• Aucun résultat trouvé

Les quatre domaines déterminés, il était nécessaire de se focaliser sur les bateaux susceptibles de m’accepter à leur bord, afin que j’appréhende la fatigue des marins. Cette prise de contact est reconnue comme un exercice complexe, d’autant plus que le milieu maritime est présupposé comme peu accessible.

2.1. Le domaine de la course au large

Dans un premier temps, il était question de suivre le Vendée Globe 2004. Cependant, après une analyse approfondie, nous avons décidés d’abandonner ce projet difficilement réalisable. En effet, deux mois avant le départ il aurait été impossible de trouver des skippers avec du temps libre, se portant volontaires pour cette étude. De plus, cette course autour du monde ne m’aurait pas permis de suivre au plus près les protagonistes pour une analyse fine de l’activité. Le docteur Marc m’a alors proposé d’embarquer sur les bateaux de l’assistance médicale pour la Solitaire Afflelou-Le Figaro 2005. Cette course au large annuelle se déroule en plusieurs étapes traversant le golfe de Gascogne et la Manche. Le contrat était de me laisser réaliser l’étude sur la fatigue des coureurs, tout en occupant le rôle d’équipier sur les voiliers d’assistance (prise de quart, aide aux manœuvres…), et de soutenir l’équipe médicale lors des escales. J’ai accepté immédiatement cette opportunité car elle me permettait de suivre les skippers au quotidien pendant toute la course.

Méthodologie

Au sujet de la prise de contact avec les marins, j’ai rencontré tous les skippers sur les pontons lors de la semaine précédent le départ de la course. Personne n’était averti de ma recherche, je devais donc démarcher moi-même. Ceci n’était pas évident dans une période où les skippers subissent le stress du départ de la course, des derniers préparatifs du bateau, des différents médias, et des sponsors. Les conventions administratives furent également signées pendant cette semaine de préparation entre les organisateurs de la course et l’Université.

2.2. La navigation « au long cours »

Les pistes entrevues avec le Docteur Julien ont rapidement avortés. En fait, depuis quelques années certains bateaux de commerce ont l’habitude d’embarquer des passagers pour des « croisières touristiques ». Pour autant, il m’était difficile de débourser les sommes demandées et ce statut ne m’aurait sans doute pas permis de partager le quotidien des marins à leur poste de travail. Les autres navires de commerce sur de plus courts trajets comme les caboteurs, se sont simplement opposés à tout embarquement. En réponse à ces refus, le Docteur Julien a contacté l’IFREMER (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la MER) afin de solliciter mon embarquement sur un navire de recherche océanographique.

Leurs longues distances de navigation et périodes d’embarquement sont comparables à celles des cargos de la « Marine Marchande ». Le capitaine d’armement a accepté mon embarquement. La vocation scientifique ainsi que la présence permanente de chercheurs et d’étudiants sur ces bateaux ont sûrement joué en ma faveur. Je suis ensuite allé dans les locaux de l’IFREMER, pour choisir la mission sur laquelle je pourrais intervenir avec toutes ses informations relatives telles que la date, l’horaire et le lieu d’embarquement par exemple.

Les conventions administratives ont été signées ce même jour entre l’Université et cet organisme.

La prise de contact avec les marins a été plus délicate car j’ai embarqué par pilotine : le navire est au mouillage en rade, c’est une petite embarcation qui effectue le transfert des passagers. Je suis arrivé avec la relève des équipages scientifique et maritime sur une mission sismique qui était déjà en cours depuis 15 jours. Après m’être présenté au commandant, celui-ci a désigné arbitrairement les marins volontaires pour mon étude.

Méthodologie

2.3. Les navires des installations portuaires

Le Docteur Julien a joint le responsable du service dragage du Port Autonome de Nantes Saint Nazaire (PANSN). Celui-ci a accepté ma venue à bord, mais à condition que je travaille sur les deux dragues du port : la drague aspiratrice stationnaire et celle aspiratrice mobile. Ces embarquements ont été facilités du fait que le PANSN reçoit régulièrement des stagiaires dans ses installations. Le Docteur Julien m’a présenté au responsable de ce service du PANSN. Ce dernier m’a conduit sur la drague stationnaire située à proximité. Il m’a fait la visite de l’embarcation, puis a désigné les personnes les plus intéressantes selon lui pour mon étude. La prise de contact fut donc facilitée, puisque cette présentation eu lieu en amont de l’embarquement. Ainsi, je n’étais plus un inconnu lors du commencement de l’observation.

Concernant la drague mobile, je devais prendre un avion affrété par le PANSN, pour rejoindre le navire avec le reste de l’équipage. Avant de décoller, le responsable précédemment cité m’a succinctement présenté au commandant, ce dernier ayant choisi des volontaires à mes observations. La prise de contact fut graduelle comme sur la drague stationnaire. En effet, elle commença dès cette phase de transit en avion, où j’ai pu commencer à tisser des relations avec les marins. Toutes les obligations administratives furent traitées préalablement avec la secrétaire du service de dragage du PANSN.

2.4. Les chalutiers de pêche au large

Ils demeurent sans conteste le terrain le moins accessible. Dans un premier temps, j’ai tenté de rencontrer les pêcheurs par l’intermédiaire du Comité Local de La Turballe. Ce port étant le plus proche géographiquement de mon domicile. Il regroupe une importante flottille de chalutiers pélagiques : principe du chalutage entre deux bateaux, le « bœuf » qui dirige les manœuvres et le « veau », espacés d’environ 150 mètres. Ils sont spécialisés dans la pêche à l’anchois. Le comité local a exposé succinctement mon projet lors d’une réunion avec les marins pêcheurs, mais je n’ai reçu aucune réponse positive. Le Docteur Marc m’a présenté à un « patron pêcheur » (capitaine et armateur du navire) turballais avec lequel il collaborait.

Ensuite, le Docteur Julien a de nouveau contacté le Comité Local de La Turballe dans

Méthodologie

l’objectif de me faire rencontrer de visu les pêcheurs. Je suis alors intervenu en amont d’une réunion entre les patrons pêcheurs. A défaut d’être convaincus de la pertinence de mon étude (selon eux la fatigue est trop liée aux conditions de pêche pour que l’on puisse vouloir optimiser le repos), ils ont tout de même accepté de m’embarquer.

Toutes ces discussions et tractations préalables aux embarquements permettent d’apprécier l’importance capitale des « gate-keepers » dans l’aboutissement de mon projet.

Ces deux experts de l’environnement maritime ont tenu un rôle de tout premier ordre dans les négociations avec les armateurs. Non seulement ils m’ont aidé dans le choix des situations, mais ils ont surtout « ouvert des portes » qui demeuraient closes pour un novice de ce milieu.

Je reconnais qu’à court terme mes déplacements chez ces spécialistes me coûtèrent d’un point de vue temporel et économique, mais leurs compétences ont permis à cette étude de prendre une dimension bien plus conséquente.