 à 9H

Il avait passé le relais à Maurice + consignes

Positionnement et replacement du ponton : débarquer un homme dessus qui va jouer avec treuil en même temps que le Tadorne va pousser le ponton

Comme il y a des cailloux, nouvelle composante : varier la profondeur d’élinde en fonction des vibrations pour ne pas abîmer le matériel

En plus des treuils synchronisés (vire/file) et de la vitesse des treuils Varier la vitesse de rotation du cutter

Parfois « faire des chasses » : relever élinde et accélérer vitesse de rotation

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Nous pouvons à travers cet exemple repérer différents types d’informations :

- des observations relatives à l’organisation du travail (en jaune) ; - des observations relatives à l’activité (en violet) ;

- des extraits de discussion relatifs à l’activité (en bleu).

Effectivement, ce carnet regroupe mes notes provenant de l’observation, de discussions, ainsi que mes analyses personnelles qui servent à comprendre l’activité. On peut remarquer une amorce de traitement des données à travers cet extrait, par l’intermédiaire anecdotiques, ressenties tout au long de la recherche (non-seulement les moments agréables, mais également ceux délicats que j’ai dû affronter ou contourner).

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Parmi les moments clés de l’observation participante, celui de l’entrée sur le terrain est souvent déterminant. Or, dans l’intention de « s’ouvrir les portes » de l’observation, l’ethnographe doit en amont posséder un niveau sommaire de connaissances sur l’environnement observé et sa culture.

« Le fait d’avoir un background en partie commun avec les sujets présente par ailleurs un intérêt de proximité accrue (défiance très minime de l’observateur, à condition de savoir s’effacer, de ne pas mettre en avant les compétences communes) ainsi que de distance maintenue […] On entre de cette manière dans le réseau de la personne observée » (Grison, 1998, 183).

L’observateur va devoir tout faire pour faciliter son insertion dans le milieu d’étude, par ses connaissances, mais aussi par son comportement propre. Cette familiarisation se voulant indispensable à l’issue positive des investigations.

« Une trop grande proximité ou familiarité prévient toute surprise donc tout questionnement, tandis qu’une trop grande distance ou méconnaissance ne suscite que des questions grossières voire non pertinentes. » (Theureau, 2006, 151)

A titre d’illustration dans Ni morts, ni vivants : marins ! (Duval, 1998), cet auteur insiste largement sur la restriction de communication verbale à bord, les silences prenant l’ascendant sur la parole. Or, dans ce contexte, un nouvel arrivant questionnant dans une intention ethnographique n’est pas forcément le bienvenu.

« J’ai utilisé une expérience de la mer en tant que plaisancier (usage du vocabulaire marin, rapport au danger, propos sur la météorologie, respect des tabous, usage des cartes marines, etc.) et ceci a particulièrement contribué à m’intégrer dans le groupe étudié ». (Duval, 1998, 12)

Anita Conti (2002), dans ses observations sur les chalutiers Terre-neuvas, mentionne régulièrement cette retenue dans le comportement que l’ethnographe se doit d’adopter, d’autant plus dans une embarcation de pêche :

« Je m’élance vers la passerelle, je pousse la porte à glissière et j’entre, mais je n’avance pas. Il est correct de ne pas surgir imprudemment aux heures de catastrophe. » (Conti, 2002, 136)

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Maurice Duval, quant à lui, évoque la sociabilité de l’observateur :

« La sociabilité est ici un impératif, bien que les comportements soient toujours autocontrôlés afin de préserver l’incontournable « consensus formel » ». (Duval, 1998, 21)

Ce qu’il omet de préciser c’est que les règles de sociabilité sous-entendues sont celles régissant la culture maritime. En aucun cas ces normes ne s’apparentent à celles des

« terriens ». Ici, la notion de patience est par exemple un atout indéniable dans le recueil de données ethnographiques, avec un apport empirique tant qualitatif que quantitatif. Il s’agit d’attendre le moment opportun des questions, quitte à ne pas trop parler pendant les premiers jours, c’est la règle de l’observation directe en mer. Anita Conti avait depuis longtemps repéré cet aspect de la vie à bord :

« J’écoute, et par habitude je ne pose pas de questions. J’attends. » (Conti, 2002, 167)

En ce sens, mes expériences préalables avec le milieu maritime (notamment sur des convoyages côtiers et hauturiers de navires) ont favorisé cette intégration. En mer, la ligne de conduite à tenir est particulière : le non-respect de ces règles implicites par le chercheur nuirait à la qualité des données obtenues, voire conduirait à son éviction progressive du terrain.

Pour Beaud et Weber (1998), l’observateur doit se transformer et interpréter différents rôles au contact de la situation. Le comportement de l’ethnographe va être soumis au jugement et à la critique des personnes qui habitent le même terrain. Ces auteurs citent Goffman (1989) qui souligne l’intérêt d’ « offrir une image présentable, supportable pour vous et pour l’autre », afin de créer un climat relationnel propice entre le chercheur et les individus étudiés, condition sine qua non pour permettre le recueil de données.

Le comportement de l’observateur s’avère alors être déterminant pour son intégration au milieu. Je ne pouvais me contenter d’exécuter uniquement mon activité de chercheur sans apporter une aide succincte, lorsque cela était nécessaire. Avec Brice par exemple, lors du débarquement nocturne du poisson à la criée, j’élinguais les piles de caisses d’anchois sur le pont supérieur, pour les transborder de notre grue au mat de charge du chalutier à couple, qui était lui accosté.

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« J’étais inévitablement le visiteur qui ne pouvait passer inaperçu en mer, ma participation au travail, aux activités de loisir, a, dans bien des cas, contribué à atténuer la visibilité de ma présence en tant qu’ethnologue ». (Duval, 1998, 9)

Gold (1958 reproduit in Céfaï, 2003) modélise ainsi quatre rôles différents que l’ethnographe est susceptible d’adopter. Le chercheur doit alors choisir parmi ceux-ci, en fonction des objectifs et des caractéristiques environnementales de l’étude.

« L’enquêteur de terrain choisit et endosse des rôles qui lui permettent d’étudier au mieux, en composant avec ce qu’il est, les dimensions de la société dont il a entrepris l’investigation. » (Gold, 1958 reproduit in Céfaï, 2003, 348)

Cet auteur distingue un continuum sur lequel ces quatre rôles potentiels prennent place. Au deux extrémités, nous retrouvons le « pur participant » et le « pur observateur ». Ce dernier excluant toute interaction sociale. En situation intermédiaire, nous avons le

« participant comme observateur », puis l’« observateur comme participant ».

Personnellement, je pense avoir adopté la position d’« observateur comme participant ». En effet, j’ai été engagé dans des interactions sociales à travers la durée de mes observations, même si je n’ai que très peu participé à l’activité.

« Chaque rôle joué au cours du travail de terrain est à la fois un ensemble de procédés d’interaction sociale destinés à se procurer des informations à des fins scientifiques et un ensemble de comportements qui engagent le soi de l’observateur. » (Gold, 1958 reproduit in Céfaï, 2003, 340)

De plus, il me semble que le positionnement de l’ethnographe sur le continuum observation-participation, influence l’intégration à l’équipage du bord. Ainsi, lorsque ma participation était maximale, comme sur la Solitaire Afflelou-Le Figaro, où j’étais équipier du catamaran d’assistance médicale, l’intégration fut très rapide. A contrario, sur les dragues, où je n’ai pas une seule fois participé au travail, l’intégration fut moins rapide. J’irai même plus loin en affirmant que l’observateur a la possibilité de jouer avec son positionnement sur ce continuum en fonction de l’ambiance qui règne à bord.

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A titre d’exemple sur les chalutiers, dès que les conditions devenaient plus difficiles et que ma présence aurait pu être remise en cause, j’anticipais ces périodes compliquées en participant à la tâche. Cependant, il ne faut pas perdre de vue qu’une participation excessive nuirait grandement à l’observation et à la prise de recul qu’elle réclame.

Malgré tout, la position du chercheur n’est jamais définie et acquise une fois pour toute, même si l’observateur est bien accepté. Il faut veiller à ne commettre aucune erreur qui pourrait s’avérer fatale vis-à-vis de la confiance préalablement établie. La place de l’ethnographe n’est jamais acquise, mais en perpétuelle évolution : il faut la gérer et la

« confirmer » en permanence.

« Lorsqu’on sera entré dans la place, le rapport aux gens […] devra être constamment négocié et renégocié tout au long de la recherche et pas seulement au début ». (Lapassade, 1993)

Concrètement, il était prévu de passer une semaine d’observation directe pour chaque marin étudié. Toutefois, au contact des sujets, j’ai parfois du adapter les temps d’observation (dates citées précédemment) :

- avec les marins pêcheurs, j’ai observé chaque patron durant deux semaines non-consécutives (été puis automne), sauf pour Baptiste où la seconde semaine fut raccourcie ;

- avec l’IFREMER, j’ai observé chaque marin pendant une semaine ;

- avec les skippers de la solitaire Afflelou-Le Figaro, je me suis contenté de suivre les solitaires durant les étapes avec l’assistance embarquée et j’étais à leurs côtés pendant les escales ;

- avec les dragues, j’ai observé conjointement les deux sujets de celle stationnaire durant une semaine de jour, puis une de nuit ; sur l’aspiratrice en marche, j’ai observé conjointement les deux sujets pendant une semaine (quart de nuit).

Au final, je ne me suis pas trop éloigné de mes ambitions initiales, puisque l’observation de skippers en solitaire m’interdisait d’être à leur bord. Ainsi, j’étais à proximité pour suivre l’évolution de la course, rester en contact VHF (radio), et parfois les « avoir de visu ». J’avais fait la demande pour obtenir les enregistrements vidéo des caméras

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embarquées sur leurs voiliers, mais je dus faire face à un refus catégorique. Concernant les dragues, l’observation simultanée ne fut pas un désavantage. Bien au contraire, comme les deux sujets travaillaient en interaction permanente, cela m’offrit l’opportunité de saisir des informations fines entre les deux individus.

Pour ma part, cette observation participante consistait à déployer une activité de perception visuelle, mais aussi auditive afin d’analyser et de comprendre le comportement du marin, pré-requis nécessaire pour m’intéresser à sa fatigue. La « familiarisation » avec le terrain (relations humaines et matérielles) est l’étape initiale de toute observation ethnographique. A titre d’exemple, j’ai identifié dès les premières heures à bord les différentes fonctions des appareils électroniques auxquels le patron pêcheur accordait une vigilance de tous les instants.

« La familiarité que doit développer le chercheur par rapport à la situation étudiée dépasse de beaucoup ce contexte, le seul avantage négatif de minimisation d’un biais possible : elle est utilisée activement pour permettre une appréhension de la situation se voulant plus complète, plus dense, plus significative » (Laperrière, 1992, 254).

Cette familiarisation n’est pas univoque : les marins aussi s’adaptent à la place occupée par l’observateur.

« Le travail de terrain est donc nécessairement de nature interactionnelle et la présence de l’enquêteur a des conséquences dans la vie des enquêtés. » (Emerson, 1981 reproduit in Céfaï, 2003, 410)

En fait, chacun doit s’habituer à la présence de l’autre, un temps d’accoutumance est nécessaire. D’après N. Elias (1986, cité par Lapassade 1993) : « Par une chaîne de relation, tout un chacun se trouve dépendre de tout chacun ».

LE CHERCHEUR SON TERRAIN CONTRAINT

CONTRAINT

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Si l’intersubjectivité investigateur/sujets pourrait tendre dans un premier temps à desservir l’objectivité de la recherche, celle-ci vise en fait sur le long terme à une objectivation « écologique ». Cette approche, à travers l’empan temporel long adopté, autorise le recueil de données difficilement accessibles par d’autres moyens, et permet une description fine et rigoureuse des comportements (Laperrière, 1992).

Au niveau de son déroulement, l’observation se décline en deux temps selon Bachelor et Joshi (1986):

- Premier temps : « description soignée et systématique de ce qui est perçu dans l’expérience vécue » (Bachelor & Joshi, 1986,). C’est lors de cette phase que nous nous mêlons avec les gens, que nous nous familiarisons avec le milieu.

- Second temps : « identifier et élucider sa signification essentielle » (Bachelor

& Joshi, 1986). Il est maintenant nécessaire de construire des catégories d’analyse des conduites pour structurer la suite de l’observation. Mais cette phase appartient déjà en partie au traitement des données qui sera abordé par la suite.

Becker (1958, reproduit in Céfaï, 2003) distingue également différentes étapes dans la démarche ethnographique. Le premier stade de l’observation participante selon Becker ne semble pas pour autant éloigné du premier stade de Bachelor et Joshi (1986), cité auparavant :

« L’observateur cherche des problèmes et des concepts pouvant l’éclairer sur l’organisation qu’il étudie et des informations susceptibles de lui servir d’indicateurs de faits plus difficiles à observer […] il faut simplement constater q’un phénomène donné existe […] ou que la corrélation entre deux phénomènes a bien été observée dans un cas précis. » (Becker, 1958 reproduit in Céfaï, 2003, 352)

Néanmoins, à cette première étape, Becker en rajoute une seconde qui n’est pas mentionnée dans la démarche de Bachelor et Joshi. Ce deuxième stade permettant d’évaluer la récurrence des phénomènes observés, et donc leur fréquence d’apparition.

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« L’observateur, disposant de nombreux problèmes, concepts et indices provisoires, souhaite à présent savoir lesquels valent la peine d’être conservés […] en découvrant si les phénomènes qui lui ont inspiré ses premières idées sont typiques et fréquents. » (Becker, 1958 reproduit in Céfaï, 2003, 355)

La troisième et dernière étape de Becker (1958, reproduit in Céfaï, 2003) recoupe partiellement le second stade de Bachelor et Joshi (1986). Il s’agit du commencement de

La troisième et dernière étape de Becker (1958, reproduit in Céfaï, 2003) recoupe partiellement le second stade de Bachelor et Joshi (1986). Il s’agit du commencement de